Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BERTOYE Paul (1889-1973)

par Jacques Hochmann.

 Albin Régis Paul Bertoye est né à Villeurbanne (alors dans l’Isère), le 27 mai 1889 à 1 h du matin (ce qui explique que certaines sources donnent la date du 26). Son père, Marie Charles Henri Bertoye (1860-19 mai 1951), originaire de Villeneuve-de-Berg (Ardèche), était médecin psychiatre, domicilié à Villeurbanne, rue des Maisons Neuves. Sa mère, Louise Antoinette Barbet (1865-4 avril 1894) était fille d’Eugène Barbet (1825-1902), notaire à Ceyzériat, et nièce de Charles Robin (1821-1885), professeur de médecine et sénateur de l’Ain. Les témoins à la naissance étaient Émile Decorps, employé, résidant place de la Mairie à Villeurbanne, et Pierre Randibert, employé, résidant place des Maisons Neuves. Ayant perdu à cinq ans sa mère, morte en couches, Paul Bertoye est élevé, ainsi que son frère Maurice (1894-1919), par sa tante Gabrielle Bertoye (1867-25 octobre 1939). Après des études secondaires au collège des Chartreux, et ayant ensuite entrepris des études de médecine, il est nommé interne des hôpitaux en 1910. Mobilisé pendant la guerre de 1914-1918 et servant dans le 101e régiment d’artillerie lourde, il est élevé au grade d’aide-major de 1re classe (médecin lieutenant) à dater du 11 août 1917. La guerre ayant retardé sa carrière, il ne soutient qu’en 1921 sa thèse intitulée Contribution à l’étude des anémies alimentaires en particulier des anémies par carence. Il devient chef de clinique, et continue à étudier, dans le service du professeur Georges Mouriquand (1880-1966), le rôle alors mal connu des vitamines, en même temps qu’il poursuit des recherches microbiologiques à l’Institut bactériologique fondé par Jules Courmont (1965-1917). Les « formes frustes et latentes des avitaminoses chez le nourrisson » feront l’objet de sa communication au 7e congrès international de pédiatrie à Palerme en 1931. Médecin des hôpitaux en 1927, il prend la responsabilité du service des enfants tuberculeux, d’abord situé à l’hôpital de la Charité puis transféré à l’hôpital du Perron (ultérieurement à Sainte-Eugénie). En même temps, il est l’adjoint du Docteur Péhu (1874-1945), qu’il suit en 1926 à l’hôpital Debrousse. Il y devient chef de service en 1939, jusqu’à sa retraite en 1952, tout en développant une importante clientèle privée à son domicile, 9 rue de Bonnel, Lyon 3e. Il s’est surtout intéressé à la pathologie du premier âge et à la diététique infantile. C’est ainsi qu’à l’hôpital Debrousse, avec Maurice Péhu, il crée une cuisine diététique et suit de manière très rigoureuse l’alimentation des nourrissons malades, ce qui diminue de façon spectaculaire la mortalité infantile. Pendant la seconde guerre mondiale, il publie en 1941, encore avec Maurice Péhu, une brochure sur l’alimentation des jeunes de six mois à dix-huit ans en période de restrictions. Profondément chrétien, engagé socialement, dénommé, dit-on, par de nombreuses mères « le médecin des enfants, le médecin des nourrissons », Paul Bertoye s’est aussi intéressé à l’évolution psychique et affective des enfants, notamment des enfants séparés de leurs mères. La Fondation Gillet ayant mis à sa disposition un vaste domaine à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, il crée, dans le cadre de la Croix-Rouge dont il devient le vice-président départemental, la pouponnière de la Chaux, pour les nourrissons alors dits « débiles » (en fait : rachitiques, dénutris ou abandonnés), ainsi que l’école de puériculture Germaine Richet. Médecin des crèches de Lyon, et responsable de 1939 à 1955 de la direction des services pédiatriques au Bureau d’hygiène de la ville, il est aussi à l’origine des haltes-garderies. Il a également développé le centre de nourrissage de l’Arbresle. Secrétaire général de la section lyonnaise du Comité national de l’enfance, il publie pendant quelques années le Journal des mères. Nommé membre du Comité de rédaction du Lyon médical en 1951, il a aussi participé, de 1944 à sa mort, au conseil d’administration de l’Institut Pasteur.

