La première mention de la famille Claret remonte à Pierre Claret (décédé le 7 mars 1613), originaire de Nantua, qui s’installe à Lyon au xvie siècle comme marchand espinglier et citoyen de Lyon (registre fiscal de 1571) ; il épouse vers 1575 Jeanne Giroud et a sept enfants. Son fils Claude Claret (Saint-Pierre Saint-Saturnin 10 janvier 1590-avant 1647), négociant, épouse le 7 mars 1613 Marguerite Millotet et a treize enfants. Son fils Jean Claret (Saint-Pierre Saint-Saturnin 11 octobre 1620-Ainay 10 septembre 1704) est secrétaire du roi et de ses finances en la généralité de Lyon ; le 23 septembre 1681, avec son frère aîné Blaise (1614-1688), échevin de Lyon en 1687-1688, il achète à son beau-frère Jean Michon la maison forte de La Tourrette, à Éveux. Son frère lui cède sa part de la Tourrette, dont il devient seul seigneur. Lui-même est échevin de Lyon en 1689-1690 ; il avait épousé, le 12 octobre 1647, Marguerite Vial, décédée en 1713, et eut dix enfants.
Son fils, Jacques Claude Claret de La Tourrette (Saint-Pierre Saint-Saturnin 28 juin 1656-Ainay 27 août 1746), dit « le président de La Tourrette », chevalier, seigneur de La Tourrette, Fleurieu [Fleurieux-sur-Azergues], Saint-Pierre, Éveux, la Sonnery, Bélair, le Colombier, Eyrieux [Heyrieux, Isère] et autres places, conseiller du roi en la sénéchaussée de Lyon (1687), lieutenant criminel puis lieutenant général en la sénéchaussée (1698), conseiller des finances, président de la cour des monnaies de Lyon, épouse le 29 juin 1690 Bonne Michon (Lyon, 26 novembre 1669-Ainay 24 octobre 1741), fille d’Annibal Michon (1642-1694), bourgeois de Lyon, ancien receveur des deniers communs, dons et octroys de la ville et communaux de Lyon, et de Bonne Bathéon (1649-1729, elle-même fille d’un échevin en 1677-1678, Léonard Bathéon). Anobli le 22 décembre 1690 par lettres patentes, il fréquente le milieu intellectuel lyonnais, y compris l’académie à laquelle il n’appartiendra cependant pas. Grand amateur d’art, il protège les artistes lyonnais et fait décorer son hôtel au 6 de la rue de Boissac par Daniel Sarrabat (1666-1748, premier prix de Rome en 1688). Il rassemble une déjà riche bibliothèque, et acquiert en 1717 une collection de monnaies appartenant au chanoine Roman de Rives. La famille Claret de Fleurieu existe encore et possède le château de Laye à Saint-Georges-de-Reneins.
Jacques Annibal, l’un des sept enfants de Jacques Claude Claret de la Tourrette et de Bonne Michon est né le 28 mai 1692, place Saint-Pierre (act. place Meissonnier), et baptisé le même jour, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin. Parrain : Annibal Michon (son grand-père), marraine : Marguerite Vial (sa grand-mère). Il épouse le 12 décembre 1722 (notaire Deforas) Agathe Gauthier de Dortans de Pusignan (Saint-Pierre Saint-Saturnin 12 septembre 1705-Ainay 7 novembre 1756), fille de Pierre Gauthier (Lyon 1663-Ainay 28 novembre 1735) seigneur de Pusignan, Dortan, Arbent et autres lieux, conseiller secrétaire du roi maison et couronne de France, échevin de Lyon en 1725-1726, et de Marie Louise de Barcos (1705 ou juillet 1676-Yerres 5 juillet1757), sœur d’Artus Timoléon de Barcos*. Il devient ainsi le beau-frère d’Antoine Gautier de Mondorge*. Ils ont cinq filles et quatre fils : 1. Marie-Louise, baptisée à Ainay le 7 septembre 1723, qui épouse le 7 janvier 1741 Jean-Baptiste Basset* ; 2. Bonne Pierrette, baptisée le 24 août 1725, religieuse visitandine à Lyon ; 3. Camille Jacques Annibal Gaspard Claret de Fleurieu (1727-1796), seigneur d’Éveux, baron d’Eyrieux [Heyrieux], président du bureau des finances de Lyon, trésorier de la compagnie d’Antoine Perrache, qui ruine sa famille avec cette dernière participation et vend le château de Bélair. Il avait épousé, le 22 décembre1763, Marguerite Camille Marthe Fayard des Avenières ; 4. Marc Antoine*, baptisé le 14 août 1729, « le botaniste » ; 5. Gaspard Claude, baptisé le 26 septembre 1731, mort le 17 août 1785, gouverneur de l’Arbresle et prêtre du diocèse de Fleurieu ; 6. Jeanne Agathe, née le 5, baptisée le 6 septembre 1733 ; 7. Bonne Marguerite Olympe, baptisée le 8 avril 1736, qui épouse le 30 août 1753 Jean Mathieu Girard, fils de Mathieu Girard, chevalier, président du bureau des finances de la généralité de Lyon, échevin, et de Thérèse Anisson ; 8. Charles Pierre*, le fils cadet (1738-1810), ministre de Louis XVI ; 9. Françoise, baptisée le 13 mai 1742, religieuse au 3e monastère de la Visitation Sainte-Marie.
