Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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LOYER Toussaint (1724-1807)

par Michel Dürr.

 Toussaint Noël Loyer est né à Rouen, paroisse Sainte-Croix Saint-Ouen, le 18 avril 1724, fils de Nicolas Loyer (né en 1697), architecte à Rouen, architecte expert juré de 1738 à 1758, et de Marie Magdeleine Fortel (née en 1699). Parrain : Toussaint Sanson ; marraine : Françoise Foret. Son frère aîné, Pierre Nicolas (né le 26 mars 1722), est ingénieur des Ponts et chaussées, inspecteur à Caen en 1771-1772.

 Comme son frère et beaucoup d’architectes et d’ingénieurs, il est élève de Jean-Baptiste Descamps, peintre flamand, directeur de l’école publique et gratuite de dessin de Rouen, créée en 1740 sous l’égide de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de cette ville, puis il étudie le dessin à Paris.

 Il est appelé à Lyon par Soufflot* en 1749 pour diriger la construction de la maison des Génovéfains (chanoines réguliers de Saint-Augustin), pendant le voyage que fait Soufflot en Italie. En mars 1756, Loyer est appelé en consultation à Mâcon, et il est chargé avec Melchior Munet* de l’élaboration du programme et des plans de l’Hôtel-Dieu de Mâcon. Il assiste Soufflot dans la construction du théâtre du quartier Saint-Clair et dans celle de l’Hôtel-Dieu. Lorsque Soufflot, nommé en 1754 contrôleur des bâtiments du roi, s’installe à Paris, Loyer est chargé avec Melchior Munet de continuer l’édifice. En 1756, il est chargé du dôme, achevé en 1761, avec une base élargie et une hauteur abaissée par rapport aux plans de Soufflot qui en sera fort mécontent.

 Les autres travaux d’architecture de Loyer concernent la façade de l’église de l’Oratoire (Saint-Polycarpe) en 1760 ; la maison curiale de la paroisse Saint-Georges ; l’hôtel de Varey à l’angle de la rue Saint-Joseph et de la rue du Peyrat (2 rue Auguste-Comte, à l’angle de la place Bellecour) construit en 1758 pour Jean Dervieu, seigneur du Villars et de Varey [hôtel inscrit au titre des Monuments historiques en 1941] ; la chapelle de l’ancien grand séminaire (aujourd’hui démoli) ; l’ancienne église d’Oullins, démolie à la fin du xixe siècle. Il fait des projets pour la façade sur le Rhône de l’hospice de la Charité, et d’un Hôtel-Dieu à Saint-Étienne. Le 22 mai 1779, avec Léonard Roux de Saint-Céran*, il dresse les plans de réfection de la communauté des fabricants de Lyon, 3 rue Saint-Dominique. Administrateur de la Compagnie Perrache, il achète le 17 avril 1764 un emplacement sur le nouveau port Saint-Clair et y fait construire une maison de rapport (aujourd’hui le 9 quai Lassagne), tandis qu’il demeure rue Neuve-des-Feuillants (act. Grande-rue des Feuillants). En 1803, il est architecte de la ville de Lyon et membre du jury des arts.

 Il est mort à Lyon 124 quai Saint-Clair, le 1er novembre 1807 (déclaration de Claude Dupellier, baigneur, 124 quai Saint-Clair, et de Pierre Vidanne, fabricant à la Croix Rousse, au n° 42). Ballanche*, dans le Bulletin de Lyon de 1807 p. 350, précise : « Son aimable gaieté a toujours fait, pendant sa longue carrière, les charmes de la société. Il n’a point eu les infirmités de la vieillesse, et il n’a été malade que peu de jours. On peut faire un rapprochement assez remarquable ; c’est que les obsèques de M. Loyer ont été célébrées dans l’église de Saint-Polycarpe que cet architecte avait bâtie, et qu’il est mort le jour même de sa fête [la Toussaint] ».

