Il est né le 12 mars 1858 à Ébreuil, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Gannat (Allier), sous le seul prénom de François, fils de Philibert Lesbre (né en 1833) – menuisier, seul républicain de sa commune à voter contre le Second Empire –, et de Marie Brisard, née à Sainte-Procule en 1839 ; témoins : Michel Pommerol, tisserand, et Bernard Coquard, ferblantier. Son père, quoique modeste artisan, au prix de durs sacrifices (il paiera un remplaçant pour le service militaire de son fils), lui fait poursuivre ses études notamment secondaires à Gannat.
Entré à l’école vétérinaire de Lyon le 16 octobre 1875, il est diplômé le 29 juillet 1879. Il occupe le 30 août un poste de répétiteur d’anatomie, puis, par arrêté ministériel du 22 décembre 1882, celle de chef de travaux pratiques d’anatomie. Lors de la prise de direction de l’école en 1886 par Saturnin Arloing*, il est nommé le 12 novembre professeur d’anatomie des animaux domestiques et extérieur du cheval. Il sera également professeur de zoologie et de pisciculture à l’école pratique d’agriculture d’Écully. Très bon pédagogue, passionné par son enseignement il présentait l’anatomie dans ses moindres détails.
Ses recherches en anatomie, dans la continuité de celles de Chauveau * et d’Arloing, conduisent à un travail en collaboration : Précis d’anatomie comparée des animaux domestiques. Il s’emploie à édifier une nomenclature applicable aux différentes espèces animales sur la myologie, montrant qu’un même muscle peut avoir des apparences différentes, variables avec la fonction qu’il devra remplir. Il étudie les lois de l’ossification, s’intéresse à l’hybridité, à la physiologie. Mais c’est en tératologie que sa production scientifique est la plus importante. Il s’intéresse aux anomalies présentes chez les animaux avec une excitation particulière à les disséquer afin de mieux comprendre les règles qui président à leurs formations. L’aboutissement de ses recherches est son Traité de Tératologie de l’homme et des animaux domestiques publié en 1927. Il est à l’origine du musée de tératologie présent à l’école vétérinaire. Il a été directeur de l’école vétérinaire de Lyon de 1914 à 1925. À la déclaration de la guerre de 1914, l’école vétérinaire qu’il dirige est réquisitionnée comme hôpital, plus de 4 000 blessés y sont soignés de 1914 à 1918. L’après-guerre sera difficile pour l’École. Lesbre, écœuré par des intrigues qui visent à son remplacement, démissionne en 1925 et prend sa retraite avant l’âge réglementaire. Il reste cependant en contact avec les milieux scientifiques, mais ses dernières années ont été amoindries par la maladie.
Médaille d’Or de collaborateur à l’Exposition de 1900. Chevalier de la Légion d’honneur le 2 janvier 1905, officier par décret du 12 février 1921, reçu par son frère Constant Lesbre (1862-1955), colonel d’artillerie, vétérinaire principal de l’armée, puis maire d’Ébreuil (LH/ 19800035/0223/29453) ; officier d’Académie par arrêté du 13 juillet 1900 et commandeur du mérite agricole.
Il meurt à Lyon à son domicile 9 rue Villeroy le 26 janvier 1942 et est inhumé à Ébreuil (Allier), après une cérémonie à l’église de l’Immaculée-Conception à Lyon 3e.
Il avait épousé en cours de scolarité une jeune fille d’Ébreuil, Clotilde Marie Louise Bidault, morte de tuberculose à 26 ans à Ébreuil le 23 août 1885, sans enfant. Le 19 août 1889, aors qu’il habite 44 quai Jayr à Lyon 3e, il épouse en secondes noces Sophie Brunier (Lyon 3e, 9 février, 1869-1955), fille de Michel Brunier, négociant, et de Césarine Violland. D’où naîtront cinq enfants : Philippe (1891-1973), médecin ; Marie-Amélie (1897-1986) ; André (1899-1893) ; Constance (1902-1973), épouse Albert Mouterde ; et Michel (1908-1999).