Jacques Annibal augmente considérablement la bibliothèque paternelle pour en faire une des plus belles de Lyon, mais vend le médaillier au consulat pour 2 400 livres en 1733. Par achats et échanges il agrandit le domaine de la Tourrette, qui atteint 80 hectares et sera clos de murs sur environ quatre kilomètres, sans compter une vingtaine d’hectares hors les murs. Agathe tient, dans l’hôtel de la rue de Boissac, un salon littéraire que fréquente Rousseau en 1741.
Il meurt en son château de la Tourrette le 18 octobre 1776. Il est inhumé en l’église d’Éveux. L’épitaphe, sur une pierre de marbre blanc, fut emportée au château de Laye à Saint-Georges-de-Reneins au début du xxe siècle, mais remise à sa place en 2008. Le château de la Tourrette est vendu en 1801 à Louis Bellet de Tavernost de Saint-Trivier (1760-1851), maire d’Éveux, dont l’épouse est une nièce d’Antoine Lacroix* ; six autres propriétaires se succèdent avant que la comtesse de Villiers le vende à la société immobilière de La Tourrette (ordre de Saint-Dominique) ; les dominicains font construire le couvent Sainte-Marie de La Tourette par Le Corbusier. En 2009, la société Habitat Foncier restaure le château et en fait une copropriété.
Jacques Annibal, dit « M. de Fleurieu » ou « le président de Fleurieu », est le premier de cette famille à s’appeler ainsi, son père ayant acheté le château de Bélair à Fleurieu. Il est chevalier, seigneur baron d’Éveux, seigneur du Colombier, Gerbois, Fleurieu, Bélair, le Sonnay et autres lieux. Le 8 août 1718, il succède à son père en tant que président de la cour des monnaies, charge qu’il exerce jusqu’en 1740. Il est lieutenant général criminel de la sénéchaussée, trois fois prévôt des marchands entre 1740 (brevet du 8 décembre 1739) et 1744. À ce titre, il bénéficia de distributions par la Ville de jetons de cuivre et d’argent à ses armes : d’argent à la bande d’azur chargée d’un soleil d’or, soutenues par deux aigles et surmontées d’une couronne de comte (Tricou 1955, nos 217, 218 et 222, p. 69-70 et pl. VIII, et Morin-Pons, p. 73-75 et pl. X). Il s’acquiert une grande réputation par ses plaidoyers et sa défense des accusés de meurtre. Il est commandant de la ville de Lyon en l’absence du gouverneur (1740-1750). C’est à ces titres qu’il conduit la répression de la révolte ouvrière des canuts de 1744, ce qui « troubla sa quiétude et inquiéta sa bonté ».
Reçu à l’Académie des sciences et belles-lettres le 28 décembre 1716 (Nouvelles littéraires, 3 avril 1717), Jacques Annibal en est nommé secrétaire perpétuel en 1736 pour la classe des Lettres (fonctions qu’il exerce pendant 40 ans, à l’exception d’une interruption en 1740-1744). Il y siège avec son fils Marc Antoine à partir de 1754, puis tous deux seront ensemble membres de l’académie réunie, de 1758 jusqu’à la mort du père en 1776. Il est agréé comme membre ordinaire de la Société royale des beaux-arts le 20 janvier 1740. Le 31 août 1758, lors d’une assemblée extraordinaire commune avec l’académie des beaux-arts, il est élu président tout en conservant sa place de secrétaire (pour les Lettres) aux côtés de Bollioud (pour les Sciences) ; lors de la séance publique du 5 décembre, après lecture des lettres patentes royales, il prononce le discours officiel sur la réunification (voir Marc Antoine Claret* : Discours prononcé par mon père à la 1re assemblée de l’Académie des Sciences belles-lettres et arts (Ac.Ms352 f°68-73) : ce manuscrit, avec ses ratures, est de la main de Marc-Antoine qui l’a donc écrit pour son père).
