Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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MOULCEAU Jean de (1663-1717)

par Laurent Thirouin.

 Jean Baptiste (et non Jean Camille) de Moulceau a été baptisé à Saint-Pierre Saint-Saturnin le 27 décembre 1663. Parrain : Jean Baptiste Dulieu son grand-père maternel, conseiller au siège présidial de Lyon ; marraine : Sibille Cheylieu (décédée à Lyon Sainte-Croix le 5 décembre 1694), veuve de feu Guyot Arnaud (1588-1662) payeur des échevins de Lyon. Il est mort à Paris en 1717.

 Il est le fils de Thomas de Moulceau et d’Isabeau Dulieu. La famille de Moulceau (et non du Moulceau) est connue à l’origine par trois frères : noble François de Moulceau, docteur ès droits, avocat au siège de Brive, cité en 1576 ; honorable homme Antoine de Moulceau, cité en 1579 comme marchand à Lyon, bénéficiant en 1575 du privilège des foires de la ville ; et Léonard de Moulceau, cité en 1579 comme marchand de Lyon, capitaine d’une compagnie de gens de pied franche, commandant à Belleville en Beaujolais, au service de la Sainte Union. Léonard, de son épouse Marie d’Harenc, eut : Claudine de Moulceau, épouse d’honorable Claude Cheylieu, marchand de Lyon, capitaine pennon de la rue Neuve, contrôleur pour le roi en la douane de Lyon ; et Jean de Moulceau, né vers 1578, docteur ès droits, avocat au conseil privé du roi, ex-agent de Lyon à Paris, échevin de Lyon en 1645-1646, secrétaire de la ville et communauté de Lyon le 25 juin 1619, jusqu’à sa démission le 17 décembre 1665 ; Jean épousa Marie Rougier (décédée le 4 janvier 1679, Saint-Nizier), fille de noble Antoine Rougier, sieur du Buisson, bourgeois de Lyon, receveur des deniers du diocèse, et d’Anne de Commenes. D’où six enfants, dont Philippe de Moulceau, (Saint-Nizier le 24 août 1632-Montpellier 5 mai 1718), gentilhomme ordinaire du prince de Conti, président de la cour des comptes de Montpellier, qui avait du talent pour la poésie française, cité par madame de Sévigné ; et Thomas de Moulceau (Lyon Saint-Nizier 8 janvier 1625-15 février 1694), écuyer, seigneur de la Galée et du Mas (à Millery), avocat en parlement, secrétaire de la ville de Lyon (nommé en concurrence et survivance le 27 août 1641, remplace son père le 17 décembre 1665 et démissionne le 6 décembre 1672), nommé capitaine pennon le 9 janvier 1672 du quartier Saint-Marcel et place des Terreaux, puis pourvu le 6 décembre 1672 de l’office d’avocat et procureur de la ville et communauté de Lyon jusqu’à sa mort, greffier en chef de la juridiction des privilèges royaux des foires de Lyon, prévôt des marchands en 1679 et 1680. Thomas épousa en premières noces à Lyon Saint-Paul le 8 décembre 1646 (contrat Me Josserand) Isabeau Dulieu, fille de Jean Baptiste Dulieu (Saint-Paul 9 décembre 1600-16 octobre 1670), écuyer, seigneur de Charnay, intendant des postes en la généralité de Lyonnais, Dauphiné et Bas-Languedoc, pourvu de l’office anoblissant de secrétaire du roi le 2 novembre 1659, échevin de Lyon], et de Barthélémie Bastier. D’où sept enfants dont Jean Baptiste né en 1663, qui est ainsi le cousin germain de Charles Vincent Dulieu*. En secondes noces, Thomas de Moulceau épousa en avril 1690 Catherine Hélène Dupuis, fille de Théophraste Dupuis, conseiller du roi aux Eaux et Forêts de France, et d’Hélène Le Roux. D’où est issu Camille de Moulceau, né le 25 janvier 1692, baptisé le 26 dans la chapelle du palais archiépiscopal à Lyon, décédé à Valenciennes le 7 juillet 1785, ingénieur ordinaire du roi, directeur en chef pour le génie d’une partie des places de Flandres et de Hainaut, époux en 1721 d’Henriette Thérèse Vanoy, d’où descendance. « On se plaignait à Lyon des dépenses que faisait Thomas du Moulceau à la Galée [à Millery] », dont le cru était célèbre ; « il n’y fit d’autre réponse que de mettre au-dessous d’un mufle de lion, qui donnait de l’eau : Rugitus leonis abit in undas nitidas [le rugissement du lion disparaît dans les ondes brillantes] » (Pernetti 1757).

