Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

RIGOLLOT Henri (1852-1942)

par Nicole Dockès-Lallement, Michel Dürr.

 Pierre Claude Henri Rigollot est né à Beaune (Côte d’Or) le 3 décembre 1852, fils de Jean-Baptiste Rigollot (né le 15 février 1811, Les Goules [Côte-d’Or]) – vérificateur des poids et mesures (ensuite secrétaire de la chambre de commerce de Dijon) –, du mariage contracté à Savoisy (Côte d’Or) le 24 mai 1847 entre lui déclarant et Catherine Eugénie Vernot de Joux (née le 10 septembre 1818, Villaines-les-Prévôtes [Côte d’Or]) ; présents, Pierre Bernard commis demeurant à Beaune, et Claude Gillot, employé demeurant à Beaune. Son grand-père Simon Rigollot avait épousé Anne Roger à Giey-sur-Aujon (Haute-Marne). Le 26 avril 1892, Henri Rigollot épouse à Metz Amélie Valentine Perpignant (née le 27 novembre 1864, Metz), fille de Jean Perpignant, rentier, et de Louise Valentine Arcelin. Il habite alors 4 place de la Victoire, Lyon 3e (act. Palais de la Mutualité). Henri et sa femme s’installent ensuite 273 avenue de Saxe, où naît leur fils Henri Léon Jean (Lyon 3e 24 novembre 1894-Divonnes-les-Bains [Ain] 14 sept. 1949) qui entrera à l’École centrale lyonnaise.

 H. Rigollot décède à son domicile 74 boulevard des Belges à Lyon 6e, le 27 juin 1942. Il est inhumé le 30 au cimetière de la Guillotière, après un office à l’église Saint-Joseph.

 Il a été répétiteur de physique au lycée de Reims en 1872 ; assistant du professeur Jules Violle à Grenoble en 1873 (travaux sur la variation de la chaleur spécifique du platine avec la température, sur la détermination des hautes températures par la méthode calorimétrique, sur la détermination de l’unité photométrique ; expérience au sommet du Mont-Blanc le 25 août 1875). En 1879, il suit Violle à la faculté des sciences de Lyon où il est nommé préparateur, puis chef des travaux ; après le départ de Violle, il travaille avec son remplaçant Georges Gouy, sous la direction duquel il soutient une thèse pour le doctorat ès sciences en 1897 (Recherches expérimentales sur les actinomètres électrochimiques). Il poursuit des travaux sur les projections visuelles des ondes acoustiques. Il est ensuite chargé d’un cours de physique industrielle. Nommé directeur de l’École centrale lyonnaise [ECL], il continuera une carrière universitaire comme professeur adjoint, puis professeur sans chaire, titularisé en 1903, nommé professeur adjoint honoraire à sa retraite en 1917.

 À l’ECL, il est d’abord chargé (3 novembre 1879-1892) des cours de chimie de 1re et 2e années où il introduit la notation atomique ; il assure ensuite le cours de physique, puis celui d’électricité générale. En 1902, il est nommé directeur et le reste jusqu’en 1929. Pendant plus d’un quart de siècle, il oriente l’École vers un enseignement technique moderne de haut niveau, insistant sur la nécessité d’une culture générale scientifique (« penser juste ») pour développer le sens de l’observation et les connaissances techniques (« observer juste ») ; il développe les mathématiques et diminue la place des cours de chimie, jusque-là prépondérants. Il crée une 4e année facultative de spécialisation (une section A d’électrotechnique et mécanique appliquée, une section B de construction et travaux publics qui devient génie civil après 1918). En 1904, sous l’impulsion de la Chambre de commerce, il instaure des cours pour ceux qui se destinent aux colonies (cours de chinois, d’arabe, d’hygiène coloniale, de travaux publics). C’est l’époque de la création du Bulletin mensuel de l’Association des anciens élèves de l’École centrale lyonnaise (Technica). Le 16 nov. 1907, soutenu par le maire Édouard Herriot*, il organise pour le cinquantenaire de l’École une grande journée de fête commémorative. En 1913, lorsque Paul Huvelin établit une collaboration entre Lyon et l’université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), il s’occupe de la création de l’école d’ingénieurs de Beyrouth ; ce sont d’anciens élèves de l’ECL qui en deviennent directeur et enseignants. Il participe aussi à l’organisation de l’Exposition internationale urbaine qui a lieu à Lyon en 1914. Pendant la Guerre de 1914-1918, il supprime à l’ECL les 3e et 4e années ; ne sont maintenus que les cours des deux premières années. Pour remplacer les professeurs mobilisés, il fait appel aux professeurs en retraite et enseigne lui-même. En 1919, il doit encadrer plus de 500 élèves, souvent officiers et âgés de plus de 25 ans ; il met en place huit promotions différentes. En même temps, tout en préservant son indépendance, il rapproche l’École de la faculté des sciences ; elle devient Institut technique supérieur de l’université de Lyon, établissement d’utilité publique (3 août 1921), habilité à délivrer le diplôme national d’ingénieur. Il est envoyé en mission d’études sur l’enseignement technique à l’étranger. En 1922, est créé un poste de sous-directeur de l’École sur lequel est nommé Pierre Lemaire, ancien officier de la marine nationale qui lui succèdera comme directeur en 1929. Pour ses élèves, H. Rigollot a incarné « la dignité et la distinction personnifiées » ; ils se souviennent de sa silhouette longiligne, de son allure un peu austère, de sa jaquette et sa cravate blanche, de sa « main ferme gantée de velours » qui arrêtait les chahuts : « Messieurs, vous vous êtes conduits comme des gamins », et le calme revenu dans les cours « il repartait hiératique, accompagné par le professeur rasséréné ».

