Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

TRÉLIS Jean-Julien (1757-1831).

par Nathalie Fournier, Denis Reynaud.

  Il est né à Alais (Alès, Gard) en Languedoc le 23 octobre 1757, dans une famille calviniste. Son grand-père, Jean Trélis, régisseur des biens d’Alais de 1754 à 1759, était rentier du fief de La Bedosse depuis le 1er août 1755 (Jean-Julien signera encore le 11 mars 1789 à l’assemblée du tiers état de la ville d’Alais : Trélis de La Bedosse).

  À 20 ans, Jean-Julien Trélis vient à Paris auprès d’un oncle ; il est présenté à D’Alembert, à Rousseau, et peut-être à Voltaire. Revenu à Alais en 1788, il est nommé membre du directoire du département du Gard et réside à Nîmes. Il épouse le 21 décembre 1790 (déclaration par sa mère du mariage privé de son fils, registre protestant, 1788-1792), Anne Prestreau , née vers 1767 à Nîmes, fille de Jean Prestreau (Nîmes, 1767-16 avril 1816) et de Louise Gentien (1740-Nîmes 26 septembre 1808). Divorce à Alais le 16 germinal an II, au prétexte que le mari a abandonné sa femme et se trouve sur la sixième liste des émigrés. Mais à la mort d’Anne Prestreau à Lyon, le 4 octobre 1846, celle-ci est toujours déclarée veuve de Trélis par ses neveux Alexandre et Georges Filter. Ces derniers sont respectivement l’arrière grand-père et le grand-père du géologue Frédéric Roman*.

 Contraint de fuir en Suisse en 1793, Trélis y aurait fait la connaissance du futur Louis-Philippe à Reichenau. Après la chute de Robespierre, il revient à Nîmes, obtient sa radiation de la liste des émigrés et se consacre à ses travaux littéraires. Après le 18 Brumaire, il est nommé conservateur de la bibliothèque de Nîmes. Quand l’académie du Gard est recréée en 1804 (après la suppression de l’académie de Nîmes pendant la période révolutionnaire), il en devient membre et en est le secrétaire perpétuel de 1805 à 1815. Il y déploie une grande activité, rendant compte des travaux de ses collègues – il est le rédacteur des Notices sur les travaux de l’académie du Gard, de 1805 à 1813 – et donnant lecture de ses propres travaux sur des sujets extrêmement variés, dont le long poème en quatre chants intitulé Le Dix-Huitième Siècle, chants dithyrambiques, qui rend compte des progrès de la littérature, des sciences et des arts pendant cette période, et en 1807, les « Considérations sur les avantages et les inconvénients des idiomes propres à chaque localité, et en particulier sur l’origine et le caractère de l’idiome languedocien ». Après les Cents-Jours et le retour de Louis XVIII, Trélis est contraint pour des raisons politiques (son passé révolutionnaire et sa qualité de protestant) de quitter Nîmes ; il vient d’abord s’installer à Clermont puis à Lyon.

  Il est mort dans la commune de Vaise, à son domicile montée de Balmont, le 24 juin 1831, et il est inhumé au cimetière de Loyasse. Sont déclarants sur l’acte de décès : Agenod Allat, employé à la manufacture des tabacs à Lyon, et Jean Philippe de Werther de Seynes, propriétaire à Lyon (Nîmes 9 septembre 1800-Segoussac [Gard] 5 mai 1865, négociant en textiles Benezet et Cie, à Lyon, d’une famille protestante). Il est dit époux d’Anne Prestrau. Autrement orthographiés, Jean Julien Treilis et Anne Prestreau avaient divorcé à Alès le 15 germinal an II [4 avril 1794]. Cependant, Anne Presteau, décédée à Lyon le 4 octobre 1846, est dite dans l’acte de décès veuve de Jean Julien Trilis qu’elle avait épousé à Nîmes, la déclaration étant faite par ses deux neveux Georges Albert et Alexandre Fitler.


Académie

J.-J. Trélis demande à être membre en 1821, et il appuie sa demande de sa traduction en vers français de l’Essai sur la critique de Pope. Il y est admis le 4 juin 1822 et écrit pour en exprimer sa reconnaissance le 11 juin 1822. Il devient adjoint au secrétaire perpétuel de l’Académie et chargé de la conservation de la bibliothèque léguée par Pierre Adamoli*, qui venait d’être restituée à l’Académie par le baron Rambaud*, maire de Lyon.

