Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

LABASSE Jean (1918-2002)

par Michel Laferrère.

 Jean René François Labasse est né le 10 juillet 1918 à Lyon 3e, fils de Pierre Augustin Labasse, ingénieur, et de Marie-Antoinette Lesselier. Il épouse le 4 juillet 1942, Anne-Marie Brunier.

 Cet ancien élève du lycée Ampère s’inscrit à la faculté des lettres de Lyon, où il travaille sous la direction d’André Allix* qu’il révère comme son maître. Alors qu’il prépare l’agrégation d’histoire et géographie, il est mobilisé en 1939. Une fois rendu à la vie civile, il passe une licence en droit et se présente en 1942 au concours commun à l’Inspection des finances et à la Cour des comptes.

 Reçu auditeur à cette celle-ci, il démissionne peu après et entre comme fondé de pouvoir à la Société de Gestion financière, une branche de l’ancienne société de négoce en soie Veuve Guérin qui avait abandonné l’activité textile lors de la crise de 1930. Grâce à son impulsion, cette société devient la deuxième banque d’affaires de la place de Lyon. De 1961 à 1968, elle est intégrée dans la banque de Neuflize, Schlumberger et Mallet, ce qui propulse Jean Labasse, d’associé-gérant en 1957, au directoire en 1969 et à la vice-présidence de 1972 à 1979. Grâce à l’indulgence de Maurice Schlumberger, un des dirigeants de la banque, il consacre de plus en plus de temps à la géographie. Il est ainsi désigné comme adjoint à Michel Laferrère* dans la rédaction d’un ouvrage déjà très avancé sur la région lyonnaise, dans une collection novatrice France de demain (PUF1960 et 1966). Et surtout, il s’engage dans la préparation d’une thèse de doctorat ès lettres, soutenue en 1963 devant ses anciens maîtres de la Faculté : Les capitaux et la région, étude géographique. Publié en 1955, l’ouvrage fait sensation. Pour la première fois, la géographie quitte le champ du matériel et du concret pour révéler le système nerveux qui le détermine. La monnaie, de par son inertie organique, enregistre fidèlement les résultats matériels des activités humaines. Les fluctuations de sa répartition dressent un bilan constamment à jour de ces activités. Le banquier détient ainsi des documents d’une grande valeur économique et géographique. Jean Labasse s’affirme donc comme un géographe particulièrement novateur. Réunir ces deux compétences financières et universitaires, convenait fort bien à l’une des préoccupations de l’époque, après la publication du livre de Jean-François Gravier, Paris et le désert français. Il recommande aux milieux économiques lyonnais de créer un comité départemental d’étude et d’aménagement du territoire. Mais Jean Labasse est de plus en plus considéré comme un expert en régionalisation. Plusieurs pays étrangers, Colombie, Liban, Pérou, Côte d’Ivoire, Tunisie et Chili notamment, font appel à lui dans ce domaine. Il est docteur honoris causa de l’université de Genève en 1970. Il enseigne comme professeur invité à l’université de Newcastle, de Manchester, de Sherbrooke, Ottawa et Montréal, de Rio et de Sao-Paulo au Brésil, de Santiago au Chili. Il est chargé de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris de 1957 à 1983 et professeur à l’université Lyon 2 de 1973 à 1982. Son départ à la retraite lui permet de renouer avec le christianisme social, notamment avec le père Lebret, fondateur d’Économie et Humanisme.

 Cependant la dégradation de son état de santé recommande une installation à Uzès (Gard), où il décède le 1er août 2002.

 Jean Labasse a été membre de la section des économies régionales du Conseil économique et social (1959-1963), membre du conseil d’architecture et d’urbanisme du ministère de l’Équipement (1966-1982), président du comité d’action concertée Urbanisation à la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (1966-1969), membre de la Commission de développement économique régional de Rhône-Alpes (1970-1972), puis du Comité économique et social Rhône-Alpes (1973-1982). Le 12 février 1999, il reçoit la médaille vermeil de la Ville de Lyon des mains de Raymond Barre. Il a été administrateur de diverses sociétés : Automobiles Berliet, Boussois-Souchon-Neuvesel, Lafarge Emballage, Air-France, Compagnie Nationale du Rhône.

 Officier de la Légion d’honneur.


Académie

Le 2 décembre 1975, il est élu au fauteuil 7, section 3 Lettres, libéré par Mgr Michaud*. Son discours de réception, le 6 avril 1976, a pour titre : Croissance et environnement (MEM 31, 1977). Autres communications : 8 mars 1977, Aspects du Japon 1976 (MEM 32, 1978) ; 9 mars 1982, L’Amazonie (MEM 37, 1983) ; 24 avril 1984, L’Afrique du Sud et l’apartheid en 1983 (MEM 39, 1985) ; 6 janvier 1987, Financement et développement régional en Europe occidentale (MEM 42, 1988).

Son éloge funèbre est prononcé le 14 janvier 2003 par Paul Malapert* (MEM 2, 2001).

Publications

Les capitaux et la région. Étude géographique. Essai sur le commerce et la circulation des capitaux dans la région lyonnaise, Paris : Armand Colin, 1955, XVII + 532 p. – Hommes de droite, hommes de gauche, Paris : Éd. ouvrières, 1957, 115 p. – Le commerce des soies à Lyon sous Napoléon et la crise de 1811, Paris : PUF, 1957, 136 p. – « La vie de relation en Colombie », Ann. de géographie, Paris : Armand Colin, 1957, p. 519-548. – Avec Michel Laferrère, France de demain, 4. La région lyonnaise : Saint- Étienne, Alpes du nord, Lyon, Paris : PUF, 1960, 159 p. – « L’aménagement de la région Centre-Est (Bourgogne, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Auvergne) », Rev. géog. Lyon, p. 131-152. – La planification régionale et l’organisation de l’espace, Paris : Les cours de droit, 1960, 2 vol., 180 p. – L’organisation de l’espace, éléments de géographie volontaire, Paris : Hermann, 1966, 606 p. – L’espace financier, analyse géographique, Paris : Armand Colin, 1974, 302 p. – L’hôpital et la ville, géographie hospitalière, Paris : Hermann, 1980, 241 p. – L’Europe des régions, Paris : Flammarion, 1991, 432 p. – « Géopolitique et régions d’Europe », Information géographique, 55, n° 3, 1991, p. 49-98. – Quelles régions pour l’Europe ? Un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir, Paris : Flammarion, 1994, 127 p.