Guillaume Bonnet est né le 27 juin 1820 à Saint-Germain-Laval (Loire), fils aîné de François Bonnet, cultivateur au hameau de Marcillieux (1798-1834) et de Marguerite Désendre (1796-1834), épousée le 30 décembre 1818 à Saint-Germain-Laval. Six autres enfants sont nés de cette union : Jean Marie (1822), Benoîte (1824), Pierre (1826), Antoine (1828), François (1830) et Jean (1832). En 1825, son père travaille comme mousselinier et, vers 1832, attirés par l’industrie lyonnaise de la soierie, ses parents viennent s’installer à Vaise, manoir Dumas n° 5, quartier du Chapeau rouge. Tous deux décèdent en 1834 à quelques mois d’intervalle : son père, à Vaise, le 2 juillet (déclarants : MM. Sohneller, fabricant de mousseline, et Coquaz, directeur de l’école d’enseignement mutuel), et sa mère le 15 octobre. Orphelin à 14 ans, G. Bonnet bénéficie rapidement de la protection de Faissolle, ancien directeur des Poudres, dont l’attention a été attirée sur le jeune garçon par un des instituteurs, frère de la Doctrine chrétienne, qui avait remarqué ses dispositions pour la sculpture. La fille de Faissolle, Mme veuve Picard, qui adopte pratiquement Guillaume, suivra attentivement sa formation et les débuts de sa carrière. Faissolle le recommande à Léopold de Ruolz-Montchal*, professeur de sculpture à l’école des beaux-arts de Lyon, qui l’accueille dans son cours où il se forme de 1836 à 1842. Il est distingué par une 1re mention au Prix de sculpture de la Ville (1840), un 1er prix d’ornement (1841), et la médaille d’or du prix de sculpture offert par le gouvernement (1842). En 1842, encouragé par Ruolz, Bonnet part poursuivre sa formation à Paris dans les ateliers de James Pradier (1790-1852), de Jules Ramey (1796-1852) et – sans doute sur les conseils de Victor Orsel (1795-1850) – d’Augustin Dumont (1801-1884). Il partage alors un modeste logement avec le graveur lyonnais Auguste Lehmann (1822-1872). En 1842, sur recommandation de Ruolz, il travaille comme praticien chez Raymond Gayrard (1777-1858). Admis en 1843 à l’école des beaux-arts de Paris, où Ramey assure l’enseignement de la sculpture, il obtient le second grand prix de Rome de gravure en médailles en 1848 sur le thème de Mercure formant le caducée. Il fréquente aussi l’atelier de Jacques Édouard Gatteaux (1788-1881) et les cours de Raoul Rochette (1789-1854). L’appui de Mme de Vigan lui ouvre le salon de Juliette Récamier. Il expose ses œuvres aux Salons de 1845 à 1848, en particulier des statuettes qui remportent un vif succès : Le Père Lacordaire (1847) ou Chateaubriand (1848). L’année suivante, il est à Montbrison pour le chantier de l’église Notre-Dame de l’Espérance dirigé par Pierre Bossan (1814-1888). Après une brève collaboration avec l’abbé Choyer (1814-1889), qui dirigeait un atelier d’art sacré à Angers, Bonnet revient à Lyon, appelé par Tony Desjardins* (1814-1882) pour participer à la décoration de l’église Saint-Pierre de Vaise. Au début de 1852, il remporte le concours ouvert par la ville de Lyon pour la création d’une épée d’honneur avec l’aide de Clair Tisseur* (1827-1896), et d’une médaille sur un dessin d’Antoine-Marie Chenavard* (1787-1883) : elles sont, destinées à remercier le général de Castellane qui avait maintenu l’ordre au moment du coup d’État du 2 décembre 1851. Dès lors, les commandes affluent, mais l’activité de G. Bonnet reste essentiellement cantonnée à la région lyonnaise. De novembre 1853 à mai 1854, il entreprend un voyage en Italie pour parfaire sa connaissance de l’art antique et de la Renaissance, et il s’attarde longuement dans les musées de Rome, Naples ou Florence. À son retour, Bonnet participe aux travaux de restauration de l’Hôtel de ville de Lyon. Son talent, reconnu par son importante participation à la décoration du Palais du Commerce (ou Palais de la Bourse), lui vaut de recevoir le 25 août 1860 la Légion d’honneur des mains même de Napoléon III venu inaugurer l’édifice. On le surnomme même alors le « Michel Ange lyonnais ». Dans les années suivantes, tout en modelant quelques médailles ou jetons, Bonnet remporte de nombreuses commandes privées ou officielles. Parmi ces dernières, la monumentale Ville de Lyon (H. 3,85 m) de la fontaine Morand l’occupe de 1862 à 1867, et il engage pour cela beaucoup de dépenses non payées par la Ville qui le conduiront au bord de la ruine.
