Claude François Xavier Millot est né le 5 mars 1726 à Ornans (Doubs), en Franche-Comté, dans une ancienne famille de robe ; il est fils de Nicolas Benoît Millot (Ornans 1697-Besançon 1757), avocat en parlement, et de Marguerite Guillaume, née à Cromary, décédée à Besançon le 15 juin 1777. Entré jeune chez les jésuites, il enseigne les humanités dans plusieurs de leurs collèges, puis la rhétorique à Lyon. Il quitte la Compagnie après s’être vu reprocher par ses confrères l’éloge de Montesquieu contenu dans son discours couronné par l’académie de Dijon en 1757 (Est-il plus utile d’étudier les hommes que les livres ?). Cette disgrâce « lui fut utile en le faisant sortir du vaisseau avant le naufrage » et en lui permettant de quitter « la poussière des écoles pour répandre dans le monde la lumière et l’instruction » (Morellet). Ses discours remportent les prix des académies de Besançon en 1755 et 1759, et d’Amiens en 1759. Millot comprend qu’il n’est pas doué pour la prédication et se consacre à l’historiographie. Il est nommé grand-vicaire de Mgr Antoine de Montazet, archevêque de Lyon. Il obtient en 1768 une chaire d’histoire au collège de la Noblesse fondé à Parme par Guillaume Léon du Tillot (1711-1774), marquis de Felino et ministre de Parme. À la disgrâce de ce dernier en 1771, il est obligé de quitter Parme. Versailles lui offre alors une pension de 4 000 livres. Il est nommé précepteur du duc d’Enghien en 1778.
Il est mort le 20 mars 1785 à Paris.
Élu le 22 juillet 1760 dans la classe des belles-lettres, il prend séance le 2 décembre, prononçant son remerciement, suivi d’une dissertation sur les caractères de la philosophie des Anglais. Sa présence fut discrète : « Au milieu des hommes, il avait l’air d’un étranger qui entend la langue du peuple chez lequel il vit, et qui n’a pas l’habitude de la parler. […] Il eut sans doute une âme sensible, mais cette sensibilité ne se montrait pas dans les sociétés » (Morellet). Le 18 décembre 1777, il écrit pour demander le statut de vétéran (Ac.Ms268-III f°197). Son éloge par Terrasson est signalé par Delandine (III, 304).
L’abbé Millot fut élu à l’Académie française le 4 décembre 1777, en remplacement de Gresset. Il prononce son discours de réception le 19 janvier 1778 (voir Journal encyclopédique, 1778, II, p. 264-276, avec la réponse de d’Alembert). Dans une lettre à Voltaire du 27 décembre 1777, d’Alembert se félicite de l’élection d’« Eutrope-Millot, qui a du moins le mérite d’avoir écrit l’histoire en philosophe, et de ne s’être jamais souvenu qu’il était jésuite et prêtre » : compliment mitigé dans la mesure où Flavius Eutropius (ive s.), auteur d’un Abrégé de l’histoire romaine, était plus apprécié pour sa clarté que pour sa profondeur. Millot fut l’un des deux ecclésiastiques à assister à la séance solennelle où l’Académie accueillit Voltaire le 30 mars 1778. Il fut également membre des académies de Nancy et de Châlons.
Weiss, « Notice » pour la BU de Michaud. – Éloge de Millot par Morellet dans son discours de réception à l’Académie française, 1785. – Joseph Lingay, Éloge de l’abbé Millot couronné par l’Académie de Besançon, Paris : Chanson, 1814, 70 p. – Delandine, II, p. 125-126. – J. Meynier, « Essai historique sur Ornans », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1894, 6e série, vol. 9, p. 119-120.
Discours sur la philosophie anglaise, 1760 (Ac.Ms144 f°53). – Sur les harangues des historiens latins, 1761 (Ac.Ms129 f°14 et Ac.Ms158bis f°266). – Discours préliminaire d’un ouvrage intitulé Mémoires politiques et militaires pour servir à l’histoire de Louis XIV et de Louis XV, 14 juin 1774 (Ac.Ms158bis f°259). – Sur les troubadours, 16 décembre 1775 (Ac.Ms158bis f°255).
Deux discours, Lyon, 1750. – Discours sur les préjugés contre la religion, par le P. Millot, jésuite, Lyon : L. Buisson, 1759. – Discours académiques sur divers sujets, par M. l’abbé Millot, Lyon : Duplain, 1760 (huit discours). – Essai sur l’homme, traduit de Pope, Lyon, 1761. – Harangues d’Eschine et de Démosthène Sur la couronne, traduites du grec, Lyon : Perisse, 1764. – Discours sur cette question: est-il plus difficile de conduire les hommes que de les éclairer ? Nancy Lyon 1765, in 8°. – Éléments de l’histoire de France, depuis Clovis jusqu’à Louis XV, 3 vol. Paris : Durand, 1767-1770. – Histoire philosophique de l’homme, Londres : Nourse, 1766. – Éléments de l’histoire d’Angleterre, depuis la conquête des Romains, jusqu’au règne de George II, 3 t., Paris : Durand, 1769 (traduits en anglais en 1771). – Harangues choisies des historiens latins, 2 t., Lyon : Perisse, 1776. – Éléments d’histoire générale. Histoire ancienne (t. 1-4). Histoire moderne (t. 5-9), Paris : Durand, 1772-1778 [voir compte rendu dans Journal des savants, mars 1774, p. 131-141 : « En général, dans ses récits rien de trop ni de trop peu ; dans ses réflexions ni préjugé ni paradoxe. Voilà le grand et rare mérite qui distingue ce sage et utile écrivain »] ; traduits en anglais en 1778, et en diverses langues. – Histoire littéraire des troubadours, d’après les matériaux rassemblés par La Curne de Sainte-Palaye, 2 t., Paris : Durand, 1774 (compte rendu dans Jour. encycl., décembre 1774, p. 391-413). – Mémoires politiques et militaires pour servir à l’histoire de Louis XIV et de Louis XV, rédigés sur les manuscrits du duc de Noailles, 6 vol. in-12, Paris : Moutard, 1777 (compte rendu dans l’Esprit des journaux, août 1777, p. 32-57). – Abrégé de l’histoire romaine à l’usage des élèves de l’Ecole royale militaire, Paris : Nyon l’aîné, 1777. – Mémoires de l’abbé Millot (1726-1785) publiés par Léonce Pingaud, Paris : s.n., 1898. – Vie du duc de Bourgogne : père de Louis XV, préf. de l’abbé Christian-Philippe Chanut, Paris : Communication et tradition, 1996. –. Mémoires, t. I, 1682-1698, Les dragonnades du Languedoc, les guerres de Catalogne, Adrien-Maurice, duc de Noailles, édition préparée par Eric de Bussac d’après l’édition donnée par l’abbé Millot (1777), Clermont-Ferrand : éditions Paléo, 2009.