 Il avait épousé à Lyon, paroisse Saint-Pierre-le-Vieux le 7 janvier 1753 (contrat Me Brenot décembre 1752, AD 69 3E 3080), Marie Bessie, née à Lyon, fille d’Étienne Bessie, bourgeois, et de Jeanne Chirat (décédée à Lyon le 20 mars 1793). Il en a un fils, Laurent Ponthus Loyer né le 23 février 1761, baptisé à Saint-Pierre Saint-Saturnin le 26 ; parrain : Laurent Ponthus Bessie, docteur de la maison et société de Sorbonne, doyen du chapitre de Beaujeu, grand oncle maternel de l’enfant ; et marraine : Delle Jean Chirat femme de Sr Bessie, sa grand-mère, magistrat au présidial de Lyon, guillotiné à Lyon le 7 novembre 1793. Laurent Ponthus Loyer avait épousé à Grenoble, le 4 septembre 1787, Joséphine Victoire Savoye, et leur fille, Marie Cécile Laurence dite Pauline Loyer (Grenoble le 3 décembre 1788-Paris 7e 18 janvier 1861), épouse le 13 octobre 1805 à Vizille Casimir Perier (1777-1832) qui sera régent de la Banque de France, député de Paris, président du Conseil du 13 mars 1831 au 16 mai 1832 et grand-père du président de la République, Jean Casimir-Perier. Le marquisat de Vizille avait été acquis en 1780 par le père de Casimir Perier du duc de Villeroy*. Dans le contrat de mariage signé à Grenoble le 15 vendémiaire an XIV (7 octobre 1805) (notaire Trinché, ADI 11 J.3723), Toussaint Loyer (l’académicien) fait donation de tous ses biens à sa petite fille et s’engage à payer 50 000 francs-tournois à son époux, après la célébration du mariage. Le père de Casimir Perier, Claude Perier (Grenoble 1742-Paris 1801), négociant et banquier à Grenoble, futur régent de la Banque de France, est l’oncle maternel et le parrain de Camille Jordan*.


Académie

Le 21 avril 1761, Charles Bordes*, directeur, annonce que « M. Loyer, architecte, connu dans cette ville pour plusieurs édifices publics construits sur ses dessins, s’est présenté chez lui pour lui demander d’être proposé à l’Académie pour remplir une place dans la classe des sciences ». Loyer est élu le 28 avril 1761. Il prononce son discours de réception lors de l’assemblée publique du 1er décembre 1761, sur Le goût et la méthode à suivre pour les édifices tant publics que privés. Le 2 juin 1762, il propose la candidature de Jean François Lallié*, ingénieur des Ponts et chaussées. Le 14 décembre 1762, il lit un mémoire sur la manière de décorer les appartements. Le 1er juillet 1766, Valernod* et Loyer examinent le projet de moulin à vent de M. Saunois, ingénieur machiniste. Le 21 janvier 1766, Delorme*, Valernod, Loyer et Devillers* sont « députés au Consulat sur la demande de participation de celui-ci pour définir les mesures pour éviter la disette ». Le 5 septembre 1769, Loyer présente un projet et des plans pour l’établissement de la bibliothèque Adamoli. Le 26 juin 1770, Loyer est élu directeur pour le 2e semestre 1770. Le 4 décembre 1770, lors de l’assemblée publique, il rend compte des activités académiques de son mandat, lit le programme des prix, et évoque brièvement les associés disparus : Fréval, Michon, et le Père Le Seur, minime. Le 17 décembre 1771, il remet une dissertation sur les voûtes planes, qu’il lit le 4 février 1772 (cf. ci-après « Manuscrits » pour ses autres expertises et rapports sur les mémoires envoyés en réponse aux concours). Le 27 janvier 1784, à propos de l’ascension aérostatique du 19 janvier, le projet de monument qu’il propose n’est pas retenu par l’Académie. Le 20 janvier 1789, il lit son tribut pour 1788 : Observations sur la manière de toiser les ouvrages. Lorsque le préfet Verninac* rétablit l’Athénée de Lyon le 24 messidor an VIII, « le citoyen Loyer, architecte, de la ci-devant académie de Lyon, membre du jury d’instruction, à Lyon » figure sur la liste des membres ordinaires de la classe des sciences. Il sera inscrit comme émérite sur le tableau des membres de l’Athénée au 15 frimaire an XI. Le 3 frimaire an IX, il demande l’association pour son frère, ingénieur des ponts, et pour titres d’admission de celui-ci, il remet deux ouvrages manuscrits (association accordée le 13 nivôse, remerciement de son frère, ingénieur à Rouen, le 23 messidor an IX). Le 3 floréal an IX, Loyer lit son rapport sur la lettre de Le Camus* proposant un monument aux défenseurs de la patrie. Le 27 frimaire an 13, il lit son rapport sur l’ouvrage de Cochet* : Plan d’un Museum. Le 5 mai 1807, Loyer dépose une notice historique sur Jean Baptiste Descamps, peintre du roi, écrite par un de ses élèves. Le 7 juillet 1807, sur la demande du ministre de l’Intérieur (transmise le 16 juin 1807 par le préfet) d’établir la statistique du département du Rhône, selon un plan de Martin aîné, Loyer est chargé des monuments anciens et modernes. Le 14 mars 1809, Cochet* prononce l’éloge de Loyer.

