Né le 6 février 1707 à Montbenoît (Doubs actuel), fils de Jacques François Morand (Montbenoît, 1674-25 février 1756), notaire royal, procureur fiscal au parlement de Besançon, après son père), et de Suzanne Bertin (Largillat 20 juillet 1675-Montbenoît 1751) – dont le père était juge-châtelain de la seigneurie de Montbenoît et d’Arçon –, mariés à Montbenoît, le 16 octobre 1703. Plusieurs frères et sœurs sont également nés à Montbenoît (dont un seul a vécu jusqu’à l’âge adulte) : Claude Ignace (1704-1706) ; Denis Joseph Morand (20 avril 1709-Largillat-25 août 1761) – avocat au parlement à Besançon, grand-père de Charles Antoine Louis Alexis Morand (1771-1835), général de division, comte d’Empire et pair de France – ; Marie Catherine Françoise (1713-1714) ; Charles Alexis, né en 1715 ; et Jeanne Françoise Angélique (1721-1722).
Il est mis par ses parents entre les mains des jésuites qui prennent soin de son éducation scolastique. Les succès de ses premières études et son aptitude à celles des sciences engagent les maîtres à l’agréger dans leur société ; il entre au noviciat le 19 octobre 1724. Il régente les humanités en différents collèges et vient à Lyon faire son cours de théologie ; il se livre tout entier à la physique et à la géométrie. Son mémoire sur le jet des bombes est une application des lois usuelles de la mécanique et se réduit à étudier des trajectoires paraboliques, abstraction faite de la résistance de l’air. Son mémoire sur les principes de la mécanique expose le parallélogramme des forces et ses applications. Enfin, son calcul des logarithmes s’appuie sur le développement en série de la fonction log (1-1/n). En mai 1737, il est appelé à Marseille, puis au collège d’Aix (1738-1741), « Le 2e jour de février 1740, le P. Jean-Claude-Ignace Morand fit dans notre église les 4 vœux de profès, le P. J.-J. Pomey, recteur officiant » (Méchin, t. III, p. 77), puis à celui d’Avignon (1741-1763) pour remplir une chaire de professeur de mathématiques. Il y a pour élève Esprit Claude François Calvet (1728-1810).
Les cartes géographiques du Comtat-Venaissin, entreprises par les ordres du vice-légat, sont exécutées selon ses calculs et sur ses dessins (Bollioud). « Il améliora le primitif observatoire qui avait servi aux PP. Kircher et Bonfa, et, comme ses prédécesseurs, apporta sa contribution à l’étude et à l’organisation scientifique du pays » (notice de Joseph Girard sur le collège d’Avignon, dans Delattre). Il participa aux plans du canal Crillon envisagé à partir de 1751 et terminé en 1778, pour l’irrigation de l’est avignonnais (Barjavel, 1841, s.v. « Berton-des-Balbes » et « Morand »). Il fut aussi à l’origine en 1761-1762 de la retenue d’eau du lac du Paty, sur le territoire de Caromb, près de Carpentras, l’un des premiers barrages de ce type, construit de 1764 à 1766, aujourd’hui petit lac artificiel (Barjavel). Il meurt en Avignon le 25 avril 1780, paroisse Saint-Didier, et il est enterré le lendemain (acte en latin).
Il ne doit pas être confondu avec Jean Antoine Morand, également jésuite (1669-1745), mort à Lyon le 13 juillet 1745 ; ni avec le médecin Jean-François Clément Morand (1726-1784), membre associé de l’Académie des beaux-arts le 24 décembre 1749, puis de l’académie réunie, membre de l’Académie royale des sciences de Paris ; ni avec l’architecte lyonnais Jean-François Morand (1727-1794).
Élu à l’Académie des beaux-arts le 18 avril 1736, il prononce son remerciement de réception le 9 mai (Ac.Ms263, f°29-30). Le 13 mai 1737, « le R.P. Morand a assisté à l’assemblée pour la dernière fois étant sur son départ pour Marseille ou il va professer les Mathématiques, en conservant sa place d’académicien », c’est-à-dire en devenant associé, il fait lire un mémoire par Louis Borde* le 10 mai 1741, puis disparaît de la scène lyonnaise. Dans les diverses éditions de l’Almanach de Lyon, à partir de 1742, il est noté comme académicien honoraire ou associé. Il l’est encore en 1759, selon la France littéraire. Nous n’avons trouvé ni annonce de sa mort, ni éloge.
Bollioud, p. 95-96. – Barjavel, Dict. hist., biog. et bibliog. Vaucluse, 1841, t. I, p. 202 et t. II, p. 192. – Sommervogel, t. V, col. 1285-1286. – Delattre (Avignon), t. II, col. 450-478. – Denis de Lucca, Jesuits and Fortifications, Brill, 2012. – Édouard Méchin, L’Enseignement en Provence avant la Révolution, Annales du collège royal Bourbon d’Aix, 1892.
Mémoire sur le jet des bombes et sur la manière de résoudre tous les problèmes de ballistique, 16 mai 1736 (Ac.Ms155 f°1-8 ; relié avant les mémoires de Manson, Mathon*, Valernod* et Delorme* sur le même sujet ; autre exemplaire : Archivum Romanum Societatis Iesu, SMV V 1285, selon De Lucca, p. 194). – Sur les mécaniques développées dans leurs principes et dirigées par la Théorie des mouvements composés, 1er août 1736. (Ac.Ms209 f°6-12). – Calcul des Logarithmes par l’emploi de l’hyperbole entre ses asymptotes, de 1739, lu le 10 mai 1741. (Ac.Ms202 f°16-24). – Cartes géographiques du Comtat Venaissin.