Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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ROUSSELON Louis (1878-1954)

par Jean-Pol Donné.

 Louis Marie Antoine Rousselon est né le 17 septembre 1878 à Lyon 1er, 19 place Tolozan, fils d’Étienne Fleury André Rousselon (Grigny [Rhône] 5 mai 1848-Lyon 6e 4 août 1939), négociant, et de Marie Joséphine Crétinon (Lyon 1er 24 décembre 1856-Lyon 5e 30 octobre 1947) qu’il a épousée le 19 novembre 1877, à Lyon 1er. Louis Rousselon est le petit-fils de Jean-Baptiste Rousselon (1794-1870), maire de Grigny de 1838 à 1844. Après Louis naîtront Paul (1882-1933) ; Cécile (1885-1977) qui a épousé Charles Boucaud (1878-1945), professeur à la faculté catholique de droit de Lyon ; Marthe (1889-1963) qui a épousé le 9 mai 1911 à Lyon Émile Bégule, fils du maître-verrier Lucien Bégule* et lui-même peintre et dessinateur de vitraux ; et Marie-Thérèse (1891) épouse de René Caffin.

 Après une scolarité élémentaire chez les Frères des Écoles chrétiennes, montée Saint-Barthélemy, Louis poursuit à partir de 1888 des études classiques au collège jésuite de Mongré à Villefranche. Bachelier ès Lettres (1896), il s’inscrit à la faculté catholique de droit de Lyon, et soutient en 1901 une thèse de doctorat en droit à l’université de Grenoble. Stagiaire chez un avoué, il suit la conférence des avocats avant de s’inscrire au barreau de Lyon en 1906. La guerre l’éloigne du monde judiciaire. Bien qu’exempté de toute obligation militaire, il s’engage dès le début du conflit. Incorporé au 22e RI, il sert comme brancardier, puis comme infirmier avant de devenir greffier auprès du conseil de guerre. Sa conduite lui vaut une citation. Démobilisé, il domicilie son cabinet d’avocat chez ses parents, 8 place Saint-Jean. Liquidateur auprès du tribunal de commerce de 1925 à 1936, il reprend en 1938, pour ne plus la quitter, sa place au barreau.

 Resté célibataire, Louis Rousselon meurt le 13 février 1954 dans l’appartement où il s’était installé après la mort de sa mère, 8 quai Claude-Bernard (7e). Il est enterré à Grigny, avec ses parents, dans le caveau familial.

 Dès sa jeunesse, Louis Rousselon se passionne pour la création littéraire et artistique. Excellent dessinateur, il suit les cours de sculpture de Louis Prost* à l’école des Beaux-arts de Lyon et fréquente les Salons, les expositions et les galeries d’art. À partir de 1920, il assure, sous le pseudonyme de Luc Roville, la critique artistique du Salut Public qu’il conserve jusqu’à la disparition du journal en 1944. Dans ses articles, il montre une grande ouverture d’esprit envers les artistes qui cherchent des voies nouvelles. Il a été l’un des premiers à attirer l’attention sur Claudius Linossier. En revanche, comme médailleur, Rousselon, qui signe discrètement ses œuvres des initiales L R, s’inscrit résolument dans la tradition des larges fontes de la Renaissance et s’attache à la composition de légendes latines. Outre les médailles illustrant ses impressions de voyage en Grèce ou en Italie, il est principalement l’auteur de portraits, associés à des revers allégoriques, de ses amis, artistes, érudits ou avocats lyonnais. Il travaille souvent dans l’atelier installé dans la propriété familiale de Vallombreuse à Champagne-au-Mont-d’Or. Il se passionne pour l’art japonais, à travers une importante collection de tsuba constituée à partir du début des années 1940.

