Charles Louis François André est né à Chauny (Aisne) le 14 mars 1842, fils de Louis François Alexandre André, horloger, et de Placidie Godet son épouse ; témoins : Auguste Désiré Beaumé, marchand épicier, et Louis Fernand Duru, chapelier. Il épouse le 23 avril 1883 Marie Thérèse Marguerite Wittwer, née le 14 octobre 1859 à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Ils auront quatre enfants : Marc né le 22 juillet 1884, Marie-Hélène née le 16 novembre 1886, Franck né le 15 janvier 1889, mort pour la France à Verdun le 8 juin 1916, et Marcel né le 22 avril 1892. Il est mort à Saint-Genis-Laval le 6 juin 1912, où il est inhumé.
Il effectue ses études primaires à l’institution Saint-Charles de Chauny, où l’abbé Antoine Gilquin († 1889) était économe. Celui-ci, convaincu des qualités de Charles André, trouve des subsides pour lui permettre de poursuivre ses études à Paris. Reçu aux concours de l’École polytechnique et de l’École normale supérieure, il choisit la seconde. Licencié en physique, il est reçu à l’agrégation en 1863. Parmi les professeurs qu’il a pu côtoyer, figurent le physicien Émile Verdet (1824-1866), Paul Desains (1871-1885), César Despretz (1791-1863), et Henri Sainte-Claire Deville (1818-1821) qui jouera un grand rôle dans sa carrière. Après un stage comme préparateur au Collège de France auprès d’Éleuthère Mascart (1837-1908), il occupe en 1864 un poste de professeur au lycée de Nevers. En octobre 1865, il intègre l’observatoire de Paris comme astronome-adjoint, appelé à ce poste par son directeur Urbain Le Verrier (1811-1877). Il travaille auprès de Charles Wolf (1827-1918) et de Georges Rayet (1839-1906). Avec Wolf, il étudie les problèmes rencontrés par les astronomes pour observer le passage des planètes Vénus ou Mercure devant le Soleil. En 1874, l’Académie des Sciences le nomme chef de mission pour l’observation du passage de Vénus devant le Soleil à Nouméa en compagnie d’Alfred Angot. Il soutient sa thèse le 23 juin 1876, devant Jules Jamin (1818-1886), président, Henri Sainte-Claire Deville et Charles Briot (1817-1882), intitulée : « Une étude de la diffraction dans les instruments d’optique, son influence dans les observations astronomiques. » Le 17 juillet 1876, il postule au poste de professeur d’astronomie qui doit être créé à la faculté des sciences de Lyon. Il est d’abord nommé chargé de cours (1er novembre 1876). En novembre 1877, le recteur d’Académie M. Dareste de la Chavanne le charge de diriger le projet de construction de l’observatoire de la ville de Lyon. André choisit le site de Saint-Genis-Laval. Le 1er octobre 1877, il est titularisé professeur d’astronomie. Le président de la République, Mac Mahon, signe le 11 mars 1878 le décret de création officielle de l’observatoire de Lyon et le 16 janvier 1879, nomme Charles André directeur de cet observatoire. L’Académie des sciences le choisit comme chef de la mission pour l’observation du passage de Mercure devant le Soleil qui aura lieu le 6 mai 1878. Il se rend aux États-Unis, à Ogden (Utah).
Directeur de l’observatoire, il organise l’observation météorologique comme discipline scientifique dans les différents observatoires qu’il crée, outre celui de Saint-Genis-Laval, au Mont Verdun et au parc de la Tête d’Or. André organise aussi la distribution de l’heure dans la ville de Lyon, ainsi que le contrôle des chronomètres fabriqués par les horlogers de la ville.
Le 9 janvier 1881, élu conseiller municipal sur la liste d’Antoine Gailleton (1801-1900), il s’occupe principalement de développer les établissements d’enseignements créés par la ville de Lyon. Le 26 septembre 1892, alors qu’il organise avec son élève Le Cadet*, futur académicien en 1904, une nouvelle série d’observations des variations de l’atmosphère en fonction de l’altitude, dans un ballon libre dirigé par Jean-Claude Pompéien-Piraud (1846-1907), il est victime d’un grave accident. Il est élu correspondant de l’Académie des Sciences pour la section d’astronomie le 17 février 1902, et correspondant du Bureau des Longitudes en 1904. Charles André fait valoir ses droits à pension de retraite le 1er mai 1912. Sur avis du Conseil de la faculté, il est prolongé pour raison de service jusqu’au 1er novembre de la même année, et nommé professeur honoraire de la faculté des sciences de l’université de Lyon et directeur honoraire de l’observatoire de Lyon à partir du 1er novembre 1912, mais il meurt entretemps (le 6 juin).
Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 8 octobre 1878, officier d’Académie en 1880, officier de l’Instruction publique en 1885, officier du Nichan-Iftikhar (Tunisie) en 1886, officier de la Légion d’honneur par décret du 11 octobre 1906 (réception par Léon Clédat, doyen de la faculté des Lettres de Lyon ; LH/34/23). Académie
Élu le 26 novembre 1878 au fauteuil 4, section 1 Sciences, il sera émérite le 14 juin 1904. Discours de réception le 27 juillet 1880 : Observation du passage de Mercure sur le Soleil. Il est à l’origine de nombreux travaux sur les problèmes posés par la diffraction dans les instruments d’observation astronomique. Commencés en 1873, il les poursuivra tout au long de sa carrière, proposant des innovations techniques pour en améliorer les performances. Le développement d’instruments de grand diamètre atténuera quelque peu la portée de ses travaux. Mais c’est comme directeur d’équipe que Charles André peut être reconnu. En effet nombre des élèves qu’il formera, souvent issus de La Martinière, occuperont ensuite des postes de responsabilité : citons principalement Émile Marchand (1882-1914), directeur de l’observatoire du pic du Midi, et François Gonnessiat (1856-1934), directeur de l’observatoire d’Alger puis de celui de Quito en Équateur.
À l’Académie de Lyon, il publiera vingt-sept mémoires portant sur ses principaux travaux : passages de Vénus et de Mercure devant le Soleil, observations d’éclipses, météorologie, magnétisme terrestre... Deux articles sur les prétendus canaux de Mars viendront répondre d’une façon scientifiquement pertinente aux diverses allégations plus ou moins farfelues sur ce sujet, en particulier celles de George Lowell. Un de ses derniers articles, intitulé « Sur l’évolution des mondes », présente un état fort clair des connaissances de son époque sur la formation, l’évolution et la mort des étoiles.
ADR (fonds Observatoire de Lyon). – AN : dossiers de carrière, F-17-23178 ; N° 811-1054 ; F-17-3758-9 ; N° 614 à 731. – J. Guillaume, Notice sur Charles André (1842-1912) et éloges académiques, discours nécrologiques de ses contemporains, Lyon : Rey, 1912, 32 p. (portrait, bibliographie, discours de Joubin, Depéret, Barlatier de Mas, Luizet). – Lucien Mayet, Notice nécrologique sur M. Charles Louis François André (1842-1912), portrait, discours de Joubin, Depéret, Luizet. – Stanislas Barlatier de Mas : « Discours aux funérailles de Charles André et notice nécrologique », MEM 1912. – Alfred Angot : notice nécrologique, 1912.
Voir la liste complète de ses publications dans la notice établie par son élève J. Guillaume. Retenons ici celles qui sont publiées dans les MEM, ainsi qu’une brève sélection des plus importantes.
Académie : « L’Observatoire universitaire de Lyon (Saint-Genis-Laval) », MEM 23, 1878. – « Observation du passage de Mercure sur le Soleil, faite à Ogden (Utah) le 6 mai 1878, MEM 24, 1880. – « Pluies et neiges de l’année météorologique 1878-1879 », MEM 24, 1880. – « Pluies et neiges de l’année météorologique 1879-1880 », MEM 25, 1882. – « Note sur les oscillations barométriques produites par l’éruption du Krakatoa », MEM 27, 1885. – « Influence de l’altitude sur la température », MEM 29, 1887. – « Pluies et neiges de l’année météorologique 1880-1884 ». MEM 30, 1889. – « Sur les mouvements verticaux de l’atmosphère », MEM 30, 1889. – « Éléments magnétiques à Lyon au 1er janvier 1889 », MEM 30, 1889. – « Comparaison des effets optiques des petits et des grands instruments d’astronomie », MEM 30, 1889. – « Éléments magnétiques à Lyon en 1889 », MEM 31, 1891. – « Température à différentes altitudes », MEM 31, 1891. – « Éléments magnétiques à Lyon en 1890 », MEM 31, 1891. – « Notes sur un séjour à l’Observatoire du Pic du Midi », MEM 31, 1891. – Avec A. Raulin, « Influence de la nature du sol sur la température de son intérieur », MEM 31, 1891. – « Relation des phénomènes météorologiques déduite de leurs variations diurnes et annuelles », MEM 31, 1891. – « Oscillations diurnes du magnétisme terrestre à Lyon et déduites du magnétomètre Mascart », MEM 31, 1891. – « Sur l’électricité négative par ciel serein (réponse à M. L. Palmieri) », MEM (3)1, 1893. – « Sur la température aux limites de l’atmosphère », MEM 3, 1895. – « Étude sur l’hiver 1894-1895 », MEM 3, 1895. – « Note sur la relation des taches solaires et de la température (d’après les recherches et l’étude de M. J. Guillaume) », MEM 4, 1896. – « Les canaux de Mars existent-ils ? » MEM 11, 1909. – « Distribution synchronique de l’heure à l’Observatoire de Lyon », MEM 11, 1909. – « La comète de Halley », MEM 11, 1909. – « Un dernier mot sur les canaux de Mars », MEM 11, 1909. – « Sur l’évolution des mondes », MEM 12, 1912. – « Observation de l’éclipse du 17 avril 1912 à l’Observatoire de Lyon », MEM 13, 1912.
