Louis Auguste Rougier est né le 27 décembre 1792 à Lyon, division de l’Ouest ; témoins François Rollet, bourrelier, et Aimé Bouvery, tailleur d’habits, habitant place du Petit-change. Il est fils de Jean François Isaac Rougier (Châtillon-d’Azergues [Rhône] 22 mars 1766-Lyon 12 février 1840) et de Jeanne Delorme (Vaise, Saint-Pierre-ès-liens 15 août 1764-Lyon 19 mars 1848, fille de Jean Claude et de Pierrette Perreton), mariés le 2 décembre 1789 à Rochetaillée-sur-Saône (Rhône). Fils de Camille, vigneron et marchand de Châtillon-d’Azergues, François Rougier a quitté le village natal pour s’installer à Lyon ; d’abord marchand épicier et chandelier, place du Change, puis fabricant d’étoffes d’or, d’argent et de soie, 8 place de la Préfecture (act. place des Jacobins). Le couple échappe miraculeusement à la répression après le siège de Lyon par la Convention (9 août-9 octobre 1793) ; François, grenadier, défenseur de la ville, est condamné à être fusillé, mais s’échappe entre la prison de Roanne et les Brotteaux, lieu d’exécution (archives famille Garraud). Sa femme Jeanne, elle aussi, aurait été condamnée à mort pour avoir insulté des agents révolutionnaires, puis graciée parce qu’enceinte.
Le 17 juillet 1822, Louis épouse à Lyon Marie Josephe (ou Joséphine) d’Étienne, ou Détienne (Grenoble, Saint Hugues 19 décembre 1792-Lyon 1er avril 1836), fille de Claude André, gantier de Grenoble, devenu capitaine et qui, retraité, vit à Lyon, et de Catherine Dorothée Durand. De ce mariage naissent trois enfants : François Jules Rougier (Lyon 19 avril 1823-13 octobre1824) ; Claudine Émilie Rougier (Lyon 21 février 1824-Lyon 5e 13 septembre 1892) qui épouse Jean-Jacques Legat (Montélimar 21 janvier 1811-Lyon 5e 18 décembre 1892) agent de change ; et Jean Claude Paul Rougier* (Lyon, 16 juin 1826-Lyon 2e 6 novembre 1901).
Après le lycée impérial de Lyon, L. Rougier a poursuivi des études de médecine à l’Hôtel-Dieu sous la direction de Jean Marie Viricel* dont il restera fort proche. Le 11 avril 1810, à 17 ans, sur concours, il est reçu chirurgien interne de l’Hôtel-Dieu, c’est-à-dire élève-chirurgien de cet hôpital. Avant de terminer ses études, le 7 janvier 1812, il entre dans l’armée comme chirurgien sous-aide major à l’Hôpital militaire de Strasbourg. Affecté au 39e de ligne le 9 août 1812, il participe aux « victoires sans fruits » de Lützen et de Bautzen (mai 1813) et à la prise de Dresde (août 1813). Pendant trois mois, il reste à Dresde, affecté aux soins des blessés français, mais la garnison de Dresde est obligée de se rendre aux Autrichiens. Fait prisonnier, Rougier est dirigé sur Pesth (Hongrie) où, pendant huit mois, il exerce médecine et chirurgie. Il aurait alors été proposé pour la Légion d’honneur. Bénéficiant d’un échange de prisonniers, il est rapatrié en 1814, libéré de ses obligations militaires le 1er septembre.
Rentré à Lyon, il réintègre l’Hôtel-Dieu, comme chirurgien interne (1815-1817) et présente sa thèse devant la faculté de médecine de Strasbourg le 2 août 1817 (Observations et réflexions pratiques sur quelques points de médecine opératoire, Strasbourg : Levrault, 1817, 36 p.). Recruté sur concours, il devient médecin de l’Hôtel-Dieu en 1824 et le reste jusqu’en 1842.
À partir de 1831, il est réélu quatre fois secrétaire général de la Société de médecine de Lyon. Comme secrétaire, il prononce de nombreux discours ou éloges, intéressants par leur simplicité – il avoue ne pas chercher les effets oratoires –, et la richesse de leurs précisions. Il rédige aussi des comptes rendus détaillés et savants des travaux de cette Société. Il est en outre rédacteur en chef du Journal de médecine de Lyon depuis sa fondation en 1841. Il est élu président de la Société de médecine en 1850.
Philanthrope, il se consacre ensuite à différentes institutions sanitaires. Il est médecin consultant et membre du conseil du dispensaire de la rue Tupin (1850-1862) ; secrétaire du Conseil de salubrité de la ville de Lyon (avec Viricel comme président). Fondateur de l’Association de prévoyance et de secours des médecins du Rhône en 1851, il est d’abord membre de la commission provisoire, puis vice-président élu, Viricel en étant le président nommé par le gouvernement ; à la mort de celui-ci, Rougier devient président (1856-1863). Président de la commission permanente de vaccination gratuite jusqu’en 1863. Membre, puis président élu pendant douze ans (1851-1863) du Conseil d’hygiène et de salubrité du Rhône (arrondissement de Lyon), il rédige des rapports dont tient compte la municipalité.
Au début de son mariage, il change souvent de domicile. Puis il s’installe 8, place de la Préfecture comme son père ; à partir de 1838, 32 quai Saint-Antoine ; enfin 5, place des Célestins (acte de décès).
