Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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SAINT-JEAN Simon (1808-1860)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Simon Saint-Jean naît le 14 octobre 1808, 41 rue Mulet à Lyon. Témoins : deux artisans voisins, Simon Bourgain, serrurier (n° 16) et Louis Lucain, charpentier (n° 40). Simon est le fils de Jean Marguerite Saintjean, tonnelier (Millery [Rhône] 13 mars 1780-Lyon 1er juin 1815), et d’Antoinette Pot(t)in (Millery 3 juin 1779-28 janvier 1831), mariés à Lyon le 21 octobre 1807. Simon est suivi d’une sœur, Pierrette (Lyon 3 mai 1812-Millery 12 janvier 1834). Il n’a pas encore 7 ans quand son père décède, et sa mère essaie de maintenir l’activité familiale. Manifestant très tôt son habileté à dessiner, il entre à l’âge de 15 ans à l’école des beaux-arts de Lyon dans la classe de Pierre Revoil* qui enseigne le dessin de la fleur pour la fabrique, poursuit dans la classe d’Augustin Alexandre Thierriat où il remporte une médaille d’or. Il suit également les cours de François Lepage au musée Saint-Pierre : « Saint-Jean ne craignait pas à l’occasion de reconnaître et de proclamer la paternité de Lepage. Dans sa simplicité modeste, il avouait devoir à ce maître vénéré l’habileté de l’arrangement et la correction du trait » (A. Vingtrinier*, Notice sur François Lepage, peintre de fleurs, Lyon 1872, p. 11-12). En 1826, il est embauché comme dessinateur chez le soyeux Didier Petit, fabricant d’ornements d’église, mais n’y reste que deux années, car pour des raisons de santé il doit aller vivre à la campagne et s’installe avec sa mère et sa sœur chez l’oncle Potin de Millery, rue des Marronniers. En 1833, il y peint un Christ en croix pour une chapelle de l’église de Millery. Sensible à la beauté de la nature, il profite de son séjour pour approfondir ses compétences et devenir un véritable artiste : « De longues heures, il parcourait les vignobles de Millery, examinant, dessinant le raisin clair, transparent et vermeil, ou la feuille de vigne dont le dessin et la couleur lui paraissaient dignes de son pinceau. Jamais content de son travail, jamais satisfait de son modèle, il apportait chez lui des gerbes de plantes et de fleurs qu’il étudiait avec soin, qu’il reproduisait avec énergie, persévérance, amour » (Vingtrinier). Il expose régulièrement à Lyon à partir de 1827, et en 1834 il est admis au Salon de Paris. Ayant perdu sa mère et sa sœur, il revient s’installer à Lyon, ouvre un atelier en septembre 1836, 43 quai de Retz (act. quai Jean-Moulin).

