Vincent Félix Biétrix – connu sous son nom de plume comme « Tancrède de Visan » – est né le 17 décembre 1878, à Lyon 2e, 17 place Bellecour, fils de Joseph Marie Jean Biétrix (Lyon 18 avril 1836-Lyon 2e 17 mars 1893), négociant, et de Marie Pauline Pon (Grenoble 17 juillet 1845-31 janvier 1923). Présents, Claude Camille Biétrix, rentier, 29 rue Lanterne, et Vincent Biétrix, maître de forges à Saint-Étienne. Il épouse à Lyon 2e, le 6 novembre 1906, Anne Marie Joséphine Aimonier-Davat (Aix-les-Bains 30 novembre 1886-Lyon 7e 5 juillet 1973), fille d’Adrien Marie Aimonier-Davat (Lyon 7 janvier 1852-Lyon 28 août 1905), médecin, maire et conseiller général, et de Marie Hélène Paturle (Lyon 17 juillet 1862-Lyon 12 février 1900). Vincent Biétrix est le cousin de Joseph Serre*, puisque les bisaïeuls de Vincent (Jean Serre et Marie Anne Laporte) étaient les grands-parents de Joseph Serre*. Tancrède de Visan meurt le 13 octobre 1945 au château familial de Seyssinet (Isère).
Il commence ses études au collège Notre-Dame des Minimes à Lyon et y découvre la poésie : « Oserai-je avouer avoir connu la poésie de Mithouard en même temps que celle de Vielé-Griffin et d’Henri de Régnier. Perdu dans un collège de province, je trompais par la lecture de la Cueille d’Avril [Francis Vielé-Griffin, 1891-1931] et des Poèmes anciens et romanesques [H. de Régnier] les heures banales d’une morne rhétorique. Un ami [Pierre Chaine], confident de mes goûts naissants, me fit don, je crois bien pour se moquer, de l’Iris exaspéré [Adrien Mithouard, 1864-1919] ». Il rejoint alors la classe de rhétorique supérieure du collège Stanislas à Paris, pour préparer l’École normale supérieure. Il passe sa licence de philosophie en 1901 à la Sorbonne et suit les cours de Bergson au Collège de France. « À cette époque, il signe ses œuvres Tancrède de Virieu en mémoire du « poétique » ami de Lamartine qu’il admire et qui est originaire du Dauphiné où Tancrède passe ses vacances dans le château familial de Seyssinet. Il loge rue Madame qui devient le centre d’un cercle d’amis ; avec l’un d’eux, il écrit même une parodie d’opéra, « La fille du Bougnat » qu’il exécute avec brio. C’est alors qu’il reçoit un jour une lettre d’un descendant de la famille de Virieu lui contestant le droit de prendre son nom » (Valarcher, 2006). Il adopte dès lors le pseudonyme de « Tancrède de Visan ». Il écrit quelques vers, mais, comme le souligne Robert Sabatier dans son Histoire de la poésie, il est bien « meilleur théoricien que poète » et, comme critique, il exerce une influence notable sur ses contemporains. Il est à partir de 1903 secrétaire de rédaction de la Revue de philosophie. Il collabore à de nombreuses revues : Vers et prose (la revue de Paul Fort), Le Mercure de France, La Plume, La Revue des Lettres et des Arts, L’Occident, Durendal, Antée, Samedi, Gil Blas, Akademos, Le Correspondant, La Nouvelle Revue, les Écrits pour l’art de René Ghil en 1905. Attiré depuis son adolescence par les poètes symbolistes, il veut montrer qu’il ne s’agit pas tant d’une école que d’une « attitude lyrique générale en conformité avec l’idéalisme contemporain ». Il rassemble en 1911 dans son ouvrage principal, L’attitude du lyrisme contemporain, douze de ses articles, parus pour la plupart dans Vers et prose ou dans le Mercure de France : « Francis Vielé-Griffin et l’idée de vie ; Henri de Régnier et la vision centrale; Émile Verharen et la suggestion pathétique ; Maurice Maeterlinck et les images successives; Paul Fort et la sensibilité française ; Adrien Mithouard et l’Occident; Robert de Souza et notre examen de conscience ; Albert Mockel et l’aspiration lyrique ; Maurice Barrès professeur de lyrisme ; André Gide, autre professeur de lyrisme ; le romantisme allemand et le symbolisme français : la philosophie de M. Bergson