Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

GUERRE-DUMOLLARD Jean (1761-1845)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Allevard (Isère) le 10 novembre 1761 sous le nom de Jean Guerraz, fils d’Antoine Guerraz (1733-1799), dit Mouteret – secrétaire-greffier du comté de Barral en 1771, puis industriel (exploitation de mines de fer) et dit à sa mort agent municipal (maire) d’Allevard –, et de Louise Paturel. L’acte daté du lendemain le dit baptisé « entre les mains de Jean Grasset [son oncle] et de Marie Guerraz, présent François Grasset, qui a signé avec le parrain ». Reçu avocat au parlement de Grenoble en 1785, il aurait été député à l’assemblée de Vizille en 1788, puis à l’Assemblée des Trois ordres à Romans la même année, en suivant Mounier. Sa sensibilité aux idées nouvelles est certaine puisque le châtelain du comté de Barral rapporte à l’intendant de Bourgogne que Guerre, lors d’une assemblée générale des habitants d’Allevard réunis le 24 août 1788 pour la conversion des corvées en impôts, excitait la population contre les ministres. Les parlements ayant été dissous, Guerre rejoint Lyon le 20 avril 1792 comme directeur des minières de Servolex. Il habite alors 24 place du Temple-de-la-Raison (act. place Saint-Jean). Il participe aux débats révolutionnaires, mais lutte contre les excès, ce qui le rend suspect auprès des Jacobins. Il est désigné le 2 juin 1793 par la section de Porte-Froc (quartier Saint-Jean) pour porter à Paris le récit de la journée insurrectionnelle du 29 mai 1793. Le 31 juillet, élu président de la section de Porte-Froc [pendant le siège, les sections constituent la municipalité provisoire], il est chargé par cette section, avec cinq autres commissaires dont l’évêque Lamourette, d’écrire un livre pour justifier l’attitude lyonnaise. Mais il se retrouve seul pour le rédiger. Paraissent ainsi en 1793 : un Manifeste des habitants de la ville de Lyon, aux approches du siège, en 12 pages, puis chez Regnault une Histoire de la Révolution de Lyon, servant de développement et de preuve à une conjuration formée en France contre tous les gouvernements, et contre tout ordre social. Suivie de la collection des pièces justificatives, en 64 pages, Leroy et Cutty, qu’il signe « G., Citoyen de Lyon ». Recherché comme l’un des premiers moteurs de la rébellion, il se réfugie à Villars-les-Dombes, puis à la Chapelle-de-Bard, près d’Allevard. La Terreur prenant fin, il rentre à Lyon le 4 octobre 1794, loge 105 rue de l’Arbre-Sec, fait lever les scellés apposés sur sa chambre, d’ailleurs pillée, de la place du Temple-de-la-Raison.

 Il épouse à Lyon le 17 frimaire an III [7 décembre 1794], toujours sous le nom de Guerre, Marie Magdelaine Robin (1769-1832) – fille d’Antoine Robin (1705-1773), de Villars-les-Dombes, écuyer, avocat au parlement de Bourgogne, conseiller du roi, et de Marie Claudine de Micoud (1737-1811) –, qu’il avait connue lors de sa fuite. Les témoins sont Jean Louis Fournereau, notaire, Julien Marie Le Vaheux, imprimeur, et Michel Rocher, traiteur, son propriétaire de la rue de l’Arbre-Sec. Qualifié d’homme de loi, il loge tout d’abord chez sa belle-mère, 15 place de la Baleine, puis achète le 23 août 1795, une maison sise au 4 rue des Célestins (devenu 120, puis 87 quai des Célestins). Il est dit négociant en 1799 et 1800, comme agent d’un sieur Denois, entrepreneur général de l’habillement des troupes de l’intérieur. Un arrêté des consuls du 21 juin 1800 le nomme juge au tribunal civil de Lyon, mais il n’est pas installé car il choisit des fonctions de régisseur de l’octroi. Conseiller municipal de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, où il avait acquis en 1796 la propriété des Mercuires, la Baticolière et la Milady, sise à la limite de Collonges, vendue en 1832 à la famille Gillet. Il devient avocat officieux en 1804, jusqu’à la régularisation de cette profession par le décret de décembre 1810. Le 14 juillet 1805, il remplace temporairement, comme juge intérimaire au tribunal d’appel de Lyon, Claude Blanc, désigné au Corps législatif, mais il assure en fait sa carrière au barreau, dont il devient G dictionnaire historique 638

 bâtonnier le 12 décembre 1831, jusqu’au 22 novembre 1832, date à laquelle il est élu secrétaire de l’Ordre. Il a été conseiller municipal de Lyon de 1803 à 1814, et de 1834 à son décès. Il est mort le 15 août 1845, à 83 ans, sous le nom cette fois de Guerre-Dumolard (Le Mollard est un lieu-dit d’Allevard), dans sa maison de campagne à Saint-Rambert-l’Île-Barbe, achetée sur adjudication judiciaire le 30 mars 1833. Témoins : son « petit gendre », Jean Joseph Barthélémy Pérouse, avocat (qui avait épousé sa petite fille, Virginie Torombert 1814-1880), et Joseph Brédy, jardinier à Saint-Rambert. Il a été inhumé à Loyasse. Sa fille Jeanne Marie Claudine Antoinette Élisa (1795-1874) a épousé en 1813 Honoré Torombert*, membre de l’Académie de Lyon en 1823.


