Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BAUDRIER Henri (1815-1884)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Henri Louis Baudrier naît le 28 mai 1815 rue Saint-Romain à Lyon (rue disparue lors de l’aménagement de l’avenue de l’Archevêché, act. avenue Adolphe-Max), au foyer de Claude Julien Baudrier, avocat à la cour impériale de Lyon, et d’Anne Nicole Maret ; il est déclaré le lendemain en présence de Benoît Alais, négociant (fabricant de tulle), et d’Auguste Delore, négociant (drapier, juge au tribunal de commerce).

 Les Baudrier, originaires de Manosque (Frécon), arrivent à Lyon au début du xviiie siècle. Valentin Baudrier, marchand, fils de sieur Jean Baudrier, marchand à Mâcon, se marie le 17 avril 1725 dans l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin avec Anne Palliard. L’aîné de leurs douze enfants, Philippe (Lyon 11 janvier 1726-8 octobre 1802), marchand chapelier, épouse le 3 février 1754 Jeanne Mercier. Leur fils Étienne, quatrième d’une fratrie de huit, né le 18 octobre 1757, est baptisé le lendemain à Saint-Nizier ; devenu négociant rue Saint-Côme (act. rue Chavanne), âgé seulement de 23 ans, il se marie le 24 décembre 1780 avec Anne Laroque, fille de Julien Laroque, négociant. Étienne Baudrier est tué en 1794 au cours d’une émeute.

 Son fils Claude Julien (Lyon 6 juillet 1785-29 mai 1837) est le premier d’une lignée de magistrats et érudits ; avocat, il est président du tribunal civil de Lyon, membre de la Société littéraire, président des Hospices civils, et membre du Conseil général du Rhône ; il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 10 août 1833 (LH /143/2). Décédé le 29 mai 1837 « rue et cour Saint-Romain », il est inhumé à Loyasse (Hours). De son mariage avec Anne Louise Maret (née à Lyon le 15 mars 1788), fille de François Xavier Marie Nicolas Maret, président du tribunal civil de Lyon, habitant « rue et cour Saint-Romain »), naissent trois enfants : Anne Nicole, née le 29 septembre 1810, mariée le 1er mars 1836 à Jean Jacques Eugène Lagrange, qui sera président de la cour de Riom ; Marie Jeanne, née le 12 décembre 1811, mariée le 21 novembre 1838 à Étienne Henri Seriziat, président de chambre à la Cour de Lyon, et enfin Henri.

 Élève au collège royal de Lyon, Henri Baudrier suit les cours de l’abbé Noirot*, puis va faire des études de droit à Paris. Revenu à Lyon au décès de son père en 1837, il devient secrétaire du bâtonnier César Frédéric Favre-Gilly et, le 15 novembre 1841, il est inscrit à l’ordre des avocats, ce qui lui permet d’entamer un beau cursus : juge suppléant à Lyon (12 février 1842), juge à Montbrison (3 octobre 1843), procureur du roi à Nantua (9 novembre 1845), substitut au tribunal de Lyon (26 décembre 1846), juge d’instruction à Lyon (28 novembre 1849), conseiller à la cour de Lyon (28 juin 1856), président de chambre (20 janvier 1869). Le 6 septembre 1870, revenu en hâte de son château d’Amareins, il est arrêté par le commissaire Timon auto-proclamé Directeur de la sûreté générale, puis incarcéré à la prison Saint-Joseph. « Atteint d’une douloureuse maladie de foie, le président Baudrier obtint, dès le 14 septembre, la faveur de quitter sa cellule et de faire sa prison à son domicile, sous la surveillance de deux sentinelles qui, du reste, disparurent deux jours après. » (Louis Andrieux, La commune à Lyon en 1870 et 1871, Paris 1906). Il est révoqué le 19 septembre 1883 par Jules Grévy. Fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 décembre 1855, il est officier le 11 avril 1877 (LH/143/4).

