Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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LAPRADE Jacques Julien RICHARD de (1781-1860)

par Michel Le Guern.

 Né à Montbrison le 11 juin 1781, baptisé le même jour paroisse Saint-André, c’est le second enfant, de Marin Richard de Laprade (Viverols 1744-1797) [encore écrit La Prade dans ses œuvres] – docteur en médecine de la faculté de Montpellier, médecin ordinaire du roi, intendant des sources et fontaines minérales du Forez et du Vivarais, écuyer, seigneur de Pontempeyrat, auteur de : Analyse et vertus des eaux minérales du Forez et de quelques autres sources (Lyon : Au dépens des Associés, 1778, 147 p.), membre associé de l’Académie de Lyon en 1774 –, et de Françoise Élisabeth d’Airaud. Parrain : Jacques Richard, seigneur de Pontempeyrat, oncle paternel ; marraine : Christine Chastain d’Airaud, grand-mère maternelle. Les seigneuries de Laprade et de Pontempeyrat avaient été achetées par le père de Marin, Claude Richard, régisseur de la seigneurie de Viverols.

 Marin décède en 1797 d’une fièvre quarte, contractée lors de son emprisonnement à Montbrison comme aristocrate, et « pour avoir donné des certificats de maladie à six volontaires du 1er bataillon de Rhône-et-Loire, qui se portaient bien ». Contrairement à onze de ses parents et alliés, il avait été acquitté le 11 février 1794 par la commission militaire et révolutionnaire de Feurs, grâce à l’intervention d’un officier républicain parisien qui avait été son hôte. Jacques travaille à la pharmacie de l’hôpital de Montbrison, puis il crée une petite pharmacie dont les bénéfices doivent faire vivre la famille. Il confie la pharmacie à sa mère, et devient répétiteur au collège de Tournon, tenu par des oratoriens. En 1800, il se rend à l’Hôtel-Dieu de Lyon pour y suivre des cours d’anatomie et de chirurgie, puis à Montpellier, où il complète ses études de médecine. En 1804, il soutient à Montpellier une thèse pour le doctorat de médecine, Quaedam de systemate Browniano ; specimen inaugurale, où il combat les idées de Brown, et s’installe comme médecin à Montbrison, où il développe la pratique de la vaccine.

 En 1805, il remporte le prix du concours ouvert par la Société de médecine de Bruxelles sur cette question : De l’influence de la nuit sur les maladies. Il est alors médecin-adjoint à l’hôpital civil et militaire de Montbrison, membre honoraire de l’Athénée médical de Montpellier, associé national de la Société médicale et de celle de médecine pratique de la même ville, membre de la Société médicale et correspondant du cercle littéraire de Lyon. Il appartient très tôt à la franc-maçonnerie : à partir de 1809, on le trouve à la tête de la loge de Montbrison.

 Le 24 janvier 1811, il épouse Marie Victoire Chavassieu, née à Montbrison le 9 février 1793 (d’après l’acte de naissance et l’acte de mariage, alors que sa tombe au cimetière de Montbrison donne la date du 11 octobre 1788), décédée à Lyon le 10 novembre 1851. Elle était fille d’Antoine Chavassieu (1734-1794) – avoué, procureur en la cour du Forez, fusillé à Feurs le 5 janvier 1794, sur l’ordre de Javogues, comme royaliste et catholique –, et de Madeleine Bouchetal (1759-1831).

 En 1812, luttant contre l’épidémie de typhoïde qui dévastait les montagnes du Forez, il est atteint par la maladie. Il s’installe à Lyon en 1815, et remporte en 1816 le concours de médecin de l’Hôtel-Dieu. Il entre alors dans le Conseil de salubrité du département du Rhône. Il contribue à l’organisation de l’École de médecine de Lyon, créée le 17 septembre 1821, et où il se voit confier la chaire de clinique interne ; il y assure un enseignement conservateur, s’opposant aux innovations, surtout celles de Broussais et de Magendie. Il occupera cette chaire jusqu’en 1830 et la Révolution de juillet ; plutôt que de prêter serment au nouveau pouvoir, il préfère donner sa démission de professeur à l’École de médecine et de médecin du Collège royal. Il redevient alors simple praticien. Il intervient en faveur de son ami Jean de Chantelauze*, emprisonné au fort de Ham pour avoir été ministre de Charles X, et il ira régulièrement lui rendre visite dans sa prison. Une de ses grandes joies est l’élection de son fils Victor* à l’Académie française, le 11 février 1858.

 Il est mort le 19 octobre 1860 à Aix-en-Provence au château de La Sexia, au cours d’un voyage vers Montpellier où il allait voir Jacques Lordat, ancien doyen de la faculté de médecine. Il a été inhumé au cimetière de Montbrison.


Académie

Membre correspondant le 3 mai 1808, il est titulaire le 3 décembre 1816 au fauteuil 2, section 3 Sciences. Discours de réception lu en séance publique le 28 août 1817 : De l’institution du médecin suivant Hippocrate (résumé dans le registre à la séance privée du 26 août). Président en 1823 et en 1830. En 1827, il s’était associé à la protestation des académiciens lyonnais contre le projet de loi de Peyronnet qui visait à supprimer la liberté de la presse.

Son éloge a été prononcé par Ariste Potton* dans la séance publique de l’Académie, le 21 décembre 1861, et à la Société impériale de médecine par le docteur Théodore Perrin le 3 février 1862.

