Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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RAYMOND Jacques Marie Jules (1843-1909)

par Michel Dürr.

 Jacques Marie Jules Raymond est né le 12 janvier 1843 à Chambéry, paroisse de Lemenc, fils de Spectable Claude Melchior Raymond (1804-Chambéry 1er avril 1854), avocat, professeur de droit, rédacteur en chef du Courrier des Alpes) et de Françoise Joséphine Cornier, rentière (1806-1892). Il épouse à Chambéry le 8 juin 1883 Marie Marguerite Victorine Python (décédée le 15 août 1891). Il se remarie au Havre le 6 janvier 1896 à Marie Louise Philomène Libert, veuve d’Alfred Isidore Damamme.

 Il entre à l’École polytechnique en 1863 et en sort sous-lieutenant d’artillerie en 1865. Le 16 novembre 1867, il est affecté comme lieutenant au 6e régiment d’artillerie montée. Il intervient efficacement à Reichshoffen le 6 août 1870 pour stopper les escadrons prussiens à la poursuite des troupes françaises, ce qui lui vaut de passer capitaine le 20 août 1870. Il se bat le 31 août à Bazeilles, le 1er septembre à Sedan. Fait prisonnier, il s’évade et se met à la disposition du gouvernement de la Défense nationale. À l’armée de la Loire, il intervient à Saint-Laurent des-Bois le 7 novembre, à Coulmiers le 9, à Villepion le 1er décembre, à Loigny le 2, à Orléans du 4 au 10 décembre 1870, à Vendôme le 13, à Chahaigne le 8 janvier 1871, au Mans le 10 et le 11, à Saint-Jean-sur-Erve le 17 janvier 1871. Versé au 2e corps à l’armée de Versailles, après l’armistice du 26 janvier, il est cité à l’ordre de l’armée le 30 avril 1871 pour sa conduite à la redoute du fort de Châtillon, où il est blessé le 25 avril par des éclats d’obus à la tête et à l’épaule droite. Il est affecté en mai 1871 à la manufacture d’armes de Châtellerault, à la commission d’expériences de Bourges en 1873. Il détermine à partir des lois de la balistique intérieure, le développement de la rayure longitudinale de l’âme des canons, afin de donner un mouvement de rotation au projectile et ainsi de stabiliser sa trajectoire. Il calcule aussi des tables de tir commodes. Le 28 mai 1873, il reçoit une lettre de félicitations du ministre de la Guerre pour un projet de canon de 12 et de 15 livres pour l’armement des places. Il est ensuite affecté à diverses unités. Nommé chef d’escadron le 29 janvier 1883, il obtient le brevet d’état-major le 8 février 1887, est lieutenant-colonel le 12 septembre 1889, directeur de l’école d’artillerie de Briançon. Il est ensuite sous-chef d’état-major du gouvernement militaire de Lyon où il passe colonel le 10 juillet 1894. Nommé directeur de l’artillerie à Toulouse le 12 novembre 1896, il revient le 30 décembre 1896 à Lyon pour y occuper jusqu’à sa retraite le poste homologue de directeur de l’artillerie. Atteint par la limite d’âge, il est rayé des cadres de l’armée le 12 janvier 1903.

 Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 9 avril 1871, officier le 6 septembre 1892 et commandeur le 30 décembre 1902 (LH/2273/72).


Académie

Petit-fils de Georges Marie Raymond (1769-1839), polygraphe, fondateur de l’académie savoisienne, fils de Claude Melchior Raymond, esprit universel, Jacques Marie Jules Raymond est lui-même un esprit encyclopédique, ce qui le fait élire à l’Académie le 5 décembre 1906, sur un rapport de Sparre* lu le 28 novembre, au fauteuil 4, section 1 Sciences, pour succéder à Joseph Bonnel*. Ses communications ne traitent pas seulement de sujets scientifiques – Les forces naturelles et les transformations de l’énergie (discours de réception du 15 mai 1906) ; L’hypothèse de la matérialité de l’éther (17 et 24 juillet 1906) ; Exposé sur une méthode d’enseignement de l’arithmétique du 16e siècle : « L’arithmétique de Gemme Phrison », médecin, astrologue et mathématicien [ouvrage de Renier van den Steen, alias Régnier de la Pierre ou encore sous le pseudonyme latin de Gemma Phrisius], traduit en français par Pierre Forcadel, professeur de mathématiques [Pierre Forcadel, décédé en 1576, de Béziers, lecteur du roi ès mathématiques, Paris : Hierosine de Marnef et Guillaume Gavellat, 1585] (23 avril 1907) ; Observations sur le système qui tend à s’introduire dans les sciences pour contredire les principes les plus incontestables de la géométrie euclidienne (23 juillet 1907) ; La température du soleil d’après une note de M. Schnaebele (17 mars 1908). Mais il est aussi historien : aidé de son passé de soldat, il évoque les événements militaires qui ont eu pour théâtre les vallées qui mènent de France en Suisse et en Italie, depuis le passage d’Annibal ; il rappelle L’abdication en 1730 de Victor-Amédée II de Savoie (13 et 20 mars ; 3 avril 1906) ; ou encore, d’après des documents d’archives inutilisés jusqu’à lui, il peint à la suite de Berthier, futur duc de Neuchâtel, la grande misère des armées françaises cantonnées sous le Directoire, autour du Léman.

Il est mort à Lyon le 14 janvier 1909 et a été inhumé à Chambéry. Son éloge funèbre a été prononcé par le président Exupère Caillemer*, aux funérailles le 16 janvier et à l’Académie le 19.

Bibliographie

Discours prononcé le 15 janvier 1909 aux funérailles de M. Jacques Marie Jules Raymond, par E. Caillemer, MEM Rapports 1909-1912.

Publications

« Considérations sur la carte de France », Bull. Soc. Géog. Lyon, 1905 (n° 129, p. 97-114 ; n° 130, p. 193-214 ; n° 131, p. 288-300). – Recherches sur la partition des nombres, Lyon, 1900, 54 p., extrait des Ann. Soc. Agri. Sc. et ind. Lyon, séance du 31 mars 1905.Les forces naturelles et la transformation de l’énergie, discours de réception, Lyon, 1906, 23 p., extrait des MEM 1907. – La matérialité de l’éther, Lyon, 12 p., extrait des MEM 1907. – Rapport à l’Académie… de Lyon sur le prix Christin et de Ruolz, décerné le 18 décembre 1906, Lyon 1907, 12 p., extrait des MEM, Rapports 1905-1908.

Manuscrits (cités par E. Caillemer, MEM Rapports 1909-1912, p. 10-11) : L’artillerie dans la défense des Alpes, conférence de garnison faite à Grenoble le 25 février 1886. – Notes sur le Valais et le pays de Vaud (1889). – Reconnaissance de la place de Saint Maurice en Valais (1892). – Note sur l’éventualité de la violation de la neutralité suisse dans une guerre européenne (1893). – Projet d’opérations dans la vallée de la Stura par le XIVe corps et la 59e brigade, 16 mars 1894. – Mémoire sur le calcul direct des racines numériques de tous les degrés, 1900. – L’abdication de Victor-Amédée II, roi de Sardaigne, et sa tentative de restauration, d’après une relation inédite du marquis de Trive (mémoire lu à l’Académie de Lyon, à la séance du 9 mars 1906).