Il est né à Belley (Ain), le 4 mars 1671, dernier enfant de François Tricaud (1619-1682), conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage du Bugey, et de Marie Clémençon. Parrain : Joseph Tricaud, son frère ; marraine Josephte Tricaud, sa sœur. La famille Tricaud, originaire de Thizy (Rhône), s’était installée à Belley au xvie siècle.
Anthelme fait des études de théologie à Paris, à la Sorbonne, y est reçu docteur et devient chanoine de l’église royale et collégiale d’Ainay le 16 novembre 1694, en remplacement d’Antoine de Romans. Il est dit abbé ou prieur de Belmont (canton de Champagne-en-Valromey), comme l’avait été son grand-oncle, Jacques Tricaud, chanoine et archiprêtre de la cathédrale de Belley, mort à Belley le 31 décembre 1643, cité dans Conférences de Mr de Maillard, supérieur du séminaire de Saint-Irénée de Lyon, 1665. – Jacobus de Tricaud, presbiter, prior Bellicensis, canonicus et sacrista ecclesiae Bellicensis (BML.Ms1224). L’archevêque de Lyon, Charles François de Châteauneuf de Rochebonne, le fait exiler à Paris en 1735 en raison de son opposition à la bulle Unigenitus, qui avait provoqué des remous dans son chapitre.
Tricaud lègue sa bibliothèque, composée de 3 600 volumes, par tiers, aux Jacobins, aux Célestins et aux Cordeliers, livres que l’on retrouve dans différentes bibliothèques avec son ex-libris. La date de sa mort est controversée : il serait décédé à Paris en juillet 1739 et inhumé à Saint-Étienne-des-Grès. Mais le nécrologe du couvent de Saint-Bonaventure de Lyon le dit décédé en 1741.
Il est membre de l’Académie dès 1705, semble-t-il, cité à la première séance publique à l’archevêché du 12 décembre 1724. Il a eu une correspondance littéraire avec les chartreux de la Grande Chartreuse de 1705 à 1710, avec Dom de La Mare en 1711 et 1712 et, de 1723 à 1728 et au-delà (12 décembre 1737), avec Jean Bouhier (1673-1746), président à mortier au parlement de Dijon, avec le marquis de Valbonnais (Correspondance politique et littéraire du Marquis de Valbonnais avec divers personnages lyonnais : Le Président Bouhier, L’abbé Tricaud, Le Père Lamy, etc. (1703-1725), Grenoble : Librairie du Dauphiné, 1872).
Pernetti a relevé ses interventions : 12 février 1714, Sur la pudicité de Sarah avec compte rendu par Brossette. – 19 février 1714, Dissertation sur le jeûne avec compte rendu par Brossette. – 9 avril 1714, Si Abraham a été idolâtre. – 16 et 23 avril 1714, Sur les anges, leur existence, leur création, leur spiritualité. – 30 avril 1714 : Sur l’emplacement du concile d’Épone, contre l’opinion de M. de Valbonnais ; Recueil de tous les termes relatifs aux eaux. – 28 mai 1714, De la canonicité de l’épitre de St Judes. – 25 juin 1714, Sur l’épître aux Hébreux. – 11 février 1715, Sur les anciennes sectes des philosophes. – 17 juin et 12 août 1715, Parallèle d’Origène et de saint Jérôme. – 2 mai 1718, Sur les deux Minos rois de Crète. – 6 juin 1719, Sur la vie et les ouvrages de Sulpice Sévère. « Le mardi 6 juin, M. l’abbé Tricaut [sic] lut une dissertation sur la vie et les ouvrages de Sulpice Sévère. Il y avait des traits fort recherchés sur la défection de S. Pheba d’Agen dans le concile de Rimini, et quelques réflexions touchantes sur la fausse honte de ceux qui ne veulent pas rétracter un premier sentiment mauvais. » (Nouvelles littéraires de La Haye, 10, p. 264-265). – 29 janvier 1720, Sur la vie et les œuvres de Juba, roi de Mauritanie. – 3 mai 1721, Sur l’origine, le progrès, le cours et la décadence de la langue latine. – 10 juin 1727, Considération sur la vie d’Atticus. – 27 avril 1728, Sur les absurdités de la théologie païenne. – 20 novembre 1729, Sur l’incertitude de l’histoire. – 19 décembre 1730, Sur la vie et les ouvrages d’Ange Politien. – 19 juin 1731, Les avantages de la solitude et de la vie privée. – 27 mars 1733, Sur la vraisemblance. – 5 février 1732, En quel sens les empereurs romains prenaient la qualité et le titre de Pontifes. – 16 mars 1734, Réflexion sur Procope. – 24 mars 1733, Sur la vraisemblance. – 17 mai 1735, Sur la satire des Grecs et des Romains.
Pernetti (Ac.Ms301). – Michaud. – E. de Juigné – Dumas. – Général Beauvais, Dict. historique. – Pernetti, p. 291-293. – M. Depery, Biographies des Hommes célèbres du département de l’Ain, Bourg, 1835, p. 105 à 106. – Dufaÿ, Supplément à la galerie civile de l’Ain, Bourg : Martin-Bottier 1884. – Jean Robert Armogathe, Dict. des journalistes. – Bruno Tribout, Les Récits de conjuration sous Louis XIV, p. 314, Québec : PUL, 2010.