Académie

Guerre a rédigé en 1807 l’éloge de Jean Xavier Bureaux de Pusy*, qui a été lu à l’Académie par Martin aîné* le 21 juillet 1807 (Ac.Ms140-II f°40), et imprimé sous le titre Éloge historique de M. Bureaux-Pusy, successivement préfet des départements de l’Allier, du Rhône et de Gênes ; l’un des commandants de la Légion d’honneur ; président de l’Académie de Lyon, membre de celle de Gênes, etc. ; ancien président de l’Assemblée nationale constituante ; ancien capitaine au Corps royal du génie et chevalier de l’ordre de St. Louis, Lyon : Ballanche, 1807, 72 p. Cette intervention de Guerre, qui à cette date n’est pas membre de l’Académie, s’explique par la parenté : Françoise Robin (1748-1841), demi-sœur de son épouse, avait épousé Pierre Poivre* ; leur fille, Françoise Julienne Isle de France Poivre (1770-1845), avait épousé en 1792 Jean Xavier Bureaux de Pusy. Guerre donnera d’ailleurs à l’Académie le 31 mars 1835 le buste de Bureaux de Pusy, fait par François Joseph Martin (Ac.Ms278). Cet éloge a compté comme titre d’admission de Guerre à l’Académie lors de son élection à la séance du 21 novembre 1809, section belles-lettres et arts. Il a été président en 1819 et 1837.

Membre de la Société d’Agriculture de Lyon (1812), de celle de Mâcon (1837), membre de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon (1832-1835) puis honoraire (1835-1845), nommé en 1834 membre de l’Institut historique.

Bibliographie

Michaud. – Dumas. – A. Dubreuil, Les anciens bâtonniers de l’ordre des avocats de Lyon, Lyon : Rey, 1914, p. 39. – G. Bellin, Tableau statistique du personnel et des travaux de la Société littéraire de Lyon, RLY, n° 18 (1859), p. 524. – Gabriel Pérouse [descendant de Guerre, comme son neveu homonyme académicien], A. Dallemagne, C. Faure*, Types et échantillons de l’ancienne société : Du nombre des individus composant l’ascendance d’une seule personne et de la variété de leurs origines et de leurs conditions sociales, d’après les ascendants de Virginie Torombert de Belmont en Valromey. Tableaux et notices généalogiques, Belley : Chaduc, 1931. – P. Hamon, DBF.

Manuscrits

Mémoire historique sur l’Académie de Lyon, depuis sa première origine, jusqu’à nos jours, 1810 ; Dissertation sur l’état de la civilisation du peuple Ségusien et des Gaulois ou des Celtes en général, et sur l’existence de la ville de Lyon avant l’invasion des Romains dans les Gaules, avec une digression sur le passage d’Hannibal dans les Alpes, pour servir d’introduction à l’histoire de la ville de Lyon avec cette épitaphe Ament Meminisse periti, 1er mars 1814 ; Dissertation sur quelques découvertes archéologiques faites dans le Dauphiné ; Rapport sur le Concours de poésie de 1815, 31 août 1815, Ac.Ms246 f°342 ; Rapport du prix extraordinaire de poésie de 1815: le retour des Bourbons, Ac.Ms246 f°342 ; Rapport du prix extraordinaire de poésie en 1816. Campagne du duc d’Angoulême dans le Midi en 1815, Ac.Ms246 f°355; Notice sur quelques ruines découvertes à St Agnin, arrondissement de Vienne, 25 mai 1819, Ac.Ms159 f°310 ; Rapport sur une dissertation de M. Pougessaud sur la déesse Néhalemia, Ac.Ms123 f°63 ; Notice sur l’histoire de Lyon en refusant à Plancus l’attribution de la fondation de Lyon, 28 mars 1820 ; Rapport sur le précis de la littérature historique de Moghreb-el-akla de M. Graberg de Hemso, 16 mai 1820, Ac.Ms123 f°339; Rapport sur un ouvrage de M. Graberg sur les progrès de la géographie, Ac.Ms123 f°343; Rapport sur un ouvrage de M. Achard-James relatif à un voyage dans les Alpes, lu à la séance du 16 janvier 1821, Ac.Ms123 f°387 ; Notice sur Dominique et François de Bastard, Ac.Ms140-II f°261 ; Rapport Concours de 1822-1823 : Des moyens de rendre utiles les colonies, Ac.Ms248 f°146 ; Rapport sur le Concours de 1825. Le système des prohibitions dans le régime des douanes est-il plus utile que nuisible aux intérêts respectifs des nations ?, lu le 31 août 1825, Ac.Ms235 f°1; Mémoire contre l’organisation provisoire de la Martinière, probablement vers 1832 ; Rapport sur les titres littéraires de M. Smith de Saint-Etienne, juin 1832, Ac.Ms123ter f°304; Document relatif à l’Histoire de l’Académie de Dumas, Ac.Ms270 f°154 ; Notice sur le château de Chambord ; Dissertation sur la manière d’écrire l’histoire ; De la propriété des terrains conquis sur les fleuves, par des travaux d’arts ; Recherches sur les couleurs royales et nationales de la France, probablement vers 1835, Ac.Ms123 f°355. Il rapporte le 1er février 1842 avec d’autres confrères sur une inscription à placer dans la galerie intérieure du palais Saint-Pierre, Ac.Ms279 f°1-pièce n° 17 ; avec d’autres le 18 mars 1834 sur les Lettres à Julien sur l’entomologie de Mulsant, Ac.Ms279-II-pièce 14; avec d’autres sur le Code moral des ouvriers de M. Monfalcon, Ac.Ms279-III-pièce 32 ; et enfin avec Philippe Benoit sur un ouvrage de M. de Comberousse, Ac.Ms279-III-pièce 32.

