Jean Jules Antoine dit Tony Tollet voit le jour le 6 novembre 1857, au 19 (au 16 d’après le recensement, Lyon 2e) rue Bourgelat ; présents : Jean Jules Grillet, rentier, et François Pointet, harnacheur (il est le père de l’érudit Joseph Pointet né en 1851). Tony est le fils de Claude Marie Joseph Tollet (né le 10 mars 1813, 17 place Bonaparte [act. place Bellecour], décédé le 7 juillet 1877, 19 rue Bourgelat, fils lui-même de Julien Tollet, tapissier, et de Marie Francou), tapissier, qui a fondé en 1846 une importante entreprise de déménagements et garde-meubles aux 4, puis 19 rue Bourgelat. Joseph Tollet a épousé, le 12 juillet 1843 à Lyon, Pierrette Louise Pidot (née à Mâcon 1er mars 1826), fille de Jean, fabricant d’eau minérale, Lyon, 56 rue Franklin, 10 août 1890. De ce mariage naissent à Lyon Marc Claude Julien (25 avril 1844), Antoinette Marie (9 décembre 1856), Tony (1857) et Pierrette Marie (11 juin 1859).
Victime dans sa prime enfance d’une maladie, qui le contraint à l’immobilité, Tony développe très tôt son goût pour le dessin. Son père ne se montrant pas favorable à une carrière artistique pour son fils, il doit suivre des études classiques, mais grâce à l’intercession d’un ami de la famille, il entre tout de même à l’école des beaux-arts de Lyon en 1873, l’année de ses 16 ans. Il y est fortement marqué par l’enseignement du peintre Michel Dumas (Lyon, 1812-1885), ancien élève de Bonnefond*, Grobon* et Ingres. Il reçoit en 1878 une médaille d’honneur, puis l’année suivante le grand prix de Paris qui offre au lauréat une bourse d’étude de trois ans dans la capitale, en échange d’une toile offerte chaque année à l’école de Lyon. Inscrit à l’école des beaux-arts de Paris, il fréquente également l’atelier du peintre académique Alexandre Cabanel (Montpellier 1823-Paris 1889). Il est domicilié 81 boulevard Montparnasse, puis 9 rue de Bagneux en 1889, date à laquelle il revient à Lyon pour soutenir sa mère malade. Pendant ces dix années parisiennes, il expose à Lyon, et obtient notamment en 1882 une médaille d’or de l’exposition universelle de Lyon pour son tableau De la coupe aux lèvres ; et le 10 juillet 1883, l’Académie lui décerne le prix Dupasquier (MEM 1884). En 1886 il devient correspondant de la Société des Amis des Arts de Lyon ; cette même année, il reçoit le 2e grand prix de Rome pour Thémistocle au foyer d’Admète, roi des Molosses (Hôtel du département du Rhône).
De retour à Lyon, il installe son atelier 19 rue Bourgelat. Ayant perdu sa mère le 10 août 1890, il se marie le 23 septembre suivant à Lyon 1er avec Jeanne Françoise Ernestine Pailleux (née à La Grand-Croix [Loire] le 25 février 1867), fille de Jacques Pailleux, ingénieur civil, et de Marie-Louise Besson. De cette union naissent Marie Louise (Lyon, 1892), Georges (Larajasse, 1894), Suzanne (Lyon, 1896), Maria (Larajasse 1899), Marius (Lyon, 1904), et Colette (Lyon, 1908). En février 1909, son atelier de la rue Bourgelat est détruit par un incendie, qui fait disparaître ses œuvres de jeunesse.
Peintre classique et académique, comme il le revendique lui-même (« Les peintres classiques parmi lesquels je suis fier d’être compté »), Tony Tollet est un excellent portraitiste, ce qui lui vaut la faveur de la bourgeoisie lyonnaise ; il est recherché également pour ses œuvres religieuses, et moins connu, ce qui est dommage, pour ses peintures de paysages, notamment celles qui ont été réalisées dans sa maison de campagne des Choules à Larajasse. Mais il se montre très réfractaire à l’art de ses contemporains, qu’il fustige à l’Académie le 6 juillet 1915, dénonçant « les veuleries des Gauguin, des Toulouse-Lautrec, et des Maurice Denis », et accorde seulement un modeste satisfecit aux impressionnistes. Il a commencé très tôt à former des élèves, dès 1890 au cours municipal de la Guillotière, puis au petit collège, où se retrouvent entre autres Louis Bertola*, Marcel Renard et Jean Puy. De 1923 à 1927, il est président de la Société lyonnaise des beaux-arts, qui lui attribue une médaille d’or en 1936. Il a le plaisir d’être récompensé de la Légion d’honneur le 21 mai 1925 qu’il reçoit des mains du maire Édouard Herriot.