 Marié le 25 mars 1913 à Solliès-Pont (Var) à Rose Giraud (Cuers, Var 28 juin 1892-Ier août 1984), issue d’une famille d’industriels de la mégisserie, il a eu six enfants : Suzanne, épouse de Louis Pelen, industriel ; André, professeur de clinique des maladies infectieuses à l’hôpital de la Croix-Rousse (il fait en 1968 à l’Académie une conférence sur « l’immunité notre amie, notre ennemie ») ; Renée ; Paulette, épouse du docteur Claude Béraud ; Jean, médecin généraliste ; et Guy, notaire. Paul Bertoye avait une maison de campagne à Écully (Rhône) et passait aussi des vacances dans la maison familiale de sa femme à La Farlède (Var), maison dite « Jérusalem », en raison d’une légende familiale qui affirmait qu’une pierre insérée dans un mur de la maison avait été rapportée par un croisé.

 Paul Bertoye est décédé d’un cancer le 28 juin 1973. Il est inhumé à l’ancien cimetière de Cusset.

 Croix de guerre 1914-1918, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du mérite, grande médaille d’honneur de la Croix-Rouge.


Académie

Élu au fauteuil 2, section 3 Sciences, le 5 décembre 1961, sur rapport de Maurice Patel*. Un discours de réception sur Les jeux de nourisson (classeur des dossiers de réception) a été déposé « quelques mois » après son élection, sans date de lecture. Président en 1965, sa première séance, le 19 janvier, a été consacrée à l’éloge funèbre du cardinal Pierre Gerlier (MEM 32). Parmi ses contributions, il faut retenir une remarquable conférence prononcée le 4 mars 1969 : L’histoire de la psychanalyse de l’enfant (MEM 1975, p. 53-60), où, après avoir exposé les grandes lignes de l’œuvre de Freud et de ses successeurs, il précise les particularités de la méthode analytique adaptée aux enfants et le rôle qu’y joue l’interprétation des jeux et des dessins, ainsi que son intérêt dans les pathologies névrotiques et psychosomatiques. Par-delà, avec un profond humanisme, il rappelle l’importance pour le pédiatre de la prise en compte de l’affectivité de l’enfant et du contexte familial.

Bibliographie

David 2000 – Bouchet. – Notice par P. E. Duroux*. – « Hommage à Paul Bertoye », Lyon médical, 10 mars 1974, p. 377-388, contributions d’A. Camelin*, L. Paufique et P. Monnet. – M. Jacob*, Éloge de P. Bertoye, séance académique du 16 octobre 1973. – Archives familiales Pelen.

Iconographie

Médaille signée Claude Linossier, remise par les élèves de Paul Bertoye lors d’une cérémonie à l’Hôtel-Dieu le 22 mars 1953.

Publications

De ses nombreuses publications, on retiendra : Avec G. Mouriquand et P. Michel, Alimentation et tuberculose, Paris : Masson, 1922. – Avec M. Péhu, Les enfants qui vomissent, Paris : L’Expansion sci. française, 1931. – Le premier éveil de l’activité psychique de l’enfant, Lyon : Lavandier, 1934. – Avec M. Péhu, L’alimentation du nourrisson malade, Paris : J.B. Ballière, 1935. – Comment élever nos enfants, extr. Journ. des Mères, Lyon : Impr. Molère, 1935, 127 p. – Avec M. Péhu et M. de Carreyron-Croizat, Comment à l’heure actuelle alimenter les jeunes de six mois à dix-huit ans, Lyon : Éd. du Fleuve, 1941. – Avec M. Péhu, La maladie cœliaque, infantilisme intestinal, Lyon : Impr. Salut public, 1943. – Avec A. Dufourt, P. Balvet et C.H. Nodet, Médecine et problèmes humains, 2e série, Lyon : Impr. Besacier, 1946-1947.