Jean François Genève est né à Lyon le 25 décembre 1706, paroisse Saint-Nizier, fils de François Genève (1670-1746), seigneur de Myons [Mions], marchand fabricant de Lyon, place des Terreaux, et de Jeanne Imbert. Parrain : Denis Blaise, marchand, Françoise Boucharlat, femme de Jean Imbert, marchand. Il épouse en 1738 Françoise Monlong (1719-1742), fille d’un échevin fabricant de dorures et d’étoffes précieuses, puis en 1747 Marguerite Hippolite Kolly, fille d’un banquier parisien. Dumas écrit qu’il a « épousé Mlle Serre, pour laquelle le cœur de Jean-Jacques Rousseau s’était pris très vivement, et dont il fait l’éloge dans le livre VII de ses Confessions ». Rousseau écrit en effet : « Elle n’avait rien ni moi non plus ; nos situations étaient trop semblables pour que nous pussions nous unir, et dans les vues qui m’occupaient j’étais bien éloigné de songer au mariage. Elle m’apprit qu’un jeune négociant appelé M. Genève paraissait vouloir s’attacher à elle. Je le vis chez elle une fois ou deux ; il me parut honnête homme, il passait pour l’être. Persuadé qu’elle serait heureuse avec lui, je désirai qu’il l’épousât, comme il a fait dans la suite ; et pour ne pas troubler leurs innocentes amours je me hâtai de partir, faisant pour le bonheur de cette charmante personne des vœux qui n’ont été exaucés ici bas que pour un temps, hélas, bien court : car j’appris dans la suite qu’elle était morte au bout de deux ou trois ans de mariage ». Mais pourquoi Rousseau qualifierait-il de jeune négociant un homme de 36 ans qui est déjà un notable lyonnais ? C’est en effet Jean Victor, né à Lyon le 1er janvier 1715, fils de François Genève et Marie Victorine Ferley (et donc demi-frère de Jean-François), marchand à Lyon, demeurant place des Terreaux (peut-être associé de l’Académie le 21 juin 1763), qui a épousé le 26 janvier 1745 (contrat établi le 24 février 1742) Suzanne Serre, née à Chasselay (Isère) le 22 mars 1720, fille d’un Michel Serre qui n’est pas le peintre marseillais (quoi qu’en dise l’édition Garnier des Confessions) et morte après 1755, quoi qu’en pense Rousseau. En 1767 et 1770, « Jean-François Genève l’aîné » réside place des Carmes, en 1774 rue des Bouchers.
Il meurt « inopinément » le 15 mai 1776 en sortant d’une séance de l’Académie. Il est inhumé le 17 dans le caveau du cloître de Notre-Dame-de-la-Platière, en présence de Nicolas Gautier et Benoît Hugonet, prêtres.
Après avoir voyagé en Italie en compagnie de l’abbé La Croix*, il est administrateur de l’Hôtel-Dieu en 1741-1744 ; échevin en 1753 et 1754 (c’est à ce titre qu’il fait poser les inscriptions portant les noms des rues de Lyon) ; premier syndic du commerce ; membre du bureau de la société royale d’agriculture de la généralité de Lyon fondée en 1761 ; amateur-directeur fondateur de l’école de dessin fondée en 1757 (ainsi que l’abbé de la Croix*, de la Cour l’aîné*, de la Tourrette*, Bordes*, Barou du Soleil*, Goiffon*) ; conseiller de ville en 1772. « Il fut le premier qui, par l’usage d’une machine ingénieuse, réduisant le dessin des taffetas chinés, leur donna ce goût, ce coup d’œil agréable, sans lequel les étoffes même les plus riches perdent leur plus grand prix. Il recueillit à Florence et répandit dans sa patrie le secret du beau lustre des satins » (Dumas). En novembre 1773 il présente à l’Académie une tasse de porcelaine fabriquée dans une manufacture qui s’est établie à Lyon.
Sa candidature est présentée par La Croix* le 8 mai 1759. Il est élu le 17 avril 1760 à « une place vacante dans la partie du commerce relativement aux belles-lettres ». Il prononce son discours de réception sur L’histoire générale du commerce national et étranger lors de l’Assemblée publique du 26 août. Il se montre très actif à l’Académie, prononçant des discours sur le commerce, s’intéressant aux manufactures locales, mais aussi aux antiquités d’Herculanum (1770-1773). Il est commissaire pour le prix de l’année 1762 sur le décreusement des soies (avec Clapasson* et Poivre*), et lit son rapport le 31 août. Nommé en 1765 en compagnie de Poivre, pour expertiser un nouveau procédé italien pour décreuser les fils de soie, il lit un rapport défavorable le 24 novembre 1767 (Ac.Ms176 pièce 6 f°51-56 et Ms189 f°153-156). Il est président pour le 1er semestre 1766 et, à ce titre, le 15 avril 1766, il fait le compte rendu semestriel des travaux de l’Académie (Ms267 I f°36) avec un discours sur les devoirs du vrai philosophe et un éloge du roi de Pologne. Son éloge historique est prononcé par Bory* (perdu ?).
Dumas. – Delandine, II, p. 164-166.
Comme échevin, il bénéficia d’une distribution par la Ville de jetons à ses armes : parti au 1er d’or à une demi-aigle de sable mouvante du flanc senestre du parti ; au 2e de gueules à la clé d’argent en pal (Morin-Pons, p. 92-93, pl. XII ; Tricou 1955, p. 78-79, pl. IX).
Quatre discours sur l’état du commerce en France, en Normandie, en Picardie, à Lyon (Ac.Ms204 f°1-69, 1761-1765). – Pièces statistiques sur la population de Lyon (Ac.Ms307 f°36, septembre 1772). – Rapports : concours sur le décreusement des soies, 30 août 1762, avec Clapasson et Poivre (Ac.Ms176 pièce 6 f°51). – Observations sur un nouveau procédé italien pour décreuser les fils de soie, 24 novembre 1767, avec Poivre (Ac.Ms189 f°153). – Examen de la manufacture de fil de coton, etc. des sieurs La Pradelle et Montillet, 1769, avec Belleroche et Rast (Ac.Ms182 f°261-264). – Sur un métier nouveau du sieur Rives, propre à fabriquer des étoffes tricotées façonnées, 21 juin 1771, avec Devillers (Ac.Ms189 f°46). –Sur le Discours sur la minoterie économique par M. Béguillet, 26 avril 1774, avec Perrache (Ac.Ms174 f°215 et 225). – Examen de la teinture du sieur Palleron, 23 avril 1771, 11 juin 1771, 18 décembre 1775, avec Brisson et Gavinet (Ac.Ms176-I f°1-2, -II f°312, -III f°13-16).