Chevalier de la Légion d’honneur (Leonore LH/2395/58) : proposé semble-t-il lorsqu’il était prisonnier en Hongrie, il ne reçoit cette décoration que le 25 avril 1845 ; elle lui est remise par le préfet Jaÿr. Médaille de Sainte-Hélène. Médaille du Lys.
Atteint d’une longue et douloureuse maladie, il décède le 4 mars 1863. Après un service religieux à Saint-François, le 7 mars il est inhumé au cimetière de Loyasse. À ses funérailles, les docteurs Polton, Dime, Gubiau et Binnet* prononcent des discours où chacun loue sa générosité et sa simplicité.
L. Rougier se porte candidat pour être titulaire : sa candidature fait l’objet en juin 1838 d’un rapport ambigu de Monfalcon*, lui-même récemment élu, qui explique qu’il y a déjà beaucoup de médecins dans l’Académie, que celle-ci ne doit pas devenir une annexe de la Société de médecine et que Rougier n’a que peu écrit (Ac.Ms.279-III pièce 155). En 1841, lorsque l’Académie crée une classe de douze académiciens libres, à pourvoir progressivement, Rougier demande à être inscrit comme candidat libre (18 mai 1841). Le 7 juin 1842, il est élu académicien libre au premier tour de scrutin. Il assiste alors aux séances sans prendre part aux discussions. Le 19 juillet 1853 Bineau*, secrétaire général des sciences, rappelle qu’il est membre libre depuis plus de dix ans, qu’il a démissionné pour pouvoir présenter sa candidature comme titulaire sur le siège laissé vacant par le décès de Pravaz*. Viricel*, Polinière* et Fraisse* soutiennent cette candidature : le 26 juillet, Viricel fait un rapport oral ; le 20 novembre, au nom de la classe des sciences, Polinière le présente en première ligne. Rougier est alors élu au premier tour de scrutin le 6 décembre 1853, au fauteuil 5, section 3 Sciences. Peu de temps après, il est élu président de la classe des sciences et préside l’Académie en 1858. À la fin de sa vie, il a le plaisir de voir son fils Paul* recevoir un prix de l’Académie (23 décembre 1862). Le 10 mars 1863, Paul Sauzet* annonce le décès de Louis Paul Rougier et ses funérailles, au cours desquelles il a prononcé son éloge.
Archives famille Garraud. – GDU – Paul Sauzet*, Éloge, 7 mars 1863, MEM L, 1862-1863, p. 137-143, et RLY 26, 1863, p. 251-257. – A. Vingtrinier*, « Louis-Auguste Rougier », RLY 1863, 2, 26, p. 246. – G. Despierres*, « Une lignée de médecins académiciens », discours de réception, MEM 1982, p. 139-140. – Jacques Rougier*, « Une famille lyonnaise et l’Académie » MEM 1992, p. 65-66 [résumé comportant quelques erreurs].
Rapport sur le concours 1835 sur le cancer utérin, Société de médecine de Lyon, 15 juin 1835, Lyon : Perrin, 1835, 50 p. – Éloge de J.‑M. Pichard, Société de médecine de Lyon, 21 nov. 1836, Lyon : Perrin, 1836, 22 p., et RLY 6, 1837, p. 462-474. – CR des travaux de la Sté de médecine de Lyon (1er janvier 1833-1er juillet 1836), Lyon : Perrin, 1838, 144 p. – CR de la Sté de médecine de Lyon (1er juillet 1836-30 juin 1838), Lyon : Perrin, 1840, 205 p. – Éloge historique de Claude-Antoine Bouchet, Société de médecine de Lyon, 30 décembre 1839, Lyon : Perrin, 1839, 41 p. – De la morphine administrée par la méthode endermique dans quelques affections nerveuses, et de la nécessité de l’usage intérieur de la strychnine pour achever le traitement et prévenir la récidive, suivie de quelques observations de chorée guérie par l’usage interne de la strychnine, Paris : Baillière ; Lyon : Savy, 1843, 191 p. ; cr RLY 18, 1843, p. 254-245.– « Le docteur Chervin », suivi d’une « Lettre du Dr Chervin au Dr Monfalcon au sujet de la fièvre jaune, Paris, 17 août 1827 », Lyon : Marle aîné, 1846, 22 p. ; voir aussi, RLY 23, 1846, 1, p. 437-451. – « Le docteur René Morel », RLY 2, 1851, 2, p. 245-248. – « Éloge du docteur Pravaz* », discours de réception, lu devant l’Académie le 2 mai, et prononcé en séance publique le 13 mai 1854, MEM L, 1853, p. 201-222. – « CR des travaux de l’Académie pendant l’année 1858 », 15 fév. 1859, MEM L 1858-1859, p. 260-278. RLY 18, 1859, 2, p. 301-319. – Hygiène de Lyon. CR des travaux du conseil d’hygiène publique et de salubrité du département du Rhône (1er janvier 1851-31 décembre 1859), 1re partie, Lyon : Vingtrinier, 1860, XXIV + 571 p. – Rapport [pour recommander l’emploi de l’eau de Saint-Galmier dans la fabrication du pain], Société de médecine, Gazette médicale de Lyon, 4 p.