La nombreuse famille Péricaud, apparue à Lyon dans la seconde moitié du xvie siècle en la personne de Jean, maître des selliers en 1574, compte de nombreux artisans et marchands qui s’embourgeoisent au cours du xviiie siècle, et atteint son apogée au xixe siècle en faisant partie de l’intelligentsia lyonnaise. Antoine Péricaud, né le 4 décembre 1782, est baptisé le lendemain dans l’église Notre-Dame-de-la-Platière. Parrain : son oncle Antoine Pierre Péricaud (notaire) ; marraine : sa grand-mère maternelle Hélène Benoît. Son père Claude (1751-1793), « bourgeois » de la ville, est teneur de livres ; il a épousé, le 26 janvier 1780 à l’église Saint-Saturnin, Pierrette Loth (1761-1825), fille de Florentin Loth (1717-1797), bourgeois de Lyon, et d’Hélène Benoît (1733-1820). La famille est touchée par la répression révolutionnaire : Louis Loth, frère de Pierrette, meurt les armes à la main au côté de Précy, lors du siège de Lyon le 29 septembre 1793 ; Claude Péricaud, père d’Antoine, officier de la garde nationale de Lyon, arrêté à Curis pendant la fuite de l’armée de Précy, est guillotiné place Bellecour le 12 novembre 1793 ; Jean-Baptiste Benoît, son grand-oncle « fabricant », est guillotiné le 22 janvier 1794 à l’âge de 62 ans pour avoir « signé du papier obsidional » ; Florentin Loth, son grand-père, arrêté dans sa maison de Charly, le 15 février 1794 à 77 ans, échappe de peu à la guillotine. Antoine second d’une fratrie de cinq enfants (quatre garçons et une fille), est en fait l’aîné, son frère Florentin (né en 1781) étant décédé à l’âge de 22 jours. Antoine est suivi par Marc Antoine (1784-1864), avocat, marié en 1815 à Marie Joséphine Rambaud [fille de Joseph Antoine Rambaud (Givors 1762-Lyon 1840) propriétaire du château d’Ombreval à Neuville-sur-Saône, domaine qui est entré dans les biens de son gendre en 1845-1846], puis par Melchior, rentier (1781-1872), et Louise Suzanne (1791-1850) restée célibataire. Pendant la période de la Révolution les enfants Péricaud et leur mère se réfugient au Mas de Roux (Montluel) où habite la famille Bréghot ; Suzanne Péricaud, sœur de Claude, a en effet épousé le 26 juin 1781 à Lyon Antoine Bréghot, juge de paix à Montluel. Ainsi se noue une amitié profonde et féconde entre leur fils Claude Bréghot du Lut* (1784-1849) et son cousin germain Antoine Péricaud. Revenus à Lyon, Antoine et son frère Marc Antoine entament des études de droit. Antoine sera avoué de 1810 à 1839. Le 30 janvier 1811 il épouse sa cousine germaine Anne Antoinette Bréghot (Montluel 30 janvier 1789-Lyon 15 décembre 1865), la jeune sœur de Claude. Antoine réside quai Saint-Clair au moment de son mariage. Le 4 novembre 1811 naît, 44 rue Saint-Jean, Hélène Antoinette Joséphine. Le couple Péricaud a douze enfants, dont seuls deux accèdent à l’âge adulte : l’aînée (décédée le 24 novembre 1902), et le benjamin, Paul Joseph, né le 12 septembre 1827 40 quai de Retz (act. quai Jean Moulin), décédé le 23 juillet 1906 (Lyon 5e). La famille a habité de nombreuses années 38 rue du Bœuf. Signalons que sa nièce, Pulchérie Suzanne Martine Péricaud (Lyon 19 décembre 1826-Millery 14 mars 1878), fille de Marc Antoine Péricaud (Lyon, 1784-1864), avocat à Lyon, et de Joséphine Marie Rambaud (Lyon, 1798-1865) a été l’épouse d’Alexandre de Lagrevol* entré à l’Académie en 1866.
En 1827 Antoine Péricaud devient bibliothécaire de la ville de Lyon, en remplacement de Jean-Baptiste Poupar* (décédé le 1er mars 1827, successeur lui-même en 1820 de François Delandine*), et il occupe le logement de fonction de la bibliothèque municipale dans le collège royal, l’ancien collège de la Trinité. En 1847, il est contraint à la démission et, par arrêté municipal du 4 septembre 1847, remplacé par J.-B. Monfalcon* (1792-1874), médecin de l’Hôtel-Dieu puis de la Charité, et jusque-là bibliothécaire du Palais des Arts. Les raisons de cette « démission » sont restées obscures. Péricaud argue « de raison de repos ». Il semble avoir été « démissionné » pour éviter un scandale en rapport avec une affaire judiciaire : l’affaire du Comte Guglielmo Libri (1803-1869) ; ce dernier, né à Florence, ancien carbonaro émigré en France et naturalisé français, devenu, en 1843, professeur de mathématiques au Collège de France, érudit et bibliophile, s’est rendu coupable de nombreux vols de manuscrits et de livres rares dans les bibliothèques de France, profitant d’une mission officielle du ministère de l’Instruction publique qui l’avait chargé d’établir un catalogue. Il aurait entre autres dérobé à Lyon plusieurs pages du Codex Lugdunensis, une traduction latine du Lévitique et des Nombres antérieure à la Vulgate. Libri qui s’est enfui en Angleterre puis en Italie a été condamné par contumace en 1850. Les bibliothécaires en poste ont été accusés de négligence.
