Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

COMMETTE Édouard (1883-1967)

par Jean-François Duchamp.

 Il est né le 12 avril 1883 à Lyon 1er, 15 rue Royale, fils de Pierre Commette (Barraux [Isère] 17 avril 1838-Saint-Nazaire 28 août 1893), courtier en soieries, et de sa troisième épouse Marie Gerrier, née à Lyon 1er le 24 juin 1857(sa seconde épouse, Rose Vigouroux, était morte à bord du navire anglais le Tasmanian le 4 mai 1875). Il est décédé le 21 avril 1967 à Lyon 5e.

 Mis en pension au lycée Lalande de Bourg-en-Bresse, il commence l’étude du piano avec Henry Ghys et Joseph Grégori, l’organiste de la co-cathédrale Notre-Dame de Bourg [l’autre étant celle de Belley] de 1876 à 1899 (frère du journaliste Louis Grégori, qui tira sur Dreyfus lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon le 4 juin 1908). De retour à Lyon, il prend des cours particuliers avec Valentin Neuville, professeur d’orgue du Conservatoire et organiste de Saint-Nizier. Sur les conseils de Charles-Marie Widor (natif de Lyon et organiste de Saint-François de Sales, alors à Paris), il débute sa carrière d’organiste en 1900, à seulement 17 ans, à l’Église du Bon-Pasteur à Lyon. Quatre ans plus tard, en 1904, il tient les orgues de l’Église Saint-Polycarpe, seulement pendant six mois. Il semble qu’une incompréhension de la part du clergé soit à l’origine de son départ ; en effet, alors qu’il jouait à la sortie de l’office des œuvres de Bach dont il était grand admirateur, le curé lui aurait dit : « Monsieur Commette, quand aurez-vous fini vos exercices ? ». En octobre 1904, il devient titulaire des orgues de la Primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon, désigné par son prédécesseur Paul Trillat* sur les conseils de Mgr Stanislas Neyrat* qui fut son protecteur, mais aussi un ami et un guide. Il se marie à Montluel le 16 août 1905 avec Henriette Julie Françoise Gabrielle Morellet, née à Bourg le 12 avril 1886, fille de Jules Charles Morellet, conducteur des Ponts et Chaussées, et de Marie Claudine Jeanne Lacombe, dont il aura cinq enfants : Renée, Jean, Paul, André et Gabrielle.

 Il joue pour la dernière fois à la Primatiale lors du traditionnel concert de la Maîtrise le 8 décembre 1961. Depuis 1954, il avait comme suppléant Joseph Reveyron, qui deviendra co-titulaire en 1960, et puis titulaire à sa mort en 1967.

 Pour subsister, il a enseigné à Lyon, notamment au début de sa carrière dans son appartement rue des Prêtres (act. rue Mgr-Lavarenne), puis 6 quai Fulchiron, et il a compté comme élève Jean Costa (natif de Bastia et titulaire des orgues Cavaillé-Coll de l’église St-Vincent-de-Paul à Paris), Joseph Reveyron, son successeur à la Primatiale de Lyon, Octave Ferroud, compositeur et critique musical lyonnais.


Académie

Le 6 décembre 1932, il est élu au fauteuil 4, section 4 Lettres, succédant à Georges Martin-Witkowski*. Commette prononce le 26 juin 1934 son discours de réception titré La Romance, sur le thème de la romance de sa jeunesse « comparée à la chanson d’aujourd’hui » (MEM 22, 1936, p.47-59). Le 14 mai 1935, il esquisse un portrait d’Alexandre Choron (1774-1834) (MEM 22, 1936, p. 213). Le 14 février 1939, il lit une étude sur l’orgue publiée par Albert Longnac en 1897. Il sera émérite en 1946.

Le 19 avril 1983, le chanoine titulaire Jean Vuaillat, membre correspondant de l’Académie, a donné à l’occasion du centenaire de la naissance de Commette une conférence – Hommage à notre ancien confrère Édouard Commette –, suivie d’un déplacement des académiciens à la cathédrale, où Joseph Reveyron a interprété six œuvres pour orgue du compositeur, chacune précédée d’un commentaire de Jean Vuaillat : Le Prélude (1935), Arabesques et Nostalgies (1926), Fughetta sur un thème de Mgr Neyratet Aspiration religieuse (1914) et Scherzo (1914), dédié à Widor (MEM 38, 1984, p. 95).

Bibliographie

Gérard Corneloup, DBF. – Jean Vuaillat, DMR.

Compositions

Il a composé six pièces pour grand orgue : Offertoire sur les noëls, Fughetta, Allegretto, Adoration, Aspiration religieuse, Scherzo (Nice : Decourcelle, 1914) ; Quatorze pièces brèves pour orgue (Paris : Durand 1926) ; Douze pièces pour grand orgue (Paris : Leduc, 2 vol., 1935-1936) ; Deux méditations pour orgue (Hérelle, 1947) ; de la musique religieuse (psaumes), mais aussi quarante mélodies, des pièces pour le piano, une symphonie, un opéra Le Puits.

Il a été le premier organiste au monde à enregistrer un orgue en 1927 pour la Columbia (Pathé Marconi). Ses nombreux enregistrements, relayés par la TSF, en particulier Jean-Sébastien Bach qu’il a contribué à faire reconnaître au début du xxe siècle, mais aussi Eugène Gigout, Louis Vierne, César Franck, Boëllmann, Widor, l’ont fait connaître dans le monde entier. Il a fait des transcriptions de Wagner (Tannhäuser) ou de Mendelssohn. Tout cela a été édité d’abord en 78 tours (cinq disques de 30 cm dès 1928), puis en 33 tours. Francis Poulenc écrivait de lui dans les Arts Phoniques en novembre 1928 : « Cet homme modeste joue de l’orgue miraculeusement, et grâce à la diffusion de ses disques, il sera demain célèbre malgré lui ».

Décoré « de la Sainte Croix Pro Ecclesia et Pontifice » le 16 mai 1929, commandeur de Saint Grégoire le Grand en 1954. Chevalier de la Légion d’honneur le 12 septembre 1964, décoration remise par le cardinal Gerlier*. Médaille d’Or du Groupe Paris-Lyon en 1964.

La place jouxtant la Cathédrale et la Manécanterie porte son nom, en souvenir de plus de 50 ans de titulariat des orgues.