 Jean Baptiste, dit Jean, est écuyer, seigneur de Grigny, avocat et procureur général de la ville et communauté de Lyon (nommé en concurrence et survivance le 19 décembre 1673, remplace son père en juin 1695 et démissionne le 28 mars 1696). C’était un homme d’esprit, réputé pour avoir « de la littérature ». Son commerce était agréable : il faisait facilement des vers. Sous le nom de Grigny, il traduisit en vers français une églogue latine du P. Bimet*, jésuite, composée sur la mort de Puget* et imprimée en 1710. La bibliothèque de Moulceau était admirée à Lyon. Il avait épousé à Clamart le 17 septembre 1693 Bonne Angélique Legay, fille de de Pierre Legay, procureur au Châtelet de Paris, et de Marie Anne de La Croix, et qui testera le 28 mars 1730 (Me Deforest, notaire). Elle épousera en secondes noces en 1725 Charles François Basset, écuyer, seigneur de Montchat. Du premier mariage naquirent Thérèse Angélique de Moulceau, qui teste le 25 août 1723 (Mes Brunet et Hachette, notaires au Châtelet) en faveur de Camille de Baraillon, écuyer, seigneur de Saint-Didier, son cousin ; et Jean Camille de Moulceau, religieux profès de l’ordre des minimes, grand mathématicien, qui teste le 18 avril 1722 (Mes Capet et Chevre, notaires au Châtelet), mort à Moulins le 15 avril 1748.

 C’est Jean Camille qui est concerné par une lettre du président Dugas* à M. Bottu de Saint Fonds* en date du 21 février 1715, faisant état d’un abbé du Prat, accusé de dire la messe sans autorisation et, pour cette raison, objet d’une lettre de cachet. Celui-ci, que l’on peut imaginer sympathisant de la cause janséniste, avait en effet hébergé pendant un an l’abbé controversé, qui était en réalité, sous un nom d’emprunt, le frère du célèbre janséniste Quesnel. « M. de Grigny, qu’on appelle M. de Monceau [sic] depuis qu’il a vendu sa terre, fut mandé par M. le Prévôt des marchands et interrogé fort longtemps. On fit une exacte perquisition chez lui, à la ville et à la campagne ; mais on n’y trouva, non plus que dans le couvent, ni lettres ni papiers. L’abbé Quesnel avait demeuré un an chez M. de Monceau, à Millery, sous le nom d’abbé du Prat ; je l’y ai vu et ai mangé avec lui une fois… Je me souviens qu’il ne me parut pas un grand génie ».


Académie

Membre ordinaire de l’académie des sciences et belles lettres de Lyon, le 15e dans l’ordre de réception après 1700, selon Bollioud qui le prénomme alors Jean (Ac.Ms271). Procès-verbal de la séance du lundi 14 février 1718 : « Cheinet* a lu une dissertation sur la philosophie et la religion, en forme de lettre adressée à Du Moulceau fils ».

Bibliographie

Bréghot. – Pernetti. – Léopold Niepce, Les Bibliothèques anciennes et modernes de Lyon, Lyon, Genève, Bâle : Henri Georg libraire éd., 1876, p.209. – Saint Fonds et Dugas, p. 15. – « Les procureurs généraux et les secrétaires de la Ville de Lyon », RLY 1908, t. 7, p. 309-316 et t. 9, p. 382, 460, 462.