Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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GENOD Michel Philibert (1795-1862)

par Isabelle Collon.

 Né à Lyon, 117 rue de la Convention (act. rue Royale), le 4e jour complémentaire an III [20 septembre 1795], fils du citoyen Vincent Genot [sic], menuisier-charpentier, originaire de Cormaranche, près d’Hauteville-en-Bugey, et de Marie Claudine L’Empereur, ouvrière, native de la paroisse de Saint-Julien-de-Bresse (Saint-Julien-sur-Reyssouze). Témoins à la déclaration le 21 : Michel Cachet, fabricant quai Bel-Air, et Jean Jacques Burdalet, même état, place Bel Air. Vincent Genod signera « Genod » pour la naissance de sa fille Fleurie à Lyon Nord le 21 floréal an XII. Le peintre signait lui aussi : Genod.

 Michel Philibert entre à l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1807. Il est l’élève de Pierre Révoil* (il en deviendra l’ami) dans son cours de figure ; il remporte en 1813 le 2e prix de peinture, et l’année suivante le 1er prix. Exempté de service militaire dans la classe de 1815, il frôle l’enrôlement dans les armées napoléoniennes, ce qui expliquerait, dit-on, son attachement provisoire aux Bourbons, puisqu’il deviendra bonapartiste.

 Son premier envoi au Salon de Paris en 1819 est un succès, il y produit des œuvres qui s’adressent au cœur : L’enfant malade (décrit ainsi par Chenavard* : « il s’est endormi, sa mère en proie à de mortelles angoisses le regarde pendant que sa jeune sœur agenouillée prie pour lui ») ; La bonne mère, intérieur de cuisine (Galerie Stéphane Grodée, en 2012). Les deux tableaux lui valent la grande médaille d’or et sont achetés par le duc de Berry. Il a trouvé là une veine féconde, et il se spécialise dans la peinture de genre, avec une technique claire et soignée. Son style, ses thèmes le feront surnommer « le Greuze lyonnais » à cause de son goût de l’anecdote moralisatrice et édifiante, et Achille Chaine le nommera « le Raphaël du Gourguillon », où il a habité. Auguste de Forbin (1777-1841), dont le père et un oncle avaient été tués à Lyon sous la Convention, et qui avait été élevé par Jean-Jacques de Boissieu*, était devenu en 1816 directeur des Musées royaux. Il favorise les acquisitions des œuvres de Genod, qui réalise les portraits d’apparat de Louis XVIII en 1819, et de Charles X en 1825, destinés à la salle du conseil général du Rhône et à la préfecture (aujourd’hui au musée des Beaux-arts de Lyon : H 739 et H 742). Louis XVIII lui avait acheté Le mariage Bressan ou Le mariage de deux Bressans bénis par leurs aïeux (Salon de 1822) pour le musée du Luxembourg (déposé depuis au musée de Brou). En 1825, Charles X fait de même avec Le Moine des Pyrénées ou Scène de l’armée d’observation sur les Pyrénées (Salon de 1824 ; déposé par l’État au musée de Saint-Gaudens en 1876). En 1825, il obtient une des quatre commandes pour le décor du grand salon de l’archevêché (Saint-Polycarpe refuse de sacrifier aux idoles, 1826-1827 ; aujourd’hui à la primatiale), qui sera suivie de tableaux pour les églises des Macchabées à Saint-Just et de Saint-Nizier à Lyon.

 En 1839, protégé par Jean Claude Fulchiron, député du Rhône de 1831 à 1845, il obtient un poste de professeur à l’école des Beaux-Arts de Lyon dans la classe de principes et de bosse (c’est-à-dire-de dessin d’après le plâtre) ; puis il succède à Bonnefond dans la classe de peinture, et il meurt en fonction. En 1845, il achève la peinture troubadour de Pharamond élevé sur le pavois par les Francs. 420, commencé en 1841 au château de Versailles (aile nord des ministres) par Revoil, décédé en 1842. Il a aussi écrit des chansons très amusantes, et a exécuté des caricatures des membres de la Confrérie des Bonnets de coton dont il faisait partie.

 Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 15 novembre 1855 (LH/1111/19), pour son tableau La cinquantaine présenté à l’Exposition universelle de 1855 : « Deux époux septuagénaires, entourés d’une nombreuse famille, à laquelle ils ont donné l’exemple des vertus conjugales, vont, après cinquante années d’une heureuse union, renouveler la cérémonie de leur mariage (Chenavard, 1858) ». Médaillé à Lille (deux fois dont 1827) et à Douai.

 Il est mort à Lyon maison Clary, place du Point-du-Jour le 24 juillet 1862. Selon l’acte de décès, dressé à Lyon 5e à la requête de son gendre Henri Bernus, il habitait alors 62 rue Monsieur (act. rue Molière). En 1823 et 1833, il demeurait 27 montée du Gourguillon, en 1843 8 cours des Brosses à La Guillotière, et en 1854 50 rue Monsieur. Il est enterré au cimetière de Loyasse au rond-point, croisement des allées 1 et 2. Ses amis, ses élèves et les artistes Antoine Chenavard* et Guillaume Bonnet firent élever une stèle portant son médaillon et les attributs de sa profession (Hours, 34). Un discours a été prononcé sur sa tombe par Charles Antoine Fraisse* (MEM L 1862-1863, et Lyon : Vingtrinier, 1862, 5 p.).