Il déploie une grande activité de polygraphe pendant les années où il siège à l’Académie. Il y présente de nombreux rapports, dont le rapport sur le Concours de poésie sur le siège de Lyon et les rapports sur les candidatures de M. Prunelle, de M. Roy et de M. Renaud de Vilback. Auteur prolifique, il donne lecture en séance publique de nombreuses œuvres de sa composition, en vers comme en prose, d’inspiration extrêmement variée : son poème Le xviiie siècle, des traductions de Xénophon, des traductions en vers français d’Horace, Tibulle, Sapho, des contes imités de Marmontel, une lettre célébrant l’érection de la nouvelle statue de Louis XIV, un chant funèbre célébrant la mort de lord Byron, etc. Il est également le rédacteur en 1827 de la supplique adressée au Roi par l’Académie pour faire retirer le projet de loi présenté par le comte de Peyronnet contre la liberté de la presse.

Membre de la société littéraire de Lyon de 1828 à 1831, et de la société linnéenne de Lyon en 1831, à laquelle il fit don d’échantillons de minéraux et de coquilles. Correspondant de la Société des sciences, lettres et arts de Montpellier.

Son éloge funèbre a été prononcé le 21 décembre 1833 par le docteur Jean Marie Pichard*, qui lui succédera comme conservateur de la bibliothèque.

Bibliographie

Michaud. – Quérard. – Dumas. - Michel Nicolas, Histoire littéraire de Nismes et des localités voisines qui forment actuellement le département du Gard, Nîmes : Ballivet et Fabre, 1854, p. 201-215. – Jean-Marie Pichard, Éloge de J.-J. Trélis, Lyon : Gabriel Rossary, 1833, 12 p. – Ann. Soc. linn. Lyon, Lyon : Perrin, 1836.

Iconographie

Une rue de Nîmes, voisine de la bibliothèque où il a passé une partie de sa vie, porte le nom de rue Jean-Julien Trélis depuis un arrêté municipal du 8 décembre 1856. A Alais, une rue porte le nom de Trélis, écrit « Trellis ».

Manuscrits

Ac.Ms114, Traduction en vers français de l’Essai sur la critique de Pope avec lettre de dédicace à M. de Gérando, 1821, 56 p. – Ac.Ms123ter f°121, Le Tableau traduction d’un fragment de Xénophon. – Ac.Ms123ter f°132, Rapport sur le Voyage dans le Languedoc de M. Renaud de Vilback [Voyages dans les départemens formés de l’ancienne province de Languedoc, 1825]. – Ac.Ms123ter f°100, Rapport sur plusieurs ouvrages de M. Prunelle, 7 mars 1825. – Ac.Ms123ter f°152, Rapport sur les productions de M. Roy, artiste, 13 mars 1827. – Ac.Ms125bis f°98, Rapport par Bréghot* sur la trad. de l’Essai sur la critique de Pope par M. Trelis. – Ac.Ms125bis f°175, Lettre sur la vie et les ouvrages de Sappho, à M. le Docteur Prunelle. – Ac.Ms 244-II f°3, Rapport sur le Concours de poésie sur le siège de Lyon. Ac.Ms270 f°7, Observations de M. Trélis document relatif à l’Histoire de l’Académie de Dumas.

Publications

Statuts de l’Académie du Gard, extrait des PV de l’Académie du Gard, séance du 10 germinal an XIII, Nismes : Veuve Belle, [1805], 27 p. – Notice sur les travaux de l’Académie du Gard pendant les années 1804 à 1813, Nismes : Veuve Belle, 8 vol., 1805-1822. – Dessin du Pont du Gard présenté à l’Académie par M. Alphonse de Seynes, observation de M. Grangent et rapport de M. Trélis à de sujet, notice des travaux de l’Académie du Gard, 1810, p. 490-500. – Satires de l’Arioste, traduites en français, Lyon : Laurent, 1826, et Paris, 1827, 243 p.

Cette notice a été révisée.