Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

ROUX Georges (1919-2003)

par Marguerite Yon-Calvet.

 Georges Albert Ulysse Roux, helléniste et archéologue, est né à Sorgues (Vaucluse), avenue d’Avignon, le 19 septembre 1919. Fils d’Aimé Jean Roux, négociant, et de Rose Marie Adèle Eugénie Simon, il a épousé le 21 mai 1947 à Lyon 4e Jeanne Madeleine Arnaud, également professeur de langue et littérature grecques à l’université de Lyon ; il était domicilié 6 rue Louis-Thévenet à Lyon 4e.

 Il est décédé à Lyon le 30 juillet 2003.

 Après ses classes secondaires au lycée de Carpentras, il suit des études de lettres classiques à l’université de Lyon où il est l’élève de Charles Dugas*, dont il poursuivra par la suite le travail en archéologie classique. Agrégé des Lettres (reçu 1er) en 1944, il assure quelques années d’enseignement secondaire à Saint-Étienne et à Lyon. Le vif intérêt qu’il porte à l’histoire et à la civilisation de la Grèce antique, sous ses aspects littéraires autant qu’archéologiques, l’incite à se tourner vers l’École française d’Athènes (EfA), où il est recruté comme membre en 1948, jusqu’à 1956. Ce long séjour en Grèce a fait de lui un spécialiste reconnu internationalement de l’antiquité grecque, et en particulier de l’architecture d’époque classique. Il y a acquis une connaissance approfondie de la Grèce antique aussi bien que de la Grèce moderne. Albert Camus qui l’a rencontré à Argos à l’occasion de son voyage en Grèce salue le « jeune archéologue, George Roux, vauclusien, si vivant, si passionné par son beau métier » (cité par Guy Basset « Topographie suspendue », in A Writer’s Topography : Space and Place in the Life and Works of Albert Camus, 2015, p. 55). Revenu en France comme assistant à l’université de Lyon (1956/57), il est ensuite pour un an (1957/58) chargé de cours à l’université de Montpellier. En 1957, il soutient en Sorbonne une thèse sur L’Architecture de l’Argolide aux ive et iiie s. av. J.-C (publiée en 1961), qui fait date, et une thèse complémentaire intitulée Pausanias en Corinthie (Livre II, 1-15), publiée en 1958. En 1959, il revient à Lyon comme professeur de langue et littérature grecques à l’université, où il va enseigner aussi l’archéologie classique jusqu’à sa retraite en 1985, et il considérait que la connaissance archéologique est indissociable des textes.

 Dans le domaine de la littérature grecque, à l’université de Lyon, il a assuré longtemps la préparation à la licence et aux concours d’enseignement (CAPES, agrégation), expliquant avec un enthousiasme communicatif les textes poétiques et les œuvres des tragiques grecs. Brillant professeur, il a ainsi formé des générations d’étudiants, devenus eux-mêmes professeurs ou chercheurs. Il a dirigé l’Institut d’archéologie classique de l’université de Lyon, avec la responsabilité de la bibliothèque Salomon-Reinach, et il a assuré des séminaires de recherches sur les temples et sanctuaires antiques. Il a su se partager entre son activité universitaire et le travail archéologique sur le terrain, surmontant sans jamais se plaindre les ennuis de santé qui l’ont handicapé pendant des années, lui rendant parfois difficile la marche sur les chantiers de fouille ; mais son dynamisme et son enthousiasme paraissaient les faire oublier...

 La Grèce a été pendant des années son terrain archéologique essentiel, et ses travaux sur des sites prestigieux comme Delphes – un des sites majeurs de l’EfA, auquel il a consacré une grande partie de ses activités –, mais aussi Délos, Thasos, Argos, Bassae (Péloponnèse)…, ont donné lieu à de nombreuses publications. Il a également collaboré aux fouilles de Samothrace à l’invitation de la mission américaine de l’Institute of Fine Arts of New York University. Il avait mis à profit son long séjour à l’EfA pour s’intéresser à différents types de monuments – théâtres, temples, portiques –, et à des questions d’architecture très débattues, telle la reconstitution des charpentes et des toitures des « monuments ronds » dans les sanctuaires (tholos de Delphes ou tholos d’Épidaure), qui posaient des problèmes techniques spécifiques, et pour lesquelles il a proposé un essai de synthèse dans la publication de l’Arsinoeion (ou « Rotonde d’Arsinoé ») de Samothrace (1992). Il a souvent cherché à mettre en relation les inscriptions et les monuments du sanctuaire de Delphes : évocation du chantier de construction du grand temple d’Apollon au ive s. av. J.-C. ; recherches sur la « terrasse d’Attale 1er » (roi de Pergame), à la fin du iiie s. av. J.-C. Son étude des « salles de banquet » est citée par les spécialistes français et étrangers.

