Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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POUPAR Jean-Baptiste (1768-1827)

par Mariannick Lavigne-Louis.

 Descendant d’une ancienne famille de Saint-Dié (Vosges), Jean-Baptiste Poupar(t) est baptisé le jour même de sa naissance dans la paroisse Sainte-Croix de Saint-Dié le 17 février 1768 ; il a pour parrain Simon Poupart, son frère, et pour marraine Marie-Madeleine Poupart, sa tante. Son père, Joseph Poupart – il signe Poupar – (Saint-Dié 25 août 1727-4 février 1789), qui se dit « bourgeois de Saint-Dié », est garde à cheval à la maîtrise des eaux et forêts ; veuf de Marie Madeleine Duprey (ca 1720-1760), épousée en 1748 et qui lui a donné huit enfants, il s’est marié en secondes noces en 1761 avec Marie-Madeleine Macer [Masser, Massaire] (Nompatelize [Vosges] 12 novembre 1728-Saint-Dié 19 février 1789), d’où cinq enfants, Jean-Baptiste étant l’avant-dernier. Il fait ses études au collège Sainte-Barbe à Paris où il enseigne ensuite la philosophie [il y a eu pour condisciples Jean François Joseph Dussault (Paris 1er juillet 1769-14 juillet 1824) et Nicolas Éloi Lemaire (1867-1832), qui sera professeur de lettres au Collège de France]. Fuyant la Révolution, il s’expatrie et voyage en Turquie (il est précepteur du fils d’un négociant marseillais installé à Constantinople), en Allemagne, en Prusse, puis en Angleterre. Il pourrait avoir rencontré à Constantinople Jacques Delille, dit abbé Delille [dont la compagne Marie-Jeanne Vaudechamps, qu’il épouse vers 1801, fille d’un maître d’école, était originaire de Mandray près de Saint-Dié], alors qu’il accompagnait le comte de Choiseul-Gouffier, qui y a été ambassadeur jusqu’en 1791, puis les deux hommes se sont retrouvés à Londres. Jean-Baptiste Poupar regagne Paris en 1802, et en 1803 il retrouve à Lyon son frère, l’abbé Antoine Poupar, avec lequel il tient rue Neyret une « maison d’éducation ». En 1809, il est nommé inspecteur et professeur de grec de l’université impériale. Lorsque la faculté des lettres est fermée en 1816, sa chaire de littérature grecque est donc supprimée, mais il reste inspecteur de l’académie de Lyon, c’est-à-dire adjoint du recteur. Le 9 avril 1825, il est nommé, par arrêté du maire Rambaud, bibliothécaire de la ville et doit abandonner son poste d’inspecteur. Il est installé le 23 avril, mais son prédécesseur François Éléonore Delandine, dit Delandine-Romanet ou Delandine fils aîné, qui cumule cet emploi avec celui de vice-président du tribunal, considérant son éviction comme illégale, pose un recours et refuse de coopérer. L’adjoint au maire, Poupar et deux employés de la bibliothèque procèdent alors à une description sommaire de la bibliothèque, qu’on trouve aux archives départementales (4T86). Delandine fils avait succédé à son père Antoine François Delandine* (décédé en 1820) comme bibliothécaire de la ville et prétendait qu’un « étranger » ne pourrait pas suivre, sans la trahir, l’œuvre de classement de son père. Poupar commence, semble-t-il, à cataloguer les livres de la bibliothèque de l’Académie. La décision du conseil municipal de restituer la bibliothèque Adamoli à l’Académie date de cette période (9 septembre 1825).

 Célibataire, il meurt sans descendance, 40 quai de Retz (acr. quai Jean-Moulin) le 1er mars 1827.

 Il avait rassemblé une importante collection d’ivoires, qu’il pensait donner à la ville de Lyon, mais il est décédé trop tôt pour mettre ce projet à exécution. Antoine Poupar, son frère et héritier, né à Saint-Dié le 15 juillet 1863, chanoine prémontré de l’abbaye d’Étival, puis de celle de Flabémont (Tignécourt), chassé par la Révolution, se retire à Vienne ; après avoir été amnistié le 16 juin 1803, il vient à Lyon où il tient pendant six ans rue Neyret, en compagnie de Jean-Baptiste, une petite institution. En 1809, il devient aumônier du lycée de Lyon. Le 23 mars 1824, il est nommé chanoine du chapitre de Saint-Dié ; ayant démissionné en 1836, Antoine Poupar se retire à l’abbaye de Moussey où il décède le 21 avril 1840 (Thomassin, Abbé Rouyer, Essai sur la persécution révolutionnaire dans le district de La Marche, Saint-Dié : C. Cuny, 1908).