Ayant cessé de peindre en 1942, il s’éteint le 25 janvier 1953 rue Bourgelat ; après une cérémonie à Ainay, il est inhumé le 29 à Larajasse.
Le 24 février 1964, la ville de Lyon a attribué son nom à la rue Pomme-de-Pin (2e). Le 19 septembre 2012 a été inauguré 7 rue Pareille (Lyon 1er) un mur peint à la gloire de Tony Tollet, réalisé par la Cité de la création. On y voit le peintre dans son atelier surmonté de quatre toiles superposées.
Sa fille Marie Louise, née le 4 janvier 1892 28 rue Vaubecour, artiste peintre élève de son père, se marie à Lyon 2e, le 18 juillet 1918, avec son cousin germain, Isabelle Henri Chabert Des Nots, médecin, né le 2 juillet 1888 à Bonneville (Haute-Savoie), fils de Pierre Désiré Chabert Desnosts, originaire de Verdun-sur-le-Doubs, employé au télégraphe, et d’Antoinette Marie Tollet, sœur de Tony. Au moment du mariage Henri, décoré de la Croix de guerre, est mobilisé comme aide major au 17e régiment d’infanterie. Mère d’une fille, Isabelle née en 1920 en Tunisie, Marie-Louise réside chez ses parents, 19 rue Bourgelat en 1936. Elle est décédée le 27 décembre 1979 à Montbrison.
Tony Tollet reçoit le 10 juillet 1883 le prix Dupasquier (MEM 21, 1884). Élu le 2 juin 1914 au fauteuil 5 section 4 lettres-arts, il lit le 6 juillet 1915 une longue et virulente communication : De l’influence de la corporation judéo-allemande des marchands de tableaux de Paris sur l’art français (MEM 15, 1915). Il prononce son discours de réception le 28 mars 1916 : Sur les origines de notre art contemporain (MEM 16, 1919). Il présente en 1924 une Biographie de Paul Hippolyte Flandrin (MEM 18, 1924). Il est élu président en 1928-1929, et à ce titre prononce plusieurs éloges funèbres : Discours prononcé aux funérailles de M. Jean Bessac ; Discours prononcé aux funérailles de M. Charles Depéret ; Discours prononcé aux funérailles de M. le chanoine J.-B. Vanel ; auxquels s’ajoutent le CR des travaux pendant l’année 1929 et Allocution en quittant le fauteuil de la présidence (MEM 20, 1931).
Alain Vollerin, Tony Tollet, d’Ingres à Manet, Lyon : éd. Mémoires des Arts, 2008. – Association Tony Tollet peintre, créée en 2008 par son petit-fils Jacques Tollet, site internet. – Patrice Béghain, DHR, 2009.
En collaboration, À la mémoire de Joséphin Soulary, Lyon : Stock, 1891. – Réflexions sur l’enseignement du dessin, Lyon : Rey, 1918.
L’œuvre peint et dessiné de Tony Tollet (qui a la particularité de n’être jamais daté) est considérable, conservé en grande partie dans des collections privées. On peut citer : La mort d’Artur, acheté en 1896 par la faculté de droit ; Baptême du Christ, chapelle des fonts baptismaux, cathédrale Saint-Jean, 1901 – Allégorie du Printemps, salon de l’Hôtel du Département ; Portrait du cardinal Maurin, archevêché de Lyon – Le denier de la veuve, entré en octobre 1937 au musée du Vatican (La Croix, 8 octobre 1937) – Portrait du cardinal Gerlier, archevêché de Lyon. Le musée des Beaux-Arts de Lyon possède un tableau intitulé Vers l’au-delà (non exposé). Tony Tollet a réalisé des décors peints, notamment dans l’église de Fontaines-sur-Saône et dans l’église du Bon-Pasteur à Lyon.