Bonnet épouse à Lyon 2e (il habite alors 19 place Louis-XVI, act. place Lyautey), le 15 octobre 1863, Catherine Regaudiat, fille de Jean-Louis Regaudiat marchand de nouveautés et de Benoîte Verrier, demeurant 1 quai des Célestins. Les témoins sont : Alexandre Henri Baudesson de Richebourg, chef de bataillon de Génie, Théophile Doucet, professeur à la Martinière, Stanislas Coffin, négociant, et Alexandre Tavernier, rentier. De cette union naît à Lyon 3e, le 20 octobre 1866, Jeanne Antoinette ; ont signé : A.-M. Chenavard*, architecte, et Jean Reignier, professeur à l’école des beaux-arts ; le 10 novembre 1885, Antoinette Bonnet épouse à Lyon 2e Étienne Couvert (1856-1933), peintre, professeur de dessin et premier violon à l’opéra ; elle meurt à Neuville-sur-Saône le 31 mars 1951.
Guillaume Bonnet meurt à Lyon 2e le 26 avril 1873, domicilié 4 rue du Plat, « sculpteur, chevalier Légion d’honneur, membre correspondant de l’Institut ». Il est inhumé au cimetière de Loyasse dans une concession perpétuelle gratuite accordée, par délibération du conseil municipal de Lyon en date du 14 octobre 1873, sur la demande d’A.-M. Chenavard qui présidait la commission chargée de recueillir des souscriptions pour élever un monument à la mémoire de Bonnet. Ce monument (Hours 536) est une colonne de style ionique portant la médaille de la Légion d’honneur, les outils de sculpteur à la base ; le chapiteau soutient une copie de son buste autoportrait réalisée par galvanoplastie par son confrère et disciple Étienne Pagny (1829-1898).
Après réception de la candidature de G. Bonnet, Chenavard présente un rapport très favorable le 9 août 1858. Bonnet est élu le 4 décembre 1860 au fauteuil 3, section 4 Lettres-arts. Il participe à une dizaine de séances chaque année et assure occasionnellement le secrétariat des séances. Il est plus assidu en 1869, année où il prononce enfin son discours de réception le 21 décembre 1869 : Aperçu historique sur la gravure en médailles et pierres fines et sur les arts qui s’y rattachent.
Audin et Vial. – Gérard Bruyère, « Politique de la mémoire : la fondation Grognard ou la galerie des Lyonnais célèbres », Bull. Soc. Hist. Arch. Litt. Lyon, 1999, 29, 2000, p. 213-262. – Jean Antoine Gérard, « Guillaume Bonnet, statuaire (nécrologie) », RLY (3) 15, 1873, p. 392-395. – Jean Antoine Gérard, Notice biographique sur Guillaume Bonnet, statuaire lyonnais, Lyon : Vintrignier, 1874, 22 p. – Élisabeth Hardouin-Fugier, « Guillaume Bonnet (1820-1873), à propos de bustes de la série « Les Lyonnais célèbres », BMML 7 n° 4, 1982, p. 43-63. – Henri Hours, Maryannick Lavigne-Louis et Marie-Madeleine Vallette d’Osia, Lyon, le cimetière de Loyasse, Lyon : Conseil général Rhône, 1996, 526 p. – Th. Mayery, 1862, « Monument funéraire de Bonnefond et statue d’Amédée Bonnet dans la cour de l’Hôtel-Dieu », RLY (2) 25, p. 76-80. – Séverine Penlou, Rôles et fonctions de la sculpture religieuse à Lyon de 1850 à 1914, thèse Histoire de l’art, dir. François Fossier, Université Lumière Lyon, 2008, 4 vol. texte, 1991 p., 1 vol. annexe, 486 p. – Jean Tricou, « Médailles lyonnaises relatives au coup d’état du 2 décembre 1851 », Bull. Soc. Franç. Numismatique, janvier 1952, p. 85-86. – Aimé Vingtrinier, « Mausolée d’Anthelme Trimolet », RLY (3) 7, 1869, p. 88.
Portrait de Guillaume Bonnet, huile sur toile de Gabriel Tyr, 1847 (Coll. part.). – Autoportrait, buste en bronze, 1872 (MBAL, et cimetière de Loyasse).
Son discours de réception figure dans les MEM L 14, 1868-1869, p. 367-382.
La plupart des œuvres de Guillaume Bonnet ont été recensées par Audin et Vial. Signalons les plus marquantes.
