Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

VOUTY de LA TOUR Claude Antoine (1761-1826)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Lyon, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, le 8 novembre 1761, il est le fils unique de Dominique Vouty – écuyer, seigneur du domaine de Champ(s) ou Tour de la Belle Allemande (Cuire), Montsymont, Vescours et Montalibord (canton de Saint-Trivier en Bresse), né à Lyon le 22 octobre 1725, recteur de la Charité en 1761, guillotiné à Lyon le 13 décembre 1793, accusé d’avoir financé les insurgés, – et de Marie Riverieulx de Chambost, née à Lyon le 6 octobre 1739, décédée à Ainay. Il est baptisé le lendemain par son oncle, Claude Vouty, bachelier de Sorbonne et chanoine de Saint-Paul ; parrain : son grand-père Claude Riverieulx (Lyon, 1701-1790) – échevin de la ville de Lyon de 1739 à 1740, prévôt des marchands de 1776 à 1779, seigneur de Chambost –, représenté par Antoine Riverieulx écuyer fils (Lyon, 1733-1794, seigneur de la Ferrandière) ; marraine : sa grand-mère Catherine Michel (1696-1788), veuve de Claude André Vouty (Saint-Nizier 1693-1756), écuyer et secrétaire du roi près la cour des monnaies de Lyon (qu’il avait acquis le 28 décembre 1738).

 Vouty commence sa carrière comme simple conseiller au parlement de Dijon le 26 mars 1783. Une rencontre fortuite va modifier sa destinée. Comme notable, membre du parlement local, il est invité à un dîner organisé à Auxonne (Côte-d’Or) en 1789 après des manœuvres d’artillerie. Le sort a voulu que son voisin de table soit Napoléon Buonaparte, sous-lieutenant du régiment de La Fère en garnison à l’école royale d’artillerie à Auxonne depuis le 1er juin 1788. Ils sympathisent. Bonaparte lui rend visite à Dijon. Vouty lui aurait même avancé de l’argent. Il le fera recevoir quelques jours par son père en 1791 près de Lyon dans son domaine de Champ(s) dit la tour de la Belle-Allemande, commune de la Croix-Rousse.

 À la suppression du Parlement, il se réfugie près de Lyon dans sa famille.

 Les désordres de la Révolution se font sentir dans son état civil : il épouse (on ne sait où) Antoinette Martin qui lui a donné six enfants, dont deux filles seulement survivent : Charlotte, religieuse à Paris, et Fleurie Aspasie Pierrette, née à Lyon le 22 mai 1792, baptisée à Saint-Nizier le 6 juin, de parents inconnus, parrain : Pierre Bouchet chirurgien, marraine Fleurie Aspasie Bouchet fille du parrain (porté en marge de l’acte de baptême que Claude Antoine Vouty et Antoinette Martin, son épouse, sont ses parents, correction faite en exécution de l’ordonnance du premier juge du tribunal du district du vingt-sept vendémiaire an III). Elle est décédée à Lyon 1er le 12 avril 1865, après avoir épousé Modeste Fortis, né en 1771, successivement avocat, agent de change, et enfin avocat général à la cour d’appel de 1812 à 1815, membre correspondant de l’Académie de 1823 à 1847, et s’être remariée à Lyon le 3 juin 1830 avec Joseph Marie Gros, notaire à Bourgoin.

 Quoiqu’ayant accueilli favorablement les idées nouvelles jusqu’à la Terreur, Vouty est obligé de se réfugier en Suisse, puis à Paris, où il enseigne les sciences mathématiques pour gagner sa vie jusqu’à la Constitution de l’an III. De retour à Lyon, il est nommé juge au tribunal départemental du Rhône en vendémiaire an IV, et accusateur public en floréal an VI. Ses relations avec le Premier consul le font nommer premier président du tribunal d’appel installé le 15 floréal an VIII et président du conseil général du Rhône nouvellement créé la même année, le 12 prairial. Il en restera président jusqu’en 1805. Commandant de la Légion d’honneur reçu le 15 juillet 1804 des mains de Napoléon dans l’église des Invalides, après avoir réclamé cette décoration auprès de Bonaparte, alors Premier consul, Lacépède et Kellerman.

 Sa fortune est importante (décrite par Jean-Philippe Rey) : il est le troisième contribuable le plus imposé du département (9 118 francs). Il préside l’administration des hôpitaux de 1806 à 1808.

 Chevalier de l’empire par lettres patentes du 28 octobre 1808. Toujours président du tribunal d’appel de Lyon, devenu premier président de la cour impériale en 1805. Le nom de La Tour sur la liste de nomination avait été ajouté par Bonaparte lorsqu’il l’a nommé à ce poste. Vouty portera alors ce nom. Baron de l’empire sous la dénomination de Vouty de La Tour par lettres patentes du 9 mars 1810. Conseiller municipal de Lyon, assidu, de 1811 à 1815. Membre de la commission administrative de la bibliothèque de la ville de Lyon. Député du Rhône un court instant le 12 mai 1815, à la Chambre des Cent-Jours.

 Remplacé dès le second retour de Louis XVIII dans ses fonctions de premier président de la cour royale par le comte de Bastard d’Estang, il se retire à Paris, n’étant plus en cour.

 Il y est mort le 4 mars 1826. Il logeait dans son hôtel de la rue Puits Gaillot ou à la Belle-Allemande.


Académie

Nommé en 1800 par le préfet Verninac*, dans la section Lettres et arts. Président en 1810. Membre de la section des Sciences de 1810 à 1815.

Bibliographie

Notice sur le baron Claude-Antoine Vouty de la Tour, ancien conseiller au parlement de Dijon, ancien président à la cour royale de Lyon, Paris : Carpentier-Maricourt, 1826, p 14 [signée F, probablement son gendre Fortis]. – Honoré Torombert*, Éloge historique de M. Vouty de La Tour […] prononcé à l’Académie de Lyon en séance publique le 29 mai 1826, Lyon : Perrin, 1826, 38 p. – Léopold Niepce, Les environs de l’Ile-Barbe, Lyon : Louis Brun, 1892, p. 441-462. – Jean-Philippe Rey, Les grands notables du Rhône du Premier empire, Paris : Guénégaud, 2011.

Publications

Observations sur le commerce, adoptées par le conseil général du département du Rhône, dans sa séance du 26 germinal an IX, Lyon : Ballanche et Barret, an IX, 16 p.