Jean-Gabriel Mortamet appartient à la troisième génération d’une dynastie d’architectes qui remonte à Marie Louis Gabriel, né le 8 mai 1865 15 rue de la Poulaillerie, fils de Philippe Louis (1814-1896) « négociant » (marchand de cuivre), rue de la Poulaillerie, et de Julie Mouterde (1828-1890), fille aînée d’Emmanuel Mouterde (1801-1872), graveur-médailleur, fabricant et marchand de boutons, et de Théonie Élisabeth Lecuyer (1806-1882).
En 1895, Gabriel Mortamet prend la suite de l’atelier de l’architecte Joseph Étienne Malaval (1842-1898), lui-même successeur de Clair Tisseur* (1827-1896). Parmi de nombreux travaux, il a réalisé l’église de l’Immaculée-Conception à Lyon, commencée par son maître Franchet, et, en collaboration avec son fils, l’église de Croix-Luizet à Villeurbanne (1927). Il décède à Lyon le 28 janvier 1942. De Marguerite Million (1869-1950), il a Louis Aimé Marie, son associé, né le 8 novembre 1897, 29 quai des Brotteaux (act. 9 cours de la Liberté) et décédé le 26 août 1956, inhumé le 28 à Loyasse. Il se marie le 8 décembre 1923 avec Marie Louise George, née le 11 octobre 1901, décédée à Lyon le 19 septembre 1984, fille d’André George (1873-1916), docteur en droit, auteur de l’ouvrage qui fait toujours référence Les Madones des rues de Lyon (Lardanchet, 1913), et d’Henriette Granjon (1878-1941).
Louis Mortamet est notamment connu pour la réalisation monumentale de la Vierge à l’enfant du Mas-Rillier (Miribel, 1938-1941) et celle de l’église Saint-Charles-de-Serin (1952). Architecte des monuments historiques, il termine sa carrière comme inspecteur pour le Rhône et Vienne. Chevalier de Saint Grégoire le Grand (1936), il est expert auprès la cour d’appel de Lyon, secrétaire général du conseil de l’ordre des architectes, membre de la Société académique d’architecture de Lyon.
Son fils Jean Gabriel Marie naît le 23 août 1930 à Lyon 3e. Il est le quatrième enfant d’une fratrie de huit frères et sœurs. Il fait sa scolarité à l’école religieuse de La-Tour-Pitrat, quai Victor-Augagneur, puis au collège des jésuites de la rue de Sèze. Décidé à prendre la succession de son père, il entame des études d’architecture sous la direction de Louis Piessat. En 1956 il se trouve en Algérie pour effectuer son service militaire lorsque son père décède brutalement. Revenu à Lyon, il entre dans l’atelier de Tony Garnier* pour terminer ses études, devient architecte DPLG en 1959, et peut alors reprendre le cabinet de son père 9 cours de la Liberté. L’année précédente (6 septembre 1958), il avait épousé Geneviève Joatton, fille de Pol Joatton (1903-1979), professeur d’économie politique aux facultés catholiques de Lyon, et de Jeanne Bene, et sœur de Pierre Joatton (1930-2013), évêque de Saint-Étienne de 1988 à 2006. Le couple a quatre enfants : deux filles, Charlotte (Carlotta, artiste illustratrice parisienne) et Rachel, épouse Sanglard, et deux garçons, Alexis et Stanislas tragiquement morts en montagne le 21 octobre 1990. La relève est assurée par sa petite-fille Alice Mortamet architecte, fille de Stanislas et de Constance Bolot.
Après 1970, Jean-Gabriel Mortamet s’est associé avec deux confrères, Philippe Vidal et Didier Manhès, pour créer l’agence Mortamet-Vidal-Manhès, 13 rue Tronchet, qui en 1977 devient l’agence MVM. Il continue cependant à se former tout au long de sa carrière : en 1961, il est diplômé du Centre d’études Supérieures et d’Histoire et de Conservation des Monuments anciens (École de Chaillot). Il soutient en 1970 une thèse sur l’église de Beaujeu, et il devient architecte en chef des monuments historiques en 1972, successivement dans le Rhône (1975), la Haute-Savoie et la Savoie (1973-1984), et le Doubs, puis inspecteur général pour la Bourgogne et la Franche-Comté de 1992 à 1995. Historien et architecte, il est aussi un peintre plein de délicatesse (fusain, pastel ou aquarelle). Se qualifiant lui-même de « ronchon, bougon, bougonnant », il n’en est pas moins reconnu et apprécié par ses contemporains : en 1961, il entre à la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon, il est membre de la Société académique d’architecture de Lyon, de la Société centrale des architectes français, de la Commission diocésaine d’art sacré et il est conseiller municipal à Charnay (Rhône), où il a construit sa résidence secondaire et dont il a restauré la mairie (ancien château de La Mansarde).
Il décède à Lyon le 18 décembre 2007.
Il est chevalier de l’ordre national du Mérite, officier des Arts et des Lettres, chevalier de Saint-Grégoire le Grand. Il a reçu la croix du combattant, la médaille de la ville de Lyon, et celle de la ville de Villefranche.