(L’Académie ne possède plus ses manuscrits). BML.Ms779-780, Correspondance de l’abbé Tricaud. – BML.Ms840 f°60, Réflexions sur la vie et les ouvrages de Sulpice-Sévère. – BML.Ms840 f°98, Extrait de l’histoire du concile de Trente, de Pallavicini. – BML.Ms1292 f°127, Errata de Mr l’évêque de Soissons dans sa lettre pastorale à Mr l’archevêque de Rheims. – BML.Ms1306 f°187, Dialogue de deux religieuses sur les affaires de l’Église. – BML.Ms1307 f°210, Remarques sur la défense de la Constitution. – BML.Ms1006 f°54, Mélanges et extraits, de la main de l’abbé Tricaud ; extraits du P. Lamy, philosophie et physique. BML.Ms840 f°155, Observations contre le système du président de Valbonnais sur la situation d’Épaone. – BML.Ms779-780-I, Lettres de lui [Tricaud] datées de 1711 et 1712 et adressées à D. de la Mare, Chartreux à Lyon, et à un libraire de la même ville, Devers. – BML.Ms2335 f°283, Lettre de l’assemblée du clergé au Roi et autres pièces analogues du XVIIe siècle. – CGM n°2495 (Ms469), Joseph Anthelme Tricaud. Mélanges littéraires. – CGM n° 779-780 (Ms695) Correspondance de l’abbé Tricaud (deux vol. 156 et 338 feuillets).
Dumas cite encore : Notice historique sur le P. Lami, bénédictin ; Vie de Pomponius Atticus ; Mélanges ; Preuves qu’on n’a jamais condamné personne dans l’Église sans l’entendre ; Dissertation sur le jeûne ; Observations sur les ouvrages de deux historiens grecs [Hérodote et Ctésias].
Essais de littérature pour la connaissance des livres, 4 vol., Paris : Moreau, 1702-1704. – Lettre critique sur les ouvrages du temps, ou Gazette littéraire de Mme la comtesse de M., par M. L. D. B., Paris : Grou, 1703. – Lettre à Mme la comtesse ou Contre-Critique des ouvrages de ce temps, Paris, 1704. – Avec Jérôme Du Perrier, Pièces fugitives d’histoire et de littérature anciennes et modernes, avec les nouvelles historiques de France et des pays étrangers sur les ouvrages du tems, et les nouvelles découvertes dans les arts et les sciences, pour servir à l’histoire anecdote des gens de lettres…, Paris : Jean Cot, 1704-1706. – Essais critiques de prose et de poésie in Mélanges sérieux, comiques et d’érudition, Paris : Ribou, 1704. – Remarques critiques sur la nouvelle édition du Dictionnaire historique de Moréry, donnée en 1704, Paris : Mazières, 1706 ; Bayle en donna une nouvelle édition à Rotterdam en 1706, avec des remarques ; Desmaizeaux les publia encore en 1730 à la suite du Dictionnaire de Bayle. – Essais de littérature pour la connaissance des livres, depuis le mois de juillet 1702 jusqu’au mois de juillet 1704, 4 vol., Paris : Moreau, Ribou, s.d. – Éloge de feu Monsieur du Puget* par Mr l’abbé de Belmond, dans Mém. pour Hist. Sci. Beaux-arts, vol. 1710, n° 4, p. 1575-1589, Trévoux : Ganeau, 1710. – Lettre de Mr l’abbé Hiraut [sic] de Belmont, sur des bulles conservées à Gironne écrites sur de papier d’écorce, Mémoires de Trévoux, septembre 1711, p. 1559-1568. – Histoire des Dauphins français et des Princesses qui ont porté, en France, la qualité de Dauphines, Paris : Huet, 1713. – Histoire de la dernière révolte des Catalans et du siège de Barcelone, Lyon : Almaury, 1714. – Campagne du prince Eugène en Hongrie et des Généraux vénitiens, dans la Morée, pendant les années 1716 et 1717, Lyon : Amaulry, 1719. – Relation de la mort du feu Pape Innocent XIII, et du Conclave assemblé pour l’élection de Benoît XIII, son successeur, Nancy : Cusson, 1724.
Il a été l’éditeur de l’Abrégé de l’histoire des savants anciens et modernes par le Chartreux Alexis Gaudin, Paris : Gras, 1708, et l’auteur de plusieurs articles dans la Bibliothèque Française de Jean Frédéric Bernard à Amsterdam de 1723 à 1729, puis de Du Sauzet. Peut-être est-il l’auteur d’autres ouvrages anonymes ou écrits sous des prête-noms, procédé qu’il a utilisé avec Jérôme Du Perrier, parfois en signant l’un pour l’autre : L.D.B., D.P., Flachat de Saint-Sauveur, sieur d’Aiglemont, M. Genest, prieur de Saint-Gemme, etc. Peut-être traduisit-il l’Histoire de la dernière conjuration de Naples en 1701, parue à Paris en 1706 à partir d’un anonyme publié en latin par un Espagnol à Anvers en 1704, sous le titre Conjuratio initia et extincta Neapoli anno 1701 ?