Antoine Gratacap, dit Paul Antoine Cap, est né à Mâcon (paroisse Saint-Pierre) le 2 avril 1788, fils d’Antoine Gratacap, maître apothicaire (Aubin [Aveyron] vers 1744-Mâcon 3 mars 1832), et d’Antoinette Terret, mariés à Lyon Saint-Pierre Saint-Saturnin, le 23 avril 1781. Sa sœur aînée Anne Pierrette – dite Françoise Antoinette – Gratacap (née le 14 février 1782) épouse à Mâcon le 25 pluviôse an IX [14 février 1801] Jean Antoine Lacroix (Saint-Laurent-sur-Saône 16 octobre 1769-13 juillet 1834), chirurgien, maire de Saint-Laurent et conseiller d’arrondissement de Bourg-en-Bresse, de qui descendent plusieurs savants éminents, pharmaciens, botanistes et entomologistes, notamment le minéralogiste Alfred Lacroix (1863-1948). Étudiant à Paris, Paul Antoine Cap suit les cours de Daubenton et de Hauÿ au Muséum en 1808. Après avoir dirigé la pharmacie de son père à Mâcon, il s’installe comme pharmacien à Lyon, 23 rue des Capucins. Ayant soutenu une thèse intitulée Syntheses pharmaceuticae et chimicae, il reçoit son diplôme de pharmacien de 1re classe de l’École de pharmacie de Paris le 5 novembre 1825 (collection Dorveault, BIUS Paris). Il épouse à Mâcon, le 21 juin 1824, Louise Adélaïde Bernarde Marie Mazel, née à Dijon le 15 thermidor an X [3 août 1802], fille d’Abel Hilaire Gabriel Mazel (Landrecy [Nord] 1770-1854), aide de camp (puis intendant militaire), et d’Anne Marie Désert, et décédée à Paris 9e le 20 décembre 1881. Le couple aura au moins trois enfants : Gabriel Antoine Gratacap dit Cap (Lyon 19 janvier 1826-Paris 9e 28 septembre 1877), Pauline Françoise Adeline (Lyon 7 juillet 1828- ?), et Louise Marie Adélaïde Antoinette (Paris 27 juillet 1832- ?), mariée au compositeur Jean-Baptiste Adolphe Blanc (1828-1885).
À Lyon, Cap exerce avec conscience sa profession ; il adresse à la Société de médecine de Paris (devenue ultérieurement l’Académie de médecine) un mémoire sur la classification des médicaments qui lui vaut une médaille d’or en 1821. Mais il s’intéresse aussi aux sciences naturelles, à la musique, aux lettres. Il figure parmi les fondateurs de la Société linnéenne de Lyon en 1822 ; il en est le secrétaire général de 1825 à 1828, et participe à la formation de la bibliothèque ainsi que des collections de la société, en donnant des échantillons minéralogiques ; selon son dire, il apporte sa collaboration active à la rédaction générale de la Flore lyonnaise de Balbis*, publiée sous les auspices de la Société linnéenne en 1827 (ce que Balbis reconnaît dans sa préface). Cap entreprend de rééditer les œuvres de son compatriote Antoine Bauderon de Sénecé, et donne au public, en 1825, un opuscule de cet auteur, relatif à la musique de Lulli.
En 1829, Cap quitte Lyon et vend sa propriété du Vernay à Caluire, ayant acquis à Paris (6 octobre 1829) la pharmacie fondée par Louis Antoine Planche, rue de la Chaussée d’Antin, considérée comme la plus importante de la capitale. Président de la Société de pharmacie, il est le principal rapporteur désigné par la société pour l’étude du projet de loi sur l’exercice de la profession pharmaceutique en 1834. Dès cette époque Cap, qui manifeste un goût prononcé pour la musique (il joue du violoncelle), reçoit de nombreux musiciens (parmi lesquels Chopin) chez lui, où des concerts de musique de chambre sont donnés régulièrement. Il est même le dédicataire de quelques œuvres pour cordes : Auguste Franchomme (Douze Caprices op. 7, 1835), George Onslow (Quatuor pour cordes n° 27 op. 53, 1835), sans omettre son gendre, Adolphe Blanc, qui lui dédie son Quintette pour cordes n° 1 (1856). De nombreuses lettres de musiciens qui lui furent adressées sont conservées à la BnF, Département de la musique (consultables sur Gallica).
