Antoine François Méliand est né le 10 mai 1670, fils de Nicolas Méliand (mort le 13 février 1696) conseiller au parlement de Paris le 20 août 1650 – lui-même fils de Nicolas de Méliand, président des enquêtes du parlement de Paris et petit-neveu de Blaise de Méliand, procureur général au parlement de Paris en 1641) – et de Marie Petit de Passy (1627-1724). De cette union sont nés onze enfants : Marie (1651), religieuse à Pincourt ; Nicolas (1652-1702), chanoine régulier de Sainte-Geneviève, prieur, curé de Montluçon ; Geneviève (1653) ; Guillaume (1655) ; Anne Marie (1656) ; Pierre (1659-1725), prieur de Saint-Laumer de Blois ; Claude (1666-1751), conseiller au parlement de Paris ; Anne Françoise (1667) ; Antoine François (1670-1747), l’académicien de Lyon ; Madeleine (1671) ; et Victor (1681), prieur de Moutier près la Loupe.
Antoine François épouse le 11 juillet 1697 Marie le Bret de Flacourt (vers 1671-Paris 17 avril 1756, fille de Pierre Cardin le Bret (1640-1710), conseiller au grand conseil (1668), maître des requêtes (1676), intendant de Limousin (1681), de Dauphiné (1683), de Lyonnais (1686), de Provence (1687) et enfin premier président au parlement d’Aix (1690), et de Marie Françoise Veydeau de Grandmont (morte le 19 avril 1756 à 78 ans). Marie Le Bret « était une femme d’esprit et de mérite […] sœur du fameux M. le Bret, intendant de Provence » (Luynes, Mémoires). Ils eurent quatre enfants : Cardin Nicolas (1698-1716) ; Antoine Pierre (1701) ; Marie Françoise (1699) ; et Marie Madeleine Françoise (1704-1781), qui épousa le 23 novembre 1718 René Louis de Voyer de Paulmy (1694-1757), marquis d’Argenson, ministre des Affaires étrangères de 1744 à 1747 et ami de Voltaire. D’Argenson s’entendit mal avec son épouse, dont il eut deux enfants malgré leur séparation, et il s’employa dans ses écrits à éreinter sa belle-famille et son beau-père : « Les Méliand viennent du commis d’un Secrétaire d’État sous Henri III [Blaise Méliand, seigneur d’Égligny, trésorier de France à Bourges, secrétaire du roi le 5 juin 1585, secrétaire du Conseil d’État le 29 novembre 1586, décédé en 1610], et étaient alors de petits bourgeois de Mantes. Depuis cela, un procureur général du parlement et des conseillers au parlement, voilà toute l’illustration [...] Mon beau-père a peu d’esprit, mais de la conduite et de la sagesse ; il est dévot : il a toujours eu des confesseurs jésuites et de vieilles maîtresses » (Généalogie Le Bret, p. 59).
Conseiller au parlement de Paris (3 décembre 1692), puis maître des requêtes ordinaire en l’hôtel du roi (c’est-à-dire Conseil d’État, 6 février 1698), Méliand quitte Paris pour occuper la charge d’intendant des troupes auxiliaires de France en Espagne. Le 6 avril 1704, il succède à son beau-frère Cardin le Bret (1675-1734) comme intendant de Béarn et Navarre à Pau. Nommé le 5 mars 1710 intendant de justice, police et finances de la généralité de Lyon (juillet 1710-mars 1718) puis de celle de Lille (1718-1730), il devient, le 16 février 1721, conseiller d’État par semestre puis ordinaire. Il décède à Paris le 17 mai 1747.
Saint-Simon (Mémoires) rapporte qu’« il y eut [en 1714] un petit désordre à Lyon pour une imposition que la ville avait nouvellement mise sur la viande. Les bouchers excitèrent le peuple, dont quantité prit les armes, et fit une assez grande sédition, tellement que Méliand, intendant, fut obligé d’ôter l’imposition, et apaisa tout par là. Cette imposition n’avait pas été trop approuvée ; ainsi l’intendant le fut. Le maréchal de Villeroi*, qui sur tous les hommes du monde, aimait à se faire de fête, se trouvait lors à Villeroi avec un peu de goutte. Il écrivit au Roi pour lui permettre d’aller à Lyon. Il l’obtint et partit. On envoya ordre à quelques troupes du camp de la Saône d’y marcher, et le maréchal de Villeroi trouva en arrivant qu’il n’y avait plus rien à faire ; mais il ne laissa pas d’y demeurer. Au moins était-il mieux là qu’à la tête d’une armée ».
Si Antoine François Méliand est ignoré par Bollioud-Mermet*, il figure néanmoins dans les listes des académiciens dressées par Delandine* (p. 297) et Dumas* (p. 240, pour une admission en 1714). Cependant, on ne trouve mention de son nom dans les archives de l’Académie qu’à la date du 5 février [en réalité en mars] 1714 (Ac.Ms265 f°26) : « M. Méliand, intendant de Lion a honoré l’assemblée de sa présence, [et] expliqué avec beaucoup de netteté et de précision plusieurs usages touchant la police intérieure du Parlement de Paris ». L’absence des registres des années 1710 à 1713 ne permet pas de trancher pour une éventuelle admission durant cette période.
Bollioud-Mermet*. – Delandine*. – Dumas*. – Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, Paris : Gazette de France, 1768, t. 3, p. 56. – La Chesnaye des Bois. – Mercure de France, 1747/06 (vol. 2), p. 212. – R. Cardin Le Bret, Maison Le Bret : Généalogie historique…, Le Mans : Monnoyer, 1889, 207 p. – « Charles Philippe d’Albert, duc de Luynes », Mémoires sur la cour de Louis XV (1735-1758), t. XV, Paris : Didot, 1864, p. 35. – Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, Mémoires, Paris : La Pléiade, Gallimard, 1985, t. IV, p.779.
Comme intendant de la généralité, Méliand bénéficia de 1711 à 1717 de la distribution par la ville de jetons à ses armes (D’azur à la croix d’or cantonnée aux 1 et 4 d’une aiglette et aux 2 et 3 d’une ruche du même) placée sur un cartouche ornementé timbré d’une couronne de marquis et au revers les armes de la Ville (J. Tricou*, Jetons armoriés offerts par la Ville de Lyon aux xviie et xviiie siècles, Lyon : Badiou-Amant, 1947, n° 53 à 55 et pl. IV, et H. Morin-Pons*, p. 72 et pl. X n° 4). D’autre part, la Chambre de commerce lui offrit un jeton à ses armes avec le revers de 1717 (J. Tricou*, Paris : Bourgey, 1957, Numismatique des corporations, des métiers et du commerce lyonnais de l’Ancien Régime, n° 12, et Morin-Pons, p. 73, pl. X, n° 5).
Les pièces (13 volumes) relatives à l’intendance de Méliand à Lyon et à Lille se trouvent à la bibliothèque de l’Arsenal, remises par son petit-fils le marquis de Paulmy, qui créa cette institution, aujourd’hui rattachée à la BnF (H. Martin, Histoire de la bibliothèque d’Arsenal¸ Paris : Plon, 1900, p. 106).