et le lyrisme contemporain ». En 1908, il découvre Les Pléiades du comte de Gobineau : « c’est à ce livre découvert par hasard que je dois mon premier amour pour l’auteur de la Renaissance » (lettre à Schemann du 12 novembre 1910, Nachlass de Schemann à Fribourg-en-Brisgau). Conquis, il écrit dans Les Marches de l’Est sur Le premier roman de Gobineau : Ternove, puis un autre article qui fait quelque agitation dans Akademos, et surtout il entreprend la réédition de plusieurs œuvres d’Arthur Gobineau: en 1913, Les Nouvelles asiatiques ; le 1er août 1914 dans le n° 68 de la NRF (la Nouvelle Revue Française, Gallimard), les quatre premiers chapitres de Mademoiselle Irnois, jamais repris depuis leur parution en feuilleton dans le National du 29 janvier 1847 au 30 février 1847 ; en 1919, Ternove ; enfin en 1920 Mademoiselle Irnois, chaque fois précédé d’un avant-propos de sa plume. Il célèbre Le centenaire de Guignol, dans le Correspondant en 1908, et publie en 1910 Le Guignol Lyonnais, histoire de Laurent Mourguet et du personnage de Guignol. Après la guerre de 1914-1918, il revient à Lyon, collabore au Nouvelliste et devient, de 1924 à 1929, le rédacteur en chef de Notre carnet, Gazette du Lyonnais, organe des salons lyonnais et des châteaux du Sud-Est. Son Essai sur la tradition française en 1922 n’a qu’un faible retentissement et ses ouvrages sur Lyon ont peu d’écho hors de cette ville. En 1936 il veut, par sa Vie passionnée de André-Marie Ampère*, « faire tenir l’essentiel de ce qu’il importe de savoir sur Ampère dans un espace mesuré » et s’adresse aux « honnêtes gens », au grand public ou aux lecteurs « moyens ».
Sur le rapport de Mathieu Varille*, Tancrède de Visan est élu le 14 juin 1938 au fauteuil 1, section 1 Lettres, succédant à son cousin Joseph Serre*. Lors de la séance publique du 13 juin 1939, il prononce son discours de réception : Un grand philosophe lyonnais, Blanc de Saint-Bonnet. Martin Basse lit son éloge funèbre à la séance du 7 novembre 1945.
Martin Basse : « Éloge funèbre de Vincent Biétrix », lu à l’académie le 7 novembre 1945, MEM 1949. – P. Chaine, H. Thévenin, Éd. Arnaud, Tancrède de Visan, 1878-1945, Lyon : A. Rey, 80 p., portrait. – Guy Valarcher, Amis de Lyon et de Guignol, n° 239, novembre 2006, p. 14-15.
Paysages introspectifs : Poésies avec un essai sur le symbolisme, Paris, Jouve, 1904, LXXIX, 152 pages. – « La réaction nationaliste en art », La Plume, 1-15 mars 1905. – « Sur l’œuvre de Francis Vielé-Griffin », Vers et prose, 1, mars-avril-mai 1905. – « Sur l’œuvre d’Henri de Régnier», Vers et prose, 2, juin-juillet-août 1905. – « Sur l’œuvre d’Emile Verhaeren », Vers et prose, 3, septembre-octobre-novembre 1905. – « Éveil d’âme », Vers et prose, 5, mars-avril-mai 1906. – « Chronique des poèmes », Entretiens idéalistes à partir d’octobre 1906. – « Sur le climat psychologique de Lyon », La Grande Revue, 1er décembre 1906. – « La poésie d’Adrien Mithouard », Durendal, septembre-décembre 1906 et janvier-mars 1907. – « Sur l’œuvre de Maurice Maeterlinck », Vers et prose, 8, décembre 1906, janvier-février 1907. –« Lettres à l’élue, fragments », Vers et prose, 10, juin, juillet, août 1907. – « Sur l’œuvre de Robert de Souza », Vers et Prose, 12, décembre 1907, janvier-février 1908. – Lettres à l’élue : confession d’un intellectuel, Paris : Vanier, 1908, IV, 165 p. – Paris, A. Messein, 1908, IV-169 p., avec une préface de Maurice Barrès et une lithographie de Maurice Denis. – « Ce qu’il y a d’actuel chez Montaigne », Rev. hebdomadaire, IX, 1908. – Paul Bourget, sociologue, Paris : éd. de « La Revue catholique et royaliste », 1908, 40 p. – « Le centenaire de Guignol », Le Correspondant, 10 novembre 1908. – « Chronique de littérature », Akademos, n° 1, 15 janvier 1909. – « Sur l’œuvre de Mockel », Vers et prose, 17, mars-avril-mai 