Né à Lyon le 5 mars 1702, baptisé le 6 en l’église Sainte-Croix, fils de Christophe Béraud, greffier de l’audience de la sénéchaussée de Lyon, puis conseiller du roi, commis receveur général des saisies réelles de toutes les cours et juridictions de Lyon, et de Marianne Mercier, mariés à Lyon Sainte-Croix le 24 février 1696. Il a pour parrain noble Laurent Gillet (1664-1720), avocat en parlement et ès cours de Lyon, et pour marraine damoiselle Marie Ravaisse, femme de Barthélemy Cumone, procureur ès cours de Lyon. Il fait ses études au pensionnat des jésuites d’Aix-en-Provence. Il entre au noviciat des jésuites à Avignon le 7 septembre 1717. À sa sortie, il enseigne les belles lettres à Vienne, puis la rhétorique à Avignon. À partir de 1733, il enseigne les sciences ainsi que la philosophie pendant plusieurs années à Aix. Il fréquente alors l’intendant Cardin Lebret (1675-1734), s’intéresse à la numismatique et met en ordre la collection de médailles antiques de l’intendant. Envoyé par ses supérieurs à Lyon en 1740, il est nommé professeur de mathématiques, directeur de l’observatoire du collège, et gardien du médailler du collège de la Trinité. « Ce fut, dit le célèbre Lalande, à ses leçons en 1746, que je pris le goût de l’astronomie, dont je me suis occupé toute ma vie. Montucla*, Fleurieu*, Bossut [tous trois lyonnais], et plusieurs autres élèves distingués dans les mathématiques déposent du mérite de cet habile professeur. » (Biographie astronomique, p. 576).
Le père Béraud accumule les observations de météorologie et d’astronomie à l’observatoire du collège : éclipses, comètes, aurores boréales, taches du soleil. Il s’attache pendant plus de dix ans à préciser la méridienne du collège de Lyon. La qualité de ses travaux lui vaut d’être nommé par l’Académie des sciences de Paris correspondant de l’abbé de la Caille le 13 février 1751, et de Lalande le 12 juin 1762. Menées en parallèle avec celles de La Caille en Afrique australe, ses observations affinent les parallaxes de Mercure et de Vénus. L’observation du passage de Mercure devant le soleil en 1753 montre la supériorité des tables de Halley sur celles de Cassini. Soucieux de perfectionner ses instruments, Béraud étudie l’influence du diamètre des tubes capillaires utilisés dans les thermomètres. Il remporte plusieurs prix pour ses réponses aux questions mises au concours par diverses académies : l’influence de la lune sur la végétation, l’électricité, l’augmentation de poids qu’acquièrent certains corps dans la calcination. En 1764, « la destruction de la Compagnie de Jésus obligea Béraud de s’expatrier [à Avignon], parce que sa conscience ne lui permit pas de prêter le serment qu’on exigeait. De retour dans sa patrie [à Lyon, après que les jésuites eurent été expulsés d’Avignon en 1768], il y mena une vie fort retirée [...]. Il partageait ses jours entre l’étude et la prière. À la fin de sa vie, il mettait la dernière main à une dissertation pour prouver, contre le sentiment de M. Diodati de Naples, que la langue que parlait notre Seigneur était la langue syriaque et non la grecque, et il pensait aussi à publier quelques médailles intéressantes pour la ville de Lyon, qu’il croyait uniques, lorsqu’il a été enlevé par la mort le 26 juin 1777. » Il a été enterré en grande procession à Saint-Nizier le 27 juin. À ses qualités de « religieux profès de la Société des jésuites quand elle existait », a été ajoutée en marge la mention « membre de l’académie des Sciences et Beaux-arts de cette ville ».
