Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

TISSIER François (1737-1811)

par Denis Reynaud.

 François Marie Tissier est né le 9 mars 1737 à Lyon et baptisé le 10, paroisse Saint-Pierre et Saint-Saturnin, « de parents honnêtes, livrés au commerce et travaillant dans le genre de ceux qu’on appelle ici fabricants » (Mollet). Il est le fils de Vincent Tissier, fabricant [en soie], et de Claudine Françoise Capitan (née à Lyon, Notre-Dame-de-la Platière, le 14 novembre 1720, elle-même fille d’un maître fabricant). Parrain : François Philippon, marchand fabricant ; marraine : Marie Capitan, femme de Claude Ferrand « du même art ». Orphelin jeune (son père, décédé à 44 ans, est inhumé paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin le 4 octobre 1747), il est élevé par un oncle pharmacien. Il épouse Benoîte Duplatre en janvier 1774 et a deux fils : Nicolas l’aîné, né et baptisé paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin le 27 janvier 1775, professeur de chimie de la ville de Lyon, pharmacien au 128, rue des Bouquetiers (place de la Fromagerie, près de Saint-Nizier) en l’an IX, puis pharmacien militaire, est inhumé au Conquet (Finistère) en 1851 ; et Jean Fleury Tissier le jeune, né à Lyon le 23 octobre 1779, reçu à l’École de pharmacie de Paris en l’an 12, qui exerce chez son père, 34 et 25 place des Terreaux, qualifié de maître apothicaire. Tissier le père meurt le 2 août 1811. Il est alors domicilié 150 place des Terreaux.

 Après des études au grand Collège de Lyon, François Tissier est envoyé à Paris pour étudier la pharmacie, mais se passionne surtout pour la chimie auprès de Rouelle et Macquer. Au bout de cinq années, il doit revenir à Lyon pour reprendre l’officine de son oncle. Il se construit un laboratoire et introduit l’étude et la pratique de la chimie à Lyon. Péricaud* dit qu’il a été professeur d’histoire naturelle et de chimie pharmaceutique, sans préciser où, ni quand. Il est expert dans l’analyse des eaux minérales : celles de La Boisse près de Chambéry, d’Orliénas, et de Charbonnières. Associé à Villers*, il est chargé par l’Académie de défendre l’optique de Newton contre les attaques de Marat. La seconde partie de sa carrière est moins glorieuse. Il est un ennemi déclaré de la « doctrine nouvelle » de Lavoisier, à laquelle il préfère son propre système du « phosphore solaire ». Vers 1787, un Plaidoyer pour le sieur François Tissier, apothicaire à Lyon, accusateur, contre le sieur Blanc, buraliste de loterie [BML 115 745] révèle un père de famille « doué de toutes les vertus domestiques », mais aux prises avec de graves dettes de jeu.


Académies

Il est élu à l’académie le 11 mai 1784 dans la classe des sciences ; son discours de réception, le 31 août, porte sur le méphitisme des fosses d’aisance (Ac.Ms257 f°19). Il est président pour le second semestre de 1787. Son éloge est prononcé par Joseph Mollet*, le 18 mai 1813 (Ac.Ms140-II f°94).

Il est membre de l’Académie de Villefranche en 1780 (Almanach de Lyon), de la Société de médecine et celle des Amis des arts de Lyon, pour la classe de chimie ; associé correspondant au collège de Pharmacie de Paris, et des sociétés de médecine pratique de Montpellier, de Bordeaux, de Grenoble et de Toulouse. Il est membre fondateur de la société de pharmacie de Lyon (1806) et son premier président (1807).

Dans une lettre à son mari [J. M. Roland de la Platière*] du 22 novembre 1782, Mme Roland associe de façon peu amène Tissier à quelques-uns de ses confrères de l’Académie : « Que fais-tu du poisson-Landine*, du pédant-Frossard, de l’adroit Le Camus*, de l’hypocrite Villers*, de la ganache Tissier, de l’habile Rast*, du cynique Gilibert*, de l’esprit Laurencin* et de tant d’autres que je vois ici se redresser à leur manière et jouer leur partie, chacun dans sa sphère ? »

Bibliographie

Dumas I, p. 336-337 ; II, p. 26 et 132. – Péricaud, Notes, p. 296. – MEM 1900, p. 61. – MEM 2000, p. 235.

Manuscrits

Compte rendu de l’assemblée publique du 4 décembre 1787 (Ac.Ms267-I f°331). – Rapports : sur les couleurs sur soie et laine de Teste et Donneau, 8 juillet 1788, avec Roland* et Willermoz* (Ac.Ms236 f°17) ; sur les boules vulnéraires du sieur Givaugues, 5 mai 1789, avec Rozier* et Vitet* (Ac.Ms257 f°70) ; sur le concours de 1789 : reconnaître la présence de l’alun dans le vin, 1er septembre 1789, avec Willermoz (Ac.Ms236 f°354) ; concours sur les cuirs imperméables, 1er mai 1789, avec Roland et Willermoz (Ac.Ms236 f°26) ; sur une dissertation chirurgico-légale, 30 novembre 1790, avec Collomb* et Gilibert* (Ac.Ms135 f°138) ; sur le blanchiment et la préparation de la filasse de chanvre d’après les opérations de Mr. Heimbrock, 5 juillet 1790, avec Gilibert et Rozier (Ac.Ms189 f°13) ; sur les bulletins de la Société d’encouragement pour l’industrie, 4e année, janvier 1803 (Ac.Ms159 f°187).

Publications

« Éloge de M. de Garnerans, intendant de Dombes », Journal de Lyon, 1788. – Analyse des eaux d’Orliénas faite à la réquisition de M. d’Orliénas [...], Lyon : A. de la Roche, 1779, 16 p. – Analyse des eaux de la Boisse près Chambéry, faite à l’invitation de M. Fleury [...], Chambéry : Gorrin, 1779, 30 p. – Essai sur la théorie des trois éléments, comparée aux éléments de la chimie pneumatique, Lyon : Ballanche, 1804, 508 p. – Mémoire pour établir la surphosphorescence des corps : par des observations et des expériences sur l’onguent napolitain double, ou mercuriel ; sur l’électricité, le galvanisme, etc., lu à la Société de pharmacie de Lyon, le 2 juin 1807, Lyon : Barret, 1807, 21 p.