1909. – « Colette et Bérénice », La Guêpe, 7, et Vers et prose, 18 juin, juillet, août 1909. – Colette et Bérénice, Paris : Bibliothèque de l’Occident, 1909, 29 p. (repris dans Essais sur la tradition française). – Le Guignol lyonnais, Paris : Bloud, 1910, XII, 103p. – Romagnat, de Borée, 2004, 141 p., éd. complétée par Gérard Truchet. – « Note sur Jean Moréas », Le Correspondant, 10 avril 1910. – « Étude sur les marches d’Occident», Durendal, mai 1910. – « Le romantisme allemand et le symbolisme français », Mercure de France, 16 décembre 1910. – L’attitude du lyrisme contemporain, Paris : Mercure de France, 1911, 475 p. – « Enquête sur la personnalité littéraire de F. Vielé-Griffin», Revue de France, février 1912. – « Le comte de Gobineau philhellène », Graecia, 1er juin 1912. – « Le premier roman de Gobineau : Ternove », Les Marches de l’Est, 10 septembre 1912. –« La joie, essai lyrique », Vers et prose, 31, octobre-novembre-décembre 1912. – « Départ pour l’Orient », Le cahier des poètes, n° 3, avril-mai 1913. – « Sur l’œuvre de Paul Fort », Le cahier des poètes, n° 3, avril-mai 1913. – « Sur l’œuvre de Barzun : La terrestre tragédie », Vers et prose, 34, juillet-août-septembre 1913. – De la culture, discours prononcé à la distribution des prix à l’institution Notre-Dame des Minimes le 12 juillet 1921, Lyon : Noirclerc, 1922, 23 p. – Essais sur la tradition française, Paris : M. Rivière, 1922, 269 p. – « De l’anarchie au mysticisme : Adolphe Retté », Mercure de France, 15 juillet 1922. – En regardant passer les vaches, Paris : La pensée française, 1924, 366 p. – Perrache-Brotteaux, Lyon : Lugdunum, 1924, 317 p. ; 1934, 317 p. – « À propos du IIIe centenaire d’Honoré d’Urfé », Le Correspondant, 10 juin 1925. – La vie passionnée d’André Marie Ampère, Lyon : Archat, 1936, 90 p. – Sous le signe du Lion, Paris : Denoël et Steele, 1936, 277 p. – Les odeurs de Lyon, Lyon : Camus, 1937, 20 p. – Descartes et l’exposition de 1937, Lyon, 1937, 7 p. – Le clair matin sourit : poèmes, précédés de Mon credo poétique, Lyon : M. Audin, 1938, 90 p. avec un portrait de l’auteur par Jean Chaurand-Naurac. – « Un grand philosophe lyonnais : Blanc de Saint-Bonnet : discours de réception à l’Académie… de Lyon, prononcé dans la séance publique du 13 juin 1939 », MEM 1945. – « Le souvenir de Tristan Derême », Le Divan, n° 244, 1er janvier 1942. – Préfaces, avant-propos et contributions : Notice, in Louise Labé, « Les élégies et les sonnets de Louize Labé, lionnoize », Paris : Sansot, 1910, 101 p., portrait. – Notice, in François René de Chateaubriand : Moïse, Paris : Bruxelles, Mertens, 1914, 6 p. – Avant-propos : Arthur de Gobineau, Nouvelles asiatiques, Paris : Perrin, 1913, XII + 367 p. – Avant-propos : Arthur de Gobineau, Ternove, Paris : Perrin, 1919, XII + 371 p. – Avant-propos : Arthur de Gobineau, Mademoiselle Irnois, Paris : NRF, 1920, 104 p. – Préface : Antoine Chollier, Poèmes en dents de scie, suivis de Moi-même ou les dits du Poète égrotant, Paris : Chiberre, 1925, 70 p. – Préface : Joseph Serre*, Au large. Esquisse d’une méthode de conciliation universelle et d’intellectualité intégrale, Avignon : Aubanel, 1926, XVII + 183 p. – Préface : H. Delorme, Deux frères morts pour la patrie [François et Jacques Delorme], Lyon : Les deux collines, 1926, XXX + 190 p. – Préface : Georges Romière, Béatrice de Lamothe, Paris : Pinaul, 1927, 290 p. – Pages choisies des philosophes lyonnais, Notice et portrait de Pierre Simon Ballanche par Tancrède de Visan, Lyon : Masson, 1926, LX + 175 p. – Contribution, in La Comédie de Lyon, n° 11, Lyon : Audin, 1942, 80 p. – Contribution, in Almanach lyonnais 1935, St Félicien (Ardèche) : Au Pigeonnier, 1934, 157 p. – Introduction à : Antoine Blanc Saint-Bonnet, Le socialisme et la société, Lyon : Presses académ., 1954, 38 + 36 p.