Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

ALLIX André (1889-1966).

par Michel Laferrère.

  Né à Gap (Hautes-Alpes) le 3 septembre 1889, de Louis Georges Allix, capitaine du Génie – fils de Georges Baptiste François, ingénieur de la Marine, officier de la Légion d’honneur –, et de Louise Marie Breton, épousée le 7 juillet 1888, le jeune André François Émile Allix est le premier enfant d’une fratrie de sept. Il est voué aux Alpes dès les débuts de ses études supérieures. À cette époque, la faculté des sciences de Grenoble détient en effet d’éminents professeurs de géologie : Kilian, Jacob, Gignoux ; et en lettres, un élève de Vidal de La Blache, Raoul Blanchard, maître exigeant mais enjoué, aussi peu systématique que possible, ennemi de l’a priori et du verbalisme, entraîne ses élèves sur le terrain ou à défaut sur la carte, pour leur apprendre à lire les paysages. Dans cette ambiance favorable, les travaux personnels d’Allix sont remarqués et publiés dans ce qui allait devenir la Revue de Géographie Alpine. Après avoir obtenu sa licence de lettres à Grenoble en 1910, il effectue son service militaire (3 oct. 1910-30 sept 1912), il séjourne une année à Lyon pour préparer l’agrégation qu’il réussit en 1914. Il sert dans l’armée du 2 août 1914 au 30 septembre 1916. Il est alors nommé professeur au lycée Ampère de Lyon, où il reste jusqu’en octobre 1919, date à laquelle il retrouve Grenoble ; il enseigne alors au lycée Champollion. C’est là qu’il élabore au prix d’incessantes courses en montagne son étude du Massif de l’Oisans qui devait lui valoir en 1929 le grade de docteur. Cette thèse était doublée d’un tableau sur l’Oisans au Moyen Âge, qui révélait un auteur maîtrisant les méthodes de l’historien aussi bien que celles du géographe. Mais en 1928, brusque changement de lieu et responsabilité : la faculté des lettres de Lyon appelle André Allix à remplacer André Cholley nommé à la Sorbonne. L’homme des Alpes devient lyonnais sans réticence. D’abord chargé de cours, il obtient le 1er janvier 1931 une chaire qu’il conserve jusqu’en 1944. Il dirige l’Institut des Études rhodaniennes et effectue plusieurs missions à l’étranger (États-Unis, Canada, Yougoslavie, Bulgarie, Grande-Bretagne, Suisse). À l’université, à la faveur d’un changement de locaux, il établit de nouvelles surfaces adaptées aux exigences de la géographie, au stockage, au classement et à l’élaboration des cartes notamment. Il n’oublie pas de prévoir des bureaux pour les professeurs, privilège insigne des géographes de la Faculté. Un voyage aux États-Unis lui fournit l’occasion de se procurer des cartes en grand nombre, mais aussi la matière d’un merveilleux cours magistral avec des vues lumineuses sur l’organisation de l’espace de cet immense pays : il dresse ainsi une hiérarchie rationnelle des grands ports de la côte atlantique américaine, en fonction des itinéraires plus ou moins faciles vers les richesses de l’Ouest à travers la chaîne des Appalaches. Mais Allix, organisateur et voyageur attentif, s’impose également au plan scientifique avec de nombreuses publications. À partir du 4 septembre 1944, il est chargé des fonctions de recteur, et confirmé l’année suivante : il le restera jusqu’en 1960, remplacé par Pierre Louis*.

  Il est mort à Paris (14e) le 27 mai 1966. Il est alors domicilié 16, rue de la Procession à Paris 15e. Son nom a été donné à la résidence universitaire du Fort Saint-Irénée, ainsi qu’à plusieurs salles de l’Université Jean-Moulin.

  Décorations : chevalier Légion d’honneur le 1er janvier 1933 (reçu par Arthur Kleinclausz*) ; officier le 25 août 1948 (reçu par Henri Longchambon, doyen honoraire de la faculté des sciences) ; commandeur le 5 mai 1959 (reçu par Henri Hermann, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie). Officier d’Académie en 1927 ; chevalier du mérite agricole en 1928 ; officier de l’Instruction publique en 1938.


Académie

Élu le 4 juin 1946, au fauteuil 4, section 3 Lettres, en remplacement de Félix Garcin* condamné par la Cour de justice, il prononce son discours de réception le 8 février 1949 sur Libre arbitre et géographie.

Bibliographie

A. Gibert, « André Allix (1889-1966) », Rev. Géogr. Lyon 41-2, 1966, p. 95-98. – Bruno Benoît, DHR.

Manuscrits

Deux lettres à Jean Gottmann, 1955-1958, BNF Richelieu, Correspondance 1933-1994.

