Antoine La Croix naît à Lyon, rue Delafont, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, le 6 décembre 1708, troisième enfant de Jean Boussin dit Lacroix (Lyon, 23 juillet 1675-29 janvier 1730) – alors marchand banquier, anobli en 1715 par l’acquisition d’une charge de trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Lyon, et qui acquiert le domaine de Laval le 9 avril 1723 –, et de Marie Pasquier (1685-1741). Parrain : Antoine Royre, marchand ; marraine : Antoinette Ponthon, femme de Auger Paillet, employé aux affaires de sa majesté. Son frère aîné, Jean Lacroix de Laval, né le 27 janvier 1705, seigneur de Laval, Dardilly, Marcy et autres places, conseiller en la cour des monnaies de Lyon, d’un second mariage le 9 septembre 1738 avec Bonne Dervieu de Villieu, avait eu deux fils dont Antoine se chargea à la mort de leur père le 5 janvier 1764, transmettant sa dignité de grand obéancier au plus jeune, Antoine Barthélemy Lacroix de Laval (1746-1822), abbé de Saint-Rambert. L’aîné, Jean Pierre Philippe Anne Lacroix de Laval, né le 20 août 1744, chevalier d’honneur en la cour des monnaies, administrateur de Rhône-et-Loire en 1790, a été guillotiné place des Terreaux le 24 décembre 1793. D’un premier mariage le 31 décembre 1728 avec Marie Meynard (vers 1710-1737), Jean Lacroix de Laval avait eu Gabrielle Françoise Boussin de la Croix-Laval, née le 19 mars 1737, épouse de l’académicien Barthélemy Terrasson de la Barolière*.
Antoine meurt en 1781 lors d’un voyage à Paris.
Il a fait sa rhétorique à Lyon avant d’être envoyé à Paris faire sa philosophie au collège de la Marche, puis étudier la théologie dans la maison de Navarre. Son oncle, Léonard La Croix (1672-13 mai 1734), théologien, docteur en Sorbonne, chanoine de l’église cathédrale du Puy, chapelain prédicateur de la chapelle du roi en 1699, abbé de Saint-Julien-de-Tours, grand vicaire de l’archevêque de Lyon, lui transmet en février 1734 la fonction de grand obéancier du chapitre collégial de Saint-Just, qu’il tenait depuis 1716, qui fait de lui l’orateur du clergé de la ville de Lyon. Il est choisi comme vicaire général par Mgr de Tencin en 1747, puis par Mgr de Montazet en 1758. Il est official métropolitain en 1753, puis official primatial ; abbé de Saint-Rambert-en-Bugey en 1775. Mais Antoine se consacre à beaucoup d’autres tâches. Quoique cadet, il recueille à la mort de son père la charge héréditaire de trésorier (son frère aîné étant déjà conseiller en la cour des monnaies) ; il sera président du Bureau des finances en 1767. En 1737, il est élu administrateur de l’hôpital de la Charité. En 1734-1735, en compagnie de ses amis Dattignat, Verdun et Genève*, il voyage pendant 10 mois en Italie où il se lie d’amitié avec le sculpteur Michel-Ange Slodtz et avec l’architecte Soufflot*, qu’il attirera à Lyon, où il dressera pour son frère les plans d’un hôtel particulier (aujourd’hui Musée des arts décoratifs), puis ceux du château de Lacroix-Laval (ainsi que ceux de l’Hôtel-Dieu et du Théâtre). Il soutient également les projets de l’architecte Jean-Antoine Morand. En 1756, il contribue à la création d’une école publique de dessin. Il était également associé de l’École royale d’agriculture. « Il n’a jamais cru que le sacerdoce le dispensât d’aucun des services qu’il pouvait rendre à sa patrie », écrit Deschamps ; moins enthousiaste, H. Hours craint que la multiplicité de ces activités peu ecclésiastiques ne lui ait fait parfois « oublier sa mission pour s’identifier au mouvement vers le progrès ».
