Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

GUILLEMINET Maurice (1891-1981)

par Jacques Hochmann.

 Maurice Émile Grégoire Guilleminet est né à Lyon 2e, 7 rue Sala, le 3 janvier 1891, fils de Jules François Grégoire Guilleminet né en 1862, avoué près le tribunal civil, et de Marthe Julie Chantillin (1868-1936). Témoins : son grand-père, Paul Grégoire François Guilleminet, né à Hyères en 1815, pharmacien retraité, 34 rue Saint-Jean Lyon 5e, et Étienne Ponsard, 25 ans, architecte, 41 rue d’Alsace (rue d’Alsace-Lorraine depuis 1902) Lyon 1er. Son frère aîné, Paul Philibert Grégoire, (Lyon 2e, 10 novembre 1888-19 septembre 1966), officier de marine, décoré de la Légion d’honneur le 30 janvier 1921, entré en 1925 dans les services civils de l’Indochine, conservateur du musée d’Hanoï en 1941 a publié en 1952 un Dictionnaire banhar, et un Coutumier de la tribu des Banhar, des Sédang et des Jaraï de la province de Kontum, tenant ainsi une place importante dans les dialectes de la chaîne dorsale du Vietnam.

 Après des études secondaires au collège des dominicains d’Oullins (aujourd’hui Centre Saint-Thomas d’Aquin-Veritas), puis au lycée Ampère, Maurice Guilleminet entreprend des études de médecine, guidé par le docteur François Leclerc* (1856-1924), médecin à l’hôpital de la Charité et époux d’Anne Françoise Chatillin (1863-1944), une cousine germaine de sa mère. Dans des notes autobiographiques, Maurice Guilleminet le désigne comme son oncle.

 Externe des hôpitaux en 1910, il réussit l’internat en 1912, mais, mobilisé dans les chasseurs alpins à Embrun (Hautes-Alpes), il doit interrompre sa formation pendant la guerre de 1914-1918 où il est décoré de la croix de guerre. Il reprend son internat en 1919 et rencontre le professeur Gabriel Nové-Josserand (1868-1949) premier titulaire, en 1921, de la chaire de chirurgie infantile, qui décidera de sa carrière. Il soutient, en 1923, sous la direction du professeur Léon Bérard, sa thèse intitulée Technique, indications et valeur de la thoracoplastie extrapleurale dans la tuberculose pulmonaire et la dilatation des bronches (Paris : Baillière, 1923). Aide d’anatomie en 1922, dans le laboratoire du professeur André Latarjet, il devient prosecteur en 1924, chef de clinique chirurgicale auprès de Léon Bérard en 1925 et chirurgien des hôpitaux en 1928. En 1930, il obtient l’agrégation de chirurgie générale. Il est chef du service de chirurgie infantile et orthopédique de l’hôpital Debrousse de 1930 à 1947. Laissant son service au docteur Jean Creyssel (1898-1977), il succède, en 1947, au professeur Louis Tavernier* (1878-1951) – qui avait lui-même succédé au professeur Nové-Josserand – comme titulaire de la chaire de chirurgie infantile et d’orthopédie, dont il inverse la dénomination en chaire de chirurgie orthopédique et infantile et qu’il occupe jusqu’en 1963. À son départ à la retraite, il obtient la division de sa chaire et de son service du pavillon T, à l’hôpital Édouard Herriot, en chaire d’orthopédie confiée au professeur Albert Trillat (1910-1988, fils de Paul Trillat*), grand spécialiste de la chirurgie du genou, et en chaire de chirurgie infantile confiée au professeur Joseph Marion (1905-1970).

 Ses travaux ont porté sur le traitement des arthroses de la hanche, les prothèses articulaires, la greffe des os, les pseudarthroses congénitales du tibia, les tumeurs à myéloplaxes. Avec ses collaborateurs et l’aide de l’Institut Mérieux et de l’École vétérinaire, dans la filiation des recherches de Léopold Ollier* (1830-1900), il est à l’origine de la banque des os préparant pour la greffe des os de veaux réfrigérés et irradiés aux UV. Il est aussi à l’origine de la création du centre Livet, à Caluire, un centre pour le traitement orthopédique et la rééducation des scolioses, annexé à son service et aujourd’hui transféré à l’hôpital de la Croix-Rousse, sous le nom de Centre Albert-Trillat élargi à toute la pathologie de l’appareil locomoteur. C’est le docteur Pierre Stagnara (1917-1995), gendre du docteur Edmond Locard* (1877-1966), le célèbre criminologue, qui a assuré, jusqu’en 1960, la direction du centre Livet, avant de prendre la responsabilité du Centre des Massues, créé par la Mutualité agricole pour la chirurgie et la rééducation fonctionnelle des pathologies de la colonne vertébrale.