Publications

Outre les ouvrages cités plus hauts, Guerre a publié : De l’octroi municipal de Lyon et de quelques points d’économie politique, Lyon : Maillet, 1805, 47 p. ; [anonymement]. – Considérations sur les taxes extraordinaires de guerre établies ou projetées à Lyon, Lyon : Kindelem, 1815. – [toujours de façon anonyme], Campagnes de Lyon, en 1814 et 1815 ou Mémoires sur les principaux événements militaires et politiques qui se sont passés dans cette ville et dans quelques contrées de l’Est et du Midi de la France, à l’occasion de la restauration de la monarchie française; pour servir à l’histoire générale du temps présent¸ Lyon : Kindelem, 1816. – Avec Louis François Marie Menoux*, Compte-rendu de l’Académie de 1819, Mémoires 1819. – Mémoire sur les droits de navigation du canal de Givors, Lyon : Kindelem, 1821. – École de La Martinière fondée par le Major-Général Claude Martin, rapport à l’Académie, Lyon Kindelem, 1823. – Observations sur la Pépinière de naturalisation du département du Rhône, Lyon : Boget, 1823. – Mémoires sur la conservation ou la suppression des moulins du Rhône à Lyon, dans leurs rapports avec l’intérêt public et le droit de propriété, Lyon : Durand et Perrin, 1823. – Mémoire pour les propriétaires et les manufacturiers riverains du cours de la Gère, à Vienne, sur leur droit aux eaux de cette rivière, à l’occasion du rétablissement de l’un des aqueducs des Romains, destiné à détourner de leur cours une partie des eaux de la même rivière, Lyon : Durand et Perrin, 1824, 85 p. – Notice historique sur l’abbaye de Saint-Pierre de Lyon, à l’occasion de l’installation de l’Académie royale…, Lyon : Barret, 1824, lu à la séance du 20 août 1824 à l’occasion de l’installation de l’Académie dans ses nouveaux murs. – Défense du Précurseur : journal politique, littéraire, scientifique, industriel et commercial de Lyon et du Midi. Suivi de la plainte et du jugement de 1re instance, Lyon: Brunet, 1827, 74 p. – Mémoire de l’Académie royale des sciences […] sur le mode d’exécution des dispositions testamentaires faites par le Major-Général Martin […], Lyon : Perrin, 1827, 54 p. – Notice historique sur la vie de M. P.-F. Rieussec, Lyon : Perrin, 1827, lu à l’Académie le 3 juillet 1827. – Mémoire sur une fausse accusation de parricide par empoisonnement : avec des observations sur quelques points de l’administration de la justice criminelle en France, Lyon, Rossary, 1829, 302 et CXIX p. – Sur la question de savoir si les ponts, canaux de navigation et chemins de fer concédées à des particuliers, conservent ou perdent, par la concession, leur caractère de voie publique, Lyon : Perrin, 1829. – De l’autorité des lois civiles et politiques de chaque Etat sur son territoire, et de l’effet des actes passés à l’étranger, s.l., 1832. – Discours de M. Guerre : membre de la minorité de la commission nommée par l’Académie royale de Lyon pour l’organisation intérieure de l’école de la Martinière, contre le rapport de cette commission, Lyon : Perrin, 1831, 41 p. – De l’origine des drapeaux et autres signes militaires, Lyon : Rossary, 1835. – Considérations sur les avantages et les inconvénients des étangs de la Bresse marécageuse, Bourg : Dufour, 1838. – Compte-rendu de l’Académie de 1837, Lyon, Perrin, 1841. – Nouvelles preuves de l’existence de la ville de Lyon avant la présence de L. M. Plancus dans les Gaules, dans Congrès des sociétés savantes, Lyon, 1841. – Considérations sur le tracé et le mode d’exécution de la grande ligne de communication à établir entre le canal de la Manche et de la Méditerranée, Lyon : Perrin, 1842. – Dumas révèle l’existence d’un recueil en 16 volumes de 20 000 pages de ses mémoires, consultations et plaidoyers imprimés. Il a collaboré à plusieurs journaux. Dumas cite un article « piquant » dans le Journal de Lyon du 15 mars 1810, titré Curiosité microscopique.