Léo Aimé Claris Vignon est né le 11 août 1850 à Saint-Étienne, fils d’Antoine Vignon (Lyon 1804-Lyon 1894), négociant en étoffes rue Saint-Louis, et de Marie Olympe Octavie Mercier (Roynac [Drôme] 1820-Lyon 1876).
Il fait ses études secondaires aux lycées de Saint-Étienne et de Lyon, et obtient à Lyon en 1868 un baccalauréat en lettres et un autre en sciences. En 1870, titulaire d’une licence ès sciences physiques à l’université de Lyon, il entame un doctorat ès sciences physiques dont le sujet est lié à la mannite, sous la conduite du professeur Adrien Loir* à Lyon, et soutenu à la Sorbonne en 1874.
Il épouse Henriette Renard dont le père, Joseph, et les frères (Joseph et Francisque) sont de grands industriels dans la chimie. Leur activité commerciale est liée à la découverte en 1858 par François Emmanuel Verguin, ancien élève de la Martinière, d’un colorant rouge aniline, la « fuchsine », produite en 1859 par les teinturiers Renard frères et Franc qui en achètent le brevet. Fuchs signifie d’ailleurs « renard » en allemand et le produit possède une couleur proche de la couleur de la fleur du fuchsia (que Charles Plumier avait nommée ainsi, vers 1705, pour rendre hommage à un botaniste bavarois du nom de Léonard Fuchs, vivant au xvie siècle). Son beau-père fait de Vignon son associé. L’activité professionnelle de celui-ci est entièrement tournée vers la chimie et ses applications tant en ce qui a trait aux colorants de synthèse qu’à la soie et à son industrie. Il avait également manifesté de l’intérêt pour l’agronomie.
Engagé volontaire en juillet 1870 pour la durée de la guerre franco-prussienne, en 1876 il est sous-lieutenant de réserve dans l’artillerie et capitaine commandant d’artillerie territoriale en 1895.
La carrière professionnelle de Léo Vignon a été double. De 1874 à 1885, il a été directeur d’usine dans l’industrie des matières colorantes de synthèse et il y a préparé et obtenu les premiers colorants diazoïques et leurs dérivés. Le 1er mai 1886, il est nommé sous-directeur du laboratoire de chimie industrielle à la faculté des sciences de Lyon, poste créé par la chambre de commerce de Lyon, il devient maître de conférences en chimie industrielle et, le 1er novembre 1896, professeur titulaire de chimie dans la discipline de chimie appliquée à l’industrie et à l’agriculture toujours à Lyon. En 1896, il prend la succession de Jules Raulin* à la tête de l’école de chimie industrielle et de la station agronomique. Enfin en 1898, il devient professeur à La Martinière. Officier d’académie en 1892, officier de l’instruction publique en 1898, lauréat de la société chimique de Paris, titulaire du prix Leblanc en 1891. Il reçoit en 1892 à Paris, le prix des arts chimiques de la société d’encouragement pour l’industrie nationale (SEIN). Fait chevalier de la Légion d’honneur le 17 octobre 1908 (LH/2714/10), la décoration lui est remise par Charles Depéret*, alors doyen de la Faculté. Il a habité à Lyon 6 place des Jacobins, puis 8 chemin Saint-Fulbert.
Léo Vignon a été aussi membre du jury de thèse de Victor Grignard* prix Nobel de chimie 1912.
Il s’est intéressé avec bonheur aux arts, notamment dans le domaine du chant en sa qualité de ténor ; c’était un wagnérien averti qui fréquentait le festival de Bayreuth. À Lyon, il a participé à la création de Société des Grands Concerts qui a doté la ville d’un orchestre symphonique permanent de quatre-vingts musiciens. Léo Vignon s’est investi dans la protection de l’enfance malheureuse à travers la Société Lyonnaise de Sauvetage de l’Enfance.
Il a le malheur de perdre son fils unique, Georges Alexandre Marie, né à Lyon 2e le 27 avril 1880, docteur ès sciences, professeur à l’école de chimie industrielle, tué comme capitaine au 357 RI, le 5 mai 1915 à la cote 830 à Sillakerwasen en Alsace, et inhumé à Metzeral et il souffrira profondément jusqu’à sa disparition au point de perdre son dynamisme. Georges Alexandre Marie avait épousé à Lyon 2e Marie Eugénie Ernestine Dubreuil, fille de l’académicien lyonnais Auguste Dubreuil*.
Au premier semestre 1896, il s’agit de remplacer Alexandre Allégret*, décédé, au fauteuil 8, section 1 Lettres. Le 18 mai 1896, soit huit jours avant sa mort, Jules Raulin* rédige un « Rapport (spécial) sur les travaux de M. Vignon ». À la séance du 26 mai, Valson* présente un rapport sur les deux candidats en concurrence pour le remplacement de Raulin : Henri Tavernier* et Vignon, il conclut en proposant que soit élu le premier nommé, ce qui est fait le 2 juin. Jules Raulin étant décédé le 26 mai, son fauteuil (9, section 1 Sciences) devient vacant, et Vignon est élu le 1er décembre 1896. Émérite en 1920. Antoine Sallès*, président de l’Académie, prononcera son éloge funèbre à ses funérailles le 18 juillet 1923.
Léo Vignon a publié aux Comptes Rendus de l’Académie des Sciences (CRAS), selon l’inventaire établi par Jules Raulin*, trente-neuf mémoires en chimie organique générale, deux en chimie minérale générale, huit en chimie analytique générale, cinq en chimie industrielle organique et quatre en chimie industrielle analytique. Enfin quatre mémoires supplémentaires non classés sont à son actif. Il est titulaire de six brevets France et d’un brevet américain en date du 18 août 1885 (US 324615). Il est aussi l’auteur de : Recherches sur la mannite, sa thèse, Paris : Gauthier-Villars, 1874. - Département du Rhône… 40 cartes agronomiques des communes…, en collaboration avec J. Deville et J. Raulin, Lyon : Schneider frères, 1894.
Il a écrit une série d’ouvrages consacré à la soie, à la tannerie : La soie au point de vue scientifique et industriel, Paris : J.B. Baillère, 1890 ; réédition en collaboration avec Isidore Bay, 1914. – Recherches sur la soie en 1891, état des connaissances chimiques concernant la soie, Pitrat aîné, 1891, 124 p. – Nouvelles recherches sur la soie, 2e série, Lyon : Rey, 1892. – Pétition adressée par les fabricants de colle forte du département du Rhône à M. le ministre de l’intérieur au sujet des os des Indes, édition du Salut Public, 1898. – Notice sur l’école de chimie industrielle de Lyon annexée à la chaire de chimie appliquée de la faculté des sciences de Lyon, Lyon : Rey 1907. – Sur les constantes analytiques du jaune d’œuf de mégisserie et sur une méthode officielle d’analyse de ces jaunes, en collaboration avec Louis Meunier, Lyon : Rey 1904. – La tannerie : étude, préparation et essai des matières premières : théorie et pratique des différentes méthodes actuelles de tannage : examen des produits fabriqués, en collaboration avec Louis Marius Meunier, et Clément Vaney, Paris : Gauthier-Villars 1903.