 Il avait épousé en 1822 Louise Joséphine Raymond qui lui donna plusieurs enfants, dont Claudine Cécile Malvina, née à Lyon le 11 août 1823, épouse à la Guillotière le 6 septembre 1843 d’Henry Bernus, négociant ; Jenny Honorine, née au Bois-d’Oingt (au domicile de Jacques Marie Gonnet, docteur en médecine, beau-frère) le 7 janvier 1833, épouse à Lyon le 15 novembre 1854 d’Henri Constant Spiridion Candy, fils d’un avocat de Bourgoin.


Académie

Déjà admis comme candidat le 3 août 1858, sur un rapport d’Antoine Chenavard, il se trouve en 1861, selon un rapport de Louis Dupasquier*, en concurrence avec Louis Janmot et Jean Marie Reignier*, tous trois professeurs à l’école impériale des beaux-arts de Lyon. Il est élu le 11 juin 1861, au fauteuil 2, section 4 Lettres, abandonné par Chenavard, devenu émérite en 1854, au profit du peintre Simon Saint-Jean*, décédé en 1860. La maladie l’empêche de prononcer son discours de réception : Éloge de mon maître Pierre Révoil, lu lors de la séance publique du 15 juillet 1862 et inséré dans le même volume que son éloge funèbre (MEM L, 1862-1863). Reignier occupera son fauteuil en 1862. L’Académie conserve son Portrait du sculpteur Jean François Legendre-Héral* (huile sur toile, H. 0,325 ; L. 0,245 m), légué par Jacques Pierre Pointe, en 1860.

Bibliographie

É. Hardouin-Fugier et Étienne Grafe, La peinture lyonnaise au xixe siècle, 1995. – Les peintres de l’âme, catalogue de l’exposition au Palais Saint-Pierre, Lyon, juin-septembre 1981. – Léon Boitel, « Genod », RLY 6, 1853, p. 230-236. – Rapport sur la candidature de M. Genod par M. Chenavard et Rapport sur la candidature de MM. Genod, Janmot et Reignier, séance du 3 août 1855, in dossier académique de Genod. – Joconde, portail des collections des musées de France.

Iconographie

Genod figure dans la lithographie de Jean-Marie Jacomin (1789-1858) montrant les peintres de l’école de Lyon en 1821. – Il s’est lui-même représenté dans La fête du grand-père (le fils coiffé d’un bonnet, à droite).

Œuvres

Outre les œuvres déjà citées, on trouve au musée des Beaux-arts de Lyon : Les adieux d’un soldat (Salon de 1824 ; inv. A 140) ; La fête du grand-père (encore titré La fête du bisaïeul, salon de 1839 ; acheté par Louis-Philippe et aurait été donné au musée à la demande de Boitel ; inv. A 231) ; Le peintre Stella dans sa prison (inv. H 741) ; Le général-baron de Maupetit au siège de Zamora (inv. A 2818) ; Une scène de l’inondation des Brotteaux en 1856 (Salon de 1857, donné par Napoléon III ; inv. A 2941). – Musée de Brou : François Artaud au milieu de sa collection d’antiquités (Salon de 1819, encore titré Le vestibule où sont des antiquités) ; Le mariage de deux Bressans bénis par leurs aïeux ; Jeune fille au panier de fleurs. – Église Saint-Nizier : La charité de Sainte Élisabeth de Hongrie. – Église de Saint-Just : Le Christ et la Samaritaines. – Musée de la Lunette à Morez : La moisson, jeune mère ; L’arrivée des moissonneurs dans les marais Pontins ; Le retour de la fête de la madone de l’Arc près de Naples d’après Robert Léopold. – Autres œuvres répertoriées : Madame de Vaugelas marquise de Marniolas et ses enfants dans un intérieur (1821) ; Chasseur qui a blessé son chien (Salon de 1822) ; Intérieur de salon, portraits de famille (Salon de 1822) ; Sœur hospitalière donnant ses soins à un enfant malade (Salon de 1822) ; Une jeune veuve qui vient de perdre son enfant, pleure devant son berceau vide (Salon de 1824, encore intitulé Le berceau vide) ; Une femme d’Arles, revenant des champs (Salon de 1824) ; L’Amour éveillant Psyché (1827) ; Le Phidias du canton de Berne (1829) ; Le retour des champs (1829) ; Il est sauvé ! (Salon de 1833) ; Un tirailleur de la vieille garde pansé par sa femme (Salon de 1835) ; Un prisonnier d’État sous Louis XIII (Salon de 1835) ; Saint Laurent et les richesses de l’Église (Salon de 1848 ; Musée d’art moderne de Saint-Étienne) ; Un prisonnier et l’impitoyable consigne (Salon de 1857) ; Le roi boit (Salon de 1861) ; Un apprenti peintre (Salon de 1861) ; La jeune fileuse ; Les adieux du condamné ; Les enfants peintres ; La mère hospitalière ; Intérieur de cuisine ; Soldats de l’Empire secourant un moine ; Chambre à louer.

Boitel cite encore : Le mauvais propriétaire ; La mère mourante ; Les petits partageux ; Le jour des cendres ; Patrie et famille ; Les suites de la guerre civile ; La réunion de l’Église grecque et de l’Église romaine ; La ménagère d’Arles ; Les Grecs défendant le labarum ; Le Vieux marin goutteux ; Le Barbier de caserne ; La cuisinière d’Arles ; Tableau votif contre le choléra. Il y aurait eu dans la chapelle de l’hôpital de Belleville un tableau représentant Les différents degrés de la perfection religieuse (Boitel).