« Du 17 novembre 1740, le R.P. Duclos nommé pour remplir la place de recteur à Aix, a demandé dans cette séance [de l’Académie des Beaux-Arts], d’être inscrit dans le nombre des académiciens honoraires correspondants ce qui lui a été accordé dans la forme de nos règlements. Il a proposé le P. Béraud jésuite, pour être reçu à sa place d’académicien ordinaire. » « Du 24 novembre 1740, le P. Béraud, jésuite et professeur des mathématiques au grand collège, ayant été proposé dans la séance dernière, a été reçu dans celle-ci, académicien ordinaire dans la classe des mathématiques pour l’astronomie. » En 1754, éclate l’affaire Tolomas*, accusé par d’Alembert de l’avoir insulté lors de la rentrée du collège de la Trinité. Béraud prend la défense de son confrère dans une lettre à d’Alembert où il tente d’apaiser la querelle. Lorsque la Société des beaux-arts est réunie à l’Académie en 1758, Béraud rejoint celle-ci comme ordinaire dans la classe de mathématiques, physique et arts qui sont relatifs à ces sciences. Il en démissionne le 15 mars 1764 lorsqu’il quitte Lyon, du fait de l’expulsion des jésuites du royaume. Il était membre de l’académie de Villefranche [en Beaujolais].
Bollioud. – Dumas. – Éloge historique de Laurent Béraud lu dans la séance publique de l’Académie le 29 août 1780 par le P. Le Febvre de l’Oratoire, Lyon : de la Roche, 1780. – Archives des jésuites (Vanves), dossier Béraud.
À l’Académie : Discours de réception, 24 novembre 1740, Ac.Ms263 f°99. – Mémoire sur une végétation singulière de Tanacetum ou tanaisie, observée dans une bouteille de vin blanc, 1746, Ac.Ms222 f°80. – Mémoire sur les thermomètres, 1746, Ac.Ms199 f°145. – Réflexions sur les thermomètres de différents tuyaux, 1747, Ac.Ms199 f°134. – Les parties de feu augmentent-elles par leur poids celui de certaines matières calcinées ?, 1747, Ac.Ms227 f°155. – Expériences fulminantes de l’électricité, 13 juillet 1750, Ac.Ms227 f°39. – Mémoire sur l’évaporation des fluides et l’ascension des vapeurs, 30 juin 1751, Ac.Ms215 f°17. – Réflexions sur le livre de la théorie des tourbillons de Fontenelle, Ac.Ms207 f°208. – Explication d’un cachet antique du cabinet de Lyon, 16 novembre 1753, Ac.Ms119 f°43. – Cachets d’oculistes romains, 25 mai 1753, Ac.Ms119 f°53. – Remarques sur la boussole d’inclinaison, 21 juin 1754, Ac.Ms203 f°91. – Réflexions sur le cours des fleuves (lettre de M. Gennené, 1er physicien de S.M. Impériale à un magistrat de Hollande), 1761, Ac.Ms215 f°47. – Brun : Réponse aux objections de M. Béraud [le mémoire de M. Brun traitait de la Théorie psychologique de la fièvre], Ac.Ms256 f°105. – Ruolz : Réponse au P. Béraud, 1 déc. 1760, Ac.Ms263 f°174.
Hors Académie : Lettre du P. Béraud, 1746, BML fonds Charavay 62. – Lettre du P. Béraud à Calvet, docteur en médecine à Avignon, au sujet de la bibliothèque de M. de Cambis que le sieur Los Rios, libraire à Lyon, voudrait acquérir en partie, Lyon, 8 avril 1773. Arch. Mun. Reims, coll. Tarbé, carton XVII, n° 260. – Lettres adressées à Esprit Calvet, dont lettres du P. Béraud. Médiathèque Ceccano, Avignon, n°CGM 3050. – Lettres du 26 août 1768 et du 29 janvier 1769 à Esprit Calvet, BM Avignon, Ms.2363 f°12 et f°141.
