Antoine Élisabeth Cléophas est né à Paris 5 rue d’Orléans le 28 octobre 1820, fils de Jean Baptiste Rodolphe Dareste de La Chavanne (Lyon 29 octobre 1789-Paris 27 mars 1879), chef de bureau au ministère des Finances, et de sa cousine germaine, Françoise Claire Mabille Dareste (Lyon division du Midi 11 juin 1799-Paris 26 mai 1853). Le premier Dareste connu, prénommé Martin (vers 1510-1570), était laboureur au hameau de Saint-Jean, paroisse d’Ancy (Rhône). Son petit-fils Claude (1572-1631) s’établit à Lyon comme marchand cordier. Le fils de celui-ci, Anthoine (Lyon 29 octobre 1600-22 novembre 1688) est marchand de fleurs de soie (fileur de soie) à Saint-Chamond (Loire), d’où Camille (Saint-Chamond 17 octobre 1735-Lyon 30 mars 1718), marchand à Saint-Chamond, recteur de l’Hôtel-Dieu de cette localité. Son fils Barthélémy Dareste (Saint-Chamond, paroisse Saint-Pierre, 22 novembre 1670-Lyon 12 septembre 1738), devenu écuyer et gentilhomme de la grande vénerie du roi, banquier à Lyon, épouse à Saint-Symphorien-le-Château Claire Guillet de Saconay (1689-1733), fille de Claude Guillet de Saconay (1657-1740), banquier, d’où Jean Jacques Dareste de La Plagne (Lyon 7 mai 1717-2 mai 1780), receveur des gabelles, receveur général des tabacs à Lyon, père d’Antoine Dareste de La Chavanne (Lyon 7 mars 1760-Naples 17 décembre 1836), directeur de la manufacture des tabacs à Lyon, directeur des tabacs à Naples, grand-père de Cléophas.
Cléophas a eu deux frères : Camille Dareste (Paris, 23 novembre 1822-10 janvier 1899), médecin, professeur de sciences naturelles à Lille pendant douze ans, puis titulaire en 1872 de la chaire d’ichtyologie et d’herpétologie du Museum d’histoire naturelle, devenu en 1875 directeur du laboratoire de tératologie, dont les travaux furent primés par l’Académie des sciences ; et Rodolphe Madeleine Cléophas Dareste de La Chavanne (Paris 26 décembre 1824-24 mars 1911), élève de l’École des chartes (1846), avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, qui, dans l’affaire Dreyfus, est cosignataire de l’avis qui permit au président du conseil, Charles-Dupuy, d’échapper à la révision du procès. Il a beaucoup publié et fondé la Nouvelle Revue de droit français et étranger. Son fils Pierre (1851-1935), également avocat aux conseils, a fondé en 1898 le Recueil de Législation, de doctrine et de jurisprudence coloniale.
Cléophas fait ses études au lycée Henri IV, passe une licence à la Sorbonne en 1840. Reçu 1er à l’agrégation en 1841, professeur suppléant au lycée de Versailles le 19 septembre 1841, il est diplômé de l’École des chartes le 26 février 1843, et docteur ès-lettres le 9 juin 1843 avec une thèse principale : Thomas Morus et Campanella, ou Essai sur les utopies contemporaines de la Renaissance et de la Réforme (Paris : Dupont, 1843, 68 p.), et une thèse latine : Quam utilitatem conferat ad historiam sui temporis illustrandam rhetor Aristides (Paris : Dupont, 1843, 40 p., sous le nom d’A. C. Dareste). Professeur d’histoire au lycée de Rennes le 23 octobre 1843, il passe une licence en droit en 1844 à la faculté de Paris. Le 4 octobre 1845, il est nommé professeur d’histoire au collège Stanislas. En 1846 Salvandy, ministre de l’Instruction publique l’envoie à Londres pour rechercher dans les archives les documents relatifs aux règnes d’Henri IV, Louis VIII et Louis XIV. La même année, il fait paraître un Éloge de Turgot, mentionné par l’Académie française (10 septembre 1846), puis en 1847 l’Histoire de l’administration en France et des progrès du pouvoir royal, depuis le règne de Philippe-Auguste jusqu’à la mort de Louis XIV couronné par l’Académie des sciences morales et politiques (5 juin 1847). La même année est créée la faculté des lettres de Grenoble. Il y devient professeur d’histoire le 15 août. Le 1er mai 1849, il est nommé professeur à la faculté des lettres de Lyon, d’abord à titre provisoire, puis rapidement à titre définitif. Il habite rue de Puzy (act. rue Auguste-Comte). Le 24 janvier 1865, il devient doyen de la faculté des lettres, en remplacement de Bouillier nommé recteur à Clermont. En 1854, il avait fait paraître une Histoire des classes agricoles en France depuis saint Louis jusqu’à Louis XVI, ouvrage primé à nouveau par l’Académie des sciences morales et politiques. Il obtient à deux reprises, en 1868 puis en 1869, le grand prix Gobert de l’Académie française pour son Histoire de France en neuf volumes, commencée en 1865 et qui sera terminée en 1879. Nommé recteur de l’Académie de Nancy le 14 octobre 1871, puis de celle de Lyon le 5 juillet 1873, on l’accuse d’avoir favorisé la création de l’université catholique. Les étudiants de Lyon ayant demandé sa démission, il est mis en disponibilité le 8 décembre 1878. Un an plus tard, il séjourne à Paris pour être à portée des archives du ministère des Affaires étrangères, et publie en 1879 une Histoire de la Restauration.
