Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

LOMBARD Étienne (1670-1753)

par Denis Reynaud.

 Étienne Lombard, né à Lyon en 1670, est mort dans la même ville le 20 février 1753 (Bréghot ; Dumas), date très douteuse dans la mesure où, lors de la séance du 30 janvier 1753, le directeur annonce à la compagnie « la perte qu’elle a faite du R. P. Lombard un des plus anciens des académiciens ». Trois jésuites nommés Lombard, peut-être frères, se distinguèrent dans la première moitié du xviiie siècle : Aimé se consacra aux missions des sauvages de Guyane : il était supérieur des jésuites de Cayenne en 1711 ; Théodore (né à Annonay le 21 juillet 1699) était professeur de rhétorique au collège des jésuites à Toulouse. Il faut rendre à Théodore deux ouvrages que Bréghot (Catalogue, p. 171) attribue à Étienne : Vie du père Vanière, 1744, et Réflexions sur l’impiété, 1749 (voir Mémoires de Trévoux, juin 1744, p. 1136-1141, et août 1749, p. 1678-1679).


Académie

Le P. Lombard fut reçu à l’Académie des sciences et belles-lettres, le 29 janvier 1714. Son activité y est particulièrement soutenue entre 1715 et 1721. Le 15 juillet 1715, il lit « une très savante dissertation sur l’infini », qui est un résumé du Traité de l’infini créé de Terrasson ; l’Académie possède encore la réponse de son confrère Antoine de Serres*, De la conservation des êtres [Ac.Ms229, p. 2] (Nouvelles littéraires de La Haye, t. 2, 10 août 1715, p. 82-84). Le 31 janvier 1718, il lit « une belle dissertation sur l’union de l’âme et du corps », combattant les systèmes de Descartes, Malebranche et Leibniz. Le 14 février de la même année, il « propose ses difficultés » à Cheinet*, qui prétendait établir un accord solide entre la religion et la philosophie. Le 16 mai 1719, il lit « un discours sur l’âme des bêtes », s’opposant encore une fois à Descartes (Nouvelles littéraires, t. 7, p. 361-363 ; t. 10, p. 261-262). Son discours lors de l’assemblée publique de mai 1726, est jugé « sec, décharné, pesant » par Saint Fonds. Le 13 mai 1732, à l’invitation de Dugas*, il lit un discours sur la religion, loué et approuvé malgré l’article du règlement qui exclut les matières théologiques. Il est encore présent à la séance du 19 décembre 1752, un mois avant sa mort.

Bibliographie

Du Sauzet, Nouvelles littétaires. – Pernetti. – Bréghot. – Bollioud, Catalogue et Ac.Ms271. – Correspondance Saint Fonds et Dugas.

Carrière

« Distingué dans toutes les études et les enseigne-ments pratiqués par les membres de la société [de Jésus], et versé dans l’intelligence des langues latine, grecque et hébraïque », Étienne devint « habile et profond théologien » et s’acquitta des premiers emplois de son ordre « avec un esprit de sagesse, de discrétion et de douceur » (Bollioud). Il fut successivement professeur de grammaire, rhétorique, philosophie et théologie au collège de la Trinité, recteur de ce collège, ensuite provincial, puis député à Rome.

Selon Dugas (27 décembre 1731), Lombard fut un des réviseurs de l’Histoire du peuple de Dieu de Berruyer, dont la première édition, parue en 1728, avait été condamnée par la Sorbonne et le Parlement et mise à l’index. Étienne Lombard a beaucoup écrit, surtout sur des sujets controversés, comme en témoignent les archives de l’Académie, mais il n’a rien publié : sans doute n’a-t-il pas obtenu la permission des supérieurs.

Manuscrits

Les comptes rendus de séances donnent une idée plus ou moins précise d’une trentaine de dissertations et discours non imprimés (et désormais perdus) sur : Les erreurs et les excès des iconoclastes (4 avril 1714, compte rendu dans Ac.Ms265 f°27-28). – Les principales erreurs des sectes protestantes (27 août et 3 septembre 1714). – Le firmament dont il est parlé dans la Genèse (4 mars 1715, avec cr f°10). – L’infini (26 août 1715, cr f°40). – Le veau d’or adoré par les Juifs (7 juin 1717, cr f°48). – Une explication nouvelle de l’union de l’âme et du corps (7 février 1718, cr f°54-55). – L’âme des bêtes (14 mars et 2 mai 1719, cr f°66-67). – Les semaines de Daniel (12 février 1720). – La méthode d’amener les hommes à la connaissance de la religion (31 mars 1721). – La traduction de la 1re satire du 2e livre d’Horace par Mme Dacier (1er juin 1723, cr f°91, et 27 mars 1742). – La manière d’écrire avec enjouement (8 mai 1725, f°97). – L’utilité de la poésie : réfutation de Malherbe (2 mars 1728). –Le discours de M. Rey sur la liberté de l’homme : observations (8 février 1729). – L’examen des progrès faits par les nouveaux philosophes dans la découverte des différentes vérités (3 juillet 1731, cr f°105). – La véritable religion (13 mai 1732, cr f°112). – Les systèmes de philosophie (21 mai 1737). – Traduction de la 16e oraison de St. Grégoire sur le feu St.-Antoine (13 mai 1738). –Les guerres littéraires et les règles qu’on doit y observer pour les rendre utiles (8 mars 1740). – La philosophie de Descartes (28 février 1741, cr). – Plusieurs méprises échappées à l’inattention de quelques savants (12 février 1743). – La poésie (28 janvier 1744, cr). – La forme du gouvernement et les lois de la république des lettres (9 mars 1745, cr). – Les secours trop multipliés nuisibles à l’avancement des lettres (15 mars 1746, cr). – L’histoire (21 février 1747, cr). – Les recueils de bons mots (20 février 1748, cr). – La qualité de philosophe que Cicéron mérita mieux encore que celle d’orateur (11 février 1749, cr). – Les secours que la philosophie et l’érudition prêtent à la religion et qu’elles en reçoivent réciproquement (12 mai 1750 ; l’analyse de cette dissertation est insérée dans le registre des années 1748-1750, f°49).