Né et baptisé à Lyon Saint-Nizier le 10 mai 1696, fils d’André Dumas, passementier, et d’Anne Bérardier, « parens honnêtes de qui les enfans de l’un et de l’autre sexe se consacrent à la vie religieuse » (Bollioud*, qui donne la date du 10 septembre). Parrain : Jean Chalagne, passementier ; marraine : Claudine Bronze, femme de Sébastien Marinier [marchand Petite rue Mercière, décédé en 1722].
Il embrasse l’état des jésuites à qui il devait l’éducation de sa jeunesse. Entré au noviciat le 7 septembre 1711, il est envoyé « aux missions étrangères. Il va dans le Canada, s’initier aux travaux apostoliques, passe dans la région des Illinois, s’y applique à l’étude des mathématiques pour la rendre utile à ce peuple et l’attirer par plusieurs voies aux instructions de la foi » (Bollioud). On lit en effet dans Charlevoix les idées des « Sauvages » sur les astres et le tonnerre (p. 399-401) ; il semble que les connaissances scientifiques des jésuites aient pu impressionner ces autochtones. Doit-on penser que le mémoire publié dans le Journal de Trévoux en 1728 relatif à des calculs d’aires soit en relation avec l’arpentage ? Nous l’ignorons. Dumas reste en Amérique de 1726 à 1740, d’après Sommervogel, et Bollioud interprète ainsi son départ : « Ces barbares ayant chassé les français et les missionnaires, il est contraint de revenir dans son pays y exercer des fonctions moins périlleuses ». Toutefois, d’après Charlevoix, « on est assuré des Illinois plus que l’on ne l’est en Canada d’aucune Nation sauvage... Ils sont presque doux, & de tout tems très-affectionnés aux François » (p. 403). Rentré en France, il est nommé au collège de Dôle où il régente quelque temps les humanités, puis au collège de la Trinité à Lyon comme professeur de l’hébreu (il y apparaît à partir de l’Almanach pour 1746). Voici ce qu’en dit Barou du Soleil* à sa mort : « M. L’abbé Dumas fut Longtems Profésseur de Langue hébraïque au collège de La trinité de cette Ville – malgré la profonde connoissance qu’Il avoit de cette Langue, Le peu d’Intérêt qu’elle Inspire, rendit toujours Le nombre de ses auditeurs fort rare, et même pendant une année entiere, Il fut réduit a un seul, M. L’abbé Bossut. Le Professeur ayant discerné Les dispositions de Son écolier a L’Etude des hautes sciences, L’engagea a entrer sous ses auspices dans cette carriere, et Les Leçons d’hébreu furent converties en leçons de mathématiques, qu’on Peut regarder comme La baze de La célébrité que M. L’abbé Bossut, notre confrere et notre compatriote, s’est Justement acquise. S’il étoit Possible que tous les Profésseurs eussent la même facilité pour étudier Les vraies dispositions de Leurs Elèves, chaque Talent seroit a sa place, et cet exemple, peut etre unique dans les colléges, Prouve les avantages de l’Education privée. » [f. 579v]. Bossut et Lalande le « révèrent comme ayant été leur premier Maître » (Journal des Sçavans, octobre 1770, p. 701). Il n’a pas été trouvé d’imprimés ni de manuscrits de Dumas sur l’hébreu, ni sur les langues (il connaissait probablement quelques langues indiennes d’Amérique) ; ses travaux connus portent sur les mathématiques, l’astronomie, la mécanique et la musique, mais il n’existe de manuscrits que sur la période où Dumas est à l’académie. Ses mémoires de mathématiques portent essentiellement sur le calcul intégral, ceux d’astronomie concernent les planètes et comètes (surtout autour de la grande effervescence de 1758-1759, avec les travaux de Clairaut sur le retour de la comète de Halley), ceux de mécanique tendent à réfléchir sur les problèmes des forces vives et sur divers aspects plus pratiques. Enfin, en musique, Dumas développe une théorie de l’harmonie et du tempérament proche de celle de Rameau, en opposition à Bolioud-Mermet. Après l’éviction des jésuites du collège de la Trinité en 1762, Dumas reste à Lyon, comme Béraud*. Mais ne voulant pas renier son ordre lorsque les jésuites sont expulsés de France, il doit émigrer en 1764 à Avignon où il meurt en le 4 janvier 1776 dans sa 80e année et inhumé dans le presbytère paroisse Saint-Pierre. Certains auteurs (à la suite de Bréghot) le nomment par erreur J. H. B. Dumas.
