Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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CLARET de FLEURIEU de La TOURRETTE Charles Pierre (1738-1810).

par Louis David.

  Charles Pierre naît à Lyon Ainay le 2 juillet 1738 et baptisé le lendemain (RP Lyon Ainay. AM Lyon). Son père est Jacques Annibal* (1692-1776), sa mère Agathe Gauthier de Dortans (1705-novembre 1756). Dernier de neuf enfants il est donc le jeune frère de Marc Antoine Claret* (1728-1793), comme tel destiné à l’état ecclésiastique, mais il montre de grandes dispositions pour les mathématiques et va suivre une autre vocation.

  Le 31 mars 1792, il épouse la veuve d’Antoine Gautier de Mondorge*, Aglaé Françoise Des Lacs d’Arcambal (Paris 10 juin 1775-1er décembre 1828) : ils ont un fils mort en bas âge en prison, et deux filles : Charlotte Françoise Olympe et Louise Camille Charlotte (1801-30 mai 1885). À nouveau veuve en 1810, Aglaë se remariera avec un ami de Charles Pierre, Eusèbe Baconnière de Salverte (1771-1839).

  Charlotte épouse Jean Joseph Henry Maurensane, fils de Jean-Baptiste Maurensane de Puy-Imbert (1760-1828) et de Marie Henriette Rose Martin de Puymaud (1765-1842) : ils ont un fils Jean-Baptiste François Émile (1818-1819). Louise épouse en 1826 Adolphe Urguet de Saint-Ouen, fils de Charles Marie Xavier Urguet et de Jeanne Marie Mathurine, dite Laure, Punctis de la Tour de Boën ; ils auront une fille unique Aglaë Charlotte Urguet de Saint-Ouen (23 janvier 1827-...) qui épouse, le 3 juillet 1850 à Nancy, Armand Louis, marquis des Réaulx (1814-27 décembre 1885), et qui aura trois enfants : Adolphe Maurice (24 avril 1853-1923) marquis des Réaulx, lieutenant au 10e cuirassier marié à Henriette Marie de Monicault ; Ernestine Marie Camille (7 juillet 1854-1944), épouse d’Étienne Julien Barbier de la Lobe de Falcourt, maire de Maisons (Marne) ; Marie Thérèse (24 avril 1855-?), épouse d’Adolphe, comte de Launay (d’après communication de Baudrier*).

  Charles Pierre meurt d’une attaque d’apoplexie, le 18 août 1810, alors qu’il joue avec ses filles dans le jardin des Tuileries (extrait de décès déposé le 12/09/1810, AN, MC/ET/CXVI/658). L’empereur lui accorde des funérailles nationales, suivies d’une inhumation au Panthéon.

  Comte d’Empire le 26 avril 1808, Grand-croix de la Légion d’honneur (14 juin 1804), chevalier de Saint-Louis (1775), chevalier de l’ordre de Malte.

  En Australie, au sud d’Adélaïde, l’actuelle Fleurieu peninsula avait été baptisée en hommage au comte de Fleurieu par Nicolas Baudin en 1802.

  Charles Pierre Claret de Fleurieu s’engage dans la marine à l’âge de quatorze ans ; garde marine trois ans plus tard, à la fin de 1755, il participe aux campagnes de la guerre de Sept ans jusqu’aux combats de Mahon Lagos et des Sablettes ; le 23 mars 1762 il est enseigne de vaisseau. Il rejoint le célèbre horloger Ferdinand Berthoud, ainsi que Pingré habile astronome pour participer à la création d’une horloge marine et, de novembre 1768 jusqu’en octobre 1769, il commande la frégate Isis pour mettre au point, en mer, cette horloge : en 1773, il publie les résultats sous le titre Voyage fait par ordre du roi pour éprouver les horloges marines. Il sera nommé lieutenant au 1er octobre 1773, puis capitaine le 5 décembre 1776. En 1777, Louis XVI crée pour lui la fonction de directeur des ports et arsenaux. Il prend comme adjoint le chevalier d’Entrecasteaux, et rédige les instructions en vue du voyage de Jean François de Galaup, comte de La Pérouse, annotées et approuvées par le roi. La Pérouse part avec ses deux vaisseaux le 1er août 1785 ; il écrira quatre lettres à Claret entre 1785 et 1787, avant les naufrages de 1788. Le 27 octobre 1790, Claret est nommé ministre de la Marine et des Colonies. À la suite d’une dénonciation calomnieuse, le 15 avril 1791, Claret offre sa démission qui est acceptée le 17 mai. Le 18 avril 1792, il est nommé gouverneur du Dauphin : comme tel il accompagne la famille royale en août devant l’Assemblée. Le 16 septembre 1793, Charles Pierre est incarcéré comme royaliste, mais libéré et assigné à résidence. Le 21 avril 1794 il est arrêté par erreur à la place d’un de ses neveux, puis relâché ; le 6 mai il est incarcéré aux Madelonnettes, captivité partagée volontairement par sa femme : son fils naît et meurt en captivité, et les parents seront libérés après 14 mois.