 Avec la création par J. Pouilloux* d’une mission de l’université de Lyon à Chypre, sur le site de Salamine, il s’est consacré de 1965 à 1974 à l’exploration du plus bel ensemble protobyzantin de l’île, une grande basilique de pèlerinage paléo-chrétienne dite la « Campanopetra », construite au ve s. apr. J.-C., et encore embellie au vie s. par Justinien. La publication qu’il en a donnée (1998) est un ouvrage de référence pour l’architecture religieuse d’époque protobyzantine en Méditerranée orientale.

 L’ensemble de ses publications pendant un demi-siècle (plus de 80 livres et articles, parus de 1949 à 2000) constitue une œuvre scientifique de premier ordre sur la civilisation, la littérature et l’architecture grecques. La bibliothèque de Georges Roux (sans descendance) a été dispersée aux enchères à l’hôtel Tuiliers le 6 mars 2007.


Académie

Il est élu membre titulaire le 3 juin 1980, au fauteuil 1, section 2 Lettres. Discours de réception le 3 février 1981 : Les grands dieux de Samothrace et leurs mystères (MEM 36). Il a présenté une communication sur la découverte à Vergina (Grèce) du « grand tombeau de Philippe de Macédoine, père d’Alexandre le Grand » (résumé dans MEM 45, 1990).

Il a été membre correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (Institut de France), officier des Palmes académiques, officier de l’Ordre du Phénix (Grèce), membre correspondant de la Société archéologique d’Athènes, membre correspondant de l’Institut archéologique allemand.

Bibliographie

Architecture et poésie dans le monde grec, Hommage à Georges Roux, M.-Th. Le Dinahet, R. Étienne, M. Yon éd., Lyon : Maison de l’Orient CMO 8, 1989. – G. Dagron, « Georges Roux », CRAI 147, 2003, p. 1085-86, séance du 26 septembre 2003. – M.-C. Helmann et M. Yon, « Georges Roux (19 septembre 1919-1er août 2003 », Rev. Arch., 2003, p. 361-366.

