Claude Paul Goullioud est né à Lyon 3e, 9 cours de Brosses (act. cours Gambetta), le 18 janvier 1858, fils d’Étienne Victor Goullioud (Saint-Symphorien-de-Lay 1814-Lyon 2e 1874), représentant de commerce après avoir exploité un établissement de teintures et d’apprêts à Saint-Symphorien jusqu’en 1858, et de Pierrette Anne, dite Anaïs, Bréghot du Lut (Lyon 1820-Lyon 2e 1867), fille de Claude Bréghot du Lut*. Présents à la déclaration : Pierre Louis Bavoux, propriétaire, et Auguste Millet cafetier. Après des études à la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon ouverte en 1877, il devient interne des hôpitaux de Lyon en 1879, soutient le 3 août 1883 sa thèse de médecine sous la direction du professeur Ollier* et du docteur Charpy : Des ostéites du bassin au point de vue de leur pathogénie et de leur traitement (Lyon : Impr. admin. A. Waltener et Cie, 1883, 134 p.). Il est chef de clinique de Raphaël Lépine (1840-1919) en 1883, puis de Lucien Laroyenne (1831-1902), à l’hôpital de la Charité, en 1887. Chirurgien-chef de l’hôpital Saint-Joseph affilié aux facultés catholiques, de 1894 à 1924, il pratique la chirurgie digestive, la gynécologie et l’obstétrique. Pendant la guerre de 1914-1918, il exerce comme médecin-chef de l’hôpital auxiliaire n° 28, installé dans les locaux de Saint-Joseph, et à l’ambulance des agents de change, assurant en même temps le service civil et hôpital auxiliaire 50 rue Raulin, ce dernier établissement soignant les contagieux de l’épidémie de grippe en 1918. Chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand (décret pontifical de 1902), il est décoré de la Légion d’honneur à titre militaire par décret du 23 février 1921 et reçoit les insignes d’Ennemond Richard, président du comité de Lyon de la Société de secours aux blessés militaires (19800035/0224/29540). Il est alors domicilié 7 quai Tilsitt, après avoir été 22 rue du Plat lors de son mariage, à Lyon 1er le 9 février 1884, avec Marguerite Sabran (Saint-Rambert-l’Île-Barbe 24 mai 1861-Lyon 2e 12 février 1941), fille de Jean Baptiste Émile Sabran (1828-1885), négociant, et de Marguerite Louise Émilie Ponthus-Cinier (1832-1884). Sont témoins au mariage le peintre Antoine Claude Ponthus Cinier (1812-1885), et Hermann Sabran (1837-1914), président du conseil d’administration des hospices civils de Lyon – père de Renée Sabran (1874-1882) en souvenir de laquelle a été fondé l’hôpital de Giens –, tous deux oncles de l’épouse. Ils ont neuf enfants : Paul Émile (1884-1933), chirurgien décédé au Maroc ; Henri agriculteur au Maroc (17 octobre 1887-Marrakech 30 décembre 1953) ; Émile (1886-1892) ; Georges fabricant de soieries décédé des suites de la guerre (1890-1920) ; Edmond (1892-1968) ; Édouard (1894-1958) ; Maurice (1896-1925) ; Marcel (1900-1952) ; une fille, Marguerite (1899-1983), épouse de Joseph Lepercq* fils de Gaston Lepercq*.
Paul Goullioud est décédé 7 quai Tilsitt à Lyon le 2 novembre 1940, et inhumé le 6 à Loyasse après une cérémonie à Ainay. Membre de la société de chirurgie de Lyon depuis 1898, il a été président de la société nationale de médecine et des sciences médicales en 1920. Membre correspondant de l’académie de chirurgie depuis 1920.
Élu le 9 juin 1925 au fauteuil 1, section 3 Sciences, reçu le 16 juin, il consacre son discours de réception prononcé le 29 juin 1926, à « quelques causes inévitables de la stérilité féminine » (MEM 19, 1927). Après avoir évoqué son grand-père Claude Bréghot du Lut, qu’il n’a pas connu, mais dont la mémoire était « objet d’un culte » dans sa famille, il se révèle un partisan militant de la politique nataliste et s’élève contre la contraception et la stérilisation par ligature des trompes, en dehors d’indications très précises. Après avoir rappelé la physiologie de la fécondation, il décrit les principales causes organiques de stérilité, dénonce avec d’autres le « rôle néfaste de la trépidation automobile dans les affections gynécologiques déclarées ou latentes » et déconseille, de ce fait, les voyages de noce utilisant ce moyen de transport. Dans une perspective eugéniste, il souhaite « diriger les mariages dans le sens d’individus sains et vigoureux pour donner aux descendants toutes chances d’une vitalité normale.» Critiquant l’utilisation des traitements radiothérapiques chez les femmes jeunes, il veut « fortifier les jeunes filles par le règne de l’exercice », conseille de « les marier avant l’âge du fibrome » en leur donnant « avant le mariage quelques notions d’hygiène génitale » pour éviter les infections gynécologiques. Il les engage à « ne pas entraver les lois naturelles établies en vue de la fécondité » et à « soigner le début de la première grossesse avec un soin jaloux ». Il conclut : propter ovarium mulier est quod est.
Président en 1930, il succède au peintre Tony Tollet*, dont il apprécie l’œuvre de facture plutôt classique, et profite de l’occasion pour exprimer, dans son allocution de présidence, ses réticences devant un art nouveau, « décadence de l’art, véritable déformation des formes humaines, véritable altération de la beauté de nos paysages de France ». Il exprime alors son goût pour les couleurs vives, accentué par un voyage au Maroc où il a admiré la beauté des tapis, inspirés selon lui par « les magnifiques routes créées par le maréchal Lyautey » (MEM 20, 1931). Il prononce les éloges funèbres du bâtonnier Jules Millevoye*, de Léon Clédat*, de Pierre Villard*, de Théodore Vautier*, de René Garraud*, de Pierre Termier* (tous dans MEM 1931) et du docteur Joseph Récamier (1861-1935) (MEM 22, 1936), son fils Henri Goullioud ayant épousé à Paris le 29 janvier 1919 Isabelle Récamier (1894-1940), fille de ce Joseph Récamier, descendant lui-même du docteur Joseph Récamier (1774-1852), professeur au Collège de France, lui-même parent par alliance de Juliette Récamier. Avec J. Buche*, il prononce un « hommage aux héros du devoir », les dix-neuf pompiers et les quatre gardiens de la paix « tombés au champ d’honneur en portant secours aux victimes de la catastrophe de Saint Jean [13 novembre 1930] » et remet un prix de vertu de l’Académie aux deux corps concernés. (MEM, 1931, 20).
Dict. du Rhône, Paris : H. Jouve, 1899. – A. Rivet, « Éloge funèbre de Paul Goullioud » (MEM 24, 1945). – J. Guiart, L’école médicale lyonnaise, Paris : Masson, 1941. – David 2000. – Gabrielle et Louis Trénard, DBF [avec erreur dans le prénom].
Médaille en bronze à son effigie, signée Claudius Linossier, offerte par ses élèves et amis de l’hôpital Saint-Joseph (1928). Le revers présente une vue de la façade de cet hôpital.
Outre la thèse déjà citée, nombreuses publications de chirurgie digestive et de gynécologie dans le Lyon médical à partir de 1887. – « Débridement vaginal dans les collections de la périmétrite chronique. Méthode du Professeur Laroyenne », Congrès français de chirurgie 1889.