En 1841, Cap cède son officine à Henri Buignet afin de se consacrer exclusivement à des travaux scientifiques et littéraires. Son activité proprement scientifique à cette époque est loin d’être négligeable, puisqu’il effectue des recherches sur les usages médicaux de la glycérine (isolée par Chevreul en 1824). Il fait ressortir le bénéfice que la médecine peut retirer de cet excipient, qui s’unit aux extraits aqueux et alcooliques aussi bien qu’aux onguents, et peut servir de base à une multitude de préparations, outre ses propriétés émollientes et sédatives. Ses communications, initialement publiées en 1854, sont rééditées en 1875. Mais c’est surtout par ses publications sur l’histoire des sciences que Cap se fait connaître. Déjà, dans son discours de réception à l’Académie de Lyon (voir ci-après), défendant le rôle joué par les pharmaciens dans le développement des sciences (« la chimie est sortie toute entière des laboratoires pharmaceutiques »), il plaide en faveur du resserrement des liens entre les sciences et les lettres : « c’est aux lettres à nous enseigner le secret d’énoncer les vérités scientifiques avec clarté ». Si les sciences sont accusées de dessécher le cœur et l’esprit, c’est à tort, comme le montre l’histoire des sciences ; selon lui, la vie des savants illustres (Boyle, Linné, Haller, Charles Bonnet) montre que le talent est compatible avec la vertu. Cap va joindre l’exemple à la parole en publiant soit des biographies de savants (la première en date concerne le chimiste Nicolas Lémery, et remporte le prix proposé par l’Académie de Rouen en 1838), soit des ouvrages d’histoire des sciences, le plus souvent largement fondés sur des biographies. Son histoire de la pharmacie est la première en date consacrée à cette discipline. Son ouvrage sur le Muséum continue d’être consulté. Il réédite des œuvres d’auteurs anciens (Palissy, par exemple), et publie également des traductions d’ouvrages de vulgarisation scientifique. Cap se documente avec soin. Un de ses biographes, Malbranche, loue « son style clair, facile, agréable et qui ne manquait pas de noblesse ».
Cap était chevalier de la Légion d’honneur (décret du 26 avril 1845, LH/420/48)
Paul Antoine Cap décède à Paris 9e le 12 novembre 1877, quelques semaines après son fils, en son domicile 9 rue d’Aumale ; le décès est déclaré par son gendre Adolphe Blanc.
Admis le 6 décembre 1825, classe des sciences, il prononce son discours de réception Sur les rapports réciproques des sciences et des lettres lors de la séance publique du 13 septembre 1827 ; il devient correspondant en 1830 après son départ à Paris. Il est lauréat de l’Académie à deux reprises pour ses travaux biographiques : en 1849, il reçoit le prix fondé par Mathieu Bonafous pour son éloge de Benjamin Delessert ; en 1854, son éloge de Mathieu Bonafous est couronné et publié dans MEM L 4. De même qu’il enrichit la bibliothèque de la Société linnéenne, Cap fait don de livres anciens à l’Académie : un exemplaire de l’ouvrage de J. Schott, Margarita philosophica, Strasbourg 1504 (actuellement des conservé à la BML), porte un ex-dono manuscrit : « Académie de Lyon n° 1306. Ouvrage donné par M. Cap membre de l’Académie » avec son ex-libris imprimé. Cap, qui a appartenu à la Société (ensuite Académie) des sciences, belles lettres et art de Mâcon dès 1804, est également membre de la Société (devenue Académie) de pharmacie de Paris (président, 1838), de l’Académie de médecine (adjoint correspondant en 1825, associé national en 1858), ainsi que de plusieurs académies de province (Rouen, Stanislas à Nancy) ou de l’étranger : Académie royale de médecine de Belgique, académies des sciences de Turin, de Florence et de Venise).
Dumas 2, p. 43-44, 284, 613. – DUC, 2e éd., 1861. – S. Le Tourneur DBF. – P. A. Cap, Travaux scientifiques…, Paris : Martinet, 1864, 11 p. – A. Jeandet, Illustrations bourguignonnes anciennes et modernes. M. P. A. Cap, pharmacien chimiste et littérateur, 1868, 23 p. – L. Figuier, « P. A. Cap », L’année Scientif. Indus. 21, 1878, p. 541-542. –Malbranche, « Mort de M. Cap », Précis Anal. Trav. Acad. Rouen, 1877-1878, p. 99-100. – A. Magnin, Prodrome d’une histoire des botanistes lyonnais, Lyon : Assoc. typogr., 1906, p. 86-87.
Lettres autographes de Cap à la bibliothèque du Muséum national d’Histoire naturelle et à la BML (fonds Coste).