Il est élu à l’Académie de Lyon le 3 juin 1913 (rapport de F. Peuch*) succédant à Saint-Lager*, au fauteuil 7, section 2 Sciences. Président en 1918. Discours de réception déposé le 2 décembre 1913 : Aperçu sur les causes des anomalies de l’organisation dans le règne animal (MEM 16, 1919). Communications : 11 novembre 1913, Présentation de trois pièces vétérinaires monstrueuses envoyées par des correspondants ; 17 mars 1914, La polydactylie des solipèdes ; 20 juin 1916, Sur les divers genres de monstres Tératodymes ; 5 décembre 1916, L’hérédité par influence, l’imprégnation maternelle ; 13 février 1917, Notice sur la vie et les travaux de J. B. A. Chauveau (MEM 16, 1919) ; 2 juillet 1918, Étude sur cette loi de Lamarck : tout organe qui ne fonctionne pas s’atrophie ; tout organe qui fonctionne au-delà de la normale s’hypertrophie ; 9 avril 1918, Les maladies dues à des carences alimentaires ; le béri-béri, le scorbut, la pellagre ; 9 juillet 1918, Éloge funèbre de M. le Bâtonnier Édouard de Villeneuve (MEM 1919, rapports 1915-1918) ; 12 mars 1918, Sur l’orientation de la croissance des végétaux ; Éloge funèbre de M. Adrien Gobin (Ibidem) ; 5 novembre 1918, Éloge funèbre de M. Émile Guimet (Ibidem) ; 1er février 1921, Hybrides, hybridité et hybridation considérés principalement dans le règne animal (MEM 1921) ; 22 février 1921, Précis d’extérieurs du cheval et des principaux animaux domestiques en vue de la détermination de l’âge et des aptitudes ; 22 mai 1922, Rapport sur la candidature du docteur Guyard ; 21 novembre 1922, Les « œufs de coq » et le développement normal des œufs ; 19 décembre 1922, Présentation d’un monstre du genre synote d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ; 6 février 1923, Lecture d’une lettre de Joseph Roux-Bordier à Bredin (1822) et une lettre de Aimé Martin à Bredin sur la mort de Roux-Bordier ; 27 novembre 1923, Rapport sur la candidature de Cadéac ; Éloge funèbre de M. le Dr Birot* (MEM 1924, rapports 1919-1923) ; 12 février 1924, Discours prononcé aux funérailles de M. le professeur Peuch, à Frontenas (MEM 1926, Rapports 1924-1926) ; 19 février 1924, Sur le nanisme ; 2 février 1926, Les anomalies des êtres unitaires. Monstres simples ; 22 novembre 1927, Sur un monstre ovin triple ; 13 novembre 1928, Œuf de coq et basilic ; 3 décembre 1929, Sur le cas d’un chevreau dont l’estomac traversait le thorax et sur la loi des connexions de Geoffroy Saint-Hilaire : « Un organe est plutôt supprimé que transposé ; 24 novembre 1936, Rapport sur la candidature de Louis Jung*.
Son éloge funèbre a été prononcé par Louis Jung (MEM 1945, 24).
Guerin M.-C., « Notice nécrologique de F.X. Lesbre », Bull. Acad. Nat. Médecine 126, 1942, p. 212-214. – G. Moussu, « Notice nécrologique sur François-Xavier Lesbre », CRAS 214, Paris, 1942, p. 397-400. – G. Rousseau, Le Professeur F.X. Lesbre (1858-1942), sa vie, son œuvre, 1942, 25 p. – F., La vie et l’œuvre de François-Xavier Lesbre, anatomiste vétérinaire (1858-1942), thèse Université Claude Bernard Lyon, 1989, 185 p. – M. Atallah, François-Xavier Lesbre, anatomiste vétérinaire (1858-1942) : sa vie, son œuvre, sa contribution à la médecine, thèse Université Claude Bernard Lyon-1, 2006, 159 p. – M. Pouzet, DBF.