Proposé le 18 janvier 1754, il est élu le 26 avril à l’Académie des beaux-arts, alors appelée Société royale, comme académicien ordinaire à une place d’astronomie, et il lit son remerciement de réception le 3 mai (Ac.Ms263 f°68) ; il y lit un mémoire dès le 17 mai. Lors de la réunion des deux académies en 1758, il est placé dans la classe des sciences. Il est très actif, comme le montre la liste de ses manuscrits, mais ne sera jamais directeur pendant ses dix années d’académicien titulaire. Dumas est commissaire avec Valernod* pour le premier des prix Christin* (relatif aux figures des pales des rames) remis en 1760. Il démissionne le 15 mars 1764, étant expulsé du royaume comme jésuite ; on a conservé sa lettre de démission (Ac.Ms268-I f°7 et 10). En tant que vétéran, il n’a droit qu’à un éloge bref (évoqué plus haut) au sein du discours d’ouverture de la séance publique du 23 avril 1776, par le directeur semestriel de l’académie réunie, Barou du Soleil.
Bollioud, p. 168-170 et 212. - Sommervogel, t. III, col. 274-275. – Éloge par Barou du Soleil, Ac.Ms267-II f°478v-479v. – « Lettre du P. Gabriel Marest, Missionnaire de la Compagnie de Jésus. Au Père Germon de la même Compagnie », in Lettres édifiantes et curieuses, écrites des Missions Étrangères, par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus, XIe recueil. Paris : N. Le Clerc, 1715, p. 303-389. – François Xavier Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle-France, Paris, 1744, en particulier, t. 3, Lettres XXVII-XXIX, p. 379-411. – Pierre Guillot, Les jésuites et la musique: le collège de la Trinité à Lyon, 1565-1762, Liège : Mardaga, 1991.
Sur la solution d’un problème de Képler, étant donnée l’anomalie moyenne, trouver la vraie, et Sur une espèce de cœur formée par la rotation d’une ellipse autour d’un de ses diamètres obliques, 17 mai 1754 (Ac.Ms207 f°1-8). – Mesure de la surface du cône scalène par Mr Bossut [...], suivi de Addition à la solution précédente de Mr Bossut, 12 septembre 1755 (AcMs202 f°1-3). – Mémoires suivants lus le 21 mars1755 et paginés ensemble par l’auteur : Mémoire sur le tempérament de l’orgue et du clavecin, Sur le problème astronomique de Mr Halley, Solution d’un problème d’algèbre, Addition au mémoire sur le tempérament (AcMs160 f°1-10). – Mémoires lus le 6 mars 1756 et paginés ensemble par l’auteur : Principes de l’harmonie, Dimension des orbites des planètes (AcMs160 f°11-18). – Eclaircissements en forme d’entretiens sur l’harmonie tempérée, 18 mars 1757 (AcMs160 f°19-32 et 45-47) et même titre, 15 juin 1762 (f°35-43). – Traité d’harmonie théorique et pratique, 4 juillet 1759 (AcMs160 f°51-85) + extraits (= résumés) (f° 86-87). – Observations sur le jeu de dés harmoniques, 28 novembre 1758 (AcMs160 f°49-50). – Mémoire sur la force centrale tendante au centre du cercle, 18 juillet 1755 (AcMs208-I f°32-32bis). – Essais sur les forces vives, 28 mai 1756 (AcMs209 f°20-21). – Mémoire sur une proposition élémentaire d’hydrostatique, 6 février 1756 (AcMs186 f°71-72). – Mémoire sur la théorie des comètes d’après la théorie d’Euler. Comète de 1757, 3 et 10 juillet 1759 (?) (AcMs205 p. 1-17 puis f°18-19). – Sur la comète de 1757, 21 juillet 1758 (AcMs205 f°52-61). – Mémoire sur les comètes en général et celle de 1759 en particulier, 12 février et 22 avril (séance publique) 1760 (AcMs205 f°66-70). – Théorie directe des comètes, 15 avril 1760 (AcMs205 f°38-40). – Nouvel essai de la théorie des comètes et son application à la 2ème comète de 1760, 21 juillet 1761 (AcMs205 f°71-88). – Avec Valernod, Rapport, et additions par Dumas, pour le prix « Recherches sur la figure la plus avantageuse des pales des Rames », 3 et 10 juin, 19 août, séance publique du 26 août 1760 (AcMs172 f°194-205)
Autres mémoires ou rapports, signalés dans les registres ou par Bollioud, et non retrouvés dans les fonds de l’Académie : Rapport critique de Bollioud et Dumas sur les tableaux harmoniques de Montsabert, jugés inutiles pour la pratique, 3 août 1762. – Diverses questions sur les genres d’harmonie diatonique et chromatique, 21 juin 1763. – Avec Béraud et Mathon*, Examen du projet de méridienne de l’hôtel de ville de l’architecte Terrier, 21 et 28 février 1764.
« Règle générale pour la quadrature de toutes les Courbes, par le Père Dumas de la Compagnie de Jésus, Missionnaire aux Illinois », Mém. Trévoux, 1728, p. 1974-1976. – Mémoire sur la cycloïde, Addition aux Mém. Trévoux de mai 1730, p. I-XVI. – Il a traduit de l’anglais les explications de Gardiner, dans l’édition du P. Pézenas (Avignon, 1770), des Logarithmes des sinus de dix en dix secondes (Journal des Sçavans, octobre 1770, p. 701).