Jean Couty naît le 12 mars 1907 à Saint-Rambert-l’Île-Barbe (Lyon 9e, depuis le 1er août 1963) ; sont présents l’adjudant Charles Berton, oncle maternel, et Nicolas Robert, charron. Les Couty sont originaires du plateau de Millevaches en Limousin. Pierre Couty, maître maçon (22 juillet 1839-Saint-Rambert-l’Île-Barbe 13 mai 1917) et son épouse Jeanne Betoulaud (24 septembre 1849-Saint-Rambert-l’Île-Barbe 25 décembre 1920), tous deux natifs du village de Nedde (Haute-Vienne), viennent s’installer à Saint-Rambert en 1870 : leur premier fils, Henri Pierre, naît à Nedde le 28 novembre 1869, les deux autres voient le jour à Saint-Rambert, Jean-Baptiste le 21 mai 1871, et Jean François le 15 août 1872. En 1891, âgé de 18 ans, Jean François habite le bourg avec ses parents et il est déjà employé de bureau. Le 24 août 1899, alors qu’il demeure 4 rue du Pont-Cotton (angle du quai Raoul-Carrié et Grande-Rue), il épouse à Saint-Rambert Julie Eugénie Forest née à Thauron (Creuse) le 3 octobre 1882, fille d’Antoine Forest maître maçon à Saint-Rambert (né à Thauron en 1846), habitant 5 Grande Rue. En 1901, Jean François et son épouse logent 4 Grande-Rue, où Eugénie tient un café. En 1908, élu au conseil municipal, il est devenu comptable chez Bonnet-Spazin, dont l’usine de constructions fluviales et de grosse chaudronnerie industrielle est située quai de l’Industrie (Saint-Rambert). Le couple aura quatre fils et une fille : Eugène (3 octobre 1901-Paris 1971), Alfred (23 novembre 1903), Jean (12 mars 1907), Julien (4 mai 1910), et Anna Henriette (1915, religieuse). La famille habite 80 rue Pont-Cotton (act. quai Raoul-Carrié) en 1911, puis au 3 en 1921. C’est entre 1921 et 1926 que Jean François s’est installé dans la maison du 2 place du Pont-de-l’Île (act. 2 place Henri-Barbusse). Il y est décédé le 10 décembre 1956.
Après des études primaires et secondaires à Saint-Rambert, Jean Couty, très doué en dessin, souhaite s’orienter vers l’architecture. Il a sans doute été soutenu par son père, mais il pourrait aussi avoir été encouragé par son oncle, Jean-Baptiste Couty, entrepreneur de travaux publics, qui a pu être en relation avec leur voisin, l’architecte Tony Garnier* lequel entre 1910 et 1912 a dessiné et construit sa maison d’habitation 1 rue de la Mignonne (10 ou 11 quai de la Sauvagère en 1921). Poète à ses heures, Jean Couty s’inscrit à l’école des beaux-arts de Lyon en 1922, et simultanément, pendant deux ans, il suit les cours de l’historien d’art médiéviste Henri Focillon (conservateur du musée des beaux-arts jusqu’en 1924). Ce dernier l’a fortement influencé et lui a rapidement fait remarquer que « sa composition [était] surtout celle d’un peintre ». En 1926, Couty entre dans l’atelier de Tony Garnier (il obtiendra son diplôme d’architecte en 1933 et figure comme architecte dans le recensement de 1936, chez ses parents 2 place du Pont-de-l’Île) ; mais sur les conseils de son maître, il s’est mis à la peinture dès 1927 et a installé son atelier à l’Île-Barbe. C’est sans doute après le décès de son père en 1956 qu’il établit son atelier au dernier étage de la maison familiale. Dix ans plus tard, sa mère étant décédée le 9 mars 1966, il se marie à Lyon 9e, le 26 mai suivant à l’âge de 59 ans, avec une veuve de 40 ans, Simone Marie Rose Drevon, qui lui donne l’année suivante un fils, Charles Olivier, dirigeant de société.