Ayant à contrecœur laissé sa place, Péricaud s’installe 1 place Le-Viste ; en 1861 il habite 42 place Impériale (act. place de la République), où il décède le 25 octobre 1867. Il est inhumé au cimetière de Loyasse, le 27 octobre « dans une modeste tombe de l’allée 22, qui a disparu en 1994 ». Grand érudit, Antoine Péricaud, qui a beaucoup écrit, souvent en collaboration avec son cousin Claude Bréghot du Lut, est « le fondateur de l’érudition historique lyonnaise » (Henri Hours). S’il s’intéresse d’abord à la traduction et à l’étude de textes latins, sa nomination comme conservateur de la bibliothèque est déterminante comme on peut le voir en consultant la liste imposante de ses travaux. Ses compétences justifient son adhésion à un nombre considérable d’organismes : en 1807 il est avec son frère Marc Antoine et son cousin Claude Bréghot du Lut, membre fondateur du Cercle littéraire, devenu la société historique et littéraire de Lyon, membre correspondant des académies de Dijon, de Besançon-Franche-Comté, et de Marseille, membre de l’académie de Savoie (1828-1867), membre correspondant de la société d’agriculture de la Loire (1855), membre de la société linnéenne de Lyon (1861).
Antoine Péricaud est admis en 1821. Cette même année, il publie une Notice sur Claude Brossette de l’Académie de Lyon, et le 31 août 1822 prononce son Discours sur la traduction considérée comme exercice (Lyon : Barret, 1822). En juillet 1824, il lit sa Notice sur la vie et les ouvrages de Charles Borde, « destinée à faire partie de la Biographie Lyonnaise ». Passé en 1847 au fauteuil 1, section 2 Lettres, il devient membre titulaire émérite en 1853 et il est président de 1865 à son décès.
G. Bruyère, « Pro patria colligit, le bibliophile L. Coste (1784-1851) et sa bibliothèque lyonnaise », Actes des journées d’études 2013, XXVI, Caluire et Cuire et sa région, USHR.
Songe de St Jérôme, 1825, Ac.Ms123ter f°144. – Rapport sur la candidature de M. le docteur Begin, de Metz, 27 juillet 1837, avec Boullée et Grandperret, Ac.Ms279-III f°154. – Rapport sur deux opuscules : « Lettre sur le poisson Dieu des premiers chrétiens, à propos d’une inscription grecque trouvée près d’Autun » et « Lettre…. sur une inscription chrétienne regardée comme le monogramme du Christ », avec Rey et Nolhac, 1841, Ac.Ms279-I. – Rapport sur la candidature de M. Antoine Lambert (Notice d’un sceau inédit d’Henri VI, empereur d’Allemagne), avec Richard de Laprade, 16 août 1842, Ac.Ms279-II pièce 25. – Rapport sur M. Baux, auteur de L’Histoire de l’église de Brou, avec Costes et Bréghot du Lut, Ac.Ms279-II, pièce 43. – Rapport sur l’Histoire de l’abbaye de Hautecombe par le baron Jacquemond de Chambéry, 1844, Ac.Ms279-1, pièce 33. – Recueil fait au vray de la chevauchée de l’asne faicte en la Ville de Lyon et commencée le 1er jour de septembre 1566 par Guillaume Testefort et en 1829 par MM. Bréghot du Lut et Péricaud, Ac.MsPA 52. – Rapport sur une notice de M. l’abbé Guillon concernant l’édition princeps des œuvres de Cicéron, Ac.Ms123ter f°43 – Rapport sur le Traité de rhétorique de Grandperret, Ac.Ms123ter f°49. – Rapport sur les titres d’admission de M. IdT, Ac.Ms123ter f°50. – Testament de M. Grunnius Porcellus, Ac.Ms123ter f°50. – Rapport sur un petit poème latin de M. Comberlin d’Amonyris, Ac.Ms123ter f°114. – Rapport sur la seconde édition de Ciceroniana, Ac.Ms123ter f°115. – Rapport sur les titres académiques de M. Legeay, Ac.Ms123ter f°407. – Rapport pour l’admission de M. Teissier sur la liste des correspondants, Ms 123 ter, 413. – Rapport sur les titres littéraires de de M. Audiffret, Ac.Ms123ter f°420. – Pièces à la louange de Louise Labbé, imitées de l’Italien, Ac.Ms125 f°372.
Les travaux d’Antoine Péricaud – livres, notices, articles – sont trop nombreux pour être tous énumérés ici (voir une liste des ouvrages imprimés et manuscrits dressée par É. Vingtrinier*, RLY s. 3, n° 4, 1867). Citons : Notice topographique sur la ville de Lyon, avec Coste et Bréghot du Lut, Lyon : Rusand, 1834 ; nouvelle édition augmentée, Lyon : Pélagaud, Lesne et Crozet, 1838. – Notes et documents pour servir à l’histoire de Lyon, plusieurs volumes ou fascicules, 1834 à 1867. – Avec Bréghot du Lut, Catalogue des Lyonnais dignes de mémoire, Lyon : Boitel, 1839. – Bibliographie lyonnaise du xve siècle, plusieurs volumes publiés en 1851, 1852, 1853, et 1859. La liste peut être complétée sur les sites de la BML et de Gallica.