 Président de la société de chirurgie de Lyon, président de la société française d’orthopédie, de la société internationale d’orthopédie et de traumatologie, membre de la société de chirurgie plastique et de la société de chirurgie infantile, Maurice Guilleminet a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1947. Membre du conseil d’administration des hospices civils de Lyon (1946-1962), il a obtenu du maire de Lyon, Louis Pradel, la reconstruction du dôme de l’Hôtel-Dieu, détruit par un incendie au cours des combats de la Libération en 1944. Il a fait en 1962 une mission d’enseignement au Vietnam où son frère s’était illustré.

 Il avait épousé, à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône), le 4 septembre 1920, Catherine Victorine Marie Juliette Larrivé (21 mars 1894-27 décembre 1985), fille de Jules Larrivé, président du tribunal de commerce de Lyon de 1919 à 1928, et d’Anne Marie Rivoire. Ils ont eu quatre enfants : Jean, Nicole, Georges et Raymond. Il est décédé à Lyon 3e le 13 novembre 1981.


Académie

Élu le 19 décembre 1967 sur rapport de Paul Bertoye*, il succède à Jean Gaté* devenu émérite, au fauteuil 2, section 3 Sciences. Il est reçu le 9 janvier 1968, mais ne semble pas avoir prononcé de discours de réception. Il est alors domicilié 88 avenue de Saxe, Lyon 3e. Il communique le 17 janvier 1969 sur Trois mois au Vietnam, décembre 1962-mars 1963. Le texte de sa communication n’a pas été conservé. Il préside l’Académie en 1971 et prononce le 18 janvier 1971 un discours de présidence (résumé dans les Mémoires) où il évoque le souvenir de médecins et universitaires qui ont fait partie de l’Académie, notamment celui du professeur Santy*. Il souhaite que soit faite une plus large place aux exposés portant sur l’activité professionnelle des membres et que les conférences soient plus largement ouvertes au public avec comptes rendus dans la presse. Il prononce au cours de sa présidence les éloges funèbres de Charles Garin* et de Louis Charrat*. Il devient, sur sa demande pour raisons de santé, membre émérite en 1977.

Bibliographie

Médaille jubilaire du professeur Maurice Guilleminet, Hôtel-Dieu de Lyon, 23 mai 1963 : Discours de J. Marion, R. Faysse, J. Creyssel, P. Lance, P. Wertheimer, P. Merle d’Aubigné, H. Hermann, L. Pradel, M. Guilleminet, Lyon : Bosc, 1964. – R. Merle d’Aubigné, « Maurice Guilleminet », Rev. chirurgie orthopédique, 1982, 68, p. 353. – C.R. Michel, « Maurice Guilleminet », Lyon chirurgical, 1982, 38, p.142. – F. Duplessy, Maurice Guilleminet (1891-1981), professeur de clinique orthopédique et de chirurgie infantile, un honnête homme, thèse de médecine (Prés. Louis P. Fischer*), Lyon, 1995. – Gérard Corneloup, DHL. – David 2000. – J. J. Luthi, DBF pour son frère Paul.

Son éloge funèbre a été prononcé par Paul Guinet* le 8 décembre 1981 (MEM 1982, 36).

Iconographie

Une médaille jubilaire par Jean Dulac (1902-1968) a été offerte par ses amis et ses élèves le 25 mai 1963 : effigie à l’avers ; au revers, hôpital Debrousse et hôpital Édouard-Herriot encadrant Fourvière.

Publications

Avec F. Dumarest et P. Rougy, Traitement médico-chirurgical des pleurésies purulentes tuberculeuses, Paris : Doin, 1930. – Titres et travaux scientifiques, concours d’agrégation des facultés de médecine, section chirurgie générale, Lyon : Bosc frères et L. Riou, 1930. – À propos de l’entorse du genou, trois cas d’entorse de Gangolphe, Paris : Masson, 1942. – Avec J. Marion, Les prothèses acryliques de la hanche, Rapport au Congrès français de chirurgie, 1955. – Avec R. Ricard, La pseudarthrose congénitale du tibia et son traitement, Paris : Masson, 1958. – Avec J. Desbrosses, Symposium sur l’os hétéroplastique, Paris : Masson, 1958. – Avec L. Charrière, La kinésithérapie dans le traitement des algies vertébrales, Paris : Masson, 1965.