Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

DARGENT Marcel (1908-1972)

par Jacques Hochmann.

 Joannès Marcel Dargent est né à Lyon 1er, 6 rue de la Martinière, le 19 octobre 1908. Père : Jean Auguste Dargent (né à Lyon 2e le 16 août 1870), employé de commerce. Mère : Marie Thomas (Lyon 2e 18 janvier 1877-Lyon 1er 27 novembre 1955). Témoins : Joannès Thomas, fabricant de dorures, 30 rue Burdeau Lyon 1er, et Georges Sibert, employé, 3 chemin de Boutary Caluire. Interne des hôpitaux de Lyon en 1929, il fait son service militaire dans un goum saharien, aux confins algéro-marocains (1930-1931). Il soutient sa thèse en 1936 sur La chirurgie du cancer bronchopulmonaire primitif sous la direction de Paul Santy*. Chef de clinique (1937-1939), il est mobilisé comme médecin-lieutenant responsable d’une ambulance chirurgicale pendant la guerre de 1939-1940. Pendant l’Occupation, il est médecin des francs-tireurs partisans (FTP). Nommé prosecteur puis chef de travaux d’anatomie (1944-1946), il exerce auprès du professeur Léon Bérard puis du professeur Santy, qui a succédé en 1941 à L. Bérard à la direction du centre anticancéreux mis en place au pavillon B de l’hôpital Édouard Herriot. Agrégé de chirurgie en 1946, il devient en 1950 chirurgien des hôpitaux et prend, à son tour, la direction du centre anticancéreux. En 1959, il est titulaire de la chaire de cancérologie, rebaptisée en 1962 chaire de carcinologie. À partir de 1958, le centre anticancéreux – devenu Centre Léon Bérard – dispose de nouveaux locaux. Marcel Dargent y anime une équipe multidisciplinaire et contribue activement à l’amélioration des techniques chirurgicales et au développement des traitements radiothérapiques, hormonaux et chimiques. Il s’investit plus particulièrement dans la chirurgie des cancers du poumon, de la cavité buccale et dans la chirurgie des glandes surrénales. Il préconise des interventions non mutilantes dans les cancers utérins. Poursuivant des études expérimentales en laboratoire sur le rôle de la fonction thyroïdienne dans l’évolution des cancers, il se préoccupe aussi de l’accueil psychologique des personnes cancéreuses et de leurs familles et est ainsi à l’origine d’un oratoire œcuménique « conçu et construit, disait-il, dans l’esprit le plus authentique de la laïcité, entendue comme la plus haute expression du respect absolu des croyances de chacun, sans condition ni restriction ». Il acquiert une réputation internationale fondée sur ses rapports à des congrès à Mexico (1957), Miami (1961), Moscou (1962). C’est à son impulsion et à sa réputation que l’on doit l’édification à Lyon du centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. Soucieux d’améliorer le dépistage précoce et les soins de proximité, il favorise l’ouverture de consultations excentrées. En revenant d’une de ces consultations à Moulins, il est victime à Saint-Prix (Allier), le 13 juillet 1972, d’un accident de la route mortel. Ses obsèques sont célébrées dans l’oratoire œcuménique du Centre Léon Bérard.

 Mélomane, ancien choriste des chanteurs de Lyon, pianiste de talent, Marcel Dargent était un conférencier très écouté. Il a joué un grand rôle dans la diffusion des connaissances sur le cancer et a permis ainsi de vaincre un certain nombre de tabous qui entouraient la maladie. Il était membre de la société nationale de médecine et des sciences médicales, de la société de chirurgie de Lyon, de l’association française de chirurgie, de la société internationale de chirurgie.

 Il avait épousé le 19 août 1936, à Lyon 2e, Renée Georgette Simone Revol (1908-1989), agrégée d’histoire, professeur au lycée Saint-Just à Lyon puis assistante d’histoire de l’art à la faculté des lettres de Lyon. Leur fils Daniel (1937-2005) fut professeur de gynécologie-obstétrique, chef de service des hôpitaux de Lyon. Le nom de Marcel Dargent, chevalier de la Légion d’honneur, a été attribué le 17 mars 1980 à une rue de Lyon dans le 8e arrondissement. Un collège, 5 rue Jeanne Koehler à Lyon 3e, porte également son nom.


Académie

Distingué en 1953 par le prix Platet-Mathieu de l’Académie, il est élu le 3 décembre 1963, lors d’une séance tenue à la Caisse d’Epargne, au fauteuil 9, section 2 Sciences, sur rapport de Maurice Patel*. Accueilli par le président Louis Pize*, il consacre son discours de réception, le 15 décembre 1964, à une Dissertatio academica de cancro d’un certain Perilhé, qui avait obtenu, en 1773, le prix Claude Pouteau* de l’Académie.

Communications : Le congrès du cancer à Tokyo, 29 novembre 1966 (MEM 27, 1971. – Les grandes et petites raisons de la fondation à Reims du premier hôpital pour cancéreux par le chanoine Godinot, 17 décembre 1968 (MEM 27, 1971). – Les tendances actuelles de la lutte contre le cancer en URSS, 27 janvier 1970 (MEM 28, 1975). – Le tabac et le cancer, 14 décembre 1971 MEM 28, 1975). – Impressions après le congrès international sur le cancer à Sidney, 20 mai 1972 MEM 29, 1975). Éloge prononcé par André Latreille, le 17 octobre 1972.

Bibliographie

M. Mayer « Le professeur Marcel Dargent », Lyon médical, 14 janvier 1973, p. 89. – DHL – David 2000. – Bouchet. – Gutton 1985.

Publications

Outre de très nombreuses publications dans le Lyon médical, le Lyon chirurgical, La Presse médicale, le Bulletin du cancer, on retiendra :

Avec M. Gignoux et J. Gaillard, Le traitement des tumeurs malignes primitives du maxillaire supérieur, Paris : Masson, 1948. – Avec M. Patel et J. Creyssel, Précis d’anatomie médicochirurgicale, 2e éd. Paris : Maloine, 1950.