 Il épouse le 12 avril 1837 à Lyon Jeanne Marie Caroline Belmont (Lyon 12 janvier 1815-20 janvier 1855), la fille d’un fabricant de soieries, Jean Nicolas Belmont (Lyon, 1787-1862), et sa jeune sœur Pierrette Adrienne Delphine (née en 1816) se marie en 1838 avec le soyeux Louis Antoine Payen. Par ces alliances, Simon Saint-Jean pénètre dans la bourgeoisie lyonnaise. 1837 est précisément l’année où il signe son tableau La Jardinière, exposé l’année suivante, acheté par l’État et qui lui apporte la notoriété. Un voyage en Belgique et en Hollande en 1840 lui permet d’étudier de près les tableaux du peintre de fleurs néerlandais Jan van Huysum (1682-1749), dont il va s’inspirer. En 1842, il signe son tableau Offrande à la Vierge, qui est très apprécié et lui vaut la Légion d’honneur, remise le 20 novembre 1843 par le préfet Jayr (L2437018). Exposé en 1843 à Paris, le tableau est acheté par la Ville de Lyon l’année suivante. À Paris, Simon Saint-Jean se fait remarquer par le baron Scipion Corvisart, neveu et fils adoptif de Jean Nicolas Corvisart, ancien premier médecin de Napoléon. Le baron, qui tient une galerie de tableaux, favorise la vente des œuvres de Simon Saint-Jean dans les milieux les plus huppés de la capitale, mais aussi ceux de Belgique, Hollande, Angleterre et Russie. Dès lors Simon Saint-Jean ferme son atelier et abandonne l’enseignement. En 1847, il est admis à l’Académie des beaux-arts d’Amsterdam ; en 1855 il est reçu à l’Académie de Bruxelles au fauteuil, non pourvu depuis fort longtemps, de Van Huysum, et il est décoré de l’Ordre de Léopold. S’il est reconnu à l’étranger et à Lyon, Simon Saint-Jean est moins apprécié des critiques parisiens, notamment de Baudelaire, qui lui reproche sa trop grande minutie, son abus de la couleur jaune, et qui, avec un certain mépris, ne veut voir en ses œuvres que des tableaux « de salle à manger ». Simon Saint-Jean cesse pendant quelque temps d’exposer à Paris, bien qu’il se montre peu affecté par ces reproches, exprimant même une certaine fierté à l’égard de son goût pour le naturalisme, se plaisant à raconter « l’anecdote de l’enfant qui, s’étant glissé furtivement dans l’atelier du peintre, met sa main sur la pêche fraîchement peinte pour la saisir et la manger ; l’artiste survenant est mi navré, mi radieux d’avoir joué les Apelle » (É. Hardouin-Fugier). Il participe en 1851 à l’exposition universelle de Londres et, en 1855, à celle de Paris où il obtient une médaille d’or. De son mariage avec Caroline Belmont sont nés 14 place Neuve des Carmes (actuellement rue Sainte-Catherine) deux enfants : Marie Nicolas Pierre Paul, le 24 septembre 1838, et Louise Clarisse le 3 décembre 1839. Entre 1843 et 1846, la famille déménage au 1 quai Fulchiron. Les recensements de 1841 et de 1851 indiquent que deux personnes sont à leur service, une femme pour le ménage et Jean Lays, tous les deux originaires de Saint-Barthélemy-Lestra (Loire). Jean-Pierre Lays né le 12 novembre 1825 de parents agriculteurs est venu à Lyon en 1841 ; il aide Simon Saint-Jean à préparer les couleurs, mais il est surtout son élève, commence à exposer dès 1851de belles aquarelles de fleurs, et va devenir à son tour un peintre talentueux. Après le décès de son épouse le 20 janvier 1855, Simon Saint-Jean fait imprimer en tirage limité pour la famille et les amis quelques-uns de ses poèmes Recueil de poésies de M. St-J… Il ne parvient pas à surmonter son deuil ; atteint d’« une maladie de langueur », il décède le 3 juillet 1860 à Écully, au 4-6-8 chemin du Chancelier, dans une maison dont il était locataire ; il y cultivait avec amour ses deux cents rosiers et des ceps de vigne lui permettant, aidé par sa femme, de composer les bouquets pour les tableaux qu’il peaufinait pendant l’hiver dans son atelier lyonnais. Il a rejoint Caroline au cimetière de Loyasse. Un buste commémoratif en bronze, réalisé par le sculpteur Charles François Bailly a été inauguré à Millery le 26 juillet 1885. Fondu pendant la guerre, il a été remplacé en 1950 par un buste en marbre du même sculpteur. Le nom de Simon Saint-Jean a été donné à une avenue de Millery et à une allée d’Écully.

 Paul Saint-Jean, né à Lyon le 24 septembre 1838, a été élève de son père, puis s’est installé à Paris. Il a notamment exposé au salon de 1862 (Perdrix grise et bécasse) et au salon de 1868 (Été). Il a épousé le 27 mai 1874 à Paris 9e, Jeanne Régny, fille de Paul Régny, agent de change à Lyon, nièce de Jean Aimé Régny*, en présence d’Alexis Joseph Aimé de Monicault, maître des requêtes au Conseil d’État, préfet (Ariège, Vosges, Eure, Seine-et-Marne), vice-président du conseil général de l’Ain, grand oncle de la mariée. Paul est décédé prématurément le 30 septembre 1875 à son domicile 5bis rue Mansart, laissant un enfant posthume, Simone, née le 3 février 1876 à Paris.


Académie

Saint-Jean est élu le 5 décembre 1854. Il fait une intervention le 12 février 1856, Notes et recherches sur l’authenticité du portrait de Jacques Stella, une autre le 24 juin 1856, De l’influence des Beaux-Arts sur l’industrie lyonnaise (MEM 1856).

Bibliographie

É. Charton, « Saint-Jean, peintre de fleurs », Magasin Pittoresque 30, 1862, p. 83-86. – A. Vingtrinier, « Inauguration du buste de Simon Saint-Jean, peintre de fleurs, le 26 juillet 1885 à Millery », La Revue Lyonnaise, 1885. – Audin et Vial. – É. Hardouin-Fugier, Simon Saint-Jean, 1808-1860, Leigh-on-Sea : F. Lewis, 1980. – S. Ramond, G. Bruyère, L. Widerkehr, Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914, Lyon : Fage, 2007. – DHL.

Œuvres

Simon Saint-Jean a laissé dans les musées et dans des collections privées une grande quantité de peintures, surtout de fleurs et de fruits, souvent avec une connotation symbolique ou mystique. Il a aussi peint quelques portraits. Le musée des Beaux-Arts de Lyon possède Fleurs et fruits (1830), La Jardinière (1837), Christ aux emblèmes eucharistiques (1841), Offrande à la Vierge (1842), Bouquet de fleurs dans un vase avec des grappes de raisin. Sa dernière œuvre est un grand tableau de fleurs et de fruits peint pour la salle à manger de l’Hôtel-de-ville de Lyon (1859) (dessin aux ADR, Le dernier tableau de Saint-Jean, dans la salle à manger de l’Hôtel de Ville de Lyon, FG A 108 [19]).