 Membre du conseil d’administration de la Société d’enseignement professionnel du Rhône (S.E.P.R. créée par Arlès-Dufour).

 Officier de l’Instruction publique en 1889. Chevalier de la Légion d’honneur, 20 juillet 1920 par le ministre du Commerce dont relève l’ECL ; insignes remis par le sénateur Jean Coignet*, président de la chambre de commerce de Lyon et du conseil d’administration de l’ECL.


Académie

Sur le rapport établi par le comte Magnus de Sparre*, Henri Rigollot est élu à l’académie le 5 décembre 1922 au fauteuil 7, section 1 Sciences. Son discours de réception, le 13 mars 1928, traite de L’enseignement technique supérieur à l’étranger (MEM 20, 1931). Il est président en 1928. Il prononce l’éloge funèbre de Charles Jacquier (Ibidem), puis celui de de Fernand Mitifiot de Belair (Ibidem). Le 18 février 1936, dans le cadre de l’hommage rendu par l’Académie à André Marie Ampère, il fait une communication sur La formation scientifique d’Ampère (page illustrée du Nouvelliste, dimanche 1er mars ; et Ampère et l’électricité, n° spécial Technica, Lyon, 1936). Le 23 février 1937, il parle d’Une révolution dans nos idées de la science (les quanta d’énergie) publiée sous le titre : Quelques notes sur la physique d’hier et la physique d’aujourd’hui (MEM 21, 1939, et Technica, septembre 1937). Maurice Lannois* a prononcé son éloge funèbre (MEM 24, 1945, portrait photogr.).

Publications Avec A. Chavanon, « Projections des phénomènes acoustiques », Journ. Phys. Théor. et appliquée, 1883, p. 553-556. – Avec G. Gouy, « Sur un actino-mètre électrotechnique », CRAS 106, 1er semestre 1888, p. 1470. – « Sur les spectres d’absorption des solutions d’iode », CRAS 112, janvier 1891, p. 38. – « Über die Absorptionspectren der Lösungen von Jod », Zeitschrift für Analytische Chemie 30, 1891. – « Effet des matières colorantes sur les phénomènes actino-électriques », CRAS 116, août 1893, p. 898. – « Applications télégraphiques de l’actinométrie électrochimique », Ann. télégraphiques, septembre 1893. – « Action des rayons infra-rouges sur le sulfure d’argent », CRAS 121, juillet 1895, p. 164. – « Sur un actinomètre électrochimique », Ann. chimie phys. 22, (6), p. 567.Recherches expérimentales sur quelques actinomètres électrochimiques, Paris : Masson, 1897, 138 p. – Cours de physique industrielle, 1902 ; 1920-1921. – De l’enseignement technique supérieur à l’étranger, Lyon : Rey, 1928, 15 p. – Conférence sur l’École centrale lyonnaise, Lyon : Legendre, 1929, 11 p.

Bibliographie

Bull. mensuel de l’ass. des anc. élèves de l’École centrale lyonnaise, n° 250, sept.-oct. 1929. – Auguste Jouret, École centrale lyonnaise. 1857-1957, Lyon : Lescuyer, 1957.