Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

DUFOURT Jean (1887-1953)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 L’écrivain Jean Dufourt naît le 28 octobre 1887, 9 rue Confort Lyon 2e. Son père Thomas Antoine Ernest Dufourt (Charly 11 juillet 1849-Lyon 8 octobre 1907) est alors employé de commerce, sa mère Jeanne Perronne Chartron (Lyon, 2 juin 1859-23 juillet 1930) est fille d’un avoué. Au xviiie siècle, les Dufourt sont une famille de boulangers établis à Néronde (Loire). Le grand-père de Jean, Honoré fils d’Antoine, y voit le jour le 9 mai 1817 (présent : son oncle Pierre Dufourt, boulanger devenu notaire royal). Installé comme notaire à Charly (Rhône), Honoré se marie à Lyon le 29 avril 1847 avec Jeanne Breyton (Lyon, 16 février 1824-15 mars 1896), fille de Jean Thomas négociant et de Jeanne Marie Gantillon, et il a pour témoin le peintre Jean-Baptiste Frénet, ami de la famille, également présent lors de la naissance d’Ernest à Charly. Honoré décède à Lyon le 18 janvier 1873. Ernest Dufourt épouse le 11 octobre 1882 à Lyon 1er Jeanne Perronne Chartron qui lui donne trois enfants : Édouard Élisée André (né le 27 mai 1885), médecin, Jean Casimir, et Jeanne Louise (née le 14 mai 1889) ; et entre ces deux naissances il devient négociant en soierie. Homme cultivé, il écrit et publie des poèmes (Prima et ultima verba, 1872… 1901-1904 ; Poésies nouvelles, 1908). Il est membre de la Société historique et littéraire de Lyon en 1906 et 1907, et à sa mort reçoit l’hommage d’Antoine Artaud*.

 Après des études secondaires à l’externat Saint-Joseph (auj. lycée Saint-Marc), Dufourt entame une formation commerciale, vite abandonnée pour le droit, et titulaire d’une capacité, il exerce pendant cinq années la profession de clerc de notaire. De santé fragile, il est exempté du service militaire en 1908 ; il n’est pas incorporé en 1914 et appartient au service auxiliaire de l’artillerie de 1917 à 1919. Il se marie le 16 novembre 1912 (Lyon 6e) avec Jeanne Marie Henriette (Lyon, 1887-1958), fille de Hugues François Fayolle (1836-1918) rentier, ancien négociant en peaux, petite-fille de Jean Marie Fayolle, architecte (1792-1883) et cousine de l’architecte Jacques Perrin-Fayolle*. Le couple, qui est venu habiter 24 rue Rabelais au début des années 1930, a trois enfants : Guy, né en 1917, Huguette (1918) et Noël (1920), illustrateur. Guy, professeur de philosophie, marié avec Renée Crézé, professeur de philosophie, militante catholique féministe, a cinq enfants dont Hugues (1943), compositeur, musicologue, philosophe et peintre, chevalier de la Légion d’honneur (2005), et Daniel (1944), professeur de sciences économiques, directeur de l’IEP de Lyon de 1999 à 2004.

 Lors de son mariage en 1912, Jean Dufourt se dit « publiciste ». L’année précédente il a publié chez Grasset son premier roman sous le pseudonyme de Gabriel Salvat, La famille Cadet-Rousselle, suivi de La Barbe-Bleue (1912) et de Dans quel monde (1914). Il se remet à l’écriture en 1919 et dorénavant publie sous son vrai nom. Marielle, roman d’une Lyonnaise, favorisé par une large publicité assurée par les éditions Plon, trouve un écho très positif dans la presse nationale. Jean Dufourt devient désormais un auteur à la mode dont chaque nouvel ouvrage est attendu et commenté (Le Figaro, Ouest-Eclair, Mercure de France, Revue belge, La semaine à Paris, La Croix). Entre 1920 et 1923 il envoie à l’Écho de Paris des contes et nouvelles. La sortie en 1925 de Calixte ou l’introduction à la vie lyonnaise est saluée par la presse, et c’est actuellement ce roman qui, maintes fois réédité, pérennise la notoriété de Jean Dufourt. La publication en 1929 de Laurette ou les amours lyonnaises (édition Didier-Richard) lui vaut le grand prix littéraire des amis de Lyon remis par Edouard Herriot* : « Vous avez donné une excellente impression de l’esprit lyonnais. Votre sobriété, votre discrétion vous ont interdit de creuser trop profondément et vous ont conseillé de ne manier qu’une ironie légère. Vous nous avez présentés avec nos plus charmants défauts. » En 1949 Jean Dufourt est fait chevalier de la Légion d’honneur en tant qu’homme de lettres. Décédé à Lyon le 28 février 1953, il est inhumé au cimetière de Loyasse dans la tombe Fayolle (63, G).


Académie

Sur proposition d’Édouard Herriot*, il est élu le 8 juin 1943 au fauteuil 2, section 1 Lettres. Émérite en 1951. C’est Marcel Josserand* qui prononcera son éloge funèbre : Un deuil dans les lettres lyonnaises : Jean Dufourt (1887-1953).

Bibliographie

Gutton 1985. – B. Poche, Dict. bio-bibliographique des écrivains lyonnais (1880-1940), BGA Permezel, 2007. – Bruno Benoît, DHL. – B. Poche, Une culture autre : la littérature à Lyon (1890-1914), L’Harmattan, 2010.

Publications

Sous le pseudonyme de Gabriel Salvat : La famille Cadet-Rousselle, Grasset, 1911. – La Barbe-Bleue, Grasset, 1912. – Dans quel monde, Grasset, 1914. –

Sous son nom : Marielle, roman d’une Lyonnaise, Plon-Nourrit, 1919. – Sur la route de lumière, Plon-Nourrit, 1921. – Grâce ou la chatte sauvage, Plon-Nourrit, 1922. – Désormais, Plon-Nourrit, 1924. – Calixte ou l’introduction à la vie lyonnaise, Plon-Nourrit, 1925. – Maîtresse Jacques ou l’épouse à tout faire, Plon-Nourrit, 1927. – Laurette ou les amours lyonnaises, Didier-Richard, illustré d’eaux fortes et dessins de Drevet*, 1929. – Une femme comme les autres, Plon, 1931. – Yvette bachelière, Plon, 1932. – Les malheurs de Calixte, Plon, 1936. – Patrice ou l’éducation des parents, Plon, 1939. – La plus merveilleuse histoire du monde, Vitte, 2 vol. illustrés par Noël Dufourt, 1948. – Mes belles-filles dans mon jardin, Plon, 1950. – Virgile, valet de chambre et moraliste, Bartillat, 1994.