Sculpture religieuse : La Vierge des sept douleurs de Notre-Dame de la Salette (1851). – Le portail de l’église Saint-Pierre de Vaise (1853, architecte Tony Desjardins). – Le maître-autel de l’église Notre-Dame-de-l’Espérance, Montbrison (1853, architecte P. Bossan). – Le maître-autel de la basilique de Lourdes (1872) et la maquette de la Vierge de la grotte (1873).
Sculpture monumentale : Hôtel-de-ville de Lyon : couronnement du pavillon sud : La Force et La Prudence (1853), et L’Histoire et l’Art de la cheminée de la grande salle, actuel salon Justin Godart* (1862 ?). – Le Travail et l’Économie, fronton du siège de la Caisse d’ Épargne de Lyon (1858). – Décoration du Palais du Commerce : Les Atlantes de l’horloge, Le Commerce et l’Industrie des façades, et les 24 cariatides de la salle de la Bourse (1860, architectes René Dardel et Tony Desjardins). – Le crime traîné aux pieds de la Justice, tympan de la porte des Assises du Palais de Justice (1862). – Statue d’Amédée Bonnet pour l’Hôtel-Dieu (bronze, 1862). –Thalie et Erato (attique de l’opéra, 1862, architectes Chenavard et Pollet). – La Ville de Lyon de la fontaine Morand, en marbre de Carrare, actuelle place Maréchal Lyautey (1867, architecte T. Desjardins). – La statue du préfet Vaïsse (bronze, 1865), destinée au parc de la Tête d’or, jamais mise en place, rachetée par le neveu de Vaïsse en 1891 et fondue en 1902 pour récupérer le métal.
Monuments funéraires : Joseph Marie Jacquard (architecte : Clair Tisseur, marbre, 1861, Oullins). – Jean Claude Bonnefond* (architecte Chenavard, marbre, 1862, cimetière de Loyasse). – Michel Genod* (architecte Chenavard, marbre, 1862, cimetière de Loyasse). – Louis Benoît Perrin* (1868, cimetière de Loyasse). – Anthelme Trimolet (architecte Louis-Frédéric Benoît, marbre, 1869, cimetière de Loyasse, Hours 25) – Prosper Meynier (architecte Chenavard, cimetière de Loyasse, Hours 222).
Bustes : Certains furent acquis pour la Galerie des Lyonnais célèbres (CGL) : elle trouve son origine dans le legs de François Grognard (1748-1823) qui souhaitait doter sa ville natale d’une galerie de « portraits peints ou gravés ou sculptés en buste ou gravés en médailles » ; Grognard confiait à la municipalité le soin de choisir les personnalités ainsi représentées. De 1825 à la fin des années 1940, 145 portraits achetés par la Ville sont venus enrichir cette galerie (Gérard Bruyère* en a établi un catalogue précisant les modalités de leur commande). Stanislas Gilibert*. – Jean Arlès-Dufour*. – Victor Orsel (1857, marbre, GLC, MBAL). – René Dardel (1860, marbre, GLC, MBAL). – Gensoul (1860, marbre, GLC, palais de justice). – Juliette Récamier (1860 ?, terre cuite, GLC, non localisé). – Jean Claude Bonnefond* (1866, marbre, GLC, non localisé). – Louis Benoît Perrin* (1868, marbre, GLC, non localisé). – Antoine Montmartin (1870, marbre, lycée La Martinière Terreaux). – Autoportrait (1872, bronze, GLC, MBAL).
Médaillons : Léopold de Ruolz*, sa femme et son fils (1849). – Madame Picard (1849). – Marie Sonnery (1862).
Médailles et jetons : Général de Castellane, d’après un dessin de Chenavard, 1852 (musée Gadagne). – Condition des Soies, liberté du courtage, 1866 (musée Gadagne). – Société des Sciences industrielles, avec les effigies d’Ampère et de Jacquard, 1868 (musée Gadagne). – L’Association de la Fabrique lyonnaise, 1868 (musée Gadagne). – La Convention de Genève et l’ambulance de la Croix Rouge de la gare de Perrache, 1872 (musée Gadagne). – L’Exposition universelle de Lyon, 1872 (musée Gadagne). – Société de garantie contre le piquage d’once (musée Gadagne).
Travaux d’orfèvrerie : Épée d’honneur offerte par la ville de Lyon au général de Castellane (1852, avec Clair Tisseur). – Ostensoir de l’Immaculée Conception pour le couvent de la Visitation Sainte-Marie de Fourvière (1861, avec Bossan, réalisé par Armand-Calliat*). – Ostensoir de Notre-Dame de la Garde (1868, avec Bossan, réalisé par Armand-Calliat*).