 Il a participé aux activités de nombreuses sociétés savantes. Dans une conférence remarquée à la faculté catholique de droit de Lyon (25 février 1927), il développa un plaidoyer pour L’utilité d’une culture générale dans les affaires. Membre du Cercle littéraire, archéologique et historique (admis en 1941, vice-président de 1949 à 1952), il présida jusqu’à sa mort la Société de lecture de Lyon qu’il sut développer pendant l’Occupation. Il signa de nombreux articles dans le Bulletin des Lettres publié par le Cercle de Sélection. Sa passion pour l’Italie, où il effectua de nombreux séjours tout au long de sa vie, l’amena à faire partie du comité lyonnais de la Société Dante Alighieri.

 Excellent juriste loué pour « sa droiture et sa sagesse », Louis Rousselon offrit avec constance et total désintéressement ses compétences au service de l’action sociale dans les domaines les plus divers comme en témoignent, entre autres, ses fonctions d’administrateur de la Caisse d’Épargne du Rhône, de secrétaire général de la Société pour la sauvegarde de l’enfance, de vice-président de l’Union de prévoyance de la soierie lyonnaise ou de président du Groupement de prévoyance du tissage. Il apporta aussi son concours actif au Comité de défense des enfants traduits en justice.


Académie

Il est élu le 3 juin 1947 au fauteuil 2, section 4 Lettres et arts, vacant depuis le passage à l’éméritat d’Antoine Barbier*. Jean Tricou* avait présenté, le 20 mai, le rapport sur sa candidature. Son discours de réception, prononcé le 28 juin 1949, intitulé sobrement Propos sur la Médaille, lui permit d’illustrer sa conception de « cette délicate fleur d’humanisme […] qu’est la médaille ». Le 16 décembre 1952, il présente une communication intitulée : Sur un fanal de galère. Il contribua à la réalisation de l’insigne de l’Académie (1948) qui reprend le type du jeton gravé en 1806 par Jean-Marie Chavanne. Il modela une médaille afin de célébrer le 250e anniversaire de l’Académie. Le président André Chagny*, prononce son éloge funèbre le 16 février 1954.

Bibliographie

Les ADR conservent, sous la cote 77 J 1-8, un important fonds concernant Louis Rousselon, constitué et déposé probablement par son neveu Ennemond Bégule. – Le dossier Rousselon de l’Académie contient le rapport de présentation par Jean Tricou de la candidature de Rousselon, et le texte dactylographié de son discours de réception. – Exposition de médailles de Louis Rousselon au Palais Saint-Pierre, Lyon, 1950, 3 p. – Catalogue rétrospectif des artistes médailleurs, Paris : musée monétaire de la Monnaie de Paris, 1965, p. 5-6 (non illustré). – A. Lardanchet, « Louis Rousselon », Bull. des Lettres, Lyon, 15 mars 1954, p. 89-90. – J. Tricou*, « Louis Rousselon », BSHALL 19, 1955, p. XXVIII-XXIX. – J.‑P. Donné, « Louis Rousselon : du barreau à la médaille », BMO Lyon, 20 janvier 2014, 2 p.

Iconographie

Louis Rousselon figure sur une grande plaquette modelée en 1929 par son ami Claudius Linossier.

Manuscrits

La peinture lyonnaise, s.d., 24 p., ADR 77 J 2. – CIV épigrammes italiennes et II psaumes, 1943, ADR 77 J 5. – Notes et texte préliminaires sur l’étude des Tsuba, 18 p., ADR 77 J 5. – De la Tsuba, garde de sabre japonais, 32 p., ADR 77 J 5. – Éloge de la Tsuba, 28 p. (mise au net dactylographiée des notes et textes sur l’étude de la Tsuba, avec précisions et ajouts). – Propos sur la médaille, discours de réception à l’Académie.