Jean Couty, qui a commencé à exposer à Lyon en 1933 (Salon du Sud-Est), et à Paris en 1935, puis à titre personnel chez Katia Granoff de 1945 à 1989, s’est rapidement fait un nom dans le monde de l’art. Enrichi par de nombreux voyages en France et à l’étranger, il n’a cessé de peindre jusqu’à ses derniers jours, et n’a jamais suivi la mode de l’abstraction : « Jean Couty demeure, à nos yeux, un des rares grands peintres figuratifs originaux de notre temps » (René Deroudille, 1971). D’abord intéressé par l’Expressionnisme et le Fauvisme, il ne tarde pas à trouver sa personnalité : « J’ai été fauve, et farouchement et sincèrement. J’ai essayé de retrouver les grands maîtres français et puis j’ai voulu aller plus loin, me dégager de toute formule » (entretien avec le critique d’art André Warnod). Ainsi, « Jean Couty mettra les règles de son vocabulaire au point rapidement : une pâte abondante, des couleurs puissantes, le sens de l’aménagement des volumes. […] Son sujet est autour de lui. Il peindra sa famille, et puis la vie, les hommes au travail, les ouvriers du Front Populaire. […] La famille de Jean Couty, son contact avec Tony Garnier, professeur à l’école des beaux-arts, et la proximité de l’abbaye de l’Île-Barbe sont des paramètres qui conditionneront son itinéraire. La lecture des textes sacrés des pères de l’Église enrichira son œuvre. […] Pour n’évoquer que la période qui suit la seconde guerre mondiale, il décrira avec la même ferveur : le monde des chantiers, l’univers des mythiques églises et cathédrales romanes. » (Alain Vollerin, Histoire des Arts Plastiques à Lyon au xxe siècle, Mémoire des Arts, 1998, p. 63).
Jean Couty s’éteint à Lyon 1er, le 14 mai 1991 ; après une cérémonie dans la cathédrale Saint-Jean, il est inhumé trois jours plus tard dans le cimetière de Saint-Rambert (Lyon 9e).
Couty a obtenu de nombreux prix, notamment le prix du Groupe Paris-Lyon en 1937, et en 1990, le prix de la Critique en 1950, le grand prix des Peintres témoins de leur temps en 1975. Chevalier de la Légion d’honneur le 25 janvier 1961 et commandeur des Arts et des Lettres le 4 juillet 1987.
De nombreuses expositions ont été organisées, notamment à l’occasion du centenaire de sa naissance, dans le dôme de l’Hôtel-Dieu et au musée des beaux-arts de Lyon. La ville de Lyon lui a rendu hommage dans divers lieux : école maternelle Jean-Couty 16 rue Viricel Lyon 6e en 1997 ; Espace Jean-Couty 56 rue Sergent-Michel-Berthet Lyon 9e en 1999 ; le jardin aquatique de la Confluence (2e) inauguré le 28 octobre 2011. La petite rue Couty située à Saint-Rambert fait référence à son oncle Jean-Baptiste Couty, entrepreneur de travaux publics, qui habitait dans cette rue où il est décédé le 25 février 1934.
La candidature de Jean Couty est présentée le 30 mars 1982 par Jean-Gabriel Mortamet*. Il est élu le 1er juin 1982, et prononce le 26 décembre 1983 son discours de réception consacré à Maurice Utrillo (MEM 38, 1984). La même année il fait une communication sur : Tradition et art contemporain (MEM 38, 1984). Jean Couty a offert à l’Académie, pour l’illustration de ses pochettes, le dessin d’un angle de la cour du musée Saint-Pierre. Le président Edmond Reboul* prononce son éloge funèbre le 17 mai 1991 (texte à l’Académie), ainsi que Pierre-Antoine Perrod* (MEM 46, 1992).
Les ouvrages consacrés à Jean Couty ont été très nombreux depuis qu’il a commencé à être connu. On notera Couty 100 ans, Lyon : la Taillanderie, 2007. – Jean Couty et Lyon, Lyon : Éd. Mémoire des Arts, LCL, 2013. – Patrice Beghain, DHL.
Il a laissé plus de 2 000 tableaux, répartis dans des musées, des collections privées, ou conservés dans sa maison à proximité de laquelle son fils, qui dresse actuellement un inventaire exhaustif de ses œuvres, prévoit l’ouverture d’un musée en 2017. Le catalogue des œuvres de Jean Couty est en cours de réalisation avec le concours de l’Association des Amis de Jean Couty, présidée par son neveu Édouard (fils de Julien Couty).