Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BENOÎT Philippe (1793-1881)

par Paul Feuga, Philippe Benoît d’Entrevaux.

 Onzième d’une famille de douze enfants, Philippe Benoît est né à Alissas, près de Privas (Ardèche), le 30 juillet 1793, de Charles Benoît (décédé à Alissas le 7 novembre 1810), maître tanneur (cultivateur selon l’acte de naissance), et de Marie Madeleine Catherine Vidal ; témoins : Jacques Garnier, ménager, et Marie Pallix, sage-femme. À l’âge de 13 ans, Ph. Benoît quitte Alissas pour se rendre chez son grand-père Vidal, receveur des finances à Verdun (Meuse), qui souhaite que ses petits-fils soient élevés au très réputé collège d’Étain dans le duché de Bar, à six kilomètres de Verdun. Trois ans plus tard et ses études secondaires achevées, le jeune Benoît quitte ce collège, après un examen où ses examinateurs le jugent très brillant. Il manifeste alors le désir de devenir médecin, mais son grand-père l’oblige à travailler dans ses bureaux pour se former au droit et à la finance. M. Vidal, cependant, l’autorise à s’inscrire à l’hôpital militaire de Metz pour préparer son admission à la faculté de médecine. Mais il ne peut achever cette formation car, au bout de deux ans, il est requis au service de la Grande Armée et se trouve affecté à la pharmacie de l’hôpital militaire de Dresde avec le grade de sous-lieutenant, alors qu’il n’a que 19 ans. Cet emploi le déçoit vivement bien qu’il l’ait obtenu grâce à l’appui de l’illustre chirurgien Larrey, ami de sa famille. La campagne de Russie le propulse alors jusqu’à Moscou ; puis, chargé de conduire des blessés à Mojaïsk, il est capturé par des Cosaques qui l’envoient à Smolensk. Il profite alors de son inaction pour étudier le russe, le polonais et s’initier à l’anglais et à l’allemand. C’est à Vladimir qu’en août 1814 il apprend la fin des combats et sa libération des obligations militaires. Commence alors pour lui un long périple pédestre à travers toute l’Europe. Il revient à Alissas qu’il avait quitté huit ans auparavant : pour tous c’est une surprise ; on ne l’attendait plus, on avait prié pour le repos de son âme, et les biens de son père (décédé en 1810) étaient partagés entre ses frères et sœurs. Philippe n’envisage d’autre solution que de repartir.

 Il s’installe à Lyon, 2 Grande Rue des Feuillants, et se fait embaucher par un pharmacien, satisfaisant ainsi à sa vocation première. Peu après, le 4 novembre 1820, il épouse à Condrieu Jeanne Marie Guéraud (Alissas 19 janvier 1800-1876), fille de Christophe Guéraud, rentier, et de Marianne Gerbaud ; leur enfant est Philippe Michel Benoît, né à Lyon en 1821, époux le 22 octobre 1849 à Saint-Priest (Ardèche) d’Annaïs Émilie Benoît née à Saint-Priest en 1828, fille d’un autre Philippe Auguste Benoît, négociant à Saint-Priest, et de Françoise Guéraud. Ils relèveront avec leur enfant le nom d’Entrevaux et s’appelleront Benoît d’Entrevaux, du nom du château dont le grand-père d’Annaïs Émilie, Julien François Benoît, était propriétaire à Saint-Priest. Appartiennent à cette descendance Philippe Auguste Benoît d’Entrevaux (16 décembre 1850-16 décembre 1916), directeur de la Revue du Vivarais, et Florentin Benoît d’Entrevaux (1861-1925), auteur de l’Armorial du Vivarais, Paris : Impr. Centrale, 1908, 495 p.

 Ayant enfin stabilisé son existence, Benoît peut se consacrer à sa seconde vocation, l’écriture. Il est admis au Cercle littéraire (aujourd’hui Société d’histoire de Lyon) le 14 novembre 1826. En 1832, quand l’éloignement de la ville lui fait demander l’honorariat dans cette société, il est nommé honoraire et le restera jusqu’à la fin de sa vie. Il est aussi correspondant de la Société philotechnique de Paris. En raison de ses talents littéraires, il est nommé secrétaire général de la mairie de Lyon en 1831 et installe sa famille dans le logement qui lui est réservé à l’Hôtel de ville. Mais son hostilité au régime impérial, selon certains, ou la nouvelle organisation consécutive à l’annexion des communes périurbaines suivie de la création des nouveaux arrondissements selon d’autres, lui font penser qu’il n’a plus sa place dans l’administration municipale qu’il quitte en 1853. Il se retire alors aux Pannetières, sa maison des champs à Sainte-Foy-lès-Lyon.

 Philippe Benoit est décédé chez un de ses fils au château d’Entrevaux à Saint-Priest le 8 janvier 1881. Il était chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la médaille de Sainte-Hélène.


Académie

En considération de son œuvre littéraire et après un rapport de Cap* du 5 février 1828 (Ac Ms123-3 f°267-268), Philippe Benoit est élu à l’Académie le 2 décembre 1828, puis il occupera le fauteuil 2, section 1 Lettres, en 1848. Il est président le 16 janvier 1849. En 1853, son retrait de l’administration et son installation hors de Lyon l’obligent à demander l’éméritat qui lui est aussitôt accordé.

Bibliographie

M. Rougier, discours prononcé dans la séance du 1er février 1881 [texte interchangeable]. – Souvenirs d’un Ardéchois prisonnier de Guerre en Russie (1812-1814), Aubenas : Habouzit, 1913, texte reconstitué à partir de ses notes et publié par les soins de sa famille. – Gustave Chaix, Dict. des familles françaises anciennes ou notables à la fin du xixe siècle.

Manuscrits

Rapport sur le roman de M. Lory ayant pour titre « L’attaque du pont ou la fille retrouvée » (lu à l’académie le 13 juillet 1830), Ac.Ms123 f°313‑316. – Songe, poème léger, Ac.Ms293 f°474‑479. – Lettre de candidature (datée 11 décembre 1828), Ac.Ms270 f°192.

Publications

Virginie, tragédie en trois actes (jouée pour la première fois au Grand Théâtre de Lyon le 15 août 1825) suivie d’une Ode aux grecs, Lyon : Barret, 1825, 62 + 4 p. Paul Rougier* donne à cette pièce le titre Annibal, bien qu’il ne soit pas l’un des personnages, et ajoute qu’elle fut jouée en 1829 : curieuse confusion. – Réponse à cette question : quels sont les motifs qui doivent intéresser les peuples de la Chrétienté à la cause des Grecs, Lyon : Rossary, 1827, 32 p. (médaille de l’académie). – Retour dans la patrie d’un Français, prisonnier de guerre en Russie après les Cent-Jours (lu à l’Académie le 4 mai 1830), suivi de La Lyonnaise, chant patriotique, et de L’opinion publique, ode, Lyon : Rossary, 1830, 16 p. – Les progrès de l’esprit humain, poème, Lyon : L. Boitel, 1840, 74 p. – Le Bonheur, épître à un ami (lu à l’Académie le 21 janvier 1845) MEM L 1, 1845, p. 177-196. – Le premier jour de l’an, stances traduites d’un manuscrit polonais (lu à l’Académie le 9 janvier 1849). – Épître satirique au sieur Bourget ex épicier, MEM L 4, 1854, p. 40-55. – Paraphrase libre de la prophétie de Daniel sur le songe du roi Nabuchodonosor, Lyon : Nicon, 1861, 12 p. – Le songe, stances en vers sur la mort de Napoléon, insérée dans les journaux de Lyon (s.d.).