Publications

Des assurances en cas de décès contractées par un époux au profit de son conjoint, thèse pour le doctorat en droit, Lyon : impr. P. Legendre, 1901, 293 p. – De la poésie symboliste, Bulletin de la Conférence Hello, juillet 1902. – Sienne et San Gimignano, Bull. Soc. Géog. Lyon, 1907, p. 1-35. – Beaumarchais contre Goëzman, Discours à l’ouverture de la Conférence des avocats stagiaires, Lyon : impr. Moniteur judiciaire, 1909, 46 p. – Claudius Linossier, Art et Décoration, novembre 1923. – De l’utilité d’une culture générale pour les affaires, Chronique sociale de France, 1929, 27 p. – Le voyage en Italie d’un Lyonnais en 1821, Lyon : Albums du Crocodile, 1942. – Portrait de Charles Boucaud, Chronique sociale de France, août-octobre 1946. – Augustin Crétinon : 1860-1947, Lyon : éd. Sud-Est, 1948, 14, p.7.

Œuvres

Il est l’auteur de quelques sculptures ou grands médaillons (pour la plupart entre 1913 et 1930), et surtout, à partir de 1935, d’une soixantaine de médailles.

Sculptures et médaillons : Outre, quelques bustes de membres de sa famille, on peut noter les médaillons à l’effigie d’André Rousselon (1913-1914). – Charles Boucaud (1913-1914). – Bâtonnier Crétinon (1922). – René Caffin (1928). – Henri Andriot (1928). – Rabelais (placé dans le cloître de l’Hôtel-Dieu, 1953).

Plaquettes et médailles : Paul Rousselon (1935). – Marie Tourret (1935). – André Rousselon (1936). – Charles Boucaud (1936). – Henri Franchet (1936). – Ferdinand Leyvastre (1936 ou 1946 ?). – Voyage en Grèce (1937). – Louise et Cécile (1937). – Sicile et jeune pâtre, 2e version (1938). – Jean Tricou* (1939). – André Pérouse (1939). – Jean-Paul Pascalon (1939). – Émile Bégule (1939). – Florence (1939). – Claude Dalbanne* (1940). – François Villon (1940). – Jacques Tourret (1940). – Madeleine Caffin (1940). – Henri Traverse (1941). – Autoportrait avec Jonas au revers (1942). – Florence (1942). – Projet pour Cécile (1943). – Autoportrait, 2e version (1943). – Marie-Joséphine Crétinon / Valombreuse (1945). – Charles Touzot (1946). – Usine et canal de Jonage (1946). – Mathieu Varille* (1946). – Ferdinand Leyvastre (1946 ou 1936 ?). – Première communion (1946). – Occupation /Libération (1947). – Joseph Belloni (1947). – Docteur Pierre d’Espiney (1947). – Société Durrschmidt (1948). – Claudius Linossier (1948). – Bâtonnier Brévillac (1948). – Professeur Paul Trillat* (1948).- Voyage à Rome (1949). – Marius Gonin (1949). – Cécile, 2e version (1949). – Venise (1949). – Maison de l’Enfance de Limonest (1950). – Paul Boissenot (1950). – 250e anniversaire de l’Académie de Lyon (1950). – Valombreuse (1951). – Charles Dugas* (1951). – Bâtonnier Henri Andriot (1951). – Docteur Antoine Nebel (1951). – Hommage du Barreau de Lyon au Cardinal Gerlier (1952). – Sienne (1952). – Bâtonnier Gabriel Perrin (1953). – Saint François d’Assise (1953). – Marcel Béchetoile (1954). – 4e centenaire de l’Hôtel-Dieu (1954 ; l’avers, qui présente une réduction du médaillon de Rabelais de l’Hôtel-Dieu, est associé à un revers dessiné par Émile Bégule et gravé par Joannes Bruyas après la mort de Rousselon). – San Gimignano (s.d.). – Barreau de Lyon (s.d.).

Les médailles de Rousselon ont fait l’objet de deux expositions, l’une à Lyon, au Palais Saint-Pierre, organisée en 1950 par le Cercle lyonnais de Numismatique et les Amis du musée de Lyon ; l’autre à Paris, à la Monnaie de Paris (exposition collective) en 1965. Beaucoup de ses médailles sont conservées au Médaillier du musée des beaux-arts de Lyon.