Bibliographie

Ariste Potton, Notice historique sur le docteur Richard de Laprade, Discours de réception, séance publique 21 décembre 1861, Lyon : Vintgrinier, 1862, 39 p. Théodore Perrin, « Éloge historique du Dr Richard de Laprade », Gazette médicale de Lyon, 1er avril 1862, p. 153-159, et 16 avril 1862, p. 180-185. Dumas. – L’Ancien Forez, sous la direction du Révérend du Mesnil, 1884-1885, p. 229, Montbrison : Huguet. – A. Portalier, Tableau général des victimes et martyrs de la Révolution, en Lyonnais, Forez et Beaujolais : spécialement sous le régime de la Terreur, 1793-1794, Saint-Étienne : Thivolier, 1911, p. 389.

Manuscrits

Ac.Ms258 f° 203 : 1er juin 1818, Rapport sur les travaux de la Société de médecine de Lyon depuis le 30 juillet 1812, 1er juin 1818. – Ac.Ms258 f°129 : Appareil fumigatoire de M. Rapon, 18 avril 1820. – Ac.Ms123 f° 314 : Rapport sur l’ouvrage de M de Précy – Ac.Ms123 f° 389 : Rapport sur le discours de Palearius traduit par M. Péricaud, 30 novembre1821 – Ac.Ms220 f° 122 : Rapport sur le Concours de l’Académie de Lyon en 1823, sur l’action des émanations marécageuses, des maladies qui en résultent et des moyens de s’en préserver. – Ac.Ms242 f°221 : Rapport sur le concours de 1825 relatif à la nature et à la distribution des eaux à Lyon. – Ac.Ms159 f°479 : Rapport sur les ouvrages de M. Dupasquier, 2 septembre 1828. – Ac.Ms279-III pièce 17 : Rapport sur l’Esquisse des progrès de la médecine depuis 1800 par M. Pingeon de Dijon, 24 novembre 1835. – Ac.Ms279-III, pièce20 : Rapport sur les ouvrages de M. de Montmejean de la Société Académique d’Aix en Provence, 2 février 1836. Ac.Ms279-II pièce 25 : Rapport sur la candidature de M. Antoine Lambert, 16 août 1842. – Ac.Ms279-II pièce 36 : Rapport sur la candidature de M. l’abbé Noirot. – Ac.Ms279-II pièce 37 : Rapport sur la candidature de M. Porchat de Lausan.

Publications

Quaedam de systemate Browniano ; specimen inaugurale, Montpellier, an XII. – « La Nuit exerce-t-elle une influence sur les malades ? […] Mémoire qui a remporté le prix au jugement de la Société de médecine de Bruxelles », Actes de la Société de médecine de Bruxelles, 1806, p. 267-320. « Mémoire qui a obtenu la mention honorable, en 1819, sur la question proposée en ces termes par la Société de Bruxelles : Quels sont les effets que produisent les orages sur l’homme et sur les animaux ? », Actes de la Société de médecine de Bruxelles, 1810, p. 179-312. – Histoire d’une épidémie de fièvres typhoïdes qui a régné en 1812 dans les communes de Margerie, Soleymieux, Saint-Jean-de-Soleymieus et la Montagne-en-Lavieu, département de la Loire, Compte rendu des travaux de la Société de médecine de Lyon (années 1818, 1819, 1820), Lyon : Cutty, 1821. – Discours sur l’institution du médecin, suivant Hippocrate, prononcé à l’ouverture solennelle de l’École de médecine le 14 novembre 1821, Lyon : Ballanche, 1822, 36 p. – Compte rendu des travaux de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon : Rusand, 1825. – Discours sur l’union de sciences médicales et leur indépendance réciproque, prononcé à l’ouverture des cours de l’école de médecine le 15 novembre 1826, Lyon : Perrin, 1827, 47 p. – Mémoire sur le traitement du rhumatisme par le tartre stibié à haute dose, Rapport fait à l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, dans sa séance du 5 juillet 1836, au nom de la commission de la Martinière, composée de MM. Achard-James, Boulée, de Montherot, et de Laprade, rapporteur, Lyon : Perrin, 1836, 80 p. – Rapport sur une question de responsabilité médicale, Lyon : Perrin, 1837, 36 p. « Avant-propos », Journal de médecine de Lyon, 1841. « Ébauche d’une leçon sur la nature des maladies » ? Journal de médecine de Lyon, juin 1842. – Rapport sur un arrêté du conseil général des hôpitaux de Lyon, relatif au service médical, Lyon : Marle, 1842. – Rapport sur un cas d’hydrophobie, fait à la Société de médecine de Lyon, 1843. – Animisme et vitalisme, Lyon : Vingtrinier, 1861, 16 p. – Il est aussi l’auteur de la Notice sur la topographie médicale de la ville de Montbrison, par le Dr Richard de Laprade, publiée et annotée par L. P. Gras, Montbrison : Huguet, 1870, qui recopie un manuscrit titré : Notice sur la topographie médicale de la ville de Montbrison et de la plaine du Forez présentée à la Société médicale de Montpellier en prairial an XII. – Il a aussi écrit des articles pour le Journal du département de la Loire, où se trouve notamment une critique du Précis historique d’Hector Sonyer Du Lac, et dans le Réparateur.