L’abbé de La Croix est élu à l’Académie des beaux-arts le 25 novembre 1737 (discours de remerciement le 23 décembre, Ac.Ms263 f°55, avec réponse de Grollier f°163) et à celle des Sciences et Belles-Lettres en 1739). Dans la première assemblée, il disserte sur Les volcans et les tremblements de terre (26 août 1739), Le mélange des couleurs dans la peinture (1747) ; dans la seconde, sur Les progrès de la langue française dans les cours étrangères (30 août 1740), L’égalité d’esprit (16 août 1746), L’usage et l’utilité des passions (9 mars 1751), La vie et les ouvrages de Pierre Charron (9 mai 1752), Les parfums (3 avril 1753 et à nouveau lors de la séance publique de décembre 1754, en présence de Voltaire), Les souliers à la poulaine (5 mars 1754). Il dresse un plan d’éducation patriotique qui envoie les jeunes gens à la campagne, dans de petits établissements contrôlés par l’État, sans intervention des parents (1762). De 1764 à 1775, La Croix présente chaque année des observations météorologiques (observant « jour par jour les indications du baromètre, les points du thermomètre et généralement tout ce qui concerne le froid, la chaleur, le vent, surtout les pluies ») et démographiques (donnant « l’exact dénombrement des naissances et des morts arrivées à Lyon »). Il fut quatre fois directeur de l’Académie tant en lettres qu’en sciences (1746, 1747, 1760, 1778). Il légua à l’Académie, qui les conserve encore, deux bustes de Michel-Ange Slodtz (représentant Chrysès, prêtre d’Apollon, et Iphigénie, prêtresse de Diane), et deux de Pierre Puget (Homère et Caton). Son éloge fut prononcé par Deschamps à la séance publique du 28 août 1786 ; un large extrait fut publié par Mathon* dans son Journal de Lyon, 11 oct. 1786, p. 322‑343).
Il a été membre de l’Académie de Rouen.
Dumas, AHSR, t. 1, p. 118-121. – Éloge par Deschamps (Ac.Ms124-f°314). – Delandine, II, p. 126. – Le Palais Saint-Jean, Lyon, Arch. mun., 1992, p. 176 et 180-181. – Henri Hours, Église à Lyon, 2001, n° 2.
Observations sur le Vésuve et les volcans (Ms218 f°74, 1739). – Sur les tremblements de terre (Ac.Ms228 f°74, du 26 août 1739). – Dissertation physico-médicale De aeris calidi sicci salubritate (Ac.Ms229 f°183, 5 juin 1743). – Réflexions sur le mélange des couleurs dans la peinture (Ac.Ms185 f°168, 1747). – Mémoire sur ce que doivent observer les gens adonnés à l’étude pour se maintenir en santé (Ms229 f°191, 30 nov. 1753). – Réflexions préliminaires sur la lune (Ac.Ms207 f°73, 1754). – Essai de réforme sur certains préjugés qui tendent à l’erreur, soit dans les sciences soit dans les arts (Ac.Ms144 f°70, 28 mars 1754). – Réflexions sur les talents supérieurs (Ac.Ms 158 f°82, Ms352 f°39r, 1761). – Mémoire pour les moyens que l’on pourrait employer pour perfectionner l’éducation de la jeunesse (Ac.Ms147 f°104, 1762). – Traduction des pensées de Raimondi (Ac.Ms158 f°106, 1763). – Considérations sur les causes des opinions et des erreurs, 1765 (Ac.Ms144 f°31, 1765). – Observations sur la Cayenne et la Guyane (Ac.Ms218 f°89 et f°98, 14 et 28 jan. 1766). – Observations (Ac.Ms264 f°76). Pièces statistiques sur la population de Lyon, 1769-1772 (Ac.Ms307 f°32-44). – Comptes rendus d’assemblées publiques : 27 avril et 7 déc. 1746, 22 avril 1760, 5 mai 1778 (Ms267 II f°82, f°88, f°321, f°525). – Rapports : examen du coin pour frapper les médailles Adamoli (Ac.Ms263 f°188 avec Perrache et Nonotte). – Sur la distribution du tabac en poudre à Lyon (Ac.Ms307 f°7, 1782, avec Rast, Willermoz, Gavinet).
État des baptêmes, des mariages et des mortuaires de la ville et des faubourgs de Lyon pour vingt cinq années depuis 1750 jusqu’à 1775. Par un des Messieurs de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, Lyon : Aimé de La Roche, 1776, BML 109490. – Réflexions sur les sépultures dans la ville de Lyon. Par un des Messieurs de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de la même Ville, Lyon : Aimé de La Roche, 1776, 15 p., BML 354 359 (voir registres, séance du 3 déc. 1776).