Autres publications : Avec C. Wolf, « Recherches sur les apparences singulières qui ont souvent accompagné l’observation des contacts de Mercure et de Vénus avec le bord du Soleil », Ann. Observ. Paris, 1869, p. 115-172. – F. Brünnow dir., Traité d’astronomie sphérique et d’astronomie pratique, Paris : Gauthier-Villars, 1869 et 1872. – Brisse dir., Traité de Physique à l’usage des élèves de la classe de mathématiques spéciales, 1871. – Avec Angot, G. Rayet et A. Pons, L’astronomie pratique et les observatoires en Europe et en Amérique. Paris : Gauthier Villars, 1874-1878. – Avec C. Wolf, « Recherches sur les apparences singulières qui ont souvent accompagné l’observation des contacts de Mercure et de Vénus avec le bord du soleil », Ann. Observ. Paris 10, 1874, p. 1-37. – « Sur les documents scientifiques recueillis à Nouméa par la mission envoyée pour observer le passage de Vénus », CRAS 80, 1875, p. 1282-1285. – Étude sur la diffraction dans les instruments d’optique et son influence sur les observations astronomiques. Thèse 1876. – « Station météorologique établie par l’Observatoire de Lyon au Parc de la Tête-d’Or », Lyon Scientifique et industriel, 1879.– Recherches sur le climat lyonnais. Brochure 1880. – « Sur l’inversion des températures de l’air avec la hauteur », CRAS 90, 1880, p. 1151-1163. – « Le premier astronome lyonnais », Lyon Scientifique et industriel, 1881. – « Sur quelques points d’astronomie et de magnétisme terrestre » (discours de rentrée des Facultés de Lyon, le 3 novembre 1887), Bull. Astronomique 5, 1887, p. 256-257. – « Observation de l’éclipse de Lune du 28 janvier à Lyon », Bull. Astronomique 5, 1888, p.104. – « Étude expérimentale des passages et des occultations des satellites de Jupiter », CRAS 109, 1889, p. 767-769. – « Importance astronomique et physique des observations à grande altitude », Bull. Univ. Lyon, 1893. – « Observation de l’éclipse totale de Lune du 27 décembre 1878, faite à l’Observatoire de Lyon », CRAS 128, 1899, p. 37-38. – Sur la pluie d’étoiles filantes des Perséides, à Lyon, et sur un bolide remarquable », CRAS 129, 1899, p. 383. – Traité d’Astronomie stellaire. Première partie, étoiles simples. Paris : Gauthier-Villars, 1899. Bull. Astronomique, 16, p. 124-127. – Traité d’Astronomie stellaire, seconde partie. Étoiles doubles et multiples. Amas stellaires. Paris : Gauthier-Villars, 1900, Bull. Astronomique 18, p. 42-45. – « L’éclipse partielle de Soleil du 28 mai 1900, à l’Observatoire de Lyon », CRAS 130, 1900, p. 1527-1529. – L’Observatoire de Lyon, in Lyon en 1906. Congrès A.F.A.S., Lyon : A. Rey, 1906. – « Les planètes et leur origine », Ciel et Terre 30, 1909, p. 127. – Avec J. Merlin et G. Le Cadet « L’hypothèse nébulaire de Laplace et la théorie de la capture de M.T.J.J.See », Sciencia, 1912.