L’œuvre laissée par Lesbre est considérable et ne seront données que quelques références. On trouvera dans L. Jung (1942) la liste complète de ses publications.
Traités : Avec Ch. Cornevin, Traité de l’âge des animaux domestiques, d’après les dents et les productions épidermiques, Paris : Baillière, 1894, 462 p. – Avec L. Peuch, Précis du pied du cheval et de sa ferrure, Paris : Asselin et Houzeau, 1896, 500 p. – Éléments d’histologie et de technique histologique, Paris : Hasselin et Houzeau, 1903, 630 p. – Avec A. Chauveau et S. Arloing, Traité d’anatomie comparée des animaux domestiques, 2 volumes, 5e édit., Paris : Baillière, 1903-1905, 1400 p. – Précis d’extérieur du cheval et des principaux mammifères domestiques, Paris : Hasselin et Houzeau, 3e édit., 1939, 630 p. – Avec A. Chauveau, Précis d’anatomie comparée des animaux domestiques, 2 vol., Paris : Baillière, 1922-1923, 1468 p. – Traité de Tératologie de l’homme et des animaux domestiques, Paris : Vigot frères, 1927, 342 p.
Anatomie comparée : Des muscles pectoraux dans la série des mammifères domestiques. Déterminations de leurs homologies avec ceux de l’homme. Réforme de la nomenclature, Lyon : Pitrat aîné, 1892, 25 p. – Myologie comparée de l’Homme et des Animaux domestiques en vue d’établir une nomenclature unique et rationnelle, Lyon : Rey, 1897, 179 p. – Contribution à l’étude de l’ossification du squelette des mammifères domestiques, principalement au point de vue de sa marche et de sa chronologie, Lyon : Rey, 1897, 106 p. – Recherches anatomiques sur les Camélidés, Paris : H. Georg, 1903, 192 p. – Étude historique et critique de la nomenclature anatomique vétérinaire depuis Bourgelat jusqu’à nos jours, Lyon : Rey, 1911, 91 p.
Anatomie appliquée. Extérieur : Études hippométriques. Proportions extérieures et squelette des chevaux, ânes et mulets. Évolution des formes, Lyon : Pitrat aîné, 1893, 50 p.
Contribution à l’étude de l’hybridité : Avec Ch. Cornevin, Caractères ostéologiques différentiels des moutons et des chèvres. Application à l’étude des chabins et des mouflons, Lyon : Pitrat aîné, 1891, 30 p. – « Caractères ostéologiques différentiels des lapins et des lièvres. Comparaison avec le léporide », Bull. Soc. Anthropologie Lyon 11, 1892, p. 263-285.
Physiologie expérimentale : Avec F. Maignon, Contribution à la physiologie de la branche externe du spinal. Innervation des muscles sterno-mastoïdien, cléido-mastoïdien et trapèze, Paris : Masson, 1908, 16 p.
Tératologie : « Étude anatomique d’un monstre hétéradelphe et augnathe », Bull. Soc. Anthro-pologie Lyon 10, 1891, p. 167-182. – Avec L. Guinard, « Étude anatomique d’un jeune chat opodyme », Bull. Soc. Anthropologie Lyon 10, 1891, p. 191-214. – Étude anatomique d’un porc synote et sphénocéphale. Considérations générales sur les monstres sycéphaliens, Lyon : Pitrat aîné, 19 p. – Avec E. Forgeot, « Études anatomiques de cinq animaux ectromèles », Journ. Anat. et Physio. 38, 1902, n° 2, 14 p. – Avec E. Forgeot, Anomalies multiples chez un veau, Toulouse : Douladoure, 1905, 10 p. – Étude d’un monstre ischio-ectopage, 1908. – Avec J. Jarricot, « Étude sur la notomélie. Rapport avec la mélomélie de la pygomélie. Nouvelle interprétation », Bull. Soc. Anthropologie Lyon 27, 1908, p. 107-110. – Avec E. Forgeot, Étude anatomique de deux veaux achondroplases suivie de considérations générales sur l’Achondroplasie, Lyon : Rey, 1913, 39 p.