Publications

« Héraclès et Cerbère sur une amphore du Louvre », Mélanges Charles Picard, Rev. Arch., 1949, p. 896-904. – « Un décret du politeuma des Juifs de Béréniké en Cyrénaïque », REG 62, 1949, p. 281-296. – « La terrasse d’Attale 1er à Delphes », BCH 76, 1952, p. 141-196. – « Le toit de la tholos de Marmaria et la couverture des monuments circulaires grecs », BCH 76, 1952, p. 442-483. – « Deux études d’archéologie péloponnésienne : 1. Autel à triglyphes bas de l’agora d’Argos. 2. Le chapiteau corinthien de Bassae », BCH 77, 1953, p. 116-138. – « Le val des Muses et les Musées chez les auteurs anciens. Appendice : la tour d’Ascra », BCH 78, 1954, p. 22-48. – « Note sur les antiquités de Macra Comé », BCH 78, 1954, p. 89-94. – « Sur quelques termes d’architecture : 1. Ξύλωμα. 2. Ταρσοί. 3. Τύλωσις, BCH 80, 1956, p. 507-521. – « Fouilles en Grèce », Rev. de Paris, 1956, p. 121-138. – Avec Jeanne Roux, La Grèce, Grenoble : Arthaud, 1957 ; 2e éd. 1964 ; version anglaise : Greece, Londres : Kayes, 1958 ; version espagnole Grecia, Barcelone : Juventud, 1960. – « Un décret du politeuma des Juifs de Béréniké en Cyrénaïque », REG 62, 1949, p. 281-296.– « Le sanctuaire argien d’Apollon Pythien », REG 70, 1957, p. 474-487. – Pausanias en Corinthie. Texte, traduction, commentaire archéol. et topogr., Paris : Belles Lettres, 1958. – « Le devis de Livadie et le temple de Zeus Basileus », Mus. Helv. 17, 960, p. 175-184. – « Qu’est-ce qu’un κολοσσός ? », REA 62, 1960, p. 5-40. – « Le sens de τύπος », REA 63, 1961, p. 5-14. – Architecture de l’Argolide aux ive et iiie siècles avant J.-C., Paris : BEFAR, de Boccard, 1961. – « En marge du Phédon et du Banquet », RPhil, 1961, p. 207-234. – « Pindare, le prétendu trésor des Crétois et l’ancienne statue d’Apollon à Delphes », REG 75, 1962, p. 366-380. – Avec J. Pouilloux, Énigmes à Delphes, Paris : de Boccard, 1963. – « Commentaire sur Théocrite, Apollonios et quelques épigrammes de l’Anthologie », RPhil, 1963, p. 76-92. – « ΚΥΨΕΛΗ : où avait-on caché le petit Kypsélos ? », REA 65, 1963, p. 279-289. – « Hipponax redivivus », REA 66, 1964, p. 121-131. – « “Meurtre dans un sanctuaire” sur l’amphore de Panaguristé », Antike Kunst 7, 1964, p. 30-41. – « Sur deux passages de l’hymne homérique à Apollon », REG 77, 1964, p. 1-22. – « Pausanias, le Contre Aristogiton, et les “Énigmes de Marmaria” », REA 67, 1965, p. 37-53. – « Testimonia Delphica, I », REG 79, 1966, p. 1-5. – « Le calendrier d’Éleusis et l’offrande pour la table sacrée dans le culte d’Apollon Pythien », Antiquité classique 35, 1966, p. 562-573. – « Les comptes du ive siècle et la reconstruction du temple d’Apollon à Delphes », Rev. Arch. 1966, p. 245-296. – « Les grimaces de Clisthène (Aristophane, Grenouilles, v. 422-430) », REG 80, 1967, p. 165-175. – La civilisation grecque de l’Antiquité à nos jours [direction avec Charles Delvoye], 2 vol., Bruxelles, 1967. – « Sur deux textes relatifs à Adonis », RPhil, 1967, p. 259-264. – « Problèmes delphiques d’archi-tecture et d’épigraphie : 1. La base de Philopoemen. 2. La base des danseuses», Rev. Arch. 1969, p. 29-56. – « Sur quelques passages obscurs de l’Agamemnon », REG 83, 1970, p. 15-25. – « Clymnestre et le “chemin de pourpre” », Hommage à Marie Delcourt, Latomus 114, 1970, p. 70-78. – « Les prytanes de Delphes », BCH 94, 1970, p. 117-132. – Delphi, Orakel und Külstatten, Munich : Hirmer Verlag, 1971. – « Notes en marge de Médée », REG 85, 1972, p. 39-46. – « La consultation solennelle des Labyades à Delphes », Rev. Arch. 1973, p. 59-78. – « Salles de banquets à Délos », Études déliennes (BCH, Supplément I), 1973, p. 525-554. – « Tables chrétiennes en marbre découvertes à Salamine », in Salamine de Chypre IV : Anthologie salaminienne, Paris : De Boccard, 1973, p. 133-196. – « Commentaires à l’Orestie », REG 87, 1974, p. 33-79. – « Eschyle, Hérodote, Diodore, Plutarque racontent la bataille de Salamine », BCH 98, 1974, p. 182-189. – « Avis au quatrième », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 17, 1975, p. 179-180. – « Un chef-d’œuvre d’architecture gréco-lycienne : le “Monument des Néréides” à Xanthos », REG 88, 1975, p. 182-189. – « Le sens du mot Ἔνατος dans le règlement des Labyades à Delphes », Rev. Arch. 1975, p. 25-30. – « La basilique de la Campanopetra à Salamine de Chypre », Bible et Terre sainte 175, décembre 1975, p. 17-28. – « Un