  À partir de 1795, Claret appartient au Bureau des longitudes ; en 1797 il est élu député au Conseil des Anciens sous le nom de Claret-Fleurieu, démis après le 18 fructidor an V [4 septembre 1797] ; peu après le 18 brumaire an VIII [novembre 1799], il est nommé le 24 décembre au Conseil d’État où il préside la section de la marine (conseiller à vie en 1808) ; en 1804, il est intendant de la liste civile impériale ; en 1805 il entre au Sénat, mais le quitte pour raison de fatigue et devient gouverneur des Tuileries et du Louvre. Le 7 septembre 1809, il sera chargé d’enquêter sur la défaite de Trafalgar.


Académie

Sous le nom de M. d’Éveux de Fleurieu il est élu à l’académie de Lyon le 24 novembre 1761 dans la classe des mathématiques, physique et arts : « il paraissait convenir d’en donner une [place vacante] à M. d’Éveux avec le titre d’académicien ordinaire, et que cet arrangement était plus agréable à la compagnie en ce qu’elle remplirait une place et n’augmenterait pas le nombre des associés qui devient tous les jours plus considérable ; qu’à l’égard de la résidence exigée par les règlements […] il a été décidé que le domicile de M. de Fleurieu étant de droit chez son père, quoique le service du Roi l’oblige à s’absenter, de ces sortes de places […] il peut remplir une place d’académicien ordinaire ; qu’autrement tous les officiers servant sa majesté seraient exclus… ». Il prononce son discours de réception, portant sur les différentes branches de l’art nautique, lors d’une assemblée publique extraordinaire le 14 janvier 1762. Étant souvent en mer ou en déplacement, il est peu présent à l’académie, mais y fait lire divers mémoires, notamment par son père ou son frère. Ainsi en est-il le 26 avril 1763 d’un mémoire sur La culture du coton et sur la culture de la silla, plante fourragère à Malte, qui sera lu une seconde fois à la séance publique du 29 novembre 1763 ; le 18 décembre 1764 sur La culture de la vigne à Chio ; le 14 février 1769 sur Les méthodes pour mesurer les latitudes, estimer les routes maritimes, etc.

Il est élu le 17 frimaire an IV [8 décembre 1795] membre résidant de la 2e classe (Sciences morales et politiques) de l’Institut national des arts, des sciences et des lettres, dans la section de géographie. Il occupe le fauteuil 4. Fleurieu est élu président de la 2e classe pour les six derniers mois de 1796. La classe des sciences morales ayant été supprimée le 3 pluviôse an XI [23 janvier 1803], un arrêté du 8 pluviôse an XI [28 janvier] répartit les membres titulaires de l’Institut entre quatre classes : Sciences physiques et mathématiques ; Langue et littérature françaises ; Histoire et littérature ancienne ; Beaux-Arts. Fleurieu est nommé membre de la 1re classe, section de Géographie et navigation.

Il est membre de l’Académie de marine (adjoint en 1769, ordinaire en 1776) et du Bureau des Longitudes.

Bibliographie

Bollioud. – Delambre, « Notice sur la vie et les ouvrages de M. le comte de Fleurieu », lue 6 janvier 1812, Mem. Acad. roy. Sci., Inst. de France 1, 1816, 1818, p. 73-90 ; et A.L. Millin, Magasin encyclopédique..., Paris : J.B. Sajou, vol. 2, 1812, p. 5-34 ; et Esprit des journaux français et étrangers, mai 1812, Bruxelles. – Lievyns, Verdot et Bégat, Fastes de la Légion d’honneur 2, 1844, p. 304-305. – Hoefer, 17, 1856, par P. Levot, col. 908-913. – Ulane Bonnel dir., Fleurieu et la marine de son temps, Actes colloque, Paris : Economica, 1992, 342 p., ill. (portrait). – Drago 2004, p. 44. – www.inventaire-condorcet.com/Inventaire/Personnes_institutions?ID=462

Manuscrits

Pourquoi manque-t-on de matelots en France ? Pourquoi mettons-nous sur nos vaisseaux beaucoup plus d’hommes que les étrangers ?, 1761, (Ac.Ms352 f°37). – Mémoire sur la construction des navires (discours de réception), 14 janvier 1762 (Ac.Ms191 27-34). – De la manière de cultiver la vigne et de faire le vin dans l’île de Scio, Toulon, 9 décembre 1764 (Ac.Ms225 f°65-68). – Lettre de Paris, 9 avril 1773 (Ac.Ms268-III f°114). – Lettre demandant à passer dans les vétérans, Versailles, 6 décembre1783 (Ac.Ms268-IV f°156). Dossier Fleurieu aux archives de l’Académie des sciences, et aux archives de l’Académie de marine (Service historique de la Défense, château de Vincennes)

Publications

M. d’Éveux de Fleurieu, Voyage fait par ordre du roi en 1768 et 1769 [...] pour éprouver en mer les horloges marines..., Paris : Imprimerie royale, 1773, vol. 1, 79 + 803 p., 5 pl. ; vol. 2, 622 + 40 p., 6 pl. et tabl. – Découvertes des Français en 1768 et 1769 dans le sud-est de la Nouvelle Guinée et reconnoissances postérieures des mêmes terres par des navigateurs anglois..., Paris : impr. Royale, 1790, 309 p., 12 pl. (trad. anglaise, London : Stockdale, 1791). – Étienne Marchand et Ch. P. Claret de Fleurieu, Voyage autour du monde pendant les années 1790, 1791 et 1792..., Paris : impr. de la République, 1798-1800, 4 vol. puis 5 vol. + atlas.

Cette notice a été révisée.