Né le 8 décembre 1885 à Lyon 3e, Jean Joseph Gaté est le fils de Jean Eusèbe Gaté (Saint-Siméon de Bressieux (Isère) 7 août 1849-Lyon 2e 21 novembre 1905), coupeur d’habits domicilié 31 quai des Brotteaux (act. quai Sarrail), et de Blanche Adélaïde Durif, couturière de 26 ans. Témoins : Émile Reynaud, coupeur de chaussures, et Jean-Baptiste Doneyton, maréchal-ferrant. Après le lycée Ampère, il s’oriente vers la médecine. Externe des hôpitaux de Lyon en 1907 puis interne en 1909, il est préparateur au laboratoire de médecine expérimentale et comparée. Élève aussi de Saturnin Arloing*, de Jules Courmont et de Paul Courmont*, Gaté est docteur en médecine en 1913 avec une thèse originale sur la Lymphogranulomatose inguinale subaiguë à foyers purulents intra-ganglionnaires d’origine génitale probable, peut-être vénérienne, que venaient de décrire la même année ses maîtres Joseph Nicolas (président de sa thèse) et Maurice Favre. Engagé volontaire pendant la Première Guerre mondiale, il reprend ensuite sa place auprès d’eux, tandis qu’il devient chef du service des diagnostics à l’Institut bactériologique de Lyon de 1919 à 1933. Il met au point une réaction de formol-gélification qui porte le nom de Gaté et Papacostas. Gaté est médecin des hôpitaux en 1925, puis agrégé en 1928.
Dès 1927, il prend la direction du service de dermato-vénéréologie de l’Antiquaille. Il est d’abord professeur d’hydrologie thérapeutique et de climatologie en 1941 et, en 1943, il est nommé titulaire de la chaire de clinique de dermato-vénéréologie (qu’il occupera jusqu’en 1956). Il ramène donc la chaire de clinique de l’hôpital Édouard-Herriot à l’hôpital de l’Antiquaille, dans le service qui est installé dans un nouveau bâtiment, le pavillon Blanche-Herriot, construit entre les deux guerres grâce à la Ligue Française contre le Péril vénérien. Son successeur est son élève Henri Thiers*.
Ses travaux dermatologiques sont nombreux et variés, avec plus de 1 500 publications, et concernent l’érythème polymorphe, les capillarites nécrotiques, l’eczéma, les dermatoses professionnelles en particulier arsenicales des vignerons, la maladie de Besnier-Bœck-Schaumann, les épithéliomas, le traitement des mycoses, la lèpre (il va participer à l’installation de la troisième léproserie moderne à Lyon) et la tuberculose cutanée… En matière de syphilis, ses travaux portent sur le dépistage sérologique, l’épidémiologie, la prophylaxie et le traitement (notamment par le bismuth).
Le 5 mars 1918, il épouse à Lyon 1er Marie Antoinette Rosalie Mathieu (née à Savines [Hautes-Alpes] le 6 novembre 1887), dont il aura au moins deux enfants : sa fille Blanche épouse son élève Jean Duverne (Palinges [Saône-et-Loire] 16 juillet 1912-1977), interne des hôpitaux de Lyon, docteur en médecine en 1941, dermatologue qui participera à la mise en place des premières structures hospitalières du CHU de Saint-Étienne ; son fils André, né à Lyon le 3 juillet 1924, filleul de Joseph Nicolas, est interne des hôpitaux, chirurgien plasticien auteur d’une thèse sur La greffe dermo-épidermique, soutenue à Lyon le 7 juillet 1954 (présidence du Pr Maurice Guilleminet*) ; il participe à l’établissement du centre des brûlés de l’hôpital Édouard-Herriot. Son épouse Simone (née le 23 juillet 1923 à Saint-Étienne), soutient une thèse de doctorat en médecine le 28 juin 1951 sous la présidence du Pr Charles Garin*.
Jean Gaté est élu membre correspondant national de l’académie de médecine en 1951 et préside la société française de dermatologie et syphiligraphie (1951-1953) dont il est le premier président non parisien, puis l’Association des dermatologistes et syphiligraphes de langue française (1953-1956). Officier de la Légion d’honneur en 1950.
Jean Gaté décède le 25 juin 1972 à son domicile 6 avenue Leclerc à Lyon 7e.
Avec Jean Gaté, de nombreux dermatologues tels Jean Rousset* (1899-1972), Charles Pétouraud* (1896-1974), Jean Lacassagne (1886-1960) se sont illustrés comme historiens de la médecine et de la spécialité. Rappelons également que les professeurs Jean Coudert (professeur des maladies tropicales et léprologue), Daniel Colomb (1923-2009) dermatologue à Lyon et Jacques Charpy (1900-1957) dermatologue à Marseille sont trois élèves de Jean Gaté.
Il est élu le 10 juin 1952 au fauteuil 2, section 3 Sciences. Reçu le 17 juin 1952, il lit son discours de réception (en séance privée le 7 mai 1953, en séance publique le 12 mai), intitulé La vie et l’œuvre de Prosper Baumès, chirurgien major de l’Antiquaille (1791-1871), [Journal de Médecine de Lyon, 20 juillet 1953, p. 579-587]. Outre des informations sur la personnalité et la doctrine de ce « dermatologiste trop oublié », fondateur de l’école dermato-vénéréologique lyonnaise, marqué par le courant vitaliste de sa première formation montpelliéraine, cet article apporte un remarquable historique de l’évolution de la pensée en dermatologie au xixe siècle. Communications : Le problème médical et moral de la lèpre (16 mars 1954) ; Cinquante ans de progrès en dermato-vénérologie (12 juin 1956) ; Problèmes de dermatologie (12 mai 1959). Émérite en 1967.
Jean Civatte, « Professeur Jean Gaté », Bull. Soc. Fr. Derm. Syph. 19, 1972, p. 591-593. – Jean Coudert, « Éloge funèbre du professeur Jean Gaté », Lyon médical 19, 1972, p. 663-664.
Sur environ 1 500 publications, citons : Lympho-granulomatose inguinale subaiguë à foyers purulents intra-ganglionnaires d’origine génitale probable, peut-être vénérienne, thèse doct. méd. Lyon, n° 93, Lyon et Paris : A. Maloine, 1913, 159 p. – Dermatologie, Paris : Octave Doin, 1926, 430 p. – Avec Joseph Nicolas, Tuberculose cutanée et tuberculides, Paris : G. Doin, 1934, 482 p. – Avec H. Thiers et P. Cuilleret, Accidents chimiothérapiques par hypersensibilité, Lyon : M. Camugli, 1934, 208 p. – Titres et travaux scientifiques du Docteur Jean Gaté, Lyon : Impr. de Trévoux G. Patissier, 1941, 103 p. – Avec Alexis Ceccaldi, Étude clinique et thérapeutique des maladies de la peau, Lyon : M. Camugli, 1945, 610 p. – Avec R. Vachon, La thérapeutique tissulaire, Paris : Masson, 1951, 144 p. – « Bilan de l’activité de l’École dermato-vénéréologique de l’hôpital de l’Antiquaille de 1927 à 1956 ». Ann. Derm. et Syph. 85, 1958, p. 129-145. – Avec J. Rousset, « La Dermato-Vénéréologie lyonnaise à travers l’histoire », in Lyon et la médecine - 43 av. J.-C., 1958, n° spécial de La revue lyonnaise de médecine, t. VII, 22, 1958, p. 343-348. – « Considérations sur l’évolution de la Dermato-Vénéréologie de 1912 à 1956 », Maroc médical 44, 1965, p. 739-742.