En tant qu’architecte des monuments historiques, il imprime sa marque sur tous les monuments protégés des départements dont il a successivement la charge. Parmi les nombreux dossiers, d’importance diverse, trois l’ont particulièrement marqué : le château de Bagnols (Rhône, xve-xvie siècle) transformé au cours des années 1980 en hôtel de luxe pour une richissime anglaise philanthrope, très exigeante et aux idées bien arrêtées, lady Helen Hamlyn, qui a dépensé 17 millions de livres pour cette restauration ; le château d’Ampuis (Rhône) dans les années 1990 pour Étienne Guigal (vins de Côte-Rôtie) (dont la mère, quand il était tout enfant, y faisait le ménage) ; et enfin la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs), construite vers 1774 par l’architecte Claude Nicolas Ledoux, et classée en 1982 par l’Unesco dans la liste du patrimoine mondial. Le cabinet MVM a également beaucoup construit. Deux bâtiments de style contemporain enclavés dans un tissu urbain ancien ont à l’époque de leur édification suscité une certaine polémique : l’annexe de l’hôtel de ville, place Louis-Pradel, au nord de la mairie (1982), et la MJC du Vieux-Lyon, construite sur un vestige du rempart du cloître de Saint-Jean (rue Tramassac), adossée à l’ancienne maison des chanoines comtes, le n° 5 place Saint-Jean restauré et devenu maison des associations (1983).
En 1995, Jean-Gabriel Mortamet a fait don de ses archives dans divers lieux de conservation : Archives départementales du Rhône, 71 J et 157 J ; 103 J, 106 J, Dossiers bleus t. 12 ou 2 MI 2 R16. – Archives municipales de Lyon, 51 II 1-30 Fonds Jean-Gabriel Mortamet, architecte en chef des Monuments historiques (1970-1980) : dossiers de travaux. – Société académique d’architecture de Lyon, Palais Saint-Jean : 7 B fonds Mortamet. – Pré-inventaire du Rhône (classement par commune).
Élu le 1er juin 1976 au fauteuil 3 section 4, classe des lettres, il prononce son discours de réception le 1er février 1977 sur L’évolution des charpentes en France. Ses communications académiques sont publiées dans les Mémoires (cf. ci-après). Son éloge est prononcé par son collègue J.-F. Grange-Chavanis* (MEM 8, 2009, p. 17-21).
J.-F. Grange-Chavanis*, « Éloge de Jean-Gabriel Mortamet », MEM 2009. – G. Corneloup, DHL. – « De Clair Tisseur à Jean-Gabriel Mortamet », Bull. de la Société académique d’architecture de Lyon 19, octobre 2010.
« Architecture contemporaine et abords des monuments historiques » 3 février 1976, MEM 31, 1977. – « L’évolution des charpentes en France au cours des siècles passés », MEM 32, 1978, p. 46 (discours de réception). – « Dix ans de travaux à la cathédrale Saint-Jean », 24 mars 1981, MEM 36, 1982, p. 99. – « La restauration en cours des monuments historiques lyonnais », MEM 40, 1986. – « Éloge de Jacques Perrin-Fayolle* (1926-1990) », MEM 45, 1990, p. 27-29. – « La rénovation du quartier Perrache », MEM 5, 2005, p. 247-256. – « Les peintres futuristes italiens », MEM 6, 2006, p. 199-204. – Avec L. David*, « L’utilisation de la pierre dans les monuments anciens du Lyonnais », MEM 8, 2008, p. 172. – « Le Corbusier, le couvent de la Tourette » (contribution, sous la direction de Sergio Ferro), Marseille : Parenthèses, 1987. – « La Restauration de la façade de la collégiale Notre-Dame des Marais », Bull. Académie de Villefranche-en-Beaujolais, n° 17, 1993, p. 57-62. – « Cent ans d’architecture Mortamet 1894-1995 », Lyon, 26 janvier 1995 : AML » – « Restauration de maisons classées de Villefranche », Chroniques du pays beaujolais, n° 21, 1997, p. 33. – Avec Nathalie Mathian et Martine Villelongue, L’église de la Rédemption, Lyon : Aux Arts, 2001. – « Pourquoi l’église Saint-Charles-Borromée », Bull. de la Société académique d’architecture de Lyon 4, janvier 2003, p. 8-11. – « La maison de Clair Tisseur », Bull. de la Société académique d’architecture de Lyon, 6, octobre 2003, p. 12-14. – « Les architectes de Fourvière après la consécration de la basilique », Soc. Hist. Lyon 36, 2008-2009, p. 11-18. – «Visite de l’abbaye d’Ainay », Soc. Hist. Lyon, Actes du bicentenaire, 2008, p. 191-195. – « Édouard Aynard, propriétaire à Charnay », Bull. municipal de Lyon, n° 5748, 23 juin 2008. – « Louis Mortamet », Bull. de la Société académique d’architecture de Lyon 19, octobre 2010, p. 26-31.