À la Société royale, il parle entre autres de physionomies (15 mars 1747) ; de la propriété du bois de frêne d’arrêter le sang (17 juillet 1748) ; de la formation des pierres précieuses (26 novembre 1749) ; de pierres gravées (9 décembre 1750 et 22 décembre 1751) ; de coquillages (23 août 1752) ; d’un papillon qui survit après qu’on lui a coupé la tête (18 mai 1753) ; de conservation des grains (10 août 1753) ; des moyens de rendre l’eau saine et pure (29 novembre 1754). Les procès-verbaux de l’autre académie font apparaître une activité également importante, faite de dissertations sur l’histoire ancienne (notamment les funérailles en 1754-1757) et de questions de littérature (le genre du dialogue, en 1754-1758). Il compose aussi quelques vers (impromptu à Mme du Boccage, le 20 juin 1758) et des éloges. Il a participé à la réimpression des œuvres de Louise Labé en 1762 (voir Ruolz*) en fournissant l’exemplaire de l’édition de 1555 qui sert de copie (Ac.Ms270 f°87). Son éloge est prononcé en 1777 par Bory*.
A. Clapasson (pseudo « Sieur De Brinais »), Description de la ville de Lyon avec des recherches sur les hommes célèbres, Lyon : A. Delaroche, 1741, 283 p. – Bory, Éloge historique de M. de Fleurieu, 1777 (Ac.Ms124 f°238). – « Le cabinet de Fleurieu : de la “galerie de portraits”au musée », BMML n° 1, Lyon, 1991, p. 2-29.
Aucune œuvre imprimée, sinon une traduction de La Clémence de Titus de Métastase (Choix littéraire de Genève, 1756, t. VII, p. 129-208 : « La traduction que nous donnons en vers français de la tragédie de Titus n’a jamais été destinée à l’impression ; on nous a assuré qu’elle est le fruit du loisir de deux amis pendant leur séjour à la campagne »).
Les contributions de J. A. et de M. A. à la vie académique sont parfois difficiles à distinguer, même si le père se désigne dans les procès verbaux sous le nom de « Fleurieu », réservant à son fils celui de « La Tourrette ». Sont certainement de Jacques Annibal : a) les pièces antérieures à 1754 ; b) celles relatives à l’histoire ancienne ; c) celles concernant le fonctionnement de l’Académie.
Remarques sur les pierres gravées, auxquelles sont jointes les observations sur les recueils que j’en ai acquis [...] relativement à la notice qu’en donne des académiciens de lyon (1700-2016) C 327
M. Mariotte (Ac.Ms143 f°18-24, 9 décembre 1750). – Sur les pierres gravées, réfutation du mémoire critique de M. Joannon* (Ac.Ms143 f°10-16, 22 décembre 1751). – Remarque sur les empreintes de pierres gravées que j’ai connues… (Ac.Ms143 f°25-26). – Analyse de l’ouvrage de M. Duhamel sur la conservation des grains (Ac.Ms226 f°71, 3 août 1753). – Recherches sur la bonté de l’eau et la manière de la purifier (Ac.Ms154 f°121-128, 29 novembre 1754). – Analyse et réflexions sur le livre de M. [Jean-André] Rouquet sur l’état des arts en Angleterre (Ac.Ms155 f°40, 25 juillet 1755). – Examen des conjectures émises sur l’incendie de Lyon sous l’empereur Néron (Ac.Ms118 f°104-112 et Ac.Ms352 f°1-25, 7 septembre 1762 et 19 avril 1763). – Dissertation historique et politique sur l’ostracisme (Ac.Ms143 f°319, 1763).
Éloges (Ac.Ms124 f°148-165) : Boutillier, 28 août 1759 ; Bimet, 26 août 1760) ; Bay de Curis, 1761; Blanchet de Pravieux, 30 août 1763). Ceux de Duperron-Ponsainpierre (2 décembre 1755) et de Falconnet (27 avril 1762), mentionnés dans les procès-verbaux, n’ont pas été retrouvés.
Extraits des règlements de la Société Royale (Ac.Ms264 f°128-130, 18 février et 16 août 1757, 18 mai 1758) ; question de la distribution des jetons (Ac.Ms264 f°88, 25 novembre 1758 et Ac.Ms263 f°189, 1765) ; comptes rendus d’assemblées publiques (Ac.Ms267 II f°282 et f°288, 5 décembre 1758 et 1er mai 1759 ; Ac.Ms177 f°84, 1761). Voir aussi Fleurieu de la Tourrette, Discours prononcé par mon père à la 1re assemblée de l’Académie des Sciences belles-lettres et arts (Ac.Ms352 f°68-73, 31 août 1758).