Jean Pierre dit Pétrus Marduel (il signe ses livres « P. Marduel ») est né le 28 septembre 1841, au hameau de La Pape, commune de Rillieux (alors dans l’Ain ; Rhône depuis 1968), au domicile de Jean-Pierre Boinon, son grand-père. Parents : Charles Antoine Marduel (Lyon 1810-Lyon 2e 1862), négociant, directeur des vidanges (fils d’un pâtissier rue Neuve) ; Agathe Boinon (née à Lyon le 3 septembre 1822). Présents à la déclaration : Jean-Pierre Boinon [grand-père], et Raymond Isaac. Son frère, Jean Antoine (1845-1904) , est négociant.
Il fait une scolarité brillante au lycée impérial (act. lycée Ampère) où il obtient huit années durant le prix d’excellence, ainsi que les prix d’honneur de rhétorique (1858) et de philosophie (1859), ce qui lui vaut, en 1859, le prix du Prince impérial, surnommé « prix Marduel » dans la tradition du lycée, dont il présidera l’association des anciens élèves. Il entame ensuite ses études à l’école préparatoire de médecine. Reçu interne des hôpitaux de Lyon le 27 octobre 1862, il soutient à Paris, en 1867, une thèse inspirée par le professeur Ollier* sur La résection sous-périostée du coude (Paris : Masson, 1867).
Chef de clinique d’accouchement de 1867 à 1869 à l’hôpital de la Charité, il souligne les dangers de l’anesthésie au chloroforme, et participe à la campagne engagée à Lyon contre cet anesthésique par Petrequin* et Diday. À la fondation de la faculté, il est chargé, en 1877 et jusqu’en 1883, des fonctions d’agrégé, mais sans titre officiel, auprès du professeur Bouchacourt*. Il se présente pour une place au concours de chirurgien major de la Charité en 1876, mais est classé second derrière Léon Michaux, ancien interne de Lyon et de Paris, et élève de Charcot. Pendant deux années, 1878 et 1879, toujours sans titre officiel, il dirige un service de chirurgie et d’accouchement à l’hôpital de la Croix-Rousse. Il s’est installé en pratique privée et ne poursuivra pas de carrière hospitalière ou universitaire. Par contre, il s’investit dans la médecine sociale au Dispensaire général où il exerce de 1888 à 1901 ; il y reprend en 1889 une consultation de gynécologie créée par le docteur Émile Blanc, et assure des cours aux sages-femmes. Administrateur du Dispensaire, il en préside le conseil médical en 1892 et en 1897. Il est aussi vice-président de la société protectrice de l’enfance, président fondateur d’une société de secours mutuel pour les sages-femmes (1897), vice-président de l’Association des médecins du Rhône. Il donne des cours d’hygiène à la Société d’enseignement professionnel du Rhône de 1874 à 1884. Ses diverses fonctions pédagogiques lui valent d’être nommé, en 1880, officier d’académie. Membre fondateur du comité de rédaction du Lyon médical, en 1869, il participe à ce comité jusqu’à sa mort. Il est aussi secrétaire général de la Société nationale de médecine de Lyon, à la suite de Paul Diday, de 1889 à sa mort en 1906, et archiviste de la Société des sciences médicales. Il est élu conseiller d’arrondissement en 1895. Alpiniste à ses heures, esprit cultivé, il s’intéresse à la littérature française et étrangère.
Catholique très pratiquant, il meurt après une très courte maladie, une pneumonie, le 21 mars 1906, à son domicile, 10 rue Saint-Dominique (rue Émile-Zola depuis 1902), Lyon 2e. Son décès est déclaré par Georges Dumont, ingénieur, domicilié à Saint-Uze (Drôme), son beau-frère (né à Lyon le 19 novembre 1846), et par le docteur Frédéric Monin, son voisin, domicilié 12 rue Émile-Zola. Il est inhumé au cimetière de Loyasse.