Académie

Désirant entrer à l’Académie, Jean-Baptiste Poupar dépose en 1811 un manuscrit de la traduction en vers français de l’Art poétique d’Horace, au sujet duquel le 20 août, Bérenger*, assisté de Dugas-Montbel* et de Ballanche*, rédige un rapport favorable (Ac.Ms125 f°418). Poupar est élu le 7 décembre 1813 dans la section des lettres et arts, prononce son discours de réception les 23 et 30 août 1814 : La littérature grecque, et exerce la présidence le second semestre 1820. Il lit à ce titre le 5 septembre 1820 le compte rendu des travaux du semestre, mais refuse que celui-ci soit publié, il ne le sera qu’après sa mort en 1827. Dumas* prononce le 10 juillet 1828 son éloge funèbre, qui est publié à l’instigation d’un neveu de Poupar, l’abbé Bahé, en introduction à la Traduction de l’Art poétique d’Horace. Cet ouvrage suscite un tollé chez les académiciens, certains (dont Bréghot du Lut, sous le pseudonyme de Launey) accusant Poupar de plagiat d’une même traduction d’Horace par Alexandre César Annibal Frémin de Sy (Paris 1745-1821), maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis, dont l’ouvrage était terminé en 1800 (L’Art poétique d’Horace, en vers français, avec le texte en regard, Londres : Dulau 1816 ; Paris : de Bure 1816). D’autres, comme Dugas-Montbel suggèrent que les deux auteurs aient pu travailler chacun de leur côté pendant leur présence à Londres (l’un et l’autre ayant connu Jacques Delille à Londres et ayant sollicité son aide pour la traduction de deux vers d’Horace). Cependant on a tendance à considérer finalement que Poupar, qui joignait à une érudition variée une mémoire heureuse et une grande facilité d’élocution, mais n’a rien produit d’autre que cette traduction d’Horace, est bien un plagiaire. L’affaire a alimenté de nombreux échanges écrits, et même un négociant lyonnais anonyme avait préparé une brochure expliquant Comment vivent entr’eux, s’aiment et s’estiment les académiciens de province, et de quelle manière les morts sont traités par leurs confrères vivans.

Bibliographie

Éloge de Poupar par M. Dumas, Lyon : Rivoire, 1828. – Antoine Péricaud, Notice sur la Bibliothèque de la Ville de Lyon, Lyon : Barret, 1828. – « Nouvelles pièces relatives à la traduction de l’Art poétique d’Horace publiée sous le nom de M. Poupar », AHSR, août-septembre-octobre-novembre 1828, Lyon, Barret, p. 5-55. – Jean-S. Passeron, Affaire Poupar, Lyon : Boursy, 1828. – Nouvelle Petite Guerre, ou Lettres sur une traduction en vers de l’Art poétique d’Horace, Lyon : Barret, 1829.– Dumas, II, p. 66 et 139. – Auguste Alexis Floréal Baron, Jean Sylvain Van De Weyer, Le marquis de Sy et M. Poupar, Londres : Whittingham, 1856, 70 p. – Joseph Marie Quérard, Supercheries littéraires dévoilées, Paris : Armand-Colin, 1870, III, 229. – Michaud.

Iconographie

Buste, plâtre, sculpté par Mme de Sermezy (1767-1850), membre associée de l’Académie en 1818, Académie de Lyon. – Portrait de profil, Fontaine, 1840. – Portrait de Profil, signé Revoil, dans Éloge de Poupar par M. Dumas.

Manuscrits

Rapport de la commission chargée d’examiner les discours qui ont concouru pour l’éloge de M. Poivre, Ac.Ms140-I f°45.

Publications

Compte rendu des travaux de l’académie royale des sciences de Lyon pendant le second semestre de 1820, Lyon : Barret, 1827. – Art poétique d’Horace traduit en vers français, précédé de l’Eloge de Poupar par M. Dumas, Lyon : Rivoire, 1828.