Relatifs à l’astronomie : Dissertation physico-astronomique sur les irrégularités de la lune, 14 février 1742, Ac.Ms207 f°87. – Discours sur les trois inégalités de la lune, 1743, Ac.Ms207 f°78. – Observation du passage de Mercure sur le disque du soleil faite à l’observatoire du collège de Lyon, 5 nov. 1743, Ac.Ms207 f°104 ; même ouvrage, plus développé, Ac.Ms207 f°106. – Observations météorologiques faites au collège de Lyon en 1744-1745, 27 mars 1745, Ac.Ms307 f°188. – Comparaison des théories des comètes appliquées à la comète de 1744, 1745, Ac.Ms205 f°41. – Observation de l’éclipse de lune du 30 août 1746, Ac.Ms205 f°124. – Mémoire sur les obscurités de la lune à l’approche des éclipses, 1748 ; observations sur les éclipses de soleil du 17 juillet 1748 et de lune du 7 août 1748, Ac.Ms205 f°129. – Mémoire sur les taches qu’on voit sur le soleil, 1749 (Le résultat de la parallaxe du soleil conclu des observations du dernier passage de Vénus devant le soleil est-il préférable au résultat de la même parallaxe conclu des observations de l’abbé de La Caille faites au Cap de Bonne Espérance ?), Ac.Ms207 f°31. – Observations du mouvement de Mars comparé avec une étoile du Sagittaire, de la conjonction de Mars avec Jupiter arrivée au mois de janvier 1750 et de l’éclipse du mois de juin même année, Ac.Ms207 f°124. – Parallaxes de Mars et de Vénus conclues des observations correspondantes faites au Cap de Bonne Espérance et à l’observatoire de Lyon en 1751, Ac.Ms207 f°130. – Observation du passage de Mercure sur le disque du soleil faite à l’observatoire du collège de Lyon le 6 mai 1753, Ac.Ms207 f°117. – Observations sur l’éclipse de lune du 23 décembre 1749 et de soleil du 8 janvier 1756, Ac.Ms205 f°139. – Sur la théorie physique de la rotation de la Terre et de l’inclinaison de son axe, 1756-1757, Ac.Ms207 f°162. – Second mémoire sur le mouvement de rotation de la Terre, Ac.Ms207 f°152. – Recherches sur la théorie physique de la rotation des planètes et de l’inclinaison de leur axe, Ac.Ms207 f°169. – Mémoire sur l’éclipse de lune du 30 juillet 1757, Ac.Ms205 f°151. – Observations sur la comète de cette année 1759, Ac.Ms205 f°62. – Les planètes ont elles une atmosphère ?, 3 avril 1759, Ac.Ms158 f°163. – Observations des taches du soleil faites à l’observatoire du Collège de Lyon le 12 décembre 1760, Ac.Ms207 f°49. – Mémoire sur l’éclipse de lune 18 mai 1761. Ac.Ms205 f°155. – Observation du passage de Vénus devant le soleil le 6 juin 1761, Ac.Ms207 f°139 et f°144. – Observation d’une éclipse totale de lune le 18 mai 1761 et Observation du passage de Vénus devant le Soleil du 6 juin 1761 faite à l’observatoire du collège, Ac.Ms352 f°30. – Observations météorologiques faites au collège de Lyon en 1761, Ac.Ms307 f°195. – Mathon de la Cour et Béraud : rapport sur le sujet des méridiennes, Ac.Ms307 f°61. – Méridienne du temps moyen [1764], Ac.Ms307 f°62. – Lettre du P. Béraud, jésuite, au sujet d’un instrument destiné à mesurer les différents points de la Terre, par le moyen des rayons du soleil réfléchis. Arch. Dép. Yonne avant 1790, série E, papiers de la famille Pianelli de la Valette : liasse E274, 100 pièces, 1745-1752. – Notes et papiers divers du P. Béraud et de Boulard, BML 1515-1516 : deux registres contenant, entre autres, six lettres échangées entre le P. Esprit Pézenas et le P. Béraud entre 1769 et 1773 concernant la théorie du mouvement des comètes et le problème des longitudes en mer. – Clerc : Observations sur sept émersions de satellites de Jupiter remarquées en 1746 par le P. Béraud, Ac.Ms230 f°312.