 Henri Baudrier épouse à Trévoux le 29 juin 1847 Julie Dechez (Trévoux 28 juin 1828-Lyon 21 juin 1895), fille de Denis Dechez, juge au tribunal, et de Louise Eléonore Chamarande. Parmi les témoins, figure Charles Chamarande, propriétaire et maire d’Amareins (Ain). Resté célibataire, cet oncle maternel de Louise Eléonore Chamarande possède le château d’Amareins, dont hérite Henri Baudrier et où il fait ses séjours d’été. De son mariage naissent quatre enfants : Amélie Denise Hélène (née le 24 août 1848 à Trévoux), mariée le 30 août 1871 à Lyon à Alfred Humbert Jacquier de Terrebasse ; Alain Henri Louis Julien Baudrier*, né à Trévoux le 19 octobre 1860, bibliophile ; Francis Denis Charles (Amareins 8 novembre 1867-janvier 1868) ; Alain Francis Eugène (Amareins 25 janvier-25 mars 1870).

 Héritier des bibliothèques de son grand-père Maret et de son père, il a continué à enrichir sa collection qui contenait quelque 8 000 volumes, « ces amis qui ne changent jamais », mais surtout il a mis son érudition au service de l’histoire de l’imprimerie et de la bibliophilie. Il avait constitué un ensemble de fiches et de notes sur les bibliophiles lyonnais, quand la mort l’a surpris avant qu’il ait pu en terminer la réalisation, en laissant le soin à son fils Julien. Il a été membre de la société linnéenne de Lyon de 1861 à 1883. Il a été également administrateur des hospices civils et du mont-de-piété. « H. Baudrier était d’une taille au-dessus de la moyenne, bien prise, avec un léger embonpoint. Sa tête était belle, son front large et bien développé, ses cheveux noirs et épais. Il portait les favoris conformément aux traditions de la magistrature. Son œil bleu était vif, tempéré par une certaine douceur et la figure pleine et expressive. Il avait grand air sous la robe d’hermine. » (Léopold Niepce). Il demeurait 8 rue du Plat à Lyon.


Académie

Après avoir offert en 1882 son ouvrage Visite à la bibliothèque de l’Université de Bâle par un bibliophile lyonnais, succédant à Paul Humblot*, il est élu le 5 juin 1883 sur un rapport d’Henry Morin-Pons* au fauteuil 6, section 1 Lettres. Mais, dès 1884, il meurt à Paris où il s’est rendu pour effectuer des recherches en vue de finaliser son discours de réception qui devait avoir pour titre Le quartier des imprimeurs à Lyon au xvie siècle. Son éloge funèbre est prononcé le 20 juin 1884 par Émile Delocre* (MEM L 22, 1885).

Décédé subitement à Paris le 17 juin 1884, Henri Baudrier est inhumé le 20 au cimetière de Loyasse dans le tombeau familial, après des obsèques grandioses.

Bibliographie

Léopold Niepce, Les bibliothèques anciennes et modernes de Lyon, Lyon : H. Georg, 1876. – L. Niepce, Notice sur M. le président H. Baudrier, ancien conseiller, Lyon : Pitrat, 1884. – H. de Terrebasse, « Henri Baudrier », Bull. Bibliophile et Bibliothécaire, 1884. – H. de Terrebasse, Notice nécrologique sur Henri Baudrier, Paris : Téchener, 1884. – Patrice Beghain, DHL.

Publications

Hospices civils de Lyon. Fondation David Comby : extrait du registre des délibérations du conseil d’administration [rapporteur Henri Baudrier], Lyon : Perrin, 1867. – « Notice nécrologique d’Alfred de Terrebasse », Bull. Bibliophile et Bibliothécaire, 1872. – Assistance donnée à la multitude des pauvres accourus à Lyon en 1531 par Jean de Vauzelles. Nouvelle édition avec introduction notes et glossaire, Lyon : Perrin et Marinet, 1875. – Une visite à la bibliothèque de l’Université de Bâle par un bibliophile lyonnais, Lyon : Brun 1880. – Bibliographie lyonnaise au xve siècle, Lyon : Pitrat, 1881. – De l’orthographe du nom de Guillaume Rouville et de quelques autres particularités de sa vie, Lyon : Brun, 1883.