Bibliographie

Dumas. – Charvet. – Audin et Vial. – Cochet, Notice historique sur M. Loyer, architecte, membre de l’académie de Lyon, Ballanche, 1808, et Ac.Ms140-II f°68. – F. Morvan Becker, L’école gratuite de dessin de Rouen ou la formation des techniciens au xviiie siècle, thèse, 6 novembre 2010, université Paris-8, p. 743 sq. [en ligne].

Manuscrits

Ac.Ms194 f°169 : De l’architecture extérieure des édifices d’une grande ville (Discours de réception, 1er décembre 1761). – Ac.Ms190 f°96 : Sur la manière de décorer les appartements (1762). – Ac.Ms267-II f°411 : discours lors de l’Assemblée publique du 4 décembre 1770. – Ac.Ms190 f°89 : Observations sur les voûtes plates (1772). –Ac.Ms174 f°211 : Loyer, Lefebvre* et Delorme*: Examen du moulin de M. Balland (16 mars 1779). – Ac.Ms273-I f°284 : Extrait des mémoires qui vont concourir pour le prix de 1780 (concours sur les moyens les moins dispendieux et les plus durables d’entretenir le pavé de la ville de Lyon). – Ac.Ms-172 f°45 : Rapport sur le concours de 1781 (Jantes et roues) et extraits du n° 2 (1er accessit) et du n° 7 (2e accessit). – Ac.Ms307 f°146 : Rapport sur la machine hydraulique de M. Vera élevée sur le pont Saint Clair à Lyon par ordre de M. l’intendant de Flesselles* (1782). – Ac.Ms154 f°52: Loyer et Lefebvre : Rapport sur une machine du Sr Million pour épargner aux calandreurs l’usage des chevaux (29 septembre 1785). – Ac.Ms226 f°183 : Loyer et La Tourette* : Rapport sur la théorie qui apprend à distribuer un terroir de la manière la plus avantageuse pour y ordonner une plantation d’arbres (1786). – Ac.Ms237-II f°19 : Rapport sur le 2e concours de 1787 (concours sur les voûtes surbaissées). – Ac.Ms190 f°27 : Observations sur la différence que produit la manière de toiser les ouvrages de maçonnerie adoptée par l’usage ou d’être toisés géométriquement (1789). – Ac.Ms183 f°10 : Lallié, Lefebvre, Loyer : 10 mars 1789, Rapport sur le levier de l’abbé Demandre. – Ac.Ms 194 f°58: Rapport des expériences faites par M. Gaiffon d’une pompe pour extraire les matières liquides des fosses d’aisance (1790). – Ac.Ms202 f°109 : Boulard* et Loyer: Rapport sur un graphomètre perfectionné de M. Tourreau, 23 février 1791. – Ac.Ms174 f°239 : Loyer, Willermoz*, Boulard: Rapport sur le moulin du Sr Grinau, 15 mai 1792. – Ac.Ms263 f°140 : Loyer, Barou Du Soleil*, Boissieu* : Rapport sur la candidature de Mlle Victoire Lallier (1792). – Ac.Ms159 f°92 : Rapport sur le projet du sieur Camus de monument érigé aux défenseurs de la patrie, 3 floréal an 9. [Les manuscrits Ac.Ms163, Ac.Ms164 et Ac.Ms188 f°3 – P.N.L. –, attribués à Loyer, concernent son frère Pierre Nicolas.]