Il avait épousé, le 11 mars 1869 à Lyon 1er, Blanche Rosalie Amélie Dumont (Lyon 1er 1849-1893), fille de Camille Dumont et de Noémie Rigodin, dont il avait eu trois enfants : Camille Charlotte Jeanne Blanche née en 1870, religieuse de Saint-Vincent-de Paul, décédée deux ans avant lui en 1904 ; Charlotte Agathe Georgette Pierrette (Lyon 2e 1871-Lyon 3e 1945) ; et Marie Émilie (Lyon 2e 1879-Lyon 6e 1960) épouse de François Louis Ernest Auvergne (Constantine 1878-1942), représentant de commerce, dont postérité.
Après avoir remis à l’Académie un travail biographique sur Bouchacourt édité sous forme de trois articles dans le Lyon médical, il est candidat, en 1899, à un fauteuil de membre titulaire libéré par le décès du docteur Mollière* (décédé en 1898). Le rapport est fait par Adrien Bondet* qui présente en même temps les candidatures d’Eugène Vincent* et de Pierre Aubert*. Marduel fait annoncer le 23 mai par le docteur Marius Horand* qu’il ne peut pas faire ses visites de candidature en raison d’une indisposition. À la séance du 6 juin, deux candidats seulement sont en présence : Marduel et Vincent. Vincent étant davantage orienté vers l’orthopédie, Marduel semble avoir la faveur de la section médecine qui désire élire un accoucheur en remplacement de Bouchacourt décédé l’année précédente. Le premier tour ne les départage pas, mais, au second tour, Vincent se retire (il sera élu en 1901, Aubert en 1903) et Marduel est élu au fauteuil 5, section 3 Sciences. Il est reçu le 20 juin, sous la présidence d’Alphonse Gilardin*. Il ne semble pas avoir prononcé de discours de réception. Très assidu aux séances, il n’a fait aucune communication, et sa seule intervention retenue dans les procès-verbaux est une remarque sur la nécessité de combattre l’alcoolisme pour protéger l’enfance dans la discussion d’une communication de Marius Horand sur la protection maternelle et infantile (Acad. PV 1898-1910, 22, 23, 24). Il est encore présent à la séance du 13 mars 1906. Le 20 mars, le professeur H. Tavernier*, président, annonce que son état est alarmant. Le 27, il donne lecture de son éloge funèbre prononcé aux funérailles (Ac Rapport, 1905-1909, p. 94-98. G. Despierres, dans son discours de réception, donne quelques éléments de sa biographie (« Une lignée de médecins lyonnais académiciens 1841-1981 » MEM 36, 1982).
J. Rochard, Histoire de la chirurgie française au xixe siècle, Paris : Baillière, 1875. – J. Renaut, « Le Docteur Marduel à la faculté de médecine de Lyon », Lyon médical 106, 1906, p. 701-704. – P. Aubert, « Éloge du docteur Marduel », Lyon médical 108, 1907, p. 593-600. – Guiart 1941. – David 2000.
Portrait, cliché Lumière, format carte de visite. Archives. – Caricature en terre cuite du docteur Perroud par le docteur Marduel : Réserve. Musée historique de la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon.
Sur une quarantaine de publications dont nombre dans le Lyon médical, on retiendra : La mort par chloroforme de janvier 1869 à juin 1870, Lyon : Vingtrinier, 1870. – Des greffes cutanées, revue analytique et clinique, Lyon : Vingtrinier, 1872. – Étude sur la néphrotomomie, Lyon : Vingtrinier, 1872. – Sur la méthode du professeur Esmarch pour assurer l’hémostase dans les opérations. – Sur la ligature élastique, Lyon : Vingtrinier, 1874. – Alpinisme et hygiène, conférence faite au palais Saint Pierre devant le club alpin, le 12 mars 1890, Lyon : Mougin Rusand, 1890. – Traitement à domicile des indigents, rapports sur le service médical du dispensaire général, années 1891 et 1892, Lyon : Mougin Rusand, 1892 et 1893. – « Le professeur Bouchacourt notice biographique », Lyon médical, 1899, 90, p. 525-534, p. 562-569, p. 622-630. – « Le mal des montagnes », Lyon médical 92, 1899, p. 102-105. – « Origine de la société de médecine de Lyon », Lyon médical 93, 1900, p. 422-428 et p. 458-464. – Articles Ombilic, Palais, Périnée, Pharynx, Rein, Sternum, dans Sigismond Jaccoud (1830-1913), dir., Nouveau dictionnaire de médecine et de chirurgie pratique.