Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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BLUMENSTEIN Étienne KAIR de (1713-1799)

par Louis David.

 Les Kair (Kayr, Keyr), originaires de Haute-Autriche, avaient obtenu le 18 mars 1676 de l’empereur Léopold Ier un diplôme leur conférant la noblesse, et les autorisant à prendre le nom de la seigneurie de Blumenstein qu’ils possédaient près de Linz.

 L’histoire lyonnaise commence avec Antoine François Kair (Innsbruck 13 avril 1678-Lyon 1739), fils de Jacob Ferdinand et d’Élisabeth Linderinen de Colin-Thurn, qui accompagne le maréchal duc de Villeroy à son retour de captivité en 1701. Il se marie à Lyon en 1711 avec Marguerite Charlotte Daru, dame de la Serra en Bugey (commune de Seillonas). Il décide alors de finir ses jours en France, et il est naturalisé français par lettres patentes du 15 mai 1715. Plus tard, par autres lettres patentes données à Versailles en mars 1738, il sera censé, reconnu, réputé pour noble et écuyer en royaume de France, en raison du titre de noblesse conféré à son père Ferdinand par l’empereur Léopold, roi d’Autriche.

 Grâce à la protection de Villeroy, il obtient le 2 janvier 1717 du maréchal de Noailles, président du conseil des Finances, la concession des mines de Saint-Julien – très certainement Saint-Julien-Molin-Molette, sur le versant sud du Pilat, qui avait des mines de plomb et d’argent. Il obtient ensuite, en 1727, la concession du minerai de plomb argentifère découvert près de Vienne, et enfin, en 1728, celle des mines foréziennes, en particulier celle de Saint-Martin-la-Sauveté et de ses environs. François s’était donc engagé à fond dans l’exploitation des mines, en particulier grâce aux 18 000 livres de la dot de son épouse, et il obtient de très intéressants résultats. Mais il va tomber malade et meurt le 2 septembre 1739. Sa femme reçoit la tutelle de ses enfants et assure la direction de l’exploitation des mines pendant deux ans.

 Son fils aîné, Étienne François (né à Paris le 28 décembre 1713), proteste contre cette tutelle et s’engage à compléter sa formation, d’abord auprès de la célèbre École des Mines de Freiberg, puis en visitant les centres miniers et métallurgiques d’Allemagne. Au retour, il est nommé inspecteur général des mines du royaume de France et revient à la mine de Sain-Bel précédé d’une grande réputation. Étienne acquiert, le 30 mai 1753, le domaine de la Goutte sur la paroisse de Salles, à Saint-Martin dans le Forez. Le 19 février 1756, il épouse à Savigny Madeleine Marguerite de Montrognon, née le 29 mars 1738 à Lezoux (Puy-de-Dôme), inhumée le 31 janvier 1778 en l’église Notre-Dame de Savigny, fille de Taurin de Montrognon (Croptes [Puy-de-Dôme] 1708-ibid. 1747), seigneur de Croptes, et de Claudine de las Cases (décédée le 16 mai 1768).

 La Révolution vient bousculer ses projets. Père de quatre fils émigrés, Étienne est tenu pour suspect, malgré ses 80 ans, et incarcéré sous la Terreur. Mais les guerres de la Révolution et de l’Empire obligent la France à tirer de son sol le plomb de ses balles, et une des filles d’Étienne est autorisée à exploiter les mines : le plomb du Forez joua un rôle déterminant à Rivoli et à Marengo.

 Étienne meurt à Vienne (Isère) le 25 décembre 1799 : ce grand vieillard est demeuré, jusqu’à son dernier soupir, un « mineur enthousiaste ».

 En 1802, les quatre fils d’Étienne sont rayés de la liste des émigrés. L’aîné, Jean-Baptiste (baptisé à Salles le 21 septembre 1759, colonel du génie, maire de Salles de 1806 à 1830, décédé à Lezoux le 20 janvier 1854) reprend le métier de mineur . En 1844, c’est l’arrêt complet de l’exploitation des mines, après plus de 100 ans d’activité ininterrompue, exemple rarissime de continuité pour une affaire minière familiale.


Académie

Blumenstein a été élu à la Société royale le 31 mai 1751 « libre dans les mathématiques ». Lors de la fusion de 1758, il figure dans la classe des « mathématiques, physique et arts qui sont relatifs à ces sciences ».

Bibliographie

Pernetti. – Dumas. – Chermette A., Minéraux, mines et minéralogistes lyonnais au 19e siècle, Lyon : ELAH, 1993, p.48-54.

Manuscrits

Mémoire sur l’exploitation des mines de la concession accordée par le Roy aux Sieurs de Blumenstein père et fils dont la date est du 9.1.1717. Ac.Ms120 f°98-114, 1779. – Mémoire sur l’exploitation des mines. Ac.Ms120 f°129-134, 1751. – Rapport sur un bateau qui n’est pas mû par des rames (avec Devillers*). Ac.Ms182 f°265, 1767. – Des parties intégrantes et constitutives des métaux. Ac.Ms214 f°156-163, 1752. – Des semi-métaux et des minéraux qui les enveloppent. Ac.Ms214 f°188-192, 1764. – En combien de différens minéraux, j’ay trouvé jusqu’à présent chaque métal. Ac.Ms214 f°193-201, 1760. – Remerciement suite à son élection. Ac.Ms263 f°148. – Remerciement suite à son passage comme Vétéran. Ac.Ms268-III f°134.

Publications

Mémoire sur les métaux et minéraux du Lyonnois, Forez et Beaujolois, 1765, reproduit p. 584-618 sous le nom « Blumestein », accompagné d’un complément par Jars le fils (p. 618-632) dans l’ouvrage de Gobet (Les anciens minéralogistes du royaume de France. 1779, Paris : Ruault ; t. 1, 38 + 460 p. ; t. 2, p. 461-910).