Signalés par Bollioud, non retrouvés :
Expériences sur divers effets de l’électricité, 1752. – Explication d’un monument antique qui appartient à la pharmacie romaine, 1753. – Examen des expériences de M. Genneté sur le cours des fleuves, 1761. – Conjecture sur deux monuments antiques consistant en deux petites figures de terre cuite trouvées dans les décombres des excavations de la porte de ***, 1769. – Dissertation sur deux monuments égyptiens ou pierres sépulcrales tirées des catacombes de Memphis et apportées du Caire avec les dessins des figures et des caractères qui y sont gravés, 1770. – Réponse aux objections d’un anonyme sur quelques articles de cette dissertation, 1772. – Recherches sur l’as ou livre romaine, 1772 – Explication de deux cachets antiques des oculistes romains, 1773. – Dissertation sur la langue que parlait le sauveur du monde, s.d. – Recherches sur les médailles d’Alexandre, s.d. – Observations sur les taches du soleil, sur l’aurore boréale du 2 oct. 1741 et sur les thermomètres de Réaumur, 1742. – Observation d’une comète, 1742. – Recherches astronomiques sur la latitude et la longitude de Lyon, 1747. – Détails des éclipses de soleil et de lune de l’année 1749. – Observation d’une éclipse de soleil et d’une aurore boréale, 1750. – Observations des parallaxes de Mars et de Vénus, l’année 1751, 1754. – Observations astronomiques sur la parallaxe, 1752. – Analyse raisonnée de l’ouvrage de M. Euler sur la figure de la Terre, 1755. – Recherches sur les différences observées dans les rayons de lumière, reçus au niveau de la mer et aux niveaux supérieurs à ce niveau, 1755. – Observation de l’équinoxe de printemps de l’année 1757 et de deux éclipses de lune, 1758. – Observations météorologiques faites dans le courant de chaque année à l’observatoire du collège de la Trinité de Lyon depuis l’année 1740 inclusivement jusqu’en 1758. – Description astronomique des taches observées dans le soleil le 12 février de l’année 1760 et de la comète observée le même jour. – Observations de l’éclipse de lune du 29 mars et de celle de soleil du 13 juin 1760. – Recherches astronomiques sur le passage de Vénus devant le soleil, phénomène annoncé pour le 6 juin 1760, considéré relativement au méridien et à la latitude de Lyon, 1760. – Examen du résultat de la parallaxe du Soleil et observation du dernier passage de Vénus devant le disque de cet astre, 1763. – Observations sur la ligne méridienne tracée sur le pavé de l’observatoire du collège de la Trinité, s.d.
Dissertation sur la cause de l’augmentation de poids, que certaines matières acquièrent dans leur calcination, La Haye : Neaulme, 1748, 98 p., et Bordeaux : Brun, 1747, 36 p. – Dissertation sur la question : la lune a-t-elle quelque influence sur la végétation et sur l’économie animale, pièce qui a remporté le prix en 1760 au jugement de l’académie de Bordeaux, Bordeaux : Pierre Brun, s.d., 43 p. – Dissertation sur le rapport qui se trouve entre la cause des effets de l’aimant, et celle des phénomènes de l’électricité, qui a remporté un prix de l’académie de Bordeaux, Bordeaux : Pierre Brun, 1748, 36 p. – Question : pourquoi les corps électriques par eux-mêmes ne reçoivent-ils pas l’électricité par communication, dissertation qui a remporté un prix de l’Académie d’Angers en 1750, Angers, 1751. – Xavier Tolomas, Béraud, d’Alembert : 1. Lettre de M. d’Alembert à la Société royale de Lyon, le 30 janvier 1755 ; 2. Réponse de la Société royale, le 22 février ; 3. Lettre du P. Béraud à Mr d’Alembert, 21 février ; 4. Lettre du P. Tolomas à d’Alembert, 25 février ; 5. Lettre de d’Alembert à Bourgelat, 17 mars 1755, s.l. – Physique des corps animés par le P. B***, correspondant de l’Académie royale des sciences, Paris, 1755. – Theoria electricitatis, Petropoli, 1755 (Bollioud indique : « dissertation envoyée trop tard au concours de l’académie de St-Petersbourg en 1765, imprimée à St-Petersbourg en 1766, à Pise en 1767, à Milan en 1768 »). – « Observation de l’éclipse de soleil du 25 juillet 1748 à Lyon », MEM 2, 1755, p. 304. – « Observation de l’éclipse de lune du 2 août 1748 à Lyon, » MEM 2, 1755, p. 306. –Dissertationes selectae Jo. Alberti Euleri, Pauli Frisi et Laurenti Béraud, quae ad imperialem scientiarum petropolitanam Academiam an 1755 missae sunt, cum electricitatis causa et theoria praemio proposito, quereretur, 204 p., pl., Petropoli et Lucae, apud Vincentium Junctinium, 1757. – Mémoire sur les éclipses annulaires de soleil, et principalement sur celle du 1er avril de cette année 1764 (lu à l’Assemblée publique de l’Académie le 23 février 1784 par un de ses académiciens, Lyon : Duplain, 1764, 38 p. – « Explication d’un monument antique qui appartient à la pharmacie romaine », Mercure de France 6, janvier 1754, p.78-83.