Publications

La Morphologie glaciaire en Vercors, 1914, 185 p., ill. – Travaux récents sur l’Érythrée italienne, Paris, 1914. – Vizille et le bassin inférieur de la Romanche, Grenoble : Allier, 1917, 199 p., ill. – « Les glaciers des Alpes françaises », Rev. Géogr. alpine 10, 1922, p. 325-333. – « Neiges d’été en 1922 », Rev. Géogr. alpine 10, 1922, p. 649-664. – « La route de La Bérarde », Rev. Géogr. alpine 10, 1922, p. 447-457. – « Observations sur la sculpture du relief par les glaces », CRAS 174, 23 janvier et 6 mars 1922. – « The Geography of fairs », The Geographical Review 12-4, 1922, p. 532-569. – Avec Charles Robert-Muller, « Un type d’émigration alpine. Les colporteurs de l’Oisans », Rev. Géogr. alpine 11, 1923, p. 585-634 (n. éd. Grenoble : PUG, 1979 et 2009). – « Le trafic en Dauphiné à la fin du Moyen Âge », Rev. Géogr. alpine 11, 1923. – « La Foire de Goncelin », Ann. Univ. Grenoble, 1924, p. 359-394. – Les enseignements du Mont Everest, Grenoble, 1924.– « Avalanches », Rev. Géogr. alpine 13, 1925, p. 360-423. – « Les glaciers du Dauphiné depuis 1904 », Grenoble et sa région, 1920-1925, Grenoble : Allier, p. 657‑670. – « Observations glaciologiques faites en Dauphiné jusqu’en 1924, Direction générale des eaux et forêts », Études glaciologiques, VI, 2e partie, Paris : Impr. nationale, 1927, 179 p., ill. – Un pays de haute montagne. L’Oisans. Étude géographique, Paris : Armand Colin, 1930, XXVI-916 p., ill. (reprint Laffitte 1975). – Géographie naturelle de l’Oisans, Grenoble : Allier, 302 p., ill. – L’Oisans au Moyen Âge. Étude de géographie historique en haute montagne (thèse compl. Lettres Grenoble), Paris : Champion, 1929, 256 p., ill., (reprint Laffitte, 1978). – La France. Esquisse géographique, Paris : impr. cour d’appel, 1930, 66 p., ill. – « Anciennes émigrations dauphinoises », Blanchard, Grenoble : Inst. Géogr. alpine, 1932, p. 17-24. – Montagnards, Lyon : J. Beaumont, 1935, 53 p., ill. – « Le Danube jusqu’en 1939 », Études rhodaniennes, Rev. Géogr. régionale, 17 (3-4), 1942, p. 93-130. – « L’Université et la vie », revue Enfin, n° 2, 11 nov. 1942, p. 2. – « Man in human geography », The Scottish Geogr. Mag., 1948, p. 1-8. – Collaboration : Livre jubilaire offert à Maurice Zimmermann, institut des études rhodaniennes de l’université, Lyon : Audin, 1949, p. 309-334, ill. – « Albert Pauphilet (1884-1948) », Ann. Univ. Lyon, numéro spécial L’université de Lyon en 1947-48, Lyon : Bosc, 1949, 13 p. – Avec R. Guillien, J. Lambert, R. Pelloux, « Les conditions naturelles de l’occupation humaine », Les fondements de la politique extérieure des États-Unis, Paris : A Colin, 1949, p. 11-18. – Manual de geografia fisica, humana y económica, Madrid : Ediciones Rialp, 1950, 903 p., ill. – Tibet, Turkestan, Mongolie, Inde, texte imprimé, 1950-1951 – Collaboration : Thesaurus amicorum, Lyon : Marius Audin, 1952. – « En guise d’introduction : le Déjeuner des Baux », Hommage à Lucien Febvre, Paris, 1953. – « Maurice Gignoux (1881-1955). – Emmanuel de Martonne (1873-1955) », Rev. Géogr. Lyon 31-1, 1956, p. 71-78. – Géographie des textiles (avec André Gibert), Paris : Libr. de Médicis, 1957, 564 p., ill. – Propos d’un géographe, recueil de 28 articles de 1923 à 1954, numéro spécial de Rev. Géogr. Lyon, Lyon : Audin, 1960, 265 p. – In memoriam Raoul Blanchard, Grenoble : Assoc. Amis Univ., 1966.

Cours de la faculté des lettres de Lyon (inédits) : Géographie des métaux et de la métallurgie, 201 p., ill. ; Italie, 132 p. ; États-Unis, 138 p. ; Le Danube, 21 p. ; La Mer du Nord, 77 p. ; Australasie, 60 p. ; Péninsule ibérique, 39 p. ; L’habitat humain, 1936, 77 p. ; Les pays rhoda-niens français, 91 p. ; L’empire japonais, 1944, 135 p. ; L’Océan Atlantique, 1946 ; Le peuplement du globe, 90 p.

Manuels : Les principales puissances économi-ques du monde, Paris : A. Hatier (classe terminale, nombreuses éd.). – Géographie générale, physique et humaine, Paris : A. Hatier, (classe de seconde, nombreuses éd.)

Cette notice a été révisée.