Ouvrages. Mémoire sur cette question : Déterminer si, dans l’état actuel de nos connaissances, on peut établir une classification régulière des médicamens, fondée sur leurs propriétés médicales…, Lyon : Durand, 1823. – Discours de réception prononcé à l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, lors de la séance publique du 13 septembre 1827, Lyon : Perrin, 1828, et AHSR 6, p. 360-373. – Principes élémentaires de pharmaceutique, Paris : J.-B. Baillière, 1837 (trad. allemande, Hanover, 1841). – De la pharmacie considérée comme profession, Paris : Fain et Thunot, 1841. – Histoire de la pharmacie et de la matière médicale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Paris : Masson, 1847. – Avec Magne et Martins, « Botanique », in Instructions pour le peuple. Cent traités sur les connaissances les plus indispensables, Paris : Paulin et Lechevallier, 1848-1850. – Benjamin Delessert, Paris : Plon, 1850. – Le Muséum d’histoire naturelle, Paris : Curmer, 1854, 418 p. – Études biographiques pour servir à l’histoire des sciences, Paris : Masson, 2 vol., 1857-1864. – La science et les savants au xvie siècle. Tableau historique, Tours : Mame, 1867. – La pharmacie au Moyen Âge et au xixe siècle, Anvers, 1870.
Rééditions et traductions : A. Bauderon de Sénecé, Lettre de Clément Marot à Monsieur de Sénecé, touchant ce qui s’est passé à l’arrivée de Jean Baptiste de Lulli aux Champs Elysées, Lyon : Durand et Perrin, 1825. – Aphorismes de physiologie végétale et de botanique, suivis du tableau des alliances des plantes et de l’analyse artificielle des ordres... par John Lindley, traduits de l’anglais et précédés d’une introduction…, Paris, 1838. – Œuvres complètes de Bernard Palissy, Paris, 1844 (rééd. Paris : Blanchard, 1961). – Œuvres choisies de Sénecé, Paris : Jeannet, 1855.
Biographies (tirées à part, éditées à Paris, généralement extraites du Journal de pharmacie et de chimie ; plusieurs ayant été reprises dans les Études biographiques précitées, EBHS) : Nicolas Lémery, chimiste…, 1838. – Biographie pharmaceutique : Moïse Charas, s.d. (1840). – Biographie chimique. Rouelle (Guillaume-François), 1842. – Casimir Delavigne, éloge couronné par l’Académie royale de Rouen en 1846, Paris, 1847. – Paracelse, 1852, et Robert Boyle, EBHS 1856. – Joseph Dombey, naturaliste, EBHS 1858. – Philibert Commerson, naturaliste voyageur, EBHS 1861. – Scheele, chimiste suédois, EBHS 1863. – Guillaume Homberg, naturaliste, 1652-1715, EBHS 1863. – Conrad Gesner, naturaliste suisse du xvie siècle, 1864. – Camille Montagne botaniste, ancien chirurgien en chef d’armée, membre de l’Institut (Académie des sciences), etc., 1866. – Christian Oersted, chimiste et physicien danois, 1867. – Michel Faraday, 1868.
Notes et mémoires : « Essai sur les éthérats », Journ. gén. Méd. 18, 1822, p. 171-181. – « Considérations sur les observations barométriques et détermination de l’étiage de la Saône à Mâcon, comparé à celui du Rhône à Lyon », Arch. Rhône 3, 1826, p. 349-357. – « Sur l’huile volatile de Vetiver », J. Pharm. 19, 1833, p. 48-50. – Avec Henry, « Note sur le bichlorure ammoniacal », J. Pharm. 23, 1837, p. 615-619. – « Faits nouveaux pour servir à l’histoire de l’urine », CRAS 6, 1838, p.336. – Avec Henry, « Recherches sur les lactates et sur l’état de l’urée dans l’urine de l’homme et de quelques animaux », J. Pharm. 25, 1839, p. 133-147. – « Note sur le Cyphi des Anciens », J. Pharm. 27, 1841, p. 499-502 ; « De l’influence de l’eau dans l’acte de la germination », CRAS 26, 1848, p. 635. – « Des sources physiologiques du rhythme musical », CRAS 26, 1848, p. 539. – « Mémoire sur la glycérine et ses applications aux diverses branches de l’art médical », J. Pharm. n.s. 25, 1854, p. 81-89. – Avec Garot, « Deuxième mémoire sur la glycérine », J. Pharm. n.s. 26, 1854, p. 81-98. – « La pharmacie chez les Arabes », Gazette Médic. Paris (2) 23, 1868, p. 597-601 ; 24, 1869, p. 53-56, 209-213, 221-236, 385-391.