maître de l’ancienne comédie : le poète Cratès jugé par Aristophane », RPhil 1976, p. 256-265. – « Aristophane, Xénophon, le Pseudo-Démosthène et l’architecture du bouleutérion d’Athènes », BCH 100, 1976, p. 475-483. – Karl Haller von Hallerstein : le temple de Bassae, Strasbourg : BNU Strasbourg, 1976. – Delphes, son oracle et ses dieux [version française mise à jour de : Delphi, Munich, 1971], Paris : Belles Lettres, 1976. – Avec J. Marcadé, « Tables et plateaux chrétiens en marbre découverts à Delphes », Études delphiques (BCH, Supplément IV), 1977, p. 453-465. – « Le vrai temple d’Apollon à Délos », BCH 103, 1979, p. 109-135. – « Note sur la construction du temple de Delphes », BCH 103, 1979, p. 501-505. – « L’Héracleion thasien, problèmes de chronologie et d’architecture », Thasiaca (BCH, Supplément V), 1979, p. 191-211. – L’amphictionie, Delphes et le temple d’Apollon au ive siècle avant J.-C., Lyon : CMO 8, 1979. – « Le chapiteau à protomés de taureaux découverts à Salamine de Chypre », dans Salamine de Chypre : Histoire et archéologie, Colloque international CNRS 578, 1980, p. 257-274. – « À propos des gymnases de Delphes, et de Délos, le site du Damatrion de Delphes et le sens du mot sphairisterion », BCH 104, 1980, p. 127-140. – « Les quatre grands sanctuaires panhelléniques », dans Les jeux dans l’Antiquité. Dossiers d’Archéologie 45, 1980, p. 20-38. – « Note sur Eschyle, Les Sept contre Thèbes », RPhil, 1980, p. 258-262. – « Samothrace, le sanctuaire des Grands dieux et ses mystères », Bull. de l’Association Guillaume-Budé, Paris, 1981, p. 2-23. – « Problèmes déliens (le Dioscourion, l’Asclépieion, le Néôrion, tables et plateaux chrétiens) », BCH 105, 1981, p. 41-78. – « Lôtis : le bain rituel d’Athéna à Delphes », dans Rayonnement grec, Hommages à Ch. Delvoye, Bruxelles, 1982, p. 227-235. – « Politique et religion : Delphes et Délos à l’époque archaïque », dans VIIth Congress […] Societies of Classical Studies, Budapest 1979, 1984, p. 97-105. – « Euripide témoin de Delphes », dans Mémorial A.J. Festugière, Cahiers d’Orientalisme X, Genève, 1984, p. 3-12. – « Trésors, temples, tholos », dans Temples et sanctuaires, Lyon : TMO 7, 1984, p. 153-171. – « Pourquoi le Parthénon ? », CRAI, 1984, p. 301-317. – « Aristophane au théâtre », dans Stemmata, Mélanges J. Labarbe, Liège, 1987, p. 91-100. – Fouilles de Delphes II : La terrasse d’Attale Ier à Delphes, Paris : de Boccard, 1987. – « Thymélé », Bull […] Salomon-Reinach 6, Lyon, 1988, p. 65-74. – « La tholos d’Athéna Pronaia dans son sanctuaire de Delphes », CRAI, 1988, p. 290-309. – « Problèmes delphiques d’architecture et d’épigraphie : les selides du temple ; l’hoplopothèque ; l’oikos double d’Athéna », Rev. Arch., 1989, p. 23-64 – « Remarques sur l’architecture “dionysiaque” du théâtre grec », dans Mélanges […] A. Audin, Lyon, 1990, p. 213-222. – « Deux riches offrandes dans le sanctuaire de Delphes : le stylidion de Cyzique, le lion d’or de Crésus », Journal des savants, 1990, p. 221-245. – « L’autel dans le temple », et « Conclusions », in R. Étienne et M.-T. Le Dinahet éd., L’espace sacrificiel dans les civilisations méditerranéennes de l’Antiquité, Colloque Lyon 1988, Lyon, 1991, p. 287-302, et 307-308. – « La tholos de Sicyone et les origines de l’entablement dorique », in J. Bommelaer éd., Delphes. Centenaire de la “Grande fouille” réalisée par l’école française d’Athènes (1892-1903), Colloque P. Perdrizet, Strasbourg 1991, Leyde, 1992, p. 151-156. – Avec James R. McCredie, Stuart M. Shaw, John Kurtich, P. Williams Lehmann, Samothrace VII, The Rotunda of Arsinoe, Princeton (N.J.) : Princeton University Press, 1992. – « Basiliques et résidences byzantines, Constantia-Salamine », in M. Yon éd., Kinyras. Archéologie à Chypre / Archaeology in Cyprus [éd. bilingue], Lyon, 1993, p. 195-204. – Salamine de Chypre XIV : La basilique de la Campanopetra, Lyon, 1998. – « L’architecture à Delphes : un siècle de découvertes», in A. Jacquemin éd., Delphes. Cent ans après la Grande fouille, Colloque Athènes 1992 (BCH, Supplément 36), Paris-Athènes, 2000, p. 181-199.

On y ajoutera diverses notices ou chapitres spécialisés dans des volumes collectifs : Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton, 1976. – K. Papaioannou dir., L’Art grec, Paris : Mazenod, 1978. – Bull. analytique d’architecture du monde grec, Rev. Arch. 1992 ; 1994 ; 1996.