Mis à la retraite le 1er novembre 1880, il se retire dans le Nivernais dans sa propriété de Lucenay-les-Aix, où il meurt le 6 août 1882.
Chevalier de la Légion d’honneur le 11 août 1859, officier le 11 janvier 1876 (LH/660/59).
Il avait épousé à Paris le 6 novembre 1847 Marie Claudine Étesse (avril 1829-Lyon 10 janvier 1860), fille de Paul Étesse (Bordeaux 1796-La Réunion 1832), armateur au Havre, et de Suzanne de Tircuy de Corcelle (1804-1892). D’où Hélène (1848-1905), épouse d’Achille d’Alverny, magistrat, Rodolphe (1850-1940) et Paul (1852-1939).
Élu le 3 juin 1851, au fauteuil 4, section 2 Lettres, puis affecté le 4 avril 1854 au fauteuil 3, section 3 Lettres (en fait, pour libérer une place pour Arlès-Dufour*. Secrétaire-adjoint pour la classe des lettres (1857-1859). Émérite en 1872. Le 25 novembre 1851, il communique en séance privée son discours de réception titré Les écrits de Brantôme. Mais le discours de réception lu en séance public le 30 mars 1852, est décrit comme « relatif à l’état des sciences historiques et aux services que les Académies doivent leur rendre ». Communications : Rapport sur le concours de poésie pour 1857, le premier puits artésien dans le Sahara (MEM L 6, 1857-1858 et Lyon : Vingtrinier, 1857, 23 p.). – Rapport sur le concours de géographie historique (MEM L 6, 1857-1858). – Rapport sur le concours « Histoire des associations ouvrières jusqu’à nos jours », séance du 23 décembre 1862 (MEM 11, 1862-1863, et Lyon : Vingtrinier, 1863, 24 p.). Son éloge funèbre a été prononcé par Guillaume Alfred Heinrich*, secrétaire général pour la classe des lettres, 23 janvier 1883 (MEM L 21, 1884).
Membre de l’Académie delphinale (1849). Élu membre correspondant de Académie des sciences morales et politiques (9 avril 1859). Membre de l’Académie de Stanislas à Nancy, 22 décembre 1871.
R. Lamouzin-Lamothe, DBF. – Banquet offert par l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon à M. Victor de Laprade, MEM L, 1858, et Lyon : Vingtrinier, s.d., 15 p. – RLY 2-16, 1858, p. 297-307.
Outre les thèses citées plus haut, retenons : Question : La formation du royaume de Prusse a-t-elle été utile, ou nuisible, aux intérêts de la France en Europe ?, Conférence de la Madeleine séance du 6 février 1841, Paris : Crapelet, 1841, 4 p. – Éloge de Turgot, [sous le nom de Dareste], Paris : P. Dupont, 1846, 38 p. – Histoire de l’administration en France et des progrès du pouvoir royal, depuis le règne de Philippe-Auguste jusqu’à la mort de Louis XIV, Paris : Guillaumin, 1847 et 1848, 2 vol. – Histoire des classes agricoles en France, depuis saint Louis jusqu’à Louis XVI, Paris : Guillaumin, 1854, VII + 556 p. – Macaulay et l’histoire contemporaine, discours prononcé à la rentrée des Facultés de Lyon, 28 novembre 1860, Lyon : Vingtrinier, 1860, 24 p. – L’Histoire romaine dans Montesquieu, Paris : Impr. impériale, 1866, 14 p. – Une soirée dramatique du salon ; L’auberge de Nuvmarket, anecdote historique en vers. – Un conseil de discipline de la Garde nationale, Paris : Lévy, 1866, 89 p. – Séance de rentrée des Facultés et d’installation de la Faculté de médecine de Nancy. Discours…, Nancy : Berger-Levrault, 1872, 10 p. – Rapport lu à la séance solennelle de rentrée des Facultés de théologie, des sciences, des lettres et de l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Lyon…, 25 novembre 1874, Lyon : Vingtrinier, 1875, 12 p. – Histoire de France depuis les origines jusqu’à nos jours, 9 vol., Paris : Plon, 1865-1879